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Le cœur partagé

Leur cœur s’est partagé ; ils vont être déclarés coupables.

(Osée 10.2)

Ce passage peut être considéré comme s’appliquant à la nation d’Israël en général ; mais il s’applique également à l’Église de Dieu. En effet, l’un des plus grands malheurs de l’Église de nos jours, c’est, non seulement d’être partagée en divers camps par des différences confessionnelles et des diversités de cultes, mais d’être partagée de cœur. Quand les différences ne sont pas de nature à empêcher les enfants de Dieu de s’aimer entre eux, de s’unir pour combattre le mal, qui est leur ennemi commun, et d’édifier ensemble l’Église, le malheur est encore tolérable. Mais quand nos divisions deviennent si profondes que nous ne pouvons plus travailler ensemble ; quand notre attachement à de simples formes nous aigrit au point que nous ne pouvons plus nous tendre la main d’association, alors l’Église de Dieu est certainement « déclarée coupable. — « Une maison divisée contre elle-même ne saurait subsister. Béelzébul lui-même, malgré toute sa ruse, ne peut tenir bon lorsque son armée se divise. Il faut alors qu’il tombe, et tel est, à plus forte raison, le sort réservé à ceux qui manquent de l’habileté nécessaire pour surmonter les désunions.

Ah ! mes frères, rien ne désorganise et n’affaiblit l’Église, rien ne ternit son éclat et ne l’arrête dans ses conquêtes, comme lorsque ses enfants ont le cœur partagé. Si nous tenons à ce que l’Esprit de Dieu nous abandonne, si nous voulons provoquer la colère du Tout-Puissant et jeter l’Église dans les épreuves les plus douloureuses, nous n’avons pas de plus sûr moyen que d’avoir des cœurs partagés. Si nous voulons que toutes les fioles de l’Apocalypse versent sur nous leurs poisons, et que toutes les sources de grâce tarissent, nous n’avons qu’à chérir nos zizanies et à les transformer en animosités ; — à nourrir ces animosités jusqu’à les transformer en haines. Et si cela est vrai de l’Église en général, cela est encore plus vrai de chaque Église en particulier.

O mes frères ! la plus petite Église peut faire un bien immense, lorsqu’elle n’a qu’un cœur et qu’une âme. Quand pasteur, anciens, diacres et simples membres sont unis ensemble par des liens indestructibles, alors l’Église est forte contre toute attaque. Mais ceux qui la composent ont beau être nombreux, riches, doués des talents les plus remarquables, ils sont sans force pour le bien, dès l’instant qu’ils sont divisés entre eux. L’union fait la force. L’armée de Dieu est bénie le jour où elle entre en campagne avec un seul cœur, et quand, marchant d’un même pas, tous ses soldats montent à l’assaut comme un seul homme. Mais la malédiction repose sur toute Église dont les membres sont chacun de son côté ; elle a perdu pour cela seul toute sa vigueur et ne saurait faire brèche à son ennemi. La division brise les cordes de nos arcs, nous arrache nos armes, déferre les sabots de nos chevaux et met le feu à nos chariots. Du moment où le lien de l’amour est rompu, nous sommes perdus ; à l’instant même où il se brise, nous tombons à terre et notre force s’est évanouie. L’union nous fait vivre ; la désunion nous tue.

Toutefois, mon intention est de prendre aujourd’hui ce texte dans son application à notre état individuel, intérieur. Nous examinerons à part le cœur de chaque homme. Si, dans le corps de l’Église, les divisions et les séparations entre les diverses sections qui la composent causent de grands désastres, combien une semblable division doit-elle être plus funeste encore dans ce royaume intime qu’on appelle « le cœur de l’homme ? » Si telle ville est en proie à la guerre civile, il n’est pas besoin qu’un ennemi attaque ses murs pour qu’elle soit dans une position très grave. Si telle île est gouvernée par deux rois, le désordre s’y établit, et bientôt tout y sera ruine et destruction. Je m’adresse donc ce matin à ceux dont on peut dire : « leur cœur s’est partagé ; ils vont être déclarés coupables. » Je vous ferai observer 1° que cette maladie est terrible,quels en sont les symptômes,quels en sont les effets, et 4° quelles en seront les conséquences futures.

I

Observons donc d’abord que cette maladie est terrible : leur cœur est partagé. J’ai dit que le mal est terrible, et cela saute aux yeux dès que l’on considère son siège : ce mal affecte un organe essentiel à la vie. Ce n’est point un mal à la main :un traitement pourrait le guérir. Ce n’est point un mal au pied : certains soins pourraient le résoudre. Ce n’est point une cataracte : on pourrait, au moyen d’une opération, rendre la vue au malade. La mal a atteint une partie indispensable à la vie ; le mal est au cœur. Il s’est logé dans un organe tellement important qu’il affecte l’homme tout entier ; les extrémités les plus reculées de l’organisme en sont mises en souffrance, et cela d’autant plus vivement qu’il est question « d’un partage. » Quand le cœur est attaqué, toutes les puissances de l’âme, toutes les affections, tous les mobiles, tous les principes moteurs sont viciés à la fois. De là vient que Satan, dont la ruse ne se dément jamais, cherche toujours à nous frapper au cœur. Il fera grâce à vos mains, et il vous permettra d’être honnête homme ; il fera grâce à vos yeux, si vous voulez, et vous serez chastes extérieurement ; il fera grâce à votre pied, si vous y tenez, et vous semblerez courir dans la voie de la sainteté. Il vous concédera tout, pourvu qu’il garde le cœur. Permettez - lui seulement de gouverner dans ce for intérieur, et il vous abandonnera volontiers tout le reste. Jean Bunyan décrit ainsi l’accord que le vieux Diabolus avait fait avec le roi Schaddaï : « Oh ! lui dit-il, je t’abandonnerai toute la ville de Mansoul (qui signifie Ame de l’homme), pourvu que tu me laisses régner dans la citadelle du cœur. Les conditions étaient favorables, ne semble-t-il pas ? Mais, maudit ennemi ! si, en abandonnant tout le reste, tu retiens le cœur, tu retiens tout, car c’est du cœur que jaillissent les sources de la vie.

Comme on le voit donc, la maladie de notre texte touche à une partie fondamentale de notre organisme moral, — tellement fondamentale qu’une fois atteinte, elle porte le trouble dans notre vie tout entière. Mais, remarquez en outre que si ce mal a son siège dans l’organe le plus essentiel, il lui porte de plus un coup fatal. Il n’est pas question de simples palpitations du cœur ; il n’est pas dit que le fleuve de vie qui s’en échappe s’est amoindri ou ralenti ; il s’agit d’une perturbation autrement grave : il est dit que le cœur est rompu en deux et divisé par le milieu. Un cœur de pierre peut être transformé en un cœur de chair, mais on a beau tourner et retourner en tous sens un cœur partagé en deux, on ne saurait y trouver de remède. Rien ne peut fonctionner plus mal qu’un organe qui, au fond, en forme deux, ou qui lance les forces motrices en deux sens contraires, en sorte quelles se combattent et se neutralisent. Un cœur d’une seule pièce est la vie de l’homme, mais dès que son cœur est partagé en deux, dans le sens le plus élevé, le plus intime et le plus spirituel du mot, il y a mort. Le mal ne porte pas seulement sur un organe essentiel, mais il lui porte une atteinte mortelle.

Considérons encore que cette division du cœur est quelque chose de particulièrement hideux. Les hommes qui en sont atteints ne se sentent point souillés ; ils fréquentent toutes les sociétés, ils viennent dans les temples ; ils veulent prendre rang parmi les membres et participer à la cène, après quoi ils retournent se mêler au monde, et ils ne voient à cela rien de déshonnête. Ils se considèrent comme dignes de fréquenter les mondains respectables, aussi bien que les chrétiens sincères. Si un homme avait des taches à la peau, ou portait sur son visage des plaies qui frappassent la vue de ceux qui l’abordent, certainement il éviterait la société et se tiendrait chez lui. ; mais l’homme au cœur partagé n’y songe pas ; il se présente partout d’un air dégagé, sans se douter que son mal est des plus repoussants. Et voulez-vous que je vous montre à quel point il l’est ? Prenez une loupe et considérez ce cœur : vous verrez qu’il est hideux, parce que Satan et le péché y règnent. Quoique cet homme aille et vienne, quoiqu’il ait assez de discernement pour distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais et pour éprouver du malaise à cause de ses péchés, néanmoins il a un amour si intense pour toute sorte d’iniquités qu’il laisse une libre entrée aux démons les plus immondes, et qu’ils viennent y faire leur demeure. Mais ce n’est pas encore ce qu’il y a de plus repoussant. Pendant qu’en réalité il vit dans le péché, il est d’une hypocrisie écœurante et n’en prétend pas moins être un enfant de Dieu. De toutes les choses qui révoltent l’odorat d’un homme droit, l’hypocrisie est la pire. Si tu veux être mondain, sois mondain. Si tu veux servir Satan, sers-le. Si Baal est Dieu, adore-le, mais ne viens pas te présenter comme servant le Seigneur, tandis qu’en secret tu ne sers que ta chair et tes coupables convoitises. Jette loin de toi ce masque et montre-toi tel que tu es. Depuis quand la religion est-elle une mascarade ? Arbore tes véritables couleurs. Si tu préfères les doux présents de Satan, que nous le sachions ; ou bien, si tu veux servir Dieu, sers-le, et sers-le de bon cœur, car Il est un Dieu jaloux qui sonde les cœurs et qui éprouve les reins. Ah ! quelle maladie terrible et dégoûtante que celle d’un cœur partagé ! Elle est tellement repoussante que si cet homme la laissait voir, les pécheurs les plus dépravés de la terre le honniraient. J’en ai vu des exemples. Un homme qui se donnait pour pieux et qui venait régulièrement aux cultes, fut vu un jour entrant dans une salle de bal de la pire espèce. Là, il commença à se livrer à toutes sortes de folies avec des intentions encore plus honteuses. Aussitôt on l’observe ; le sens moral des êtres les plus dépravés est révolté de sa conduite. « Jetez cet homme hors d’ici ! » se mettent à crier toutes les voix, et aussitôt on le chasse ignominieusement, et il ne l’avait que trop bien mérité. Quand un homme a le cœur partagé, quand il essaie de faire le bien tout en faisant le mal, de servir Dieu et Satan en même temps, je prétends que son mal est tellement dégoûtant et d’une nature si hideuse, que les gens du monde qui portent leur lèpre sur leur front le méprisent, l’abhorrent et le fuient.

Cette maladie est d’ailleurs, très difficile à guérir, car elle est chronique. Ce n’est pas une maladie aiguë, accompagnée de douleurs vives et de chagrins cuisants ; mais c’est un mal lent qui a pénétré dans la nature même de l’homme. Comment porter remède à un cœur partagé ? A toute autre place, la lancette pourrait être mise en œuvre et les médicaments pourraient être appliqués ; mais quel médecin pourra recoller ensemble les deux moitiés d’un cœur partagé ? Quel est le chirurgien assez habile pour rattacher les unes aux autres les parties d’une âme qui s’est partagée entre Dieu et Mammon ? Ceci est un mal qui atteint la nature elle-même ; un mal qui gît dans le sang et que les remèdes les plus puissants ne sauraient en expulser. C’est, en un mot, un mal que la Grâce toute-puissante peut seule guérir. Mais celui dont le cœur est partagé entre Dieu et Mammon ne saurait posséder cette grâce ; il est ennemi de Dieu, il est une tache dans l’Église, il méprise la Parole du Seigneur ; il marche à une éternelle condamnation. Sa maladie est trop avancée, et s’il est abandonné à lui-même, il sera la victime d’une destruction affreuse et inévitable.

Enfin, je veux remarquer avant de terminer l’examen de cette maladie, que, d’après l’expression du texte hébreu, elle est des plus difficiles à traiter, parce que c’est un mal qui flatte le malade. Ce texte peut se traduire ainsi : « leur cœur les flatte, et maintenant ils sont déclarés coupables. » Le monde est plein d’habiles flatteurs, mais le plus habile est certainement le cœur de l’homme. Le cœur de l’homme le flattera même au sujet de ses péchés. Si quelqu’un est rongé par l’avarice, son cœur le flattera en lui persuadant qu’il ne fait que se conformer à des habitudes d’économie. Tel autre, au contraire, est prodigue et dépense les biens que Dieu lui a confiés au profit de ses convoitises ; son cœur lui dit qu’il a l’âme généreuse et libérale. Ce malheureux cœur appelle doux ce qui est amer, et amer ce qui est doux. Il est tellement méchant par-dessus toutes choses et si désespérément malin qu’il a l’impudence d’appeler les ténèbres lumière et la lumière ténèbres. De là suit que quand un homme a le cœur partagé il se séduit et se flatte lui-même. « Hé bien ! se dit-il, il est vrai que je bois un peu trop, mais je ne refuse jamais de donner libéralement pour une œuvre charitable. Il est vrai, dit-il encore, que je ne mène pas une vie aussi honnête que je le devrais, mais, malgré cela, voyez comme je vais régulièrement au service religieux. Il est vrai, dit-il aussi, que dans mon commerce je me permets telle ou telle supercherie, mais je le rends bien aux pauvres que je secours volontiers. » Et de la sorte il s’imagine pouvoir effacer un vice par une prétendue vertu ; son cœur lui a suggéré cette flatteuse fausseté. Aussi, voyez comme il est satisfait, comme il est content de lui-même. Tandis que l’enfant de Dieu éprouve son cœur avec l’attention la plus scrupuleuse, lui, il ne connaît pas ce genre de préoccupation ; il est toujours parfaitement convaincu que tout va bien. Tandis que le vrai croyant s’arrête pour examiner ses comptes jour après jour, afin de voir s’il est réellement sur la route du ciel ou bien s’il s’est trompé de chemin, cet homme, plein de suffisance, se bande les yeux et s’avance imperturbablement et en chantant vers sa destruction. J’en connais de tels en ce moment, mais il ne leur sert de rien que j’aie décrit aujourd’hui leur état, si Dieu ne leur ouvre pas les yeux par son Saint-Esprit. Il est certain d’avance qu’ils ne se reconnaîtront pas à ce portrait, fût-il parlant et vivant. Ils se diront toujours : « Ce n’est pas de moi qu’il veut parler ; je suis si bon, si pieux ! rien de ce qu’il a dit ne peut s’appliquer à mon cas. » Connaissez-vous une certaine catégorie de gens qui allongent leur visage d’une façon effrayante, qui sont toujours graves et sérieux comme des portes de prison, qui parlent d’un ton compassé et doctoral et qui articulent chacune de leurs paroles avec une saveur particulière ? Fuyez-les ! Quand toute la religion d’un homme paraît sur son visage, c’est en général la preuve qu’il en reste fort peu dans son cœur. Les marchands qui parent le plus richement leurs vitrines sont souvent les plus mal assortis dans leurs rayons. Il en est de même de ces prétendus chrétiens. Comme leur religion est de celles dont personne ne se douterait en voyant leur conduite, ils l’affichent hautement pour qu’on l’aperçoive. Sans leur air tout confit d’une apparente sainteté, vous eussiez pu les prendre pour des mondains. Mais en se revêtant de ce manteau de christianisme, ils pensent faire leur chemin avec succès dans le monde. J’espère qu’ils ne poussent pas l’illusion jusqu’à s’imaginer qu’ils pourront être reçus à la barre de Dieu et tromper le Tout-Puissant. Hélas ! ils se le persuadent presque ! Ils ont le cœur partagé. Et en dépit de ce que cette maladie a de repoussant et de fatal, elle est bien loin d’être rare ; elle abonde de nos jours. Les malades qui en sont atteints, et qui passent néanmoins pour des gens très honorables, se comptent par milliers. Toute leur tête est malade et tout leur être est en défaillance, parce que leur cœur est partagé. Ils n’ont pas le courage d’être ouvertement pécheurs, et ils ne sont pas assez sincères pour être de fidèles serviteurs de Dieu.

II

Après avoir ainsi décrit ce mal, je vais en montrer les symptômes habituels. Quand le cœur de quelqu’un est partagé, l’un des symptômes les plus fréquents est le formalisme de son culte. Vous connaissez sans doute de ces hommes qui se montrent fortement attachés à certaines formes de doctrines et très partisans de tout ce qui tient aux règles officielles et au gouvernement de l’Église. Vous remarquerez que ces gens-là méprisent, abhorrent et détestent tous ceux qui ne partagent pas leurs prédilections. Toute divergence d’opinion sur ces points, fût-elle minime, — portât-elle sur un détail de la moindre importance — les offusque ; ils tirent le glaive et défendent avec acharnement la plus petite minutie d’une cérémonie, le moindre mot d’une formule, et jusqu’au dernier clou rouillé de leur vieil édifice. Ils estiment que la moindre syllabe de leur confession de foi particulière doit être adoptée sans hésitation. Or, vous devez, comme moi, avoir remarqué que ces gens défendent avec ténacité surtout les formes, et pour une bonne raison, à savoir que, comme la vie leur a échappé, ces formes sont tout ce qui leur reste en fait de religion. Ils ont une confession de foi, mais ils n’ont pas de foi. Ils sont sans vie au dedans ; ils y ont substitué les formes de la vie et les cérémonies. Quoi d’étonnant qu’ils les défendent avec tant d’ardeur ? L’homme qui connaît le prix d’une vie vraiment sainte et chrétienne, qui en connaît la puissance et la vertu, aimera sans doute le formes, mais pas au même degré que la vie. Il approuve la lettre, mais il préfère l’esprit, qui en est l’essence. Il peut être tenté parfois de donner trop peu d’importance aux formes, parce qu’il éprouve le désir de se rapprocher successivement de toutes les Églises chrétiennes qu’il rencontre. Il se dit : « Si je puis jouir de la communion de mon Maître, peu importe l’Église où je me trouve. Partout où son nom est glorifié et son Évangile prêché, je suis heureux. » Mais il n’en est pas ainsi de l’homme dont le cœur est partagé et qui ne recherche pas avant tout la sainteté de la vie. Il est bigot à l’excès, et il a ses raisons, le pauvre homme ! Il ne possède plus que l’enveloppe du christianisme ; il est naturel qu’il la défende à outrance. Vous verrez des personnes se montrer pointilleuses même pour les formes de culte les plus simples ; ils tiennent à ce qu’on s’y conforme invariablement. Il ne leur suffit pas qu’on garde dans le temple une attitude respectueuse ; il faut quelque chose de plus accentué que le respect ; il faut qu’un sentiment de crainte servile et abjecte paraisse dans l’attitude de tous ceux qui s’assemblent ; il faut que chaque détail du culte soit accompli avec un décorum et une dignité particulière. Or, ces personnes ne connaissent point « la force de la piété », et ne défendent ces petites coquilles de la noix que parce qu’elles n’en ont pas la pulpe. Ils se battent pour la surface, ne connaissant pas la profondeur qui se trouve au-dessous. Ils ne connaissent point le précieux minerai qui se trouve dans les entrailles de l’Évangile, en sorte que la superficie leur suffit, quelque recouverte qu’elle soit de mauvaises herbes et de ronces. Le formalisme, je le répète, est très souvent l’indice d’un cœur partagé.

Toutefois, ce symptôme n’est peut-être pas le plus saillant. En voici un qui l’est davantage : c’est l’inconséquence. Si vous voulez conserver une bonne opinion de l’homme qui a le cœur partagé, il ne vous faut pas le voir continuellement ; il est des jours où il faut vous garder de le visiter. Allez le voir le dimanche ; ce jour-là vous trouverez en lui un saint. Mais n’allez pas le voir le samedi soir ; vous pourriez, qui sait ? trouver en lui un pécheur de la pire espèce. Ah ! de tous les hommes, ceux qui m’inspirent le plus de craintes, parce que je connais le danger de leur situation, ce sont ceux d’entre vous qui, sans abandonner le monde, s’efforcent de suivre l’Église. Vous êtes doués de la faculté de chanter un jour les saints cantiques de Sion, et d’aller le lendemain dans les repaires du vice, chanter des chansons profanes et licencieuses. Vous pouvez boire à la coupe du Seigneur et à la table des démons. Vous êtes des premiers à courir au culte avec le peuple de Dieu, et des premiers aussi à suivre la multitude dans les bras de Satan. O hommes frères ! c’est ici un fait inconcevable ! c’est ici le symptôme d’une épouvantable maladie ! Si votre vie est inconséquente, votre cœur doit être partagé. Le pasteur est bien heureux quand il peut espérer que son Église ne contient pas un seul hypocrite ; mais j’ose croire, et je crois avec douleur que je ne puis en dire autant de cette vaste Église que je suis appelé à présider. Mes amis, il peut s’être glissé parmi vous quelqu’un qui se livre à des péchés que l’œil du pasteur n’a pu voir. Ni les anciens, ni les diacres n’ont encore pu le prendre sur le fait. Il a pu joindre la ruse à l’iniquité. Peut-être ton péché, ô homme, est de ceux qu’aucune discipline ne saurait frapper. Mais tu sais, toi — et ta conscience te le dit — que ta vie n’est pas en accord avec ta profession chrétienne. Je t’adjure par le Dieu vivant, devant lequel toi et moi devons comparaître au dernier jour pour affronter ses terribles jugements, et je te somme ou d’abandonner ta profession ou d’y être fidèle. Laisse là le titre de chrétien, ou sois réellement chrétien. Cherche la grâce du Seigneur, afin de pouvoir suivre l’exemple de ton Maître ; sinon, je t’en supplie, renonce à être membre de l’Église et renonces-y ouvertement. Crois-moi, si tu me prends au mot, tu rempliras mon cœur de joie. Une vie inconséquente est, je le répète, un indice certain d’un cœur partagé.

Mais en voici un troisième, savoir : l’inconstance. Ici, je pourrais dépeindre un caractère qui n’est inconnu à aucun de vous. Voici un homme qui assiste à une réunion générale relative à quelque but religieux. Tout-à-coup il s’enthousiasme pour faire le bien. S’il ne va jusqu’à projeter d’aller missionner lui-même au milieu des païens, il se décide à consacrer à cette œuvre une partie de ses biens, et pendant une semaine il ne parlera plus que de missions. Mais, quelques jours plus tard, il assiste à une réunion politique, et il ne rêve plus que réformes et organisation. Une semaine se passe, le voilà dans une commission de santé, et il ne rêve plus que rectifications à faire dans le cours des égouts, etc. La religion, la politique et l’économie sociale, chacune à son tour, sont destinées à disparaître de son esprit dès qu’un nouvel objet se présentera. Ces hommes courent tantôt dans une direction, tantôt dans une autre. Leur religion est une religion par accès ; ils la prennent comme on prend la fièvre tierce. Ils ont des accès de tremblement ; puis cela leur passe, et le calme revient. Ils sont tantôt brûlants et fiévreux, tantôt froids et tout frissonnants. Ils mettent et posent leur religion comme une veste ; et qu’est-ce que cela prouve, sinon que leur cœur est partagé ? Ils sont malades aux yeux de Dieu ; ils sont repoussants et ils ne verront jamais sa face avec joie.

Pour terminer cette liste de symptômes, je n’en mentionnerai plus qu’un : la frivolité en matière de religion, qui indique aussi un cœur partagé. Et ici je m’adresserai plus directement à ceux de mon âge. Les personnes encore jeunes se rendent souvent coupables de ce péché, qui consiste à traiter les choses saintes d’un ton léger et frivole. Il est un sérieux qui sied à tout âge, et surtout aux jeunes chrétiens. La joie et la bonne humeur doivent être l’ornement de la vieillesse chrétienne, car les vieillards sont exposés à la tristesse. Une tenue sérieuse et une certaine solennité sont, je crois, le plus bel apanage du jeune croyant, qui est plutôt exposé à la frivolité qu’au découragement. O mes frères ! quand nous pouvons parler des choses religieuses avec légèreté ; quand nous nous permettons de citer des versets de l’Écriture pour en tirer des jeux de mots ou des allusions plaisantes ; quand nous venons à la table sacrée comme à un repas quelconque ; quand nous assistons à un baptême comme à une cérémonie vulgaire qui n’exige aucune solennité particulière, je crains bien que nous ne donnions alors une preuve que notre cœur est partagé. Je sais que toute âme qui a senti ses péchés et qui a réellement connu l’amour de Christ n’abordera les choses saintes qu’avec sérieux. La frivolité de l’esprit est souvent la preuve d’un cœur partagé.

III

Ceci nous amène au troisième point, c’est-à-dire aux tristes effets d’un cœur partagé. Quand l’homme a le cœur partagé, il tombe aussitôt dans toute sorte de maux. Il est d’abord malheureux. Qui pourrait être heureux, en effet, avec des puissances qui se combattent dans son propre cœur ? L’âme a besoin d’une demeure tranquille, autrement elle ne peut goûter aucun repos. L’oiseau qui voudrait se percher sur deux branches à la fois ne pourrait s’y tenir en équilibre, et l’âme qui veut s’appuyer à la fois sur le monde et sur le Sauveur ne peut goûter ni joie, ni paix. Un cœur qui demeure entier et intact est le seul qui puisse être heureux. C’est pourquoi David dit : « Incline mon cœur à craindre ton nom. » Ceux qui se donnent en entier à Dieu sont vraiment heureux, car ils font l’expérience que les voies de la piété ne sont que joie, et que tous ses sentiers ne sont que paix. Les hommes qui ne sont ni pour ni contre sont toujours inquiets et malheureux. La crainte de se voir découverts et le sentiment qu’ils ne marchent pas de droit pied, conspirent ensemble pour agiter leur âme et la remplir de gêne et d’angoisse. Je le répète donc : l’homme au cœur partagé est malheureux. En second lieu, il est inutile dans l’Église. De quelle utilité, en effet, nous est-il ? Nous ne pouvons pas le mettre en chaire pour qu’il explique cet Évangile qu’il ne pratique pas. Nous ne pouvons pas en faire un diacre, car son exemple serait désastreux pour l’Église. Nous ne pouvons pas lui confier les affaires spirituelles de l’Église en qualité d’ancien, puisque, privé de spiritualité lui-même, il ne saurait y rien comprendre. Il ne nous est donc d’aucune utilité. « Les hommes l’appelleront un agent réprouvé. » Son nom pourra se trouver inscrit sur le registre de l’Église, mais autant vaudrait qu’il n’y fût pas. Il peut avoir son siège dans l’assemblée et contribuer aux frais de culte pour sa quote part, mais nous n’en irions que mieux sans lui et sans son argent, quand même il aurait le double de talents et qu’il donnerait le triple de contributions. Nous savons qu’aucun de ceux qui ne sont pas unis de cœur, d’une manière vivante et complète, à Christ, ne sauraient être bons à rien dans l’Église.

Mais, ce n’est pas tout : il est dangereux pour le monde. Il est comme un lépreux au milieu de gens bien portants ; il leur communique son mal. L’ivrogne est plus facilement, comme le lépreux, mis au ban de la société ; cependant il ne fait comparativement que peu de mal, car dès qu’il est ivre il est en quelque sorte séparé des autres hommes. Son ivresse sert d’avertissement et crie : « le souillé ! le souillé ! le souillé ! » Mais l’homme dont le cœur est partagé, faisant profession de christianisme, est toléré. Il se donne pour chrétien, et on l’admet dans tous les cercles ; mais au dedans il est rempli de pourriture et de fausseté. Quoique blanchi à l’extérieur comme un sépulcre, je répète qu’il est plus dangereux pour le monde que ne le sont les hommes les plus vicieux. Liez-le donc et ne le laissez pas courir çà et là ; bâtissez-lui une prison. Mais, que dis-je ? si vous vouliez bâtir des prisons pour tous les hypocrites, la plus grande cité de l’Europe ne suffirait pas à les contenir. O mes frères ! cette impossibilité où nous sommes de les séquestrer fait que le plus enragé des chiens pendant les plus grandes chaleurs de l’été n’est pas, à beaucoup près, aussi dangereux pour les hommes que celui qui a le cœur partagé, et qui court de toutes parts en semant la bave empoisonnée de son hypocrisie et en inoculant son mal mortel à ceux qui l’approchent.

Non seulement il est malheureux, inutile à l’Église et dangereux pour le monde, mais il est de plus méprisable aux yeux de tous. Dès qu’on apprend à le connaître, on le fuit. Le monde lui-même le repousse et l’Église ne peut que le censurer. Mais la considération la plus grave, c’est que cet homme est réprouvé de Dieu. Il est aux yeux de l’Être infiniment pur l’être le plus hideux et le plus abominable. Son cœur est partagé ! Dieu, qui est un Dieu saint, abhorre avant tout son péché, et en second lieu tous les mensonges par lesquels il cherche à le dissimuler. S’il est un lieu où Dieu a le plus horreur des pécheurs, c’est bien dans son Église. Qu’un chien se tienne dans sa loge, encore passe ; mais un chien dans la salle du trône est chose intolérable. Un pécheur dans le monde, c’est déjà un grand mal ; mais un pécheur dans l’Église est chose hideuse. Le fou qui est dans l’asile des aliénés est digne de pitié ; mais un fou qui prétend avoir sa raison et qui se mêle parmi les autres hommes pour leur faire du mal, n’est plus seulement digne de pitié, il est un objet de terreur ; on doit l’éviter avec soin, on doit même l’enfermer. Dieu a horreur du péché partout ; mais quand le péché vient porter sa main souillée sur l’autel, quand il vient avec insolence prendre part aux sacrifices, alors Dieu le vomit de sa bouche. Celui de tous les criminels qui, par sa position, risque de s’attirer les plus terribles coups de foudre et les éclairs les plus brûlants, c’est bien l’homme au cœur partagé, qui prétend servir Dieu, tandis que dans son cœur il sert le péché. Prends garde, pécheur ! prends garde ! en persévérant dans ton hypocrisie, tu vas au-devant de rudes châtiments. Examine la voie que tu as suivie, car ton péché et tes mensonges vont bientôt te vouer à une éternelle destruction.

IV

En terminant, j’ai à vous présenter quelques observations sur le châtiment futur préparé à tout cœur partagé, à moins que la main puissante du Sauveur ne l’y soustraie. J’ai cherché à prêcher aujourd’hui fidèlement, aussi fidèlement que j’ai pu ; mais je sens qu’un sermon comme celui-ci fournit peu de nourriture spirituelle aux enfants de Dieu, ce qui est contraire à mon désir. Toutefois, il est impossible de ne pas prêcher toute la vérité. On ne peut pas toujours et d’un même coup recueillir le bon grain et rejeter la balle. J’ai voulu prendre aujourd’hui mon van en mes mains et purifier entièrement cette aire, au nom de Celui qui sera le grand Purificateur au dernier jour. Nous en avons tous besoin, que nous le sentions ou non. Les meilleurs chrétiens ont besoin parfois d’examiner attentivement les mobiles de leur vie ; et quand les enfants de Dieu ne sont pas nourris, il leur vaut encore mieux d’être amenés à scruter leur cœur, que d’avoir été édifiés par l’exposé de quelque précieuse promesse. Vous tous qui m’entendez, dites-moi, n’y a-t-il dans cette immense assemblée personne qui ait le cœur partagé ? Est-il possible que cette vaste congrégation ne soit absolument composée que de chrétiens sincères, réellement éclairés, appelés et sauvés ? N’est-il pas un seul homme qui, se faisant illusion sur son état, se soit glissé parmi les brebis, au lieu de se ranger parmi les boucs ? N’en est-il aucun qui, même sans se tromper, se soit placé impudemment au nombre des sacrificateurs de l’Éternel, tandis qu’il est un adorateur de Baal ? Qu’il me soit donc permis, en terminant, d’accomplir jusqu’au bout fidèlement ma mission, en décrivant la condition terrible qui est réservée aux hypocrites pour le jour où Dieu jugera le monde.

Le voilà qui vient avec un front d’airain s’asseoir au milieu de la congrégation des justes. L’ordre est parti du trône : « Rassemblez d’abord l’ivraie ! » Il entend ce commandement sans pâlir ; il conserve toute son impudence. Il aurait encore le temps de s’humilier et de demander grâce ; mais, non. L’ange qui sépare les méchants d’avec les justes vole, et tous les méchants deviennent livides de terreur, à mesure que l’ivraie est liée en gerbes à la gauche pour être jetée au feu. Mais, imaginez le soudain effroi de cet homme qui se tient au milieu des ministres, des saints, des apôtres, et qui s’aperçoit qu’on le cherche et qu’on va le saisir à son tour ! L’ange de la mort fond sur lui comme un aigle sur sa proie, l’enlève et le réclame comme sien. « Tu es, lui dit l’ange aux noires ailes, tu es un épi d’ivraie. Tu as crû parmi le blé, mais ta nature n’en est pas changée pour cela. La rosée qui descendait sur le froment descendit aussi sur toi. Tu as reçu les mêmes rayons de soleil ; mais tu es toujours un épi d’ivraie, et ta condamnation demeure. Tu seras lié avec les autres, et tu seras brûlé. » Oh ! quelle devra être sa consternation, quand cet ange, l’arrachant de sa main puissante, l’emportera, et quand, lui qui s’était cru enfant de Dieu, se verra lié avec les réprouvés et lancé dans la destruction !

Représentez-vous maintenant la réception qu’on va lui faire dans l’abîme. Il arrive au milieu des méchants — de ces méchants qu’il avait jadis condamnés d’un ton pharisaïque. « Ah ! le voilà enfin, disent-ils, cet homme qui nous faisait la leçon, cet honnête homme qui nous enseignait à devenir meilleurs ! Le voilà, et il se trouve, après tout, qu’il ne valait pas plus que les autres ! — Représentez-vous, si vous l’osez, la salle d’honneur de l’enfer ; représentez-vous les stalles réservées de cette maison de flammes, et les chaînes les plus lourdes du désespoir. Imaginez, si vous le pouvez, l’horrible destruction — la plus horrible de toutes — celle qui consumera l’homme qui en ce monde a trompé l’Église et a déshonoré Dieu ! Les prisons ordinaires sont pour les pécheurs ordinaires ; mais cet homme sera jeté dans les donjons intérieurs et sera rivé à un carcan d’ardent désespoir. Tremblez, ah ! tremblez, vous qui faites profession de christianisme, vous dont la religion est mêlée de mondanité ! Tremblez, vous dis-je, vous qui prétendez craindre Dieu, mais qui, comme les Samaritains, adorez aussi les idoles ! Ah ! tremblez maintenant, de peur que l’épouvante ne s’empare de vous au jour où vous ne vous y attendrez pas, et où vous supplierez les montagnes de vous cacher de devant la colère du Tout-Puissant.

Et maintenant je ne puis vous renvoyer sans vous avoir parlé quelques instants de l’Évangile. Peut-être tel d’entre vous me dit : « Monsieur, non seulement mon cœur est partagé, mais il est brisé. » Ah ! il y a une immense différence entre un cœur partagé et un cœur brisé. Le cœur partagé est coupé en deux pièces ; mais le cœur brisé, tout en étant broyé et froissé, est encore entier, ou si dans un sens il est brisé, brisé dans son orgueil et comme fondu, dans un autre sens cependant il éprouve tout entier le désir d’être sauvé. — Pauvre cœur brisé ! ce n’est pas à toi que j’adressais mes reproches. Désires-tu ce matin que tes péchés soient effacés ? Crie donc du sein de ton angoisse : « Seigneur, garde-moi d’hypocrisie ! Quel que je sois, ne permets pas que je me croie tien, si je ne le suis pas. » — Est-ce que telle est bien réellement votre prière ? : « Seigneur, fais que je me donne à toi tout entier. Place-moi au nombre de tes rachetés. Permets que je t’appelle mon Père et que je ne me détourne jamais de toi. Donne-moi un nouveau cœur et renouvelle mon entendement. Oh ! lave-moi dans le sang de Christ et rends-moi net. Rends-moi tel que tu veux que je sois, et je te bénirai éternellement. » — Rappelle-toi, mon cher auditeur, que si tel est le soupir de ton cœur, tu es invité aujourd’hui même à croire que Christ a la puissance de te sauver ; qu’Il a le désir de l’exercer sur toi, qu’Il t’attend pour te faire grâce, et qu’Il sera bien plus prompt à te pardonner que tu ne le seras jamais à le lui demander. Il t’est donc commandé de te confier en Lui, car tous tes péchés ont été punis en sa personne, qui est devenue ton garant. Pour l’amour de Christ, Dieu consent à te recevoir maintenant et à te bénir maintenant. Approche-toi de Lui en ce moment ; lève tes regards sur Celui qui est mort pour toi sur le bois. Mets ton espérance en Celui qui est mon Sauveur et le tien ; laisse tomber sur ton cœur le sang qui coule de ses blessures. Découvre tes hideuses plaies, et t’écries : « O Seigneur, guéris ces blessures ! O Jésus, tu es ma seule espérance ! Si tu veux me sauver, toute ma vie t’appartient. Mon cœur cesse d’être partagé, car il est rempli tout entier d’un seul besoin, du besoin de t’aimer, d’espérer en toi seul, de se fondre de gratitude envers toi. Je veux te louer et ne servir que toi seul ! — Pauvre pécheur repentant, j’avais raison de dire que, quoique brisé, ton cœur n’était pas partagé. Ce cœur, présente-le à Dieu tel qu’il est, en lui disant : « Seigneur, accepte-moi par le sang de Christ, et que je sois à toi pour le temps et pour l’éternité ! » Amen.

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