« Ces hommes sont unanimes (Tiré de l’Euthypron, p. 49 de Ficin, 5 de H. Et), dans l’opinion que Jupiter est le plus parfait et le plus juste de tous les dieux, et ils conviennent en même temps qu’il a enchaîné son père, parce que, contre toute justice, il avait dévoré ses propres enfants, et celui-ci avait déjà châtré le sien pour d’autres faits pareils. Eh bien, ne s’offensent-ils pas parce que je poursuis en justice mon père, lorsqu’il a commis une action injuste ? Voilà comme ils sont en contradiction avec eux-mêmes, lorsqu’ils parlent des Dieux et de moi.
« N’est-ce pas justement, ô Eutyphron, la raison pour laquelle je suis moi-même traduit en justice ? savoir que je repousse avec indignation de pareils récits sur le compte des Dieux lorsque je les entends débiter, et c’est pourquoi on préfère me traiter en coupable. Maintenant si, versé comme vous l’êtes dansées matières, vous partagez l’opinion commune, il y aura bien nécessité de ma part que je me rende ; que pourrais-je dire en effet pour ma défense, quand j’avoue que je suis de la plus parfaite ignorance à ce sujet ? cependant dites-moi, par Jupiter Philius, pensez-vous sincèrement que les choses se sont passées de la sorte ?
« Il y en a eu de bien plus surprenantes dont le peuple n’a point connaissance, ô Socrate.
« Vous croyez donc aussi que réellement les Dieux se sont fait la guerre, qu’il y a entre eux des inimitiés violentes, des combats singuliers, et beaucoup d’autres choses semblables que nous apprenons par les poètes, qui nous sont retracées par les bons peintres, dans les tableaux dont nos temples sont ornés, et que nous représente, par les nombreuses broderies dont il est rempli, le voile qu’aux grandes Panathénées on porte à l’Acropolis. Dirons-nous, ô Euthyphron, que ces choses sont véritables ?
« Non seulement, ô Socrate, ces choses ; mais comme je le disais tout à l’heure, Lien d’autres encore qui ont rapport aux Dieux, que je vous raconterai si vous le voulez. Je suis bien sûr qu’en les entendant vous serez frappé d’étonnement. »
Ce passage est pris dans l’Euthyphron de Platon. Toutelois Numénius explique la pensée du philosophe dans son livre sur les mystères contenus dans Platon. Voici en quels termes :