Le servir dans sa présence

SANS CESSE RECONNAISSANT

Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.

Ephésiens 4.20

Que faites-vous en moyenne dix-sept à dix-huit fois par minute sans même y penser ?

Si vous donnez votre langue au chat, je vous apprendrai que vous respirez plus de mille fois par heure et environ vingt-cinq mille fois par jour ; ce qui signifie qu’à cinquante ans vous aurez introduit dans vos poumons près de quatre cents cinquante millions de bouffées d’air. Et, notez-le bien, chacune d’elles est et a été un don de vie accordé par le Dieu fidèle. Y avez-vous pensé ? L’avez-vous remercié pour cette profusion de cadeaux si précieux pour votre santé ?

Vous savez fort bien que si nous retenions notre souffle durant quelques brèves minutes, non seulement nous perdrions conscience, mais nous cesserions de vivre. Cet arrêt de courte durée nous serait fatal. L’oxygène que nous introduisons dans nos poumons est indispensable à la vie et c’est à Dieu que nous devons cet air que nous respirons sans discontinuer, ce souffle qui se poursuit même durant notre sommeil le plus profond. Job déclarait avec juste raison : Dieu tient dans sa main l’âme de tout ce qui vit, le souffle de toute chair d’homme (Job 12.10) (1).

(1) Inspiré d’un commentaire signé HGB (tiré de « Notre Pain Quotidien »).

Que tout ce qui respire loue l’Eternel ! Louez l’Eternel ! (Psaumes 150.6).

C’est donc en abondance que nous recevons les cadeaux du ciel ; mais, hélas ! nous n’en discernons qu’une infime partie tant nous sommes centrés sur nous-mêmes. Avez-vous songé une seule fois à remercier la Providence pour ces souffles de vie innombrables ? Dieu est généreux et chacun de ses dons, même le plus insignifiant, est une grâce, une faveur imméritée, une preuve de son amour fidèle. Dieu ne nous doit rien et ce serait faire insulte à son amour que de prétendre mériter, voire payer la moindre de ses bénédictions par quelque action charitable. Il en est de même pour l’enfant qui est entièrement pris en charge par ses parents ; comme le Seigneur, ceux-ci n’attendent rien en retour, sinon un peu de reconnaissance, des mercis qui jaillissent d’un cœur soumis. Or, dire « merci ! » n’est pas chose naturelle chez l’enfant comme chez l’adulte. Papa et maman le savent fort bien qui doivent, sans se lasser, supplier leur progéniture de répondre à tout acte de bonté par ce petit mot si agréable à entendre. En vérité, la reconnaissance « s’apprend » et les parents feront bien de l’enseigner à leurs enfants. Quant à nous chrétiens, exerçons-nous à déceler les « cadeaux du ciel » pour en rendre grâces au Seigneur avec joie et chaleur. Que Dieu dessille nos yeux pour répondre à ses immenses bontés. A l’instar de David, ordonnons à notre âme de bénir l’Eternel et de n’oublier aucun de ses bienfaits ! (Psaumes 103.2).

Gustave Thibon disait très justement : « Nous ne voyons pas le bien que Dieu nous fait parce que Dieu ne cesse jamais de nous faire du bien. Rien ne frappe moins la conscience qu’un bienfait continu. On n’est pas reconnaissant à l’eau de couler sans cesse, ni au soleil de se lever chaque matin. » Si Dieu ne s’occupait de nous que par saccades nous songerions davantage à la bonté de Dieu. La reconnaissance est d’abord un étonnement » (2).

(2) Gustave Thibon : L’échelle de Jacob (Ed. H. Lardanchet).

Certains de nos lecteurs, surpris, s’exclameront : Pourquoi donc parler de reconnaissance dans un livre qui traite du service ? Ce thème a-t-il sa place dans ses pages ? Certainement ! D’abord, parce que l’action de rendre grâces à Dieu est, comme la louange, un service que réclame le Seigneur. Le nombre d’impératifs y faisant allusion dans l’Ecriture le prouve hautement. Celui qui offre pour sacrifice la reconnaissance me glorifie, dit l’Eternel (Psaumes 50.14 et 23). Savez-vous qu’au ciel, les principales occupations des rachetés seront la louange et les actions de grâces, et cela durant l’éternité (Apocalypse 4.9 ; 7.12 et 11.17) ? Et puis, deuxième raison, l’homme reconnaissant est un homme heureux. De découvrir les bienfaits de Dieu, d’en déceler le nombre et l’importance, l’amène inévitablement à se réjouir constamment. Seuls les gens heureux exaltent le Seigneur. Or, il n’y a pas de meilleur serviteur du Maître que ceux qui rayonnent de la joie d’En Haut. Ils sont volontiers écoutés et leur témoignage a certainement plus d’impact sur le prochain que celui de gens maussades. Enfin, il faut se souvenir, que dans la liste des sacrifices offerts jadis au Tabernacle ou au Temple de Jérusalem, figure le sacrifice d’actions de grâces (Lévitique 3) par lequel l’Israélite pieux témoignait sa reconnaissance à l’Eternel. « Le sacrifice d’actions de grâces est un hommage de reconnaissance que l’homme offre à Dieu pour la réconciliation qu’il lui a accordée et pour tous les bienfaits dont il jouit dans cet état. » (Bible annotée)

Les créatures de Dieu ne devraient-elles pas vivre en permanence dans une atmosphère de louange et de reconnaissance (Ephésiens 4.20) et cela, pour cinq raisons au moins ?

a) Premier motif : Rendre grâces (c’est-à-dire témoigner à Dieu sa reconnaissance) est une exigence divine, un ordre que nous ne saurions transgresser sans l’attrister : Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ — Soyez reconnaissants — Abondez en actions de grâces à Dieu le Père — Rendez continuellement grâces à Dieu pour toute chose… (1 Thessaloniciens 5.18 ; Colossiens 2.7 ; 3.15 ; Ephésiens 5.20). Ne devrions-nous pas nous humilier profondément en considérant le peu de cas que nous faisons de Ses innombrables bienfaits ?

b) Deuxième motif : L’ingratitude attriste Jésus ; le Sauveur exprime sa déconvenue en constatant que sur les dix lépreux guéris, un seul — un Samaritain — a daigné faire demi-tour pour lui exprimer sa reconnaissance (Luc 17.15-19) : Ne s’est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu ? (v. 18) soupire-t-il avec tristesse.

b) Troisième motif : Non seulement l’ingratitude attriste le Dieu fidèle, mais, plus encore, elle déchaîne sa colère ; car l’ingratitude n’est qu’une forme d’impiété. Paul déclare à ses lecteurs de Rome : La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes… Il sont donc inexcusables puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu et ne lui ont point rendu grâces… (Romains 1.18-21).

Quiconque a la crainte de Dieu devrait réfléchir sur de telles paroles, et se montrer fermement déterminé à abonder en actions de grâces pour lui être agréable.

d) Quatrième motif : La louange et les actions de grâces ont plus de valeur aux yeux de Dieu que les sacrifices les plus coûteux qu’un homme soit en mesure de lui offrir (Psaumes 69.31-32 — le sacrifice de taureaux ou de bœufs constituait la plus forte offrande en Israël).

e) Cinquième motif : Enfin, les actions de grâces, surtout prononcées avant l’exaucement, accompagnent la prière efficace. L’Ecriture ne nous invite-t-elle pas à marquer notre reconnaissance avant même d’avoir reçu la chose demandée ? Voyez Philippiens 4.6 et Colossiens 4.2. C’est une façon tangible d’exprimer sa foi.

Autant de motifs sérieux qui nous incitent à bénir sans cesse et abondamment notre Dieu dont la bonté va jusqu’au cieux.

Quand devrions-nous rendre grâces à Dieu ?

L’apôtre précise : Continuellement (Ephésiens 4.20). La reconnaissance devrait être comme « l’air que nous respirons », l’atmosphère dans laquelle s’écoulent nos journées. Qui se tient près du Seigneur trouvera à chaque instant l’occasion de louer le Père, même pour de petites choses. Matin et soir (Psaumes 92.2-3), lors de nos insomnies (Psaumes 119.62) et dans le détail de nos activités (Colossiens 3.17), la louange et la reconnaissance monteront vers Celui qui nous aime. Il en est digne.

En ajoutant : Rendez grâces continuellement pour toutes choses, l’apôtre Paul nous incite à dire merci non seulement pour chaque bonté de Dieu dont nous sommes conscients au fil des heures, mais également pour les petits contretemps ou les grandes épreuves de la vie, convaincus que toutes choses concourent au bien de ceux qui l’aiment » (Romains 8.28). Je le sais, au sein des difficultés, il n’est pas toujours évident de discerner la main d’un Dieu qui accorde le meilleur à son enfant. Croyons-le cependant. Alors nous serons en mesure de nous écrier : « Seigneur, je ne sais pourquoi tu m’éprouves ; toutefois, je reste convaincu que tu as en vue mon bien éternel ; tu veux, par ce contretemps ou cette souffrance, m’amener à faire des progrès et à devenir plus fort dans l’adversité. Aussi je te bénis même si je ne comprends pas le but que tu poursuis. » Job, cet homme écrasé par la perte brutale de ses enfants et de ses biens, ne se rebelle pas dans son immense malheur. Se jetant par terre, il se prosterne et dit : Je suis sorti nu du sein de ma mère et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Eternel a donné, et l’Eternel a ôté ; que le nom de l’Eternel soit béni… Et quoi, dit-il à sa femme, nous recevons de Dieu le bien et nous ne recevrions pas aussi le mal ? (Job 1.21 et 2.10).

Ici, il me semble bon de citer le récit suivant tiré d’un feuillet de calendrier. W. Booth, le fondateur de l’Armée du Salut, raconte que, lors d’une réunion de témoignages dans le Yorkshire, un homme monta en chaire pour parler longuement de ses problèmes, de ses déceptions et des difficultés que lui causaient certains chrétiens. Celui qui vint après lui crut bon d’ajouter : « Je vois que le frère qui vient de nous parler demeure dans la Rue des Plaintes. J’y ai moi-même habité quelque temps et jamais je ne me suis bien porté. L’air était malsain, la maison était malsaine, l’eau était imbuvable, les oiseaux n’y chantaient pas et, moi-même, j’étais triste et constamment de mauvaise humeur. Mais j’ai déménagé. Je suis allé habiter Rue de la Reconnaissance. Depuis lors, je me porte bien, ma famille aussi. L’air y est pur, l’eau y est excellente, la maison est saine et exposée au soleil, les oiseaux chantent et je suis heureux du matin au soir. Eh bien, si j’ai un conseil à donner à notre frère, c’est de déménager lui aussi. Il y a beaucoup de maisons à louer dans la Rue de la Reconnaissance, et s’il veut y venir, je suis sûr qu’il y sera transformé. Je serai moi-même heureux de l’avoir comme voisin ».

Perdons l’habitude d’être malheureux !

Le récit se passe de commentaires et nous remémore le conseil de l’apôtre : Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ… (Ephésiens 4.20). Ne louons pas notre Seigneur avec tiédeur et parcimonie comme si nous lui marchandions notre reconnaissance… mais plutôt, et sans nous lasser, abondons en actions de grâces (Colossiens 2.6-7). Nous y serons encouragés en sachant que la louange et les actions de grâces seront, comme nous l’avons dit plus haut, la principale occupation des rachetés dans le ciel, et cela pour l’éternité (Apocalypse 7.11-17).

QUESTIONS

  1. N’êtes-vous pas repris en constatant le peu de place que tient dans votre vie la reconnaissance ? Pouvez-vous dire pourquoi ?
  2. Si vous avez de fréquentes insomnies, à quoi les employez-vous ? Comment réagissez-vous si vous êtes présentement éprouvé ? Accusez-vous Dieu de placer de constantes difficultés sur votre chemin ? Pouvez-vous tenir le langage de Job dans votre souffrance ? Croyez-vous que le Seigneur veut vous rendre capable de le bénir en dépit de vos douloureux problèmes ?
  3. Etes-vous de ceux ou de celles qui se plaignent sans cesse ? Ne croyez-vous pas que vous devriez, vous aussi, déménager pour vous installer dans le quartier de la reconnaissance ? Là, vous aurez des occasions de témoignage.

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