Le Pédagogue

LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE II

Du mépris des vaines parures.

Ce n’est donc pas notre corps, mais notre âme, qu’il faut orner, quoiqu’on puisse dire aussi que la chasteté est l’ornement de la chair. Les femmes que le soin de leur beauté extérieure préoccupe seul, ne s’aperçoivent pas que, tandis qu’elles parent leur corps, leur âme demeure inculte, horrible et stérile. Tels sont les temples des Égyptiens : des bois sacrés, de longs portiques, des vestibules spacieux vous y conduisent ; d’innombrables colonnes en supportent le dôme élevé ; les murailles, revêtues de pierres précieuses et de riches peintures, jettent de toute part un éclat qui vous éblouit. Rien ne manque à cette magnificence. Partout de l’or, partout de l’argent, partout de l’ivoire. Vous vous étonnez justement que les Indes et l’Éthiopie aient pu, pour y suffire, produire assez de richesses. Cependant le sanctuaire se cache encore à vos regards sous de longs voiles de pourpre brodés d’or et de pierreries. Si, tout plein de ce grand spectacle, vous en rêvez un plus grand encore, et que, vous approchant, vous demandiez à voir l’image du Dieu, pour qui un temple si magnifique a été construit ; si alors, dis-je, un des sacrificateurs qui l’habitent, vieillard au visage grave et vénérable, vient au chant des hymnes sacrés, soulever le voile du sanctuaire comme s’il allait vous montrer un Dieu, un sentiment amer de mépris succède dans votre âme à votre admiration trompée ; ce Dieu puissant que vous cherchiez, cette magnifique image que vous aviez hâte de voir, c’est un chat, c’est un crocodile, c’est un serpent, ou tout autre monstre semblable, indigne, je ne dirai pas d’habiter un temple, mais dont la seule demeure doit être l’obscurité des cavernes ou la fange d’un marais impur. Ce Dieu des Égyptiens est un monstre qui se roule sur des tapis de pourpre. N’est-ce point là l’image de ces femmes qui, toutes couvertes d’or, ne se lassant point d’abattre et de relever l’édifice de leur chevelure, les joues étincelantes de fard, les sourcils imprégnés de fausses couleurs, emploient, pour embellir leur corps et séduire de nombreux amants, le même art impur et menteur que les Égyptiens mettent en usage pour attirer des adorateurs au monstre qu’ils appellent leur Dieu ? Si vous soulevez, en effet, le voile de ce nouveau temple ; si vos yeux percent ces habits de pourpre, ces bijoux, ce fard, ces teintures dont elles sont couvertes et tout imprégnées ; si vous pénétrez avidement jusqu’à leur âme, dans l’espoir d’y trouver une véritable beauté qui réponde à tant d’ornements, ce que vous trouverez, je le sais, vous repoussera et vous fera horreur. Ce temple magnifique est impur : l’image de Dieu ne l’habite plus. Vous l’y chercheriez vainement : un esprit d’orgueil et d’impureté en a pris la place, semblable à la bête impure et magnifiquement parée que l’Égypte place sur ses autels. Ce serpent séducteur ronge et dévore leur intelligence par l’amour de la fausse gloire ; de leur âme il fait sa caverne, et lorsqu’enfin il l’a tout inondée de venins mortels, lorsqu’il y a vomi de sa bouche impure et empoisonnée les passions infâmes dont il est le père, il change toutes ces femmes en autant de prostituées ; devenu, dis-je, leur corrupteur, il fait métier et marchandise de leur corruption. Ce ne sont plus des femmes, ce sont des courtisanes éhontées. Elles n’ont plus aucun soin de leurs maisons, plus aucun soin de l’administration de leurs familles ; elles dévorent, elles épuisent dans leurs débauches toutes les richesses de leurs maris. Il faut qu’elles paraissent belles ; il faut que de nombreux amants le leur disent et le leur fassent croire, et tandis que des esclaves, achetés à prix d’argent, vaquent aux occupations qu’elles devraient remplir, elles consument les longues heures de la journée à composer et décomposer l’artifice de leur parure. Vous diriez qu’elles veulent faire un ragoût de leur chair, tant elles s’étudient à la rendre molle et délicate. Cependant elles s’enferment dans leurs appartements et n’en sortent point de tout le jour, de peur que son éclat ne trahisse et n’efface l’éclat emprunté de leur teint. Il faut à ces beautés factices des lumières artificielles. C’est le soir seulement qu’elles osent sortir de leur antre. Alors l’ivresse des festins, la clarté pâle et presque obscure des flambeaux, viennent en aide à leur mensonge. Elles sont horribles, et paraissent belles.

Le poète comique Ménandre, s’adressant à une de ces femmes corrompues : « Sors d’ici, lui dit-il, car il est honteux qu’une femme chaste et modeste change la couleur de ses cheveux. » J’ajouterai à ce reproche : il est honteux qu’elle couvre ses joues de fard, ses sourcils et ses yeux de fausses couleurs. Cependant cette recherche impie d’une beauté factice détruit entièrement celle qui leur est propre. Mais ces infortunées ne le comprennent pas. Vous les voyez, dès le matin, se meurtrir, se déchirer, se serrer jusqu’à étouffer, et se déguiser sous une double couche de préparations vénéneuses. La clarté de leur teint s’efface, leur chair s’imbibe de poisons, et la fleur riante de leur beauté se flétrit et meurt sans retour. C’est peu de perdre leur beauté : les sucs de ces mixtions dangereuses, s’introduisant dans la chair à travers la peau, ouvrent un passage facile aux maladies et à la mort. Alors elles rendent compte à leur créateur de l’outrage qu’elles n’ont point cessé de lui faire pendant leur vie ; car il semble qu’elles lui reprochent de ne les avoir point faites aussi belles qu’elles avaient mérité de l’être.

Leur indolence est extrême, ai-je dit, pour tout ce qui touche à l’administration de leur famille. Eh ! comment ne le serait-elle pas, puisqu’il semble qu’elles sont nées, non point pour ces soins honorables, mais pour se montrer en spectacle aux yeux comme des tableaux ? « Que ferons-nous, dit une de ces femmes mise en scène par le poète comique, et s’adressant à ses compagnes, que ferons-nous aujourd’hui de remarquable ? Par quelle œuvre nous distinguerons-nous, toutes brillantes et parées de fleurs que nous sommes, libres enfin du joug pesant de l’honnêteté et de la pudeur ? Sera-ce la ruine de nos maisons qui nous occupera, ou l’adultère et le divorce, ou la discorde et les dissensions à faire naître entre nos enfants ? »

Un autre poète comique, Antiphane, tourne en ridicule, dans une de ces pièces, leurs habitudes honteuses, dignes des plus viles courtisanes. Il insulte à leur affectation ridicule de parure et de propreté : « Elle vient, dit-il, elle approche, elle passe ; non, elle ne passe point, elle s’arrête, pour s’essuyer ; elle vient enfin ; la voici, regardez-la tout inondée de flots de fard et de savon, peignée, serrée, lavée ; elle s’admire, elle s’ajuste, elle se parfume encore, elle se serre jusqu’à étouffer et mourir. » dignes en effet, de mille morts, ces femmes qui font usage des excréments du crocodile et de l’écume des poissons ; ces femmes dont les sourcils sont noircis par la suie et les joues rougies par le fard ! Ces femmes que les poètes païens avaient pris en haine à cause de leurs mœurs, comment la vérité ne les repousserait-elle pas de sa présence ?

Le poète comique Alexis les accuse aussi dans le passage suivant, que je rapporterai tout entier, parce que ce poète y entre dans une foule d’explications curieuses et détaillées qui prouvent que les femmes de nos jours n’ont point dégénéré de l’impudence de leurs devancières. Ce sont les mêmes infâmes mœurs, si même elles ne sont pas pires ; et certes je rougirais d’épargner ces femmes que les poètes comiques n’épargnent pas, et qu’ils livrent en spectacle à la risée publique. Elles sont la perte de leurs maris, car elles les aident dans toutes les injustices qu’ils peuvent commettre pour s’enrichir et dépouiller leurs parents, et les détournent de toute action honorable. Il n’est point de moyens de tromper qu’elles n’imaginent et ne mettent en usage. Celles qui sont petites attachent et cousent sous leur chaussure d’épaisses semelles de liège ; celles qui sont grandes ont, au contraire, des semelles extrêmement légères et amincies, et quand elles sortent, elles ont grand soin de tenir leur tête abaissée entre leurs épaules, afin de déguiser ainsi la hauteur de leur taille. Leurs hanches et leurs cuisses sont-elles plates et sans grâces, elles épaississent leurs vêtements par des pièces rapportées sur ces parties de leur corps qui leur semblent défectueuses, afin que ceux qui les viennent visiter s’extasient sur l’élégance de leurs formes et de leur tournure. Leur sein est-il flasque et tombant comme celui des nourrices que les poètes comiques introduisent sur le théâtre, elles ont des machines pour le relever ; est-il trop plat et trop enfoncé, elles se donnent, pour le faire avancer, une torture perpétuelle. Si leurs sourcils sont blonds, elles les noircissent avec de la suie ; s’ils sont noirs, elle les blanchissent avec du blanc de Céruse ; enfin, s’ils sont trop blancs, une mixtion faite exprès efface et détruit cette blancheur. Ont-elles quelque partie de leur corps où la peau soit plus blanche et plus fine, c’est celle-là qu’elles ont soin de montrer. Leurs dents sont-elles belles et bien rangées, elles rient sans cesse pour qu’on admire la beauté de leur bouche. Gaies, ou tristes, il n’importe, il faut qu’elles rient tout le jour et afin de n’y point manquer, elles placent entre leurs lèvres une petite branche de myrthe qui les tienne toujours entr’ouvertes.

La sagesse humaine m’a fourni ces leçons contre l’amour immodéré de la parure, et je n’ai pas craint d’en faire usage, parce que le Verbe ne dédaigne aucun des moyens qui peuvent nous instruire et nous corriger. Maintenant j’appellerai à mon aide les maximes de la sagesse divine, car la honte salutaire qu’on éprouve d’un blâme mérité et public détourne souvent du péché.

Comme les bandages dont on couvre et serre les blessés témoignent des blessures du corps, le fard et les fausses couleurs accusent et prouvent les maladies honteuses qui dévorent l’âme. N’approchez pas du fleuve étranger, nous dit notre divin maître, c’est-à-dire n’approchez pas de ces épouses adultères qui, livrées à tout l’emportement de leurs passions sont comme une source courante et incessamment ouverte à tous ceux qui ont soif des plaisirs impurs. « Abstenez-vous, nous dit-il encore, d’une onde étrangère, et ne buvez point de l’eau de la fontaine d’autrui, » C’est-à-dire fuyez les jouissances coupables de la chair et de l’esprit. Ainsi vous vivrez longtemps, ainsi de nombreuses années seront ajoutées à celles que vous comptez déjà, la justice de Dieu vous récompensant de votre horreur pour les eaux impures de la volupté et de l’hérésie.

Le vice de l’ivrognerie et de la gourmandise, tout grand qu’il est, l’est moins encore que cet amour déréglé des vaines parures. Il suffit, pour le satisfaire, de mets abondants ou délicats, arrosés par de fréquentes libations. Mais cette soif de la parure, soif insensée qui s’abreuve d’or, de pourpre et de pierreries, rien ne peut la satisfaire et l’éteindre. Tout l’or que la terre a déjà produit, ajouté à celui qu’elle cache encore dans ses entrailles, ne suffirait point à désaltérer ceux qui ont le malheur de brûler de cette soif ardente et inextinguible. En vain les vaisseaux innombrables qui sillonnent les mers de Tyr, de l’Inde et de l’Ethiopie leur apporteraient sans relâche les trésors enfermés dans leurs flancs ; en vain le Pactole roulerait à leurs pieds ses eaux brillantes et imprégnées d’or ; en vain, semblables à Midas, ils changeraient en or tout ce qu’ils touchent, croyez-moi, ils resteraient pauvres au milieu de ces richesses merveilleuses et inépuisables, car ils en désireraient d’autres, et mourraient avec ce désir. Mais si les richesses sont aveugles comme il est vrai qu’elles le sont, comment ceux qui les admirent et les adorent ne seraient-ils pas aveugles comme elles ? Comment ces femmes, qui ne mettent aucune borne à l’emportement de leurs désirs, en mettraient-elles à la licence de leur conduite et de leurs mœurs ? Aussi cherchent-elles partout des admirateurs, dans les théâtres, dans les promenades, dans les rues les plus fréquentées, dans les temples mêmes, orgueilleuses de la beauté de leur visage, insouciantes de la pureté de leur cœur ; vous reconnaissez ces femmes adultères au fard qui les couvre et les défigure, comme on reconnaît l’esclave fugitif aux stigmates dont l’a marqué le fer du bourreau. « Quand tu serais vêtue de pourpre, dit le prophète ; quand tu serais parée d’or et de tous tes bracelets, et que le fard rehausserait l’éclat de ton visage, ta beauté serait impuissante et méprisée. »

Quelle absurdité et quel opprobre ! Les animaux des champs, les oiseaux du ciel, bondissent dans les prairies ou s’élèvent joyeux dans les airs, satisfaits des ornements naturels qu’ils tiennent de la bonté de leur Créateur ; ceux-là de leur crinière ondoyante, ceux-ci des couleurs vives et variées de leur plumage ; la femme seule, comme si elle était inférieure à ces animaux, se croit assez laide et assez difforme pour avoir besoin d’emprunter une beauté factice et trompeuse. Toutes ces bandelettes, tous ces réseaux de formes et de couleurs différentes, dont elles attachent et enveloppent leur chevelure ; toutes ces tresses innombrables qu’elles entrelacent les unes dans les autres avec mille soins curieux et recherchés ; tous ces miroirs de forme et de matière magnifique à l’aide desquels elles composent leur visage et leur maintien, afin de mieux séduire ceux qui, comme des enfants privés de raison, se laissent prendre à ces trompeurs appas ; tous ces soins, dis-je, toutes ces recherches proclament leur opprobre et leur corruption. Dépouillées de toute pudeur, faisant un masque de leur visage, est-ce leur faire injure que de les comparer à des courtisanes et de leur en donner le nom ? « Ne considérez point, dit l’apôtre, les choses visibles, mais les invisibles ; car les choses visibles sont passagères, mais les invisibles sont éternelles. » Peut-on imaginer rien de plus absurde que la conduite de ces femmes ? Elles se créent une beauté fausse, et, comme si elles avaient fait un superbe ouvrage, elles inventent un miroir pour la regarder, au lieu d’un voile pour la couvrir et la cacher. Ni les fables grecques ne les instruisent, ni les divines Écritures. Le beau Narcisse meurt de la contemplation de sa ressemblance ; Moïse défend au peuple choisi de faire des peintures qui représentent le vrai Dieu, et elles inventent des miroirs pour adorer leur propre image ! Lorsque le prophète Samuel fut entré dans la maison du vieillard Jessé, pour sacrer roi celui de ses huit enfants que le Seigneur avait choisi, frappé d’abord de la taille élevée et de la beauté remarquable de l’aîné, il s’en réjouit, et levait déjà l’huile sainte pour la lui répandre sur la tête ; mais le Seigneur l’arrêta et lui dit : « Ne regarde point son visage, ni la hauteur de sa taille : je l’ai rejeté, et je ne juge point selon le regard de l’homme ; car l’homme voit ce qui paraît, mais le Seigneur regarde le cœur. » Ainsi le prophète ne sacra point celui dont le corps était beau, mais celui dont l’âme était belle. Si donc le Seigneur fait moins de cas de la beauté naturelle de notre corps que des vertus cachées qui embellissent notre âme, de quel œil ne doit-il point voir ces beautés fausses et trompeuses, lui qui a horreur de tout ce qui est faux ? « Car nous marchons dans la foi et non dans l’apparence. »

L’exemple d’Abraham, à qui le Seigneur ordonne de se retirer dans une terre étrangère, et qui lui obéit sans murmure, prouve assez que les vrais serviteurs de Dieu doivent sacrifier à ses moindres ordres leur patrie, leurs parents et leurs biens. Dieu lui-même appelle ce saint patriarche son ami, parce qu’il a méprisé pour lui ses richesses, toutes considérables qu’elles étaient : témoin les quatre rois qui avaient emmené Lot en captivité, qu’il défit et mit en fuite avec le seul secours de ses domestiques. La seule Esther, dans l’Écriture, nous apparaît magnifiquement parée ; mais cette parure est mystérieuse. C’est une sujette qui veut plaire à son roi, une épouse à son mari ; et le prix de cette beauté est la délivrance de tout un peuple que les méchants persécutaient et s’apprêtaient à faire périr. À l’appui de cette fatale influence de l’amour outré des vaines parures, amour qui fait les femmes adultères et rend les hommes mous et efféminés, je citerai ce passage d’Euripide, dans sa tragédie d’Iphigénie :

« Lorsque le prince troyen, qui avait jugé les déesses, eut abordé les rivages de la Laconie, sa beauté, ses vêtements somptueux, tissus d’or et de soie, éblouirent Hélène et la séduisirent au point de profiter de l’absence de son époux pour suivre cet amant adultère dans les retraites du mont Ida. »

Ô beauté, mère de l’adultère ! cet amour outré des vaines parures et des coupables voluptés, ce luxe impur d’un prince barbare, ruinent la Grèce, corrompent la chasteté lacédémonienne, et changent en une vile prostituée la fille même de Jupiter. Hélas ! ces peuples n’avaient point de maître divin qui leur dit : « Vous ne commettrez point d’adultère ; » et, vous livrant à l’impétuosité de vos désirs, vous n’ouvrirez point à ces flammes vicieuses qui dévorent le cœur une route large et facile. Quelles ne furent pas cependant les suites fatales de ce crime ! De quels malheurs ne furent point accablés ces insensés qui n’avaient pas su résister à l’entraînement de leurs passions effrénées ! Il suffit du crime d’un jeune barbare pour ébranler tout l’univers. La Grèce et l’Asie sont en feu. La Grèce entière s’élance sur les mers, dont les flots mugissent et disparaissent sous d’innombrables vaisseaux ; une guerre interminable s’allume, les combats succèdent aux combats, les cadavres s’amoncèlent sur les cadavres. Les barbares poursuivent les Grecs jusque dans leurs vaisseaux embrasés. L’injustice triomphe : un faux Jupiter la protège. Le plus pur sang de la Grèce inonde les plaines et grossit les fleuves d’un pays barbare. Toutes les poitrines se frappent et gémissent ; la terre entière est pleine de deuil. Le haut Ida, dont les pieds sont baignés par d’innombrables fontaines, s’agite sur ses profondes bases jusqu’à ses sommets les plus élevés, et menace d’ensevelir sous une même et vaste ruine la ville de Priam et la flotte des Grecs. « Où fuirons-nous, ô poète ; en quel lieu nous cacherons-nous ? Montre-nous quelque terre lointaine où cet affreux désordre n’ait point pénétré ! »

Enfant, ne touche point à des rênes que tes faibles mains ne sauraient tenir. Ne monte point sur un char qu’il t’est impossible de diriger.

Mais l’orgueil est sourd aux conseils, et le ciel s’étonne de voir aux mains d’un jeune insensé le char enflammé du soleil. L’orgueil, en effet, est la volupté coupable de l’âme ; il entraîne et détruit la raison que le Pédagogue divin ne dirige point. La chute alors appelle la chute. Nous en avons un exemple frappant dans ces anges rebelles qui, ayant abandonné l’éternelle beauté pour une beauté trompeuse et périssable, furent précipités du ciel sur la terre. Les Sichimites aussi furent punis pour avoir insulté à la pudeur dans la personne d’une jeune et sainte vierge ; ils furent punis de mort, et ce châtiment terrible doit nous être une salutaire instruction.

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