Foi et guérison

Deuxième partie : L’autre guérison

5. La maladie de Paul

« Parce que ces révélations étaient extraordinaires, pour me garder de l’orgueil, Dieu m’a imposé une épreuve qui, telle une écharde, tourmente mon corps. Elle me vient de Satan qui a été chargé de me frapper pour que je ne sois pas rempli d’orgueil. »

2 Corinthiens 12.7

Paul avait fait une expérience hors du commun dont il sut garder le secret durant quatorze années (2 Corinthiens 12.2). Quelle maîtrise de soi pour tenir si longtemps sa langue en bride ! Lui qui avait été transporté jusqu’au troisième ciel dans une vision ineffable et combien exaltante, n’était-il pas tenté de tirer gloire de cette faveur exceptionnelle et, du même coup, de s’éloigner de celui qu’il servait avec tant de passion ? Non, car Dieu est sage ! Une douloureuse écharde fut plantée dans sa chair, justement pour le garder de l’orgueil et le maintenir dans une humble soumission.

Pour le bouillant évangéliste cette écharde représentait un handicap certain, une réelle gêne surtout dans ses entretiens avec des gens de tous bords en quête de salut. Paul aurait pu se décourager lui qui avait tout sacrifié pour son Maître : sa vie, ses aises et les honneurs, c’est-à-dire une existence brillante et facile. Homme déterminé, il refusa d’endurer passivement son mal. Et c’est à la suite d’une lutte âpre qu’il lui fut donné d’accueillir comme un bien – et non de subir comme une injustice – son écharde en découvrant le pourquoi de son épreuve. Il le dit ouvertement à ses lecteurs : « Pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair ; un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir » (2 Corinthiens 12.7). Comme quoi, le diable fait toujours une œuvre qui le trompe. Si Dieu laisse à l’adversaire une certaine “longueur de corde”, s’il lui permet de toucher à la santé de l’une de ses créatures, c’est pour la rendre plus forte et l’introduire plus avant dans Son intimité. La tentation suggérée par Satan devient épreuve de Dieu et sujet de joie complète pour quiconque se soumet (Jacques 1.2-4). « Il est vrai que tout châtiment (ou toute épreuve) semble d’abord un sujet de tristesse et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice » (Hébreux 12.11).

Reconnaissons que l’apôtre n’était pas un douillet, lui qui avait enduré le froid, la faim, la prison et la persécution avec sérénité et louange. Alors pourquoi demandait-il avec tant de vigueur à Dieu la délivrance de son écharde ? D’abord parce qu’elle le faisait beaucoup souffrir, mais surtout, parce qu’elle rendait plus difficiles ses contacts avec les autres. C’était en vue d’un meilleur service qu’il s’attendait à la guérison, aussi avait-il la liberté d’implorer son Seigneur.

Mais au juste, de quoi souffrait-il ? Qu’entendait-il par écharde ? Sur ce point, la Bible n’est guère explicite, aussi sommes-nous réduits à des hypothèses. S’agissait-il littéralement d’une épine ou d’une esquille de bois plantée dans sa chair ? Peut-être aurait-on trouvé le moyen de l’extraire. D’aucuns ont pensé à une fièvre paludéenne qui le terrassait de temps à autre et lui enlevait tout ressort. C’est peu probable. Quant à parler de lèpre comme certains l’ont suggéré, c’est une explication à écarter car les pharisiens et autres adversaires auraient su trouver dans la loi des arguments de poids pour éliminer ce gêneur ou lui interdire l’accès des cités de Palestine, y compris celui du Temple de Jérusalem. On sait que le lépreux se tenait à l’écart et veillait à n’avoir aucun contact avec les bien portants. Il prévenait les passants en criant, pour les tenir à distance : « lépreux ! lépreux ! » Aucune relation ne leur était possible ni permise avec qui que ce soit.

Certains textes du Nouveau Testament nous autorisent à diagnostiquer une maladie des yeux, vraisemblablement une ophtalmie purulente plutôt répugnante à voir. Le dégoût qu’elle inspirait ne facilitait pas les rapports de l’apôtre avec les autres, en particulier lors d’entretiens dits de “relation d’aide”, et c’est ce dont il souffrait le plus certainement. Paul nous laisse intentionnellement dans le vague au sujet de son mal car il ne souhaite pas qu’on s’apitoie sur lui ; toutefois il en dit assez dans l’épître aux Galates pour qu’on puisse déceler, sans craindre de se tromper, ce qu’il entend par écharde : « Ce fut à cause d’une maladie (ou : infirmité de la chair) que je vous ai, la première fois, annoncé l’Évangile. Mis à l’épreuve à cause de ma chair, vous n’avez témoigné ni mépris, ni dégoût… Je vous rends ce témoignage que… vous vous seriez arrachés les yeux pour me les donner » (4.13-15). Paul, nous apprend le livre des Actes, s’était permis de traiter le Souverain Sacrificateur de “muraille blanchie” lors de sa comparution devant le Sanhédrin ; preuve qu’il n’avait pu distinguer ce haut personnage pourtant très reconnaissable dans ses vêtements sacerdotaux ; sa vue était donc très mauvaise, si basse qu’il devait utiliser “de gros caractères” lorsqu’il prenait la plume pour écrire à ses amis (Actes 23.3 ; Galates 6.11).

Quoi qu’il en soit, malade ou infirme, Paul se sent libre de réclamer la délivrance afin, comme nous l’avons dit, de travailler plus efficacement à l’œuvre du Seigneur. Il le fait avec d’autant plus de vigueur qu’il est persuadé que Dieu répond toujours à la prière.

Questions :

  1. Êtes-vous gravement malade ? Comment avez-vous accueilli votre épreuve ? Par la révolte ? En la subissant passivement ? En réclamant le secours de Dieu ? Avec foi ?
  2. Vous êtes-vous laissé examiner par le Saint-Esprit ? Ou accuser par l’adversaire ?
  3. Votre épreuve vous a-t-elle amené plus près de Jésus ? Si la révolte ou les murmures ont triomphé de vous, avez-vous eu la liberté de vous ouvrir à des frères ou sœurs de l’Église ? Si oui, leurs conseils vous ont-ils aidé ?

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