La fin est proche

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L’IMPOSSIBLE RENDU POSSIBLE

Priez sans cesse (1 Thessaloniciens 5.17)

Jésus s’est longuement entretenu de son avènement avec ses disciples ; avant de conclure, il les exhorte — et nous avec eux — à se montrer vigilants, pour être prêts à le recevoir quand il viendra. Cette recommandation nous concerne d’autant plus « qu’il est à la porte ». Ecoutons-le :

« Il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l’homme » (Luc 21.34-36).

Cette recommandation du Maître tient en quelques mots : « Priez en tout temps ». L’apôtre Jean emploie une expression équivalente : « … demeurez en Lui, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons de l’assurance, et qu’à son avènement nous n’ayons pas honte d’être trouvés éloignés de lui » (1 Jean 2.28).

Ah ! La prière ! Qu’elle soit adoration, intercession, supplication, demande, communion. c’est certainement ce qu’on néglige le plus. Que de chrétiens ardents sont prêts à aller au bout du monde pour Le servir, mais négligent de lui donner du temps « dans le secret » ! (N’oublions pas que la prière est un service qui aura sa récompense, Matthieu 6.6) !

— « Mais, objectera-t-on, peut-on prendre à la lettre des commandements tels que : « Priez en tout temps, priez sans cesse, priez toujours, rendez continuellement grâces, offrez continuellement à Dieu un sacrifice de louange… etc »… Ces ordres sont tout simplement irréalisables. Comment voulez-vous converser avec Dieu si vous avez l’esprit occupé à résoudre un problème ardu ? Je vous le demande : puis-je m’entretenir avec le Seigneur, l’écouter ou l’interroger tandis qu’une personne, au téléphone, me pose des questions délicates au sujet de ma vie professionnelle ? Bien sûr que non ! Au volant de ma voiture, en plein embouteillage, je n’ai qu’une seule préoccupation : éviter les fausses manœuvres qui me coûteraient cher. Ce n’est vraiment pas le moment de rêver, encore moins de prier. Donc, chaque chose en son temps, c’est biblique » !

Beaux prétextes !

Ceux qui tiennent ce langage donnent-ils au moins plus de temps à leur Dieu lorsqu’ils sont inoccupés, ou en vacance ?


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Revenons ici à la parole mise en exergue : « Priez sans cesse ». Pensez-vous que l’apôtre soit sérieux lorsqu’il fait cette recommandation ? A-t-il réfléchi à ce qu’il demande ? Sait-il que cet ordre est impossible à mettre en pratique ? Croyez-vous que le Seigneur s’attende vraiment à ce qu’on Le prie sans discontinuer ? Autrement dit, cette injonction est-elle réellement inspirée d’En-Haut ?

Mais vous-même, quel sens donnez-vous à l’expression « sans cesse » lorsqu’il s’agit de la prière ? Est-ce :

Qu’avez-vous fait personnellement de ce commandement ? L’avez-vous « gardé » ou… négligé ? Si oui, pourquoi ?


♦   ♦

Il faut savoir que les ordres du Seigneur, quels qu’ils soient, sont toujours humainement impossibles à accomplir, même ceux qui semblent être à notre portée… puisque Jésus déclare clairement que « hors de lui, nous ne pouvons rien faire » (Jean 15.5). Celui qui connaît parfaitement la signification des mots nous répète cependant : « Priez sans cesse ». Et il sait pourquoi ? Il y a deux choses au moins qui nous empêchent d’’obéir à cette injonction : d’une part, l’incrédulité et d’autre part, une conception erronée de la prière.

a) L’incrédulité :

Nous sommes tous d’accord pour reconnaître qu’il est impossible de prier constamment… et pourtant, ce n’est pas une raison pour négliger ce commandement. Qui n’obtempère pas lorsque Dieu demande l’impossible se révèle incrédule puisque Jésus déclare « ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Luc 18.27), ajoutant ailleurs « rien ne vous serait impossible » (Matthieu 17.20).

Napoléon disait : « Impossible n’est pas français ». Nous pourrions ajouter : « Impossible n’est pas chrétien » ; l’enfant de Dieu est toujours en mesure d’accomplir parfaitement fout ce que Dieu lui demande de faire.

« Tenter l’impossible, c’est déjà s’en rapprocher » dit-on. Avec Dieu c’est plus vrai encore. La Bible nous donne l’exemple des sacrificateurs portant l’Arche devant un peuple nombreux qui s’apprête, sous la direction de Josué, à entrer dans le pays de Canaan. Mais devant cette nation en marche se dresse un obstacle infranchissable qui pourrait la faire reculer : c’est le Jourdain en crue, « qui regorge par-dessus toutes ses rives » (Josué 3.15). Tenter la traversée du fleuve serait suicidaire. Or, ce n’est pas l’avis des quatre lévites qui portent l’arche de l’alliance en tête du cortège. Ils entrent sans hésiter dans les eaux bouillonnantes… et le miracle se produit aussitôt : Le Jourdain s’arrête brusquement de couler pour livrer passage, à sec (autre miracle, v. 17), à toute une multitude de gens et de bêtes. L’impossible a été rendu possible au moment même où ces hommes s’enfonçaient dans l’eau, bravant justement l’impossible (Josué chapitre 3.16-17). C’est pourquoi, au lieu de considérer nos limites et d’en faire un prétexte pour baisser les bras, passons aux actes en fixant les regards sur le Tout-Puissant qui veut, selon sa promesse, « nous rendre capables d’accomplir sa volonté et de faire en nous ce qui lui est agréable par le Christ Jésus auquel soit la gloire aux siècles des siècles ! » (Hébreux 13.21).

b) De fausses notions.

Mais il y a plus que l’incrédulité qui retient la plupart des chrétiens appelés à prier sans cesse. Ce sont des notions erronées de la prière :

— d’abord celle qui consiste à croire qu’on ne peut prier sans aller s’agenouiller dans sa chambre pour engager une longue conversation avec le Seigneur (Selon Matthieu 6.6). Ici que l’on se rassure ! Ni Dieu, ni Paul ne nous demandent de plier les genoux 24 heures sur 24, ou de tout lâcher pour aller se mettre à l’écart afin de « bavarder » avec Dieu, sans discontinuer. Jésus, comme les apôtres, avaient des journées bien remplies, vécues au milieu de la foule. Au point « qu’ils n’avaient pas même le temps de manger » (Marc 6.31).

Il faut distinguer deux sortes de prières :

a) Le tête à tête quotidien (le matin ou le soir), lorsque nous nous mettons à l’écart pour prier le Père. C’est la prière dont parle Jésus : « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là, dans le lieu secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra » (Matthieu 6.6).

b) et la prière tout au long du jour, dans notre activité et nos allées et venues. Nous l’appellerons « la prière communion » (ou la « marche dans la lumière », ou « devant Dieu ») prière qui continue le tête à tête matinal. Chose possible puisque « Dieu a juré… de nous permettre… de marcher devant lui tous les jours de notre vie » (Luc 1.75).

Il faut mentionner une autre erreur : celle de croire qu’on ne peut prier sans parler, sans aligner des phrases. David nous rassure : le silence peut être une forme de langage, « une louange » non exprimée qui monte vers le ciel et que Dieu décripte fort bien. « ô Dieu, s’écrie David, le silence est louange pour toi, dans Sion » (Psaumes 65.3). Autrement dit, Celui qui lit dans les cœurs n’exige nullement qu’on lui parle sans arrêt. Dans bien des cas, il préfère nos silences respectueux à un « bla-bla » prononcé du bout des lèvres, l’esprit occupé ailleurs. Certes, il y a des silences vides. Ce n’est pas de ceux-là dont il est question ici mais de ceux qui « recréent ».

Alors, qu’entend-on par « prier » ?

C’est tout simplement se tenir devant Dieu, consciemment et à tout moment, en toute circonstance. C’est « demeurer en Lui », dans sa compagnie. Que l’on soit dans la rue, ou dans la maison, devant son évier en épluchant ses légumes ou devant son ordinateur, le Saint-Esprit veut et peut nous rendre conscient de Sa présence à tout instant, nous donner l’assurance qu’il est à nos côtés tout en restant très attentifs à la tâche que nous accomplissons. Qui vit devant le Seigneur n’est pas dans les nuages, mais plus que jamais très conscient de ce qu’il fait.

Pour nous bien comprendre, imaginez la scène : Je suis dans mon bureau occupé à rédiger un article important qui doit paraître dans un journal. Comme elle le fait parfois, ma femme est venue s’installer dans le fauteuil derrière moi, un livre à la main. Sans doute veut-elle m’encourager par sa présence et, éventuellement, répondre aux questions que je lui poserai. Penché sur ma table de travail, je dois réfléchir, me concentrer pour classer mes idées, choisir les mots justes afin d’être précis… Bien sûr, je ne peux bavarder avec ma femme pendant que je rédige, mais cela ne m’empêchera nullement d’être conscient de sa présence et d’être en communion avec elle. Il y a comme un échange sans parole, comme une prière entre elle et moi. Certes, je ne la vois pas, je n’éprouve aucune émotion particulière qui me donne l’assurance qu’elle est bien là, je ne l’entends pas car elle ne dit mot, je ne lui parle pas non plus, mais je sais qu’elle est dans la pièce, bien présente à mes côtés. Je puis à tout instant l’entendre ou entamer une conversation avec elle. Le sentiment de sa présence qui me réjouit, m’influence et me garde, ne m’empêche pas d’être pleinement attentif à ce que je fais. Il en est ainsi de la présence de Dieu. Un fiancé de fraîche date au volant de sa voiture peut fort bien penser avec joie à celle qu’il aime tout en observant, sans la moindre distraction, la route, ses signalisations et ses courbes.

Mais que puis-je faire pour « marcher devant Dieu dans la sainteté et dans la justice tous les jours de ma vie » comme le promet l’Evangile (Luc 1.75) ? Les chapitres suivants répondront à cette question.


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Pour conclure, nous rappellerons que « Prier sans cesse » n’est pas un ordre à négliger ou à exécuter seulement lorsque nous en ressentons le besoin. Au contraire. Il est vital, donc de première importance, que nous soyons et restions en relation toujours plus intime avec le Père céleste. Nous devrions même veiller avec un soin extrême sur l’état et la qualité de notre communion avec Lui et nous « exercer » (1 Timothée 4.8) à marcher en sa compagnie, instant après instant, ce qui n’ira pas sans luttes, sans recommencements, sans renoncements et bien sûr sans le secours divin. Que de changements se produiraient en nous et autour de nous si nous vivions devant Sa face ! C’est pourquoi, la préoccupation numéro un du chrétien devrait être de diriger constamment ses regards sur Jésus, selon Hébreux 12.2-3.

Avant d’aller plus loin dans votre lecture, fixez-vous cet objectif et mettez tout en œuvre pour l’atteindre par la grâce de Dieu, sans céder au découragement en dépit des reculs et des oublis même prolongés.

Priez sans cesse

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