Le servir dans sa présence

UN INSTRUMENT UTILE

Si quelqu’un se purifie, il sera un vase noble, sanctifié, utile à son Maître, propre à toute œuvre bonne.

2 Timothée 2.21

Si vous avez erré dans une banlieue de nos grandes cités à la recherche d’un ami, vous aurez certainement fait les mêmes remarques que moi. Dans les rues plutôt désertes, à droite et à gauche, s’élèvent des constructions récentes, toutes dissemblables. Certaines villas sont accueillantes avec leur joli crépi, leurs portes rutilantes de peinture, leurs fenêtres fleuries et le gazon fraîchement coupé. Là, tout respire l’ordre et la propreté. D’autres, au contraire, sont tristounettes avec un petit air gêné de se montrer inachevée. La maison, déjà habitée, est peu engageante : la rouille attaque le portail et les portes, brûlées par le soleil, sont assoiffées de peinture tout comme les fenêtres privées de rideaux. Des briques, des moellons, du sable s’entassent ou s’éparpillent ici et là, non loin de la porte d’entrée. L’’herbe grandit qui se faufile partout. Quand donc s’achèveront les travaux ? Mystère. Ni fait, ni à faire ! Peu importe si rien n’est fini. Il est des croyants qui sont un peu comme les propriétaires de ces pavillons négligés. Ils commencent, mais ne finissent pas ce qu’ils ont entrepris. Dommage !

Lorsqu’une personne accueille le Christ, d’emblée certains traits de caractère ainsi que certaines habitudes lui deviennent intolérables. Aussi, tout à la joie d’être au bénéfice du pardon et libéré, le nouveau converti s’emploie-t-il avec zèle à combattre tel travers ou à corriger un comportement qui déshonore le Seigneur. Et de fait, des victoires — de belles victoires — lui sont accordées qui réjouissent l’entourage et font la preuve qu’une œuvre profonde s’est opérée dans sa vie. Ce sont les fruits de la repentance qui accompagnent — ou devraient accompagner — toute nouvelle naissance authentique. Tel ivrogne abandonne la bouteille. Tel homme grossier change de langage. Tel ami qui n’a pu lâcher la cigarette qui le tenait lié, connaît une délivrance immédiate lorsqu’il se soumet à son nouveau Maître…

Or, et c’est là notre première constatation, après quelques belles victoires acquises dans le feu du premier amour, tel néophyte se relâche bien vite. Trop vite. Et parce qu’il a éliminé ce qui paraissait incompatible avec la vie de résurrection, heureux et satisfait, il se contente désormais de vivre une petite vie rangée, sérieuse. Plus d’excès. Les gros problèmes sont réglés. Le langage pieux a remplacé les grossièretés de jadis. Plus d’attitude choquante. Plus rien à redire… donc pourquoi lutter ? Dès lors, il s’installe dans une existence de croisière. Il laisse aller ses pensées, sans trop s’émouvoir si elles sont impures ou chargées de haine. La prière est négligée, la vie intérieure s’étiole…

« Bah ! pense-t-il, ce n’est pas si grave de murmurer, de gémir, de se montrer maussade, négatif et médisant, de vivre pour soi ou seulement pour les siens. » Alors le cœur se dessèche et les yeux ne voient plus le prochain qui souffre et mérite secours. Les rencontres de l’église sont désertées avec bonne conscience. L’essentiel, n’est-ce pas d’avoir l’air irréprochable ? Ainsi, après avoir permis au Seigneur d’opérer un changement, très vite tel jeune converti s’installe dans une vie chrétienne médiocre qui attriste le Saint-Esprit et l’empêche de servir efficacement son Dieu. Il tolère ce qu’il a réprouvé un temps. L’horreur du péché qui l’avait saisi au début a perdu de sa vigueur. La notion de sainteté est devenue plus floue. Susceptible, il reste susceptible sans éprouver le besoin d’en finir avec ce travers. Vaniteux, il demeure vaniteux. Maussade, il continue de se plaindre et de gémir. Bref, il a cessé de lutter et il accepte de vivre avec ses défauts pourvu que rien de scandaleux ne ternisse son image.

Trop de chrétiens en sont là.

Une deuxième constatation devrait nous inciter à progresser sans relâche. En effet, les travers tolérés ou entretenus, plutôt que de se résorber au fil des ans ne font qu’empirer avec l’âge, entraînant parfois des chutes retentissantes. Pourquoi donc ? Parce que, les forces diminuant, le chrétien a perdu la capacité de se dominer et de cacher ses défauts. Le mal, côtoyé sans réagir, paraît de moins en moins répréhensible jusqu’à se faire oublier. Maintenant on vit fort bien avec, sans être troublé. Toujours plus tolérant quant au péché, on en vient même à parler de ses travers avec humour et une certaine fierté. Le Saint-Esprit, d’abord attristé, ne fait plus entendre sa voix. Alors, la dégringolade s’amorce puis s’accélère. Qui reste dans sa susceptibilité devient non seulement un susceptible chronique mais, plus encore, un susceptible encombrant, insupportable. Qui s’attache aux richesses s’y agrippe toujours plus jusqu’à tomber parfois dans l’avarice. Qui était colérique ne décolère plus et s’emporte pour des vétilles, empoisonnant à tout instant l’atmosphère du foyer. Qui accepte de juger et de proférer des propos négatifs ne sait plus tenir sa langue. Qui se repaît de pensées impures et infidèles est guetté par l’adultère…

Halte-là. Le combat ne doit pas cesser. Il vaut la peine de se ressaisir, de revenir au Seigneur, et de se montrer déterminé à faire tous nos efforts pour déloger le péché, pour joindre à la foi la vertu (2 Pierre 1.5)… avant que le mal s’installe dans notre vie. Ici, prêtons l’oreille à l’Ecriture :

Notez la joie de Paul lorsqu’il apprend que ses enfants spirituels de Thessalonique font des progrès dans la foi et l’amour : Votre foi, leur dit-il, augmente et votre amour les uns pour les autres abonde de plus en plus. Aussi, nous nous glorifions de vous dans les églises de Dieu à cause de votre persévérance et de votre foi… (2 Thessaloniciens 1.3-4). A ses amis de Philippes, le même apôtre précise le contenu de son intercession  : Ce que je demande pour vous, c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en sensibilité (1.9).

Donc pas de relâche. Puisque vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et que c’est là ce que vous faites, nous vous prions et nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès en progrès. Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification, c’est que vous vous absteniez de la fornication ; c’est que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et l’honnêteté…, c’est que personne n’use envers son frère de fraude et de cupidité dans les affaires (1 Thessaloniciens 4.1-8).

Quelqu’un a écrit avec raison : « Le Seigneur rejette un culte que la vie de chaque jour dément. Il repousse avec horreur des hommages que lui rendent des lèvres hypocrites… La piété qui sert à masquer l’ignominie d’une existence lui est odieuse… Dieu réclame la justice et la vérité. Il condamne un culte sacrilège, il refuse absolument tout compromis avec le mal, il n’accepte aucun marché que propose un peuple indigne, il n’a pas besoin de cérémonies dérisoires » (Martin Achard — Vocabulaire biblique).

Nul ne peut prétendre avoir communion avec le Dieu saint s’il n’a pas soif de sainteté, s’il n’a pas l’ardent désir de refléter son image ! Un chrétien disait : « Le ciel auquel j’aspirais était un ciel de sainteté. Je continuais mon chemin dans cette ardente poursuite de plus de sainteté et de conformité au Christ vivant ». Le fidèle qui a de telles aspirations ne peut éprouver du plaisir à fréquenter les gens grossiers et blasphémateurs. A plus forte raison le Seigneur qui tient éloigné de lui ceux qui se complaisent dans le mal. C’est pourquoi, quiconque veut Lui plaire et le bien servir veille sur sa conduite et se laisse constamment éclairer par l’Esprit Saint. Il ne sera un instrument utile et efficace dans sa main que s’il se laisse purifier de toute rancœur et de toute souillure. Un récipient n’est utile que s’il est constamment nettoyé. Quelle ménagère qui vient de cuire du poisson ne s’empresse de laver soigneusement son ustensile avant de préparer un autre mets ? Retenons la parole de Paul citée en exergue. Vivons-la pour obéir à Celui qui nous a enrôlés : Si quelqu’un se purifie, il sera un vase noble, sanctifié, utile à son Maître, propre à toute bonne œuvre (2 Timothée 2.21).

Il est vrai que la purification n’est pas œuvre humaine. C’est le Seigneur qui l’opère en faveur de celui qui avoue son péché et se confie dans Sa grâce (1 Jean 1.5-9). Il n’empêche qu’il appartient à l’enfant de Dieu de prendre l’initiative de sa purification : Si quelqu’un se purifie… insiste l’apôtre. Comment cela ? D’abord en acceptant de se laisser sonder et convaincre par l’Esprit de sainteté. Le chrétien s’expose ainsi à la lumière d’’En Haut avec un cœur bien disposé, prêt à être éclairé sur lui-même et à donner raison à Dieu sans réserve. Une fois éclairé, il s’humilie et confesse sa faute avec le réel désir de l’abandonner. Il croit au pardon divin et à la purification de sa faute selon les promesses de l’Ecriture (par exemple celle de 1 Jean 1.9). Voulez-vous aimer ? Alors avouez vos rancœurs, vos jalousies et votre haine si le Saint-Esprit vous les signale. Voulez-vous vivre une existence honnête et droite ? Laissez Dieu vous révéler, s’il y a lieu, ce qui est tortueux et injuste dans votre vie…

Il est impossible de progresser si je refuse de me connaître et de voir mes travers, si je n’accepte pas que le Seigneur dénonce ce qui, dans mon comportement, l’attriste et m’empêche de le servir. Comment pourrai-je échapper à ma susceptibilité si j’ignore que je suis susceptible ? Comment me corrigerai-je si je refuse de reconnaître que je suis bavard, ou gémissant, ou égoïste, ou orgueilleux ? Sans m’adonner à l’introspection, je me livrerai à Dieu pour qu’il m’ouvre les yeux sur ce qui doit être changé. Plus je vivrai en sa compagnie et plus je serai sensible à ce qui lui déplaît. La prière du soir, avant le coucher, est des plus importantes pourvu que j’autorise le Seigneur à juger les événements de ma journée. J’accepterai sans indulgence qu’il en fasse le bilan pour corriger ce qu’il réprouve et pratiquer les œuvres qu’il attend de moi.

Soyons déterminés à lui obéir ; nous nous esquivons trop facilement, avec de bons prétextes. Et comme il nous arrive de déchirer avec humeur une photo sur laquelle nous ne sommes pas à notre avantage, nous sommes également tentés de brouiller l’image de nous-mêmes que le Saint-Esprit s’efforce de nous révéler. La droiture du cœur est à la base de tout progrès. Que Dieu purifie et notre esprit et notre âme.

QUESTIONS

  1. Avez-vous réellement le désir de marcher de progrès en progrès ? Dieu a-t-il toute liberté de signaler vos fautes et de vous révéler ce que vous êtes à ses yeux ? Acceptez-vous l’image qu’il vous donne de vous-même ?
  2. Croyez-vous au pardon de Dieu et à la purification de vos péchés lorsque vous les lui avez confessés ?
  3. Etes-vous un « vase utile et propre à toute bonne œuvre » ?

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