Comme Christ

SEIZIÈME JOUR
Dans son amour

« Je vous donne un commandement nouveau ; c'est que vous vous aimiez les uns les autres, que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres. » Jean 13.34.

« C'est ici mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. » Jean 15.12.

Comme : Nous commençons à comprendre quelque chose de tout ce que contient ce petit mot. Ce n'est plus le commandement d'une loi qui se borne à convaincre de péché et d'incapacité ; c'est un commandement nouveau sous une alliance nouvelle, établie sur de meilleures promesses. C'est le commandement de Celui qui pourvoit à tout, qui ne demande rien qu'il n'offre de donner, rien qu'il ne veuille faire lui-même en nous. « Comme je vous ai aimés » comme à chaque instant je répands sur vous mon amour par mon Saint-Esprit, aimez-vous aussi les uns les autres. C'est mon amour pour vous qui vous dira dans quelle mesure vous devez aimer, vous aussi, et qui vous donnera la force de le faire.

« Comme je vous ai aimés ». Voilà comment nous devons nous aimer mutuellement. Le véritable amour ne connaît pas de limites, il se donne entièrement. Il peut varier quant au moment et à l'opportunité de se montrer, néanmoins toujours il est complet et sans restriction. La plus grande gloire de l'amour divin est de réunir les deux personnes du Père et du Fils en un seul Etre, l'un se confondant dans l'autre. Voilà quel est l'amour de Jésus pour nous. Lui, l'image du Père, nous aime comme son Père l'aime, et voilà jusqu'où doit s'élever aussi l'amour fraternel ; il n'admet d'autre règle que celle d'aimer comme Dieu et comme Christ.

Celui qui veut être comme Christ ne doit pas hésiter à faire de cette vérité la règle de sa vie, il sait combien il est difficile, impossible même, d'aimer ceux de ses frères qui sont peu aimables, aussi avant de s'exposer à les rencontrer dans des circonstances qui pourraient mettre à l'épreuve son amour pour eux, il élève son cœur au Seigneur, puis, regardant à ses propres péchés, à sa propre indignité, il se demande : « Combien dois-tu à ton Maître ? » (Luc 16.5). Il se transporte au pied de la croix, et là il cherche à se rendre compte de quel amour Jésus l'a aimé. Il laisse resplendir dans son âme l'incommensurable amour de Celui qui est, dans le ciel, sa tête et son frère, cet amour divin qui ne cherche pas sa propre satisfaction, mais qui se donne entièrement. Il se consacre de nouveau au Seigneur, se mettant sur l'autel devant son Dieu, et lui disant : Comme tu m'as aimé, je veux aimer mes frères. En vertu de ton union avec Jésus et avec nous par Jésus, il ne peut être question de faire autrement : je les aime comme Christ a aimé.

Oh ! si les chrétiens voulaient bien faire taire tous les raisonnements de leur propre cœur pour regarder à la loi que Jésus a promulguée par son exemple, ils en viendraient enfin à mieux comprendre l'impérieux devoir d'écouter les commandements de Dieu et de leur obéir.

Notre amour ne peut admettre d'autre mesure que celle de Christ, puisque c'est son amour qui fait la force du nôtre. L'amour de Christ n'est ni de l'idéalisme, ni du sentimentalisme, c'est réellement une puissance de vie divine. Tant que le chrétien ne le comprend pas, l'amour divin ne peut pas exercer en lui toute sa force, mais quand sa foi en vient à réaliser que l'amour de Christ est la présence même de Jésus en ses bien-aimés, il puise à cette source divine et en reçoit l'amour du Seigneur qui le contraint d'aimer comme lui.

L'amour de Christ nous apprend aussi de quelle manière doit se montrer notre amour pour nos frères. Il enseigne au disciple de Christ à être dans son petit cercle précisément ce qu'a été Jésus , à ne vivre que pour aimer et pour aider les autres. Paul demande pour les. Philippiens « que leur charité augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence ». (Phil. 1.9). La charité n'embrasse pas de prime abord tout le travail qu'elle aura à faire, mais le croyant qui demande à Dieu que « sa charité augmente en connaissance », et qui, prend réellement l'exemple de Christ pour la règle de sa vie, verra peu à peu quelle grande et belle œuvre il lui sera donné d'accomplir. L'Eglise de Dieu, aussi bien que le monde, a un besoin inexprimable d'amour, de l'amour de Christ, et le chrétien qui veut obéir à cette parole du Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », devient une source de bénédiction et de vie pour tous ceux avec lesquels il se trouve en relation. La vie merveilleuse de Christ et sa mort également merveilleuse, ne peuvent s'expliquer que par son amour pour nous ; c'est aussi l'amour divin qui fera des merveilles dans les enfants de Dieu « Voyez quel amour ! » « Voyez comme il aimait ». Voilà ce qu'on disait de l'amour du Père et de celui du Fils. Que ce soit là aussi ce qui fasse reconnaître les chrétiens. Déjà à la vocation d'Abraham, Dieu manifeste sa volonté que nous soyons pour les autres ce qu'il est pour nous, posant ainsi ce grand principe de vie pour l'Eglise de Dieu : « Je te bénirai et tu seras bénédiction ». (Gen. 12.2). Si Dieu nous révèle ce qu'il est pour nous en nous disant : « Je vous ai aimés », son commandement. « Aimez-vous les uns les autres » nous apprend aussi ce que nous devons être entre nous. Soit donc dans les prédications, soit dans la vie pratique de l'Eglise, qu'il soit bien compris que le signe distinctif de tout vrai disciple de Christ, est d'aimer comme Christ a aimé.

Bien-aimés chrétiens, Jésus-Christ vous attend pour faire connaître par vous son amour au milieu de ceux qui vous entourent. Cet amour divin voudrait prendre possession de vous pour accomplir son œuvre sur la terre. Cédez à son influence. Offrez-vous sans réserve à lui servir de demeure. Honorez-le de votre confiance et soyez bien certains qu'il vous apprendra à aimer comme Jésus a aimé. Votre vie chrétienne doit porter le cachet de votre conformité avec Jésus, et celle-ci porte le cachet de l'amour. Ne perdez pas courage si vous ne réalisez pas tout de suite cette charité de Christ, mais retenez ferme ce commandement : « Aimez comme je vous ai aimés ». Il faut du temps pour « croître en charité ». (1 Thes. 3.12). Prenez donc le temps, dans le secret de votre cœur de contempler l'amour divin. Prenez le temps d'alimenter par la prière et la méditation le désir que vous avez déjà de le posséder, jusqu'à ce qu'il devienne en vous une flamme vive. Prenez le temps de regarder autour de vous en pensant de tous et de chacun, quels qu'ils soient et quoi qu'il arrive : Il faut que je les aime. Prenez le temps de vous rendre compte que vous êtes un avec le Seigneur et réprimez toute crainte de ne pouvoir parvenir à aimer comme lui, en vous souvenant de ces mots : « C'est ici mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés ». Chrétiens, prenez le temps d'être en communion avec Jésus, le modèle de la charité, et alors vous obéirez joyeusement au commandement d'aimer comme lui.

Seigneur Jésus, toi qui m'as tellement aimé, et qui me commandes à présent d'aimer comme toi, vois, je suis à tes pieds. C'est avec joie que je voudrais accueillir tes commandements et aller par ta force manifester ton amour à tous.

Avec ta force, ô mon Dieu, veuille donc me révéler ton amour. Inonde mon cœur de ton amour par ton Saint-Esprit. Fais-moi éprouver à chaque instant que je suis aimé de Dieu, moi aussi.

Seigneur, fais-moi comprendre que je puis aimer, non pas par moi-même, mais par ton amour en moi. Tu vis en moi. Ton Esprit demeure et agit en moi. De toi déborde en moi l'amour dont je puis aimer les autres. Tu demandes seulement de moi que je comprenne, que j'accepte ma vocation, et que je consente à vivre comme tu as vécu. Tu voudrais que je tinsse ma vieille nature égoïste et dure pour avoir été crucifiée et que, par la foi, je fusse prêt à faire ce que tu commandes.

Seigneur, je le veux aussi. Par ta force, Seigneur, je veux vivre désormais « en aimant comme tu m’as aimé. » Amen.

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