La prophétie des Hébreux ayant dit aux princes du peuple : « O pasteurs d’Israël, est-ce que les pasteurs ne font paître qu’eux ? ne doivent-ils pas mener les troupeaux au pâturage ? et voici que vous avalez le lait, vous égorgez tout ce qui est gras, vous vous revêtissez des toisons, et vous ne faites plus paître mes troupeaux. Vous ne volez pas à la recherche des brebis égarées, vous ne bandez pas leurs membres fracturés et vous ne ramenez pas au bercail ce qui s’est fourvoyé. »
Maintenant, citons le pasteur lorsqu’il dit :
« Le bon pasteur donne son âme pour ses brebis. Le mercenaire, qui n’est point le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, les abandonne. »
Maintenant, écoutez Platon dans le premier livre de la République, et voyez de quelle manière il développe cette image :
« Maintenant, voyez, ô Thrasymaque (car nous devons retenir à l’examen de ce qui a déjà été dit, lorsque vous avez d’abord défini le médecin, celui qui soigne les malades, lorsqu’il est digne de ce nom), si vous ne croyez pas devoir également nous dire, en parlant du pasteur, qu’il doit donner ses soins à la garde ultérieure du troupeau. Mais, suivant vous, il doit se borner à faire paître les brebis en tant que pasteur, sans la préoccupation d’améliorer leur sort. Vous le transformez en un maître d’hôtel qui ne pense qu’a la splendeur du festin pour régaler les convives, ou en un marchand de bestiaux qui ne songe qu’à la vente. Ce n’est plus là un pasteur. L’attribution du pasteur doit s’étendre à tout ce pour quoi sa fonction a été instituée à savoir, à fournir à son troupeau ce qui peut lui procurer le plus de bien-être ; c’est dans la vue qu’il le rendit le meilleur possible que ce troupeau a été remis en ses mains, et pour qu’il ne manquât à rien de ce qui constitue les fonctions pastorales. Telle était l’opinion que. je m’étais formée à cet égard. Maintenant je suis forcé de vous déclarer que toute autorité, en tant qu’elle commande, ne doit se proposer aucune amélioration pourquoi que ce soit, en dehors de la sphère de ses subordonnés, autant dans la carrière politique que dans la vie privée. Or, pensez-vous que ; dans les républiques, les magistrats, véritablement tels, doivent se livrer sans réserve à l’exercice de lettre charges ? »