« Je commencerai par les écrits des Égyptiens ; mais ne pouvant pus alléguer des textes empruntés à leurs originaux, je citerai les paroles de Menethon, Égyptien d’origine, encore qu’il fût initié dans toute l’instruction de la Grèce, comme cela est évident, par la manière dont il a écrit l’histoire de son pays en langue grecque, l’ayant traduite, d’après son aveu, des livres sacrés des Égyptiens : histoire dans laquelle il relève beaucoup d’erreurs d’Hérodote, dues à son ignorance de la langue et de l’histoire de l’Égypte ; et puisque j’ai recours à son témoignage, je rapporterai ses propres paroles.
« Il y eut un roi parmi nous, du nom de Timaeus, du temps duquel, Dieu étant irrité, je ne sais pour quelle cause, excita contre nous, d’une manière toute miraculeuse, des hommes venus des contrées de l’Orient, hommes sans distinction, mais qui, d’une audace étrange, ayant pénétré en armes dans ce pays, s’en emparèrent violemment, sans peine et sans combat. »
Après d’autres récits, il reprend :
« Toute cette race portait le nom de Hycoussos ; ce qui signifie rois pasteurs. Hyc, dans la langue sacrée, voulant dire roi, et aussos, pasteurs, dans le dialecte vulgaire. C’est ainsi qu’à été formé le nom de Hycoussos. Il est des auteurs qui les déclarent Arabes. Dans d’autres copies, ce n’est pas par rois qu’on traduit le mot Arc, mais par prisonniers, en sorte que Hycoussos signifierait prisonniers pasteurs, dans la langue égyptienne : Hac aspiré ayant évidemment la signification de prisonniers ; et cette traduction me paraît d’autant plus exacte, qu’elle est plus en rapport avec l’histoire des temps primitifs.
« Les rois donc sus-nommés, qui appartenaient à la nation des pasteurs, aussi bien que ceux qui en descendirent, régnèrent sur l’Égypte pendant une durée de 511 ans. Après quoi les rois de la Thébaïde, et des autres portions de l’Égypte s’étant soulevés contre les Pasteurs, il s’en suivit une guerre longue et acharnée. »
Il ajoute que,
« sous le règne d’un roi, du nom de Misphragouthosis, les Pasteurs ayant été vaincus, il durent évacuer le reste de l’Égypte, et se renfermer dans une contrée ayant 10,000 aroures de périmètre, connue sous le nom d’Abaris. Manethon dit que les Pasteurs l’environnèrent entièrement d’un mur très fort et très haut, pour y conserver en sûreté ce qu’ils possédaient, et y rapporter le butin qu’ils feraient. Le fils de Misphragouthosis, ayant le nom de Thmouthosis, ayant entrepris de soumettre cette ville, de force, après l’avoir assiégée, il fit camper sous ses murs une armée de 480,000 hommes ; enfin désespérant de la prendre d’assaut, il fit avec ses ennemis un traité, pour qu’ils eussent à évacuer l’Egypte et à se retirer, où ils voudraient, sans éprouver aucun trouble. D’après ces conventions, ils se retirèrent avec tout ce qu’ils possédaient, ne formant pas une population moindre de 240,000 têtes, et se dirigèrent, à leur sortie de l’Égypte, vers le désert de Syrie, où redoutant la dynastie des rois d’Assyrie, qui alors commandaient à l’Asie entière, ils se cantonnèrent dans le pays nommé depuis Judée, et y construisirent une ville qui pût les contenir, à laquelle ils donnèrent le nom de Jérusalem. »
Ayant, en suivant, donné la succession des rois d’Égypte avec la durée de leur règne, il ajoute :
« Voici ce que Manethon a publié, d’où il résulte clairement, d’après la supputation des temps, que les soi-disant Pasteurs ne sont autres que nos ancêtres, qui sont sortis d’Égypte après y être entrés, 393 ans avant que Danaûs, que les Argiens considèrent comme leur plus ancien roi, fût venu à Argos.
« Manethon a donc rendu en notre faveur deux témoignages des plus décisifs d’après les écrits égyptiens : le premier, notre venue en Égypte de pays étrangers, ensuite, notre sortie de ce même pays, assez ancienne pour qu’elle ait précédé, d’environ 1000 ans, la guerre de Troie. »
Tels sont les faits sur lesquels Josèphe s’est étendu, en les tirant de l’histoire d’Égypte. Avant également mis à profit les témoignages des historiens Phéniciens, il constate que le temple de Jérusalem a été bâti par le roi Salomon, 143 ans et huit mois avant que les Tyriens fondassent Carthage. Ensuite, passant à l’histoire Chaldéenne, il en tire des témoignages qui confirment l’ancienneté des Hébreux, eu alléguant les auteurs qui en ont parlé.