Foi et guérison

4. Pour recevoir

« Vous ne recevez pas parce que vous ne demandez pas. »

Jacques 4.2

Puisque le Créateur a tout programmé d’avance, disent certains, à quoi bon prier pour obtenir ce qu’il n’a pas résolu d’accorder. Toute insistance serait déplacée et confinerait à la révolte. Le malade guérira seulement si Dieu le veut. L’homme éprouvé n’a donc qu’à se taire et se soumettre en espérant – pourquoi pas ? – que le ciel aura finalement pitié de lui.

Ce langage est-il exact ? En tout cas, il rappelle celui du musulman qui, dans l’infortune, se résigne en soupirant : « C’était écrit » (mektoub). Fataliste, il considère tous les faits de la vie humaine comme irrévocablement fixés à l’avance. Donc, inutile d’attendre du Créateur un quelconque changement dans la marche des événements.

Le Dieu de la Bible est tout autre ; Il n’a rien du roi absolu qui n’en fait qu’à sa tête, sourd aux cris de ses enfants qu’Il prétend aimer. Quand le Très-Haut a parlé, le chrétien peut s’attendre encore à ce qu’Il change ses plans et revienne sur ses décisions. De nombreux passages de l’Écriture nous y autorisent, comme le récit bien connu du chapitre 32 de l’Exode dont voici le résumé :

Alors que Moïse descend du Sinaï portant les tables de la loi, les enfants d’Israël, au pied de la montagne, se divertissent autour du veau d’or. Irrité par ce culte idolâtre, l’Éternel fait retentir une terrible menace : « Maintenant, laisse-moi (faire). Ma colère va s’enflammer contre les enfants d’Israël et je les consumerai mais je ferai de toi une grande nation » (v. 10).

Croyez-vous que Dieu bluffe ici ? Qu’Il parle d’exterminer le peuple sans en avoir réellement l’intention ? Menace-t-Il pour rien ? Sont-ce des paroles en l’air simplement pour savoir ce qui bout dans la marmite du patriarche ? Si tel était le cas, nous serions ébranlés dans la confiance que nous portons à notre Seigneur ; or il n’en est rien, car « Il n’est pas Dieu pour mentir. »

En vérité, l’Éternel a réellement l’intention de frapper la nation rebelle et Moïse le sait fort bien. Va-t-il pour autant “le laisser” faire et assister en spectateur à la destruction de ses frères, sans réagir, sans implorer pitié pour eux ? Certainement pas ! Puisque l’honneur de Dieu est en jeu, son serviteur priera sans relâche pour “qu’Il revienne de l’ardeur de sa colère” et “se repente” du mal qu’Il avait l’intention d’infliger à la nation idolâtre (Exode 32.12).

Le cas d’Ézéchias nous conduit aux mêmes conclusions. « Malade à la mort », ce roi pieux est brutalement averti de sa fin prochaine : « Donne tes ordres à ta maison. Tu vas mourir et tu ne vivras plus » (2 Rois 20.1). Croyez-vous que Dieu se joue du malade en lui “faisant croire” qu’il va décéder d’un moment à l’autre ? C’est impensable ! En tout cas, Ézéchias ne se fait aucune illusion. Effondré à l’annonce de cette rude nouvelle, il supplie l’Éternel avec larmes et avec d’autant plus d’énergie qu’il n’a pas encore la descendance promise (1 Rois 11.36). Ses cris ne seront pas vains puisque Dieu se laisse fléchir et accorde la guérison, ajoutant quinze années de survie au roi de Juda.1

1 On sait que Dieu promettait longue vie à ceux qui honoraient leurs parents (Deutéronome 5.16…), ou s’appliquaient à observer ses lois (Deutéronome 5.33 ; 6.2), ou encore se montraient détachés des richesses (Proverbes 28.16).
Si Manassé, le fils qu’Ézéchias eut 3 ans plus tard, fut l’un des plus mauvais rois, cela ne tient pas, comme d’aucuns l’affirment, au fait qu’il aurait “forcé la main” à l’Éternel en réclamant “charnellement” un prolongement de vie. N’ayant encouru aucun reproche de Sa part il paraît plus probable que le monarque, à l’apogée de son règne, ait cédé à l’orgueil ; trop occupé et soucieux de sa gloire (2 Rois 20.13 et 2 Chroniques 32.27-31), il a certainement négligé d’enseigner à son fils la crainte de Dieu, laissant ce soin à Hephtsiba son épouse.

En fustigeant le roi de Samarie pour avoir frappé le sol seulement trois fois, donc sans conviction, le prophète Élisée nous autorise à affirmer qu’il appartient à l’homme de changer le cours des événements : « Il fallait frapper cinq ou six fois. Alors tu aurais battu les Syriens jusqu’à leur extermination. Maintenant, tu ne les battras que trois fois » (2 Rois 13.19).

Autre exemple, tiré cette fois du Nouveau Testament (Matthieu 15.21-28) : Jésus et les douze viennent de franchir la frontière pour se retirer dans le territoire de Tyr et de Sidon. Une femme païenne s’approche et « crie derrière eux » (v. 23), suppliant le Maître de guérir sa fille « tourmentée par le démon ». Or, il n’est pas dans le plan divin que Jésus accomplisse sa mission et opère des délivrances hors des limites de la Palestine : « Je n’ai été envoyé, dit-il, qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (v. 24). Cette femme ne désarme pas pour autant. Elle supplie, se prosterne en insistant, accepte d’être comparée à de petits chiens, réclame pour elle des miettes. et obtient enfin le miracle attendu. Une fois de plus, la prière de la foi a reçu sa réponse.

Faut-il déduire des remarques précédentes que notre Dieu est versatile, influençable, qu’il change ses plans comme certains politiques le font en prêtant l’oreille aux rumeurs de la rue ? Naturellement non ! Lorsque je tourne le dos au soleil, l’ombre portée de mon corps sur le sol est devant moi, sous mes yeux. Que je fasse un demi-tour et mon ombre se projettera aussitôt derrière moi. Ce n’est pas le soleil qui a changé de position mais c’est moi qui ai fait volte-face. En ce qui concerne « le Père des lumières », déclare Jacques, « il n’y a en lui ni changement ni ombre de variation » (Jacques 1.17).

En réalité, deux démarches peuvent infléchir la volonté de Dieu et entraîner un changement dans ses intentions, lesquelles, on le sait, ne varient pas aussi longtemps que l’homme persévère dans le mal et demeure dans son incrédulité ; mais qu’il se repente ou lui adresse la prière de la foi et le Seigneur accepte en quelque sorte de se laisser gagner ; et c’est volontiers qu’il consent à changer ses plans. Il souhaite même que nous ayons notre mot à dire dans ses décisions et participions ainsi, dans une certaine mesure certes, à sa souveraineté. Par exemple, il nous appartient de « hâter le jour de sa venue » (2 Pierre 3.12), de participer à l’envoi d’un plus grand nombre d’ouvriers dans la moisson (Matthieu 9.38), de recevoir ou de ne pas recevoir un bienfait du Créateur puisque l’apôtre déclare : « Vous ne recevez pas parce que vous ne demandez pas » (Jacques 4.2), etc.

À l’inverse, ne pourrait-on pas déduire de cette dernière citation que l’Église ne voit pas de guérisons parce qu’elle n’en demande pas ? Ou que certains malades ne recouvrent pas la santé parce qu’ils négligent de s’adresser à Celui qui guérit ? Ou encore que l’Église manque d’évangélistes parce que ses membres oublient de prier le Maître de la moisson ? etc.

C’est avec force que Jésus nous dit et nous répète : « Demandez et vous recevrez. Frappez et l’on vous ouvrira. Quiconque demande reçoit. Celui qui cherche, trouve. »

Je n’ignore pas que l’apôtre Jacques a eu soin d’ajouter : « Vous ne recevez pas parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions égoïstes » (Jacques 4.3). Cette parole, fort juste, devrait nous inciter à examiner les mobiles qui inspirent nos prières, non pour nous abstenir de demander, mais pour nous efforcer de bien prier.

Qu’entend l’apôtre par demander mal ?

Demander mal, c’est s’adresser au Seigneur sans respect, avec arrogance, en réclamant une faveur comme s’il devait s’exécuter sur-le-champ. N’imitons pas l’enfant qui ordonne : « Je le veux », en tapant du pied.

Demander mal, c’est aussi demander avec insistance les bienfaits de Dieu pour en jouir égoïstement ou en tirer orgueil. En un mot “pour satisfaire nos passions égoïstes”.

Demander mal, c’est intercéder mollement sans s’attendre à une réponse du ciel. « Celui qui doute est semblable au flot de la mer que le vent agite et soulève. Qu’un tel homme ne pense pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur » (Jacques 1.7).

Mais attention ! Que la crainte de mal demander ne devienne pas un prétexte pour baisser les bras et renoncer à lui faire connaître nos besoins avec foi et détermination. Il est évident que si nous avions une meilleure connaissance de son amour nous lui exposerions nos désirs avec une tout autre assurance, sans céder cependant à l’égoïsme ou à l’orgueil.

D’ailleurs, on peut se demander si certains auteurs de livres évangéliques ne découragent pas leurs lecteurs en accumulant les conditions à remplir pour espérer recevoir quelque chose de Dieu, en quelque sorte pour être “jugé digne” d’être exaucé. Qui peut se targuer de les remplir toutes parfaitement ? Restons simples comme l’enfant qui ne se pose pas autant de questions ; il exprime ses désirs à ses parents avec confiance, respect et persévérance jusqu’à ce qu’il reçoive “de bonnes choses” de leur part. Et si d’aventure il demande mal, le père se chargera bien de le lui rappeler.

En terminant ce chapitre, il nous semble opportun de citer ici des paroles de l’Évangile. Et puisqu’elles sont de la bouche même de notre Seigneur, nous serons bien inspirés de les méditer avec sérieux sans y ajouter le “oui-mais” qui n’est en réalité qu’un “non !” camouflé.

– « Demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira… Car quiconque demande reçoit et l’on ouvre à celui qui frappe » (Matthieu 7.7).

– « À combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à celui qui les lui demande » (Matthieu 7.11).

– « Je vous dis encore si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 18.19).

– « Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière vous le recevrez » (Matthieu 21.22).

– « Tout ce que vous demanderez en priant croyez que vous l’avez reçu et vous le verrez s’accomplir » (Marc 11.24).

– « Tout ce que vous demanderez en mon nom je le ferai afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom je le ferai » (Jean 14.13).

– « Je vous ai choisis afin que vous portiez du fruit. Afin que ce que vous demanderez il vous le donne » (Jean 15.16).

– « En vérité, en vérité je vous le dis, ce que vous demanderez au Père il vous le donnera en mon nom… Demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite » (Jean 16.23).

Questions :

  1. Ne pensez-vous pas que trop souvent nos prières manquent d’assurance ? Serait-ce parce que nous doutons de la véracité des promesses de Dieu ?
  2. Croyez-vous que nous pouvons jouer un rôle, avoir notre part dans les intentions divines ? N’est-ce pas merveilleux d’être ainsi associé aux décisions de celui duquel procèdent toutes choses ?
  3. Avez-vous médité les paroles de Jésus citées ci-dessus ? Qu’en avez-vous retiré pour vous-même ?

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