L'Esprit du Christ

5. L’Esprit et Jésus glorifié

« Qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme le dit l’Ecriture. Or il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié. » Jean 7.37-38

Nous avons vu que Dieu s’est révélé de deux manières : comme Dieu sous l’ancienne alliance et comme Père sous la nouvelle alliance. Nous savons aussi que le Fils après avoir été « dès le commencement avec le Père » (Jean 1.1, 2), entra dans une nouvelle phase d’existence en devenant « chair » (Jean 1.14). Lorsque ensuite il remonta au ciel, il était toujours « le Fils unique du Père, » et pourtant il n’était plus le même qu’auparavant, car comme fils de l’homme, il était « le premier né d’entre les morts » (Col 1.18 ; Apo 1.5), revêtu de cette humanité glorifiée qu’il avait sanctifiée parfaitement pour lui-même. De même le Saint-Esprit, lors de son effusion le jour de la Pentecôte, était réellement quelque chose de nouveau. Sous l’ancienne alliance il avait toujours été appelé « l’Esprit de Dieu » ou « l’Esprit de l’Éternel » ; il ne portait pas alors le nom de Saint-Esprit, comme un nom lui étant propre. Ce n’est que lorsqu’il vint préparer la voie pour Christ et lui former un corps que ce nom lui fut donné (Luc 1.15, 35). Le jour de la Pentecôte le Saint-Esprit fut envoyé comme l’Esprit de Jésus glorifié, l’Esprit du Christ incarné, crucifié et élevé au ciel, pour nous apporter et nous communiquer la vie divine, non une vie venant directement de Dieu, mais la vie mêlée de nature humaine dont avait vécu Jésus-Christ sur la terre. C’est alors qu’il prend le nom de Saint-Esprit, car c’est en habitant en nous que Dieu nous révèle sa sainteté. Il est donc littéralement vrai de dire de l’Esprit qui demeurait en Jésus-homme, et qui devait plus tard demeurer en nous : « le Saint-Esprit n’était pas encore ». L’Esprit de Jésus glorifié, du Fils de l’homme devenu Fils de Dieu, ne pouvait pas exister avant que Jésus eût été glorifié.

Ceci nous explique en outre pourquoi c’est l’Esprit de Jésus et non directement l’Esprit de Dieu qui pouvait nous être envoyé pour demeurer en nous. Le péché avait interrompu, troublé nos rapports avec Dieu lui-même, autant qu’avec sa loi ; et avec la faveur divine nous avions perdu la vie divine. Christ est venu non seulement affranchir l’homme de la loi et de la malédiction de la loi, mais ramener la nature humaine à Dieu, rétablir notre communion avec lui et nous faire « participer de la nature divine » (2 Pierre 1.4). Pour cela Christ, devenu lui-même chair, devait sanctifier la chair en sa propre personne et l’amener à devenir volontairement l’habitation de l’Esprit de Dieu. Après avoir fait cela, et conformément à la règle qui veut que les formes les plus infimes de la vie ne puissent s’élever à un degré supérieur qu’en passant par la mort, il devait lui-même passer par la mort, soit pour subir la malédiction du péché, soit pour être « le grain de froment qui, s’il meurt, porte beaucoup de fruit » (Jean 12.24). A présent sa nature glorifiée lors de sa résurrection et de son ascension, nous envoie son Esprit, l’Esprit de sa vie humaine glorifiée par son union avec Dieu ; et par là il nous rend participants de tout ce qu’il avait individuellement acquis, c’est-à-dire de lui-même et de sa vie glorifiée. L’expiation confère à l’homme le droit d’être rempli de l’Esprit de Dieu. Jésus, après avoir revêtu lui-même une nature humaine nouvelle et sainte, peut à présent nous communiquer ce qui avait été jusqu’alors inconnu, une vie à la fois humaine et divine. C’est ainsi que l’Esprit qui est la vie individuelle de Dieu, a pu devenir aussi la vie individuelle de l’homme. Et c’est parce que l’Esprit est le principe vital de Dieu lui-même, qu’il peut être aussi le principe vital de l’enfant de Dieu. L’Esprit du Fils de Dieu est ainsi en nous l’Esprit qui crie : Abba, Père. C’est de cet Esprit-là qu’il est parfaitement vrai de dire: « Le Saint-Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’était pas encore glorifié ».

Mais à présent, Dieu soit loué ! Jésus a été glorifié.

La glorification de Jésus et l’effusion de son Esprit sont intimement, inséparablement liées l’une à l’autre. Si nous voulons recevoir, non seulement l’Esprit de Dieu, mais l’Esprit de Christ glorifié, cet « Esprit qui n’était pas encore », mais qui est à présent une réalité, c’est à Jésus glorifié que nous devons nous adresser avec foi. Le Saint-Esprit peut nous donner tout ce que nous voulons recevoir, tout ce que nous voulons posséder de la vie de notre Seigneur glorifié.

Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit descendit comme une personne pour demeurer en nous. C’est là le fruit de l’œuvre de Jésus : nous avons sur la terre la présence personnelle du Saint-Esprit. Par Jésus-Christ, seconde personne de la Trinité, le Fils est venu révéler le Père qui demeurait et parlait en lui ; de même l’Esprit, troisième personne de la Trinité vient à présent révéler le Fils, et par lui le Fils vient habiter et agir en nous. La gloire dont le Père a glorifié le Fils de l’homme parce que le Fils l’avait glorifié est donc celle-ci : en son nom et par son moyen le Saint-Esprit vient habiter personnellement dans le croyant et réaliser en lui la présence de Jésus. Voilà ce que signifient ces mots de Jésus : « Celui qui croit en moi n’aura jamais soif », mais « des fleuves d’eau vive couleront de lui » (Jean 6.35 ; 7.37). L’habitation du Saint-Esprit en nous vient nous révéler la présence de Jésus glorifié : Voilà ce qui seul peut étancher la soif de notre âme, et faire jaillir en nous une source de vie qui aille en vivifier d’autres encore.

Amen.

Dans la vie de Jésus, l’humble état de serviteur a précédé l’état de gloire et de roi. Ce fut sa fidélité à remplir ce premier office qui le conduisit à la gloire. Que tout croyant désireux de partager la gloire de Christ commence par suivre son exemple, qu’il renonce à soi-même et l’Esprit viendra au moment voulu révéler en lui la gloire divine.

La gloire de Christ fut le fruit de sa mort sur la croix. C’est en prenant part moi-même à cette mort de la croix, crucifixion de Christ pour moi, et crucifixion de mon moi avec Christ, que je serai préparé à recevoir l’Esprit chargé de me révéler le Christ glorifié.

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