« Peut-être, lui dis-je, nous trouvera-t-on étranges et bien ridicules, mettant en pratique la plupart des choses qui viennent d’être dites sur ce sujet, et de la manière dont elles ont été dites.
« Bien certainement, dit-il.
« Que voyez-vous donc de si souverainement ridicule dans ces choses ? Serait-ce que des femmes dussent se montrer nues avec les hommes dans les palestres pour se livrer à la gymnastique, et non seulement les jeunes, mais même les vieilles ? n’est-ce pas ce que nous voyons faire aux hommes qui, bien que déjà avancés eu âge, ridés et d’un aspect désagréable, se dépouillent dans les gymnases par l’amour qu’ils ont peur les exercices gymnastique. (Platon, liv. 5 de la Rép. p. 455. de Ficin, 453 de H. Ficin). »
Il ajoute plus bas :
« L’homme qui rit de ce que des femmes, par un très bon motif, se montrant nues dans les gymnases, c’est-à-dire pour la gymnastique, immolant au ridicule le fruit qu’il pourrait tirer d’une sage institution, ne sait pas, à ce qu’il me semble, pourquoi il rit (Platon, ibid. p. 459 de Ficin. 457 de H. Et.). »
Dans le septième des Lois, il dit qu’il faudrait que les enfants des deux sexes apprissent à danser aussi bien que les autres arts de la gymnastique ; en conséquence, on donnerait des maîtres de danse aux garçons, des maîtresses aux filles ; ce qui ne serait pas sans avantage pour les former. Il ajoute ce qui sait :
« La Coré, qui est souveraine parmi nous, goûte avec charme le délassement de la danse, elle n’a pas cru devoir se borner à une danse, les mains vides ; mais c’est en se couvrant d’une armure totale qu’elle exécutait la danse guerrière. C’est tout-à-fait ce qu’on doit se proposer comme modèle et que doivent imiter les jeunes garçons et les jeunes filles (Platon, 7e de la Rép., p. 630 de Ficin. 796 de H. Et.). »
Voici comment il oblige par ses lois les femmes à faire la guerre :
« Il doit y avoir des maîtres attachés à chaque gymnase par un traité pécuniaire, qui ne soient pas étrangers et enseignent à ceux qui les fréquentent toutes les parties de l’art de la guerre, aussi bien que les principes de la musique ; sans qu’il soit permis aux parents d’y envoyer tel de leurs enfants qu’ils voudront, et de dispenser de cet enseignement celui qu’ils ne voudront pus qu’il apprenne. Mais, comme dit le proverbe, tout homme et tout enfant appartenant bien plus à la patrie qu’à ses pères et mère, doit, autant qu’il se peut, recevoir nécessairement l’instruction commune.
« La même loi doit s’appliquer aux femmes : elles doivent se former à tous les exercices auxquels les hommes sont astreints. Et je me laisserai pas ébranler parce que l’on dit à l’égard de l’équitation et de la gymnastique, que ces exercices qui conviennent aux hommes ne conviennent nullement aux femmes (Platon, ibid., p. 634. de Ficin, 808 de H. Et.) »
Il dit encore sur ce sujet :
« Établissons des gymnases ou l’on enseigne tous les exercices du corps, l’art de lancer des flèches, et des traits de toute espèce, le maniement des armes pesantes ; le combat avec le bouclier, les manœuvre » suivant la tactique, toute espèce de marche, de campement ; de décampement, et les manœuvres de cavalerie. Il doit y avoir des instructeurs communs, salariés par l’état, qui auront pour disciples tous les enfants et les hommes qui habitent la ville, toutes les filles et les femmes qui doivent également recevoir des leçons de toutes ces diverses parties de la tactique, avec cette distinction, que tant qu’elles seront filles, elles se borneront à la danse sous les armes et aux combats simulés, tandis que devenues femmes ; elles exécuteront les mouvements de marches ; contremarches, les manœuvres de se tenir au repos sous les armes, ou d’en faire usage pour combattre (Platon, ibid. p. 357 de Ficin. 813 de H. Et.). »
Voilà des institutions auxquelles le jugement des Hébreux ne donnera jamais son adhésion ; au contraire il s’élèvera contre elles. Car ce n’est pas sur la valeur de » hommes, encore moins sur celle des femmes, qu’il fonde son espoir de succès dans les combats, il rapporte tout à Dieu, des secours duquel il attend la victoire. Il dit en effet :
« Si te Seigneur ne bâtit pas une maison, c’est en vain que les hommes se fatiguent pour la bâtir, si le Seigneur ne garde pas une ville, c’est en vain que veille celui qui la garde (Psaume, 126,1). »
Voyons comment cet admirable philosophe introduit les femmes dans la lutte gymnastique :
« Les femmes, les jeunes filles non encore nubiles, devront se présenter nues dans la même course, et luttant entre elles pour y exécuter le stadion, le diaulon, l’éphippion, le dolichon. Leur assiduité à ces exercices commencera à treize ans, sans interruption jusque leur mariage, sans pouvoir dépasser vingt ans, ni cesser avant dix-huit. Elles arriveront dans le costume qui convient aux occupations de ce genre. Il n’y aura aucune différence des hommes aux femmes, dans ce qui est des courses ; mais il y en aura pour tout ce qui paraîtra devoir être trop pesant, comme le combat en armes ou l’on se bat un contre un, et deux contre deux (Platon, 8e des Lois, p. 644. de Ficin, 833 de H. Et.). »
Ensuite :
« Il faudra également qu’appelant près d’eux ceux qui ont le plus d’expérience du combat en armes, ils leur ordonnent de prescrire avec eux les lois qui doivent prévaloir dans ce combat. »
Puis il ajoute :
« Que les mêmes lois soient imposées aux femmes jusqu’à l’époque du mariage. »
Enfin, ayant rassemblé toutes les lois relatives au peltaste (le bouclier léger), au pancrace, à l’arc, au jet de pierres à la main, à celui par la fronde, parlant du combat à cheval, il ajoute encore ce qui suit relativement aux femmes :
« Quant aux femmes, il ne serait pas convenable de les contraindre par des lois et des règlements à suivre tous ces exercices, en commun avec les hommes ; mais si, d’après l’éducation qu’elles ont reçue précédemment ; si par l’habitude qu’elles en ont contractée, leur tempérament s’y est façonné, et qu’elles n’y aient pas trop de répugnance ; qu’on laisse les jeunes garçons et les jeunes filles s’y livrer en commun, sans que personne ait un droit de blâme à ce sujet (Platon, Ibid., p. 645 de Ficin, 834 de H. Et.). »
Toutes ces citations à l’égard des femmes appartiennent à Platon.
Voici encore une loi que cet admirable philosophe proposé :
« Si un homme en mourant laisse des filles, que l’on garde l’ordre de famille, d’après ce qui a été fait pour les frères et les cousins, en attribuant à une race d’abord les garçons, puis les filles. Le juge sera appelé à décider de la convenance du temps de les marier, ou de l’inconvenance d’après l’inspection qu’il en fera. Il verra pour cela les mâles entièrement nus, les filles seulement jusqu’au nombril (Platon, 11e des Lois, p. 880 de Ficin. 924 de H. Et.). »
C’est ainsi que dans les fêtes, il veut au sixième des Lois, que les filles dansent nues, en disant. :
« Pour faciliter cette étude (Platon, 6e des Lois, p. 692 de Ficin, 771 de H. Et.), on devra instituer des jeux où les jeunes garçons et les jeunes filles dansent ensemble, où ils se voient mutuellement nus et nues autant que le permet une pudique retenue, après avoir mis en avant des prétextes plausibles, suggérés par une raison quelconque, ou bien le rapprochement d’âge. »
Entendons-le en dernière analyse au sujet de la loi contenue dans le livre de la République sur la communauté des femmes.
« A cette loi et à celles qui ont été relatées ci-dessus doit succéder, à ce que je pense, celle-ci.
« Laquelle ?
« Celle par laquelle toutes les femmes que nous avons fait connaître seront communes à tous les hommes semblables en sorte que nulle d’entre elles ne cohabite privativement avec nul d’entre eux ; que les enfants soient à tous, et qu’un père ne puisse pas connaître son fils, ni un fils son père (Platon, 5e de la Répub., p. 450 de Ficin et 437 de H. Et.). »
A quoi il ajoute :
« Cela est fort raisonnable.
« Ainsi donc, lui répliquai-je, vous accorderez que le législateur ayant fait choix pour les hommes, d’épouses, et pour les femmes, d’époux, qui soient mutuellement assortis pour les qualités physiques, de même qu’ils auront une communauté d’habitation, et qu’ils prendront leurs repas en commun, personne ne possédant rien qui soit à lui en propre, passant leur vie ensemble, tant dans les gymnases que dans les autres lieux d’éducation, ils seront, à ce qu’il me semble, poussés par la nécessité, qui est innée dans tous les hommes, à s’étreindre dans des embrassements mutuels. Est-ce que cela ne vous semble pas nécessaire ?
« Je ne dirai pas, répondit-il, que ce soit l’effet d’une nécessité géométrique, mais d’une nécessité érotique qui pourrait bien l’emporter sur la première, par sa violence, et qui risque de convaincre et d’entraîner plus de monde (Platon, 5e de la Rép., p. 460 de Ficin et 459 de H. Et.. »
Il se pourra qu’on cherche à donner un sens différent de celui que nous leur avons donné, à ces paroles de Platon, en soutenant qu’il n’a point dit ce qu’on pense ; car il n’a pas dit que toutes les femmes dussent être communes, sans aucun distinction qu’il leur serait permis de se livrer effrontément au premier venu : elles resteront soumises à l’autorité des magistrats pour le choix des époux qui leur seront assignés, elles ne seront communes que dans le sens où l’on dit que les trésors de l’état sont communs, lesquels sont répartis à qui de droit par ceux qui en sont les dépositaires. Eh bien, soit ! entendons-le dans ce sens. Mais que direz-vous en apprenant qu’il interdit le droit d’amener au jour leurs engendrements, par les paroles qui suivent ?
« Pour la femme, il faut qu’elle commence à vingt ans à procréer des enfants pour la patrie jusqu’à quarante ans ; pour l’homme, que ce soit à partir de l’époque où il a acquis le développement de sa force physique, jusqu’à cinquante-cinq ans (Platon, Ibid, p. 380 de Ficin et 460 de H. Et). »
A quoi il ajoute :
« Lorsque les femmes et les hommes auront passé l’âge qui leur est accordé pour procréer, nous leur laisserons la liberté de se conjoindre comme bon leur semblera. »
Puis, il termine :
« Leur recommandant d’avoir soin, d’abord de ne pas amener à l’existence un fœtus quelconque, s’ils ont eu l’imprudence de le former ; ou s’il triomphe de leurs efforts, de l’exposer, attendu qu’aucune espèce d’éducation n’est destinée à un semblable être (Platon, Ibid, p. 461 de Ficin et 461 de M. Et.). »
En voilà assez sur l’éducation des femmes, écoutez maintenant les doctrines qu’il professe sur l’amour contre nature.