« Il y a une double espèce de langage, le véridique et le mensonger :
« Oui.
« On doit donner des instructions dans l’un et dans l’autre, et d’abord dans le mensonger.
« Je ne puis concevoir : répliqua-t-il, comment vous dites cela.
« Vous ne concevez pas, lui dis-je, qu’on commence à instruire les enfants en leur racontant des fables.
« Cela est vrai, pris dans son ensemble ; mais ces fables réunissent la vérité au mensonge.
« Mais d’abord nous usons de fables envers les enfants avant de les envoyer au gymnase.
« Cela est vrai. »
Ces paroles sont de Platon. Et chez les Hébreux, c’est un usage établi de raconter aux enfants les histoires tirées des Saintes écritures et de leur inculquer dans l’âme, à la manière la plus simple, des fables ; tandis que pour ceux qui ont déjà fortifié leur intelligence par l’étude, on les fait pénétrer dans la profondeur des paroles et dans les théories du dogme, au moyen de ce qu’on nomme le Deutérosis (second enseignement), en leur développant le sens caché qui échappe à la conception du vulgaire.