Catéchèse

TROISIÈME CATÉCHÈSE, DU BAPTÊME.

SOMMAIRE.

Dans cette Catéchèse l'orateur établit la dignité du sacrement de baptême , - I, sur l'alliance étroite qu'il constitue entre notre âme et Dieu , — II , III , IV, sur la grâce du Saint-Esprit qu'il nous confère , -V, sur les symboles ou figures qui le signalent, — VI , sur la prééminence de Jean-Baptiste son premier auteur, — IX, XI, sur l'exemple de Jésus-Christ qui s'y soumit. — IV et X. Il établit sa nécessité pour le salut , sur les préceptes de Jésus-Christ , sur les exemples puisés dans les Livres saints , n'exceptant de cette nécessité que les seuls martyrs. — III , IV. Il en développe les parties qui le constituent , l'eau qui en est la matière, la grâce du Saint-Esprit qui purifie l'âme, et la marque de son sceau. Enfin il en montre les admirables effets, XV, dans la rémission des péchés même les plus énormes , XVI, dans la pureté de l'âme et la joie de la Cour céleste , — XI , XII , XIII , XIV , dans l'association et l'assimilation de l'âme du baptisé avec Jésus-Christ. Il faut surtout remarquer ce qu'il dit de la consécration de l'eau , de l'efficacité du baptême de S. Jean. Cette Catéchèse fut prononcée à l'entrée du carême où le jeûne était à peine commencé.

An ignoratis quòd quicumque in Christum Jesum baptizati sumus, inmortem ejus baptizati sumus : consepulti ergo sumus ipsi per baptismum in mortem, etc. (Romains 4.3,4.)

Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ? Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour mourir avec lui.

I.

Cieux, réjouissez-vous ; que la terre tressaille d’allégresse (Esaïe 40.13)

à la vue de ceux qui bientôt seront arrosés et purifiés par l’hyssope spirituel et par la vertu de celui qui fut au temps de sa passion abreuvé au moyen d’un roseau et de l’hyssope. (Jean 19.29 ; Matthieu 27.48 ; Esaïe 40.3.) Puissances célestes réjouissez-vous ; âmes qui voulez être unies avec le céleste Epoux, préparez-vous ; j’entends la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur.

Car il ne s’agit pas ici d’une alliance futile, passagère, charnelle et souvent téméraire, mais de celle que vous allez contracter. C’est la foi d’un chacun qui détermine le choix de l’Esprit qui scrute et pénètre tout. (1 Corinthiens 2.10.) Toutes les alliances qui se contractent dans le monde ne sont pas toujours fort judicieuses. Nous ne voyons souvent dans les contrats qui constituent la société des époux, qu’une recherche de beauté ou de richesse. Il ne s’agit pas ici de beauté corporelle, mais il s’agit d’une conscience pure et sans tache. Ici on ne s’enquête nullement des biens périssables de la fortune, mais des richesses spirituelles, fruits de la véritable piété.

II.

Enfants de la justice, croyez à la voix de Jean qui vous appelle et vous crie : Préparez les voies au Seigneur. (Jean 1.23.) Ecartez de son chemin tout obstacle, pour que vous marchiez droit à la vie éternelle. Préparez les vases de votre âme par une foi vive et sincère ; purifiez-les pour y donner accès au Saint-Esprit. Commencez par laver vos vêtements dans les larmes de la pénitence, pour que l’Epoux, lorsqu’il vous appellera, vous trouve purs et sans tache.

L’Epoux appelle tout le monde indistinctement, parce qu’il est généreux dans ses faveurs et que ses grâces sont gratuites. (Matthieu 22.9-10.) Ses hérauts, d’une voix sonore, font un appel général. Il choisit ensuite et sépare ceux qu’il admet aux mystères de ses noces symboliques.

A Dieu ne plaise que parmi ceux qui se rencontrent ici, qui se sont fait inscrire, il y en ait un seul qui entende ces formidables paroles : Mon ami, comment êtes-vous entré ici sans avoir la robe nuptiale. (Ibid. XXII, 12.) Puissions-nous tous entendre ces mots consolateurs Courage, serviteur bon et fidèle ; vous avez été fidèle sur peu de chose : je vous en confierai de plus importantes ; entrez, venez partager la joie de votre seigneur. (Ibid. XXV, 21.) Car jusqu’alors vous n’étiez qu’à la porte. Puissiez-vous un jour vous écrier tous ensemble : Le Roi m’a admis dans sa tente. (Cantique 1.3.) Que mon âme tressaille dans le Seigneur ; car il m’a revêtu de la robe du salut et de la tunique de joie ; il a pris lui-même le soin de m’orner de ses dons, comme son épouse et m’a mis lui-même la couronne sur la tête. (Esaïe 61.10.)

Puissent vos âmes être trouvées sans rides et sans taches ! (Ephésiens 5.27.) Je ne vous dis pas que votre âme sera telle avant que Dieu ait versé sur vous ses dons (car pourquoi êtes-vous tous appelés à la rémission des péchés ?) mais ce ne sera que sous la condition que, lorsque la grâce vous sera donnée[1], votre conscience purifiée réponde à la grâce.

[1] Lorsque la grâce vous sera donnée.
Le baptême est une grâce, soit parce qu’il s’accorde gratuitement (Catech. 1.4) aux pauvres comme aux riches, soit parce que avec peu de peines les pécheurs obtiennent le pardon de leurs péchés.
Nous retrouvons la même pensée dans ces mots de S. Pacien : Baptismus sacramentum est dominicæ passionis, pœnitentiumvenia, confitentis meritum. Illud omnes adipisci possunt, quia gratia Dei donum est, id est, gratuita donatio. Labor verò iste paucorum est qui post casum resurgunt, qui post vulnera convalescunt, qui la crymosis vocibus adjuvantur. (Epist. 11, ad Sempronianum.) Ce seul passage suffirait pour justifier Cyrille de pélagianisme.)

III.

C’est une grande affaire, mes Frères, que celle à laquelle vous aspirez ; elle mérite toute votre attention. Que chacun de vous se mette en présence de Dieu et de plusieurs myriades d’Anges. L’Esprit-Saint va vous marquer de son sceau, vous allez être enrôlés dans la milice du grand Monarque[2]. C’est pourquoi tenez-vous prêts, armez-vous. Ce n’est pas de tuniques blanches seulement qu’il faut vous revêtir, mais c’est d’une réelle et solide piété. Préparez-vous au baptême, non pas comme à un bain d’eau pure ; mais donnez toute votre attention à la grâce que le Saint-Esprit nous communique avec l’eau. Car de même que les victimes qu’on offre sur les autels des démons, lors même qu’elles seraient pures de leur nature, deviennent impures par l’effet de l’invocation des démons[3], ainsi par un effet contraire, l’eau, quoique simple de sa nature, devient sainte par l’effet de l’invocation des trois personnes de la sainte Trinité[4].

[2] Enrôlés dans la milice du grand Monarque.
De même, dit S. Chrysostome, qu’on impose aux soldats une marque pour reconnaître les déserteurs, ainsi le Saint-Esprit marque de son sceau les fidèles. (Homil. 11, in 1 ad Corinth.)
Ce sentiment commun des Pères, que les âmes des baptisés sont marquées du sceau de l’Esprit-Saint, paraît fondé sur ces paroles de l’Apôtre : In quo et credentes obsignati estis Spiritu promissionis. (Ephésiens 1.13.)

[3] Par l’effet de l’invocation des démons.
Tous les païens croyaient que le Dieu auquel une statue était consacrée, venait y habiter. Stilpon fut chassé d’Athènes pour avoir dit que la Minerve de Phidias n’était pas une divinité. (Diogène Laerce, lib. 11.) Puisque la consécration opérait cette merveille sur les métaux et le bois, pourquoi n’eût-elle pas eu le même effet sur les viandes également consacrées ?

[4] L’eau… devient sainte par l’effet de l’invocation.
On se demande de quelle invocation veut ici parler S. Cyrille. Est-ce de celle que renferme la formule du baptême, c’est-à-dire, des trois personnes de la sainte Trinité ? Ou bien de la bénédiction des fonts qui précède le baptême ? En d’autres termes, S. Cyrille pensait-il que le baptême ne pouvait être valide qu’avec l’eau exorcisée ou bénite antérieurement, ou avec de l’eau pure qu’on verse en prononçant les paroles sacramentelles ?
Cette dernière opinion paraît avoir été celle du S. PC. Elle est d’ailleurs conforme à l’usage de l’Eglise qui n’a regardé la bénédiction des fonts que comme une cérémonie sainte, mais non d’une absolue nécessité dont l’absence rendrait nul le baptême.
Cependant l’autre sentiment pourrait aussi avoir été le sien, si surtout on rapproche,
1° l’opposition qu’il établit entre l’invocation des démons qui souillent les viandes de leur présence, et l’invocation de la sainte Trinité qui sanctifie l’eau ; vu surtout que la formule du baptême se rapporte plus à la personne baptisée qu’à l’eau dont on baptise.
2° D’ailleurs, ses expressions sont ici les mêmes que celles qu’il emploie en parlant de l’huile exorcisée. (Catech. XX, 5) et du saint chrême. (XXI, 3.)
3° Sa doctrine serait conforme à celle de beaucoup de Pères qui ont regardé la bénédiction des fonts comme indispensable. (Vid. Constit. Apostol. lib. vii, 43,44. S. Cyprien, Epist. LXX. S. Ambroise, Lib. de mysteriis, cap. 11,14 et 20.)
L’auteur du livre De Sacramentis (lib. 1, c. 45,15 et 16. Gregor. de Nysse, Orat. de baptismo Christi, pag. 369. S. Basile, De Spiritu sancto, cap. XV.)
Au milieu de toutes ces autorités, je me contente de rapporter ici textuellement les paroles de S. Cyprien : Oportet ergo mundari et sanctificari aquam priùs à sacerdote, ut possit baptismo suo peccata hominis qui baptizatur, abluere. Il fonde ce point de discipline sur cette parole du prophète Ezechiel (XXXVI, 25) : Effundam super vos aquam mundam.
L’eau n’était pure, selon son sentiment, qu’ensuite de l’exorcisme. Au reste, le sentiment universel a toujours été que l’eau naturelle de fontaine ou de rivière ou de pluie est la seule matière avec laquelle on puisse baptiser validement. Mais l’Eglise, toujours attentive à professer sa foi par ses cérémonies, a été dès les premiers siècles dans l’usage de bénir les fonts baptismaux, sans prétendre faire de cette cérémonie partie essentielle du baptême. (Voyez le concile de Trente, sess. VII, de Bapt. can. 2.)

IV.

L’homme étant un être double de sa nature, un composé de corps et d’âme, sa purification doit être également double. Elle doit être spirituelle pour cette partie de nous-mêmes qui n’est pas corps, elle doit être matérielle pour notre corps même. Car de même que l’eau nettoie le corps, de même l’Esprit-Saint met dans l’âme le sceau de sa grâce, pour nous mettre avec cette double purification en état d’approcher de Dieu. (Hébreux 10.22.)

Vous donc qui vous disposez à descendre dans la piscine sacrée, faites moins attention au vil élément qu’aux vertus efficaces que lui communiquera le Saint-Esprit. Car, sans l’un comme sans l’autre, vous ne pouvez être régénérés.

Remarquez que ce n’est pas moi qui parle ainsi, c’est Jésus-Christ lui-même qui seul est ici maître et dispensateur de ses dons. En vérité, en vérité, je vous le dis, nul n’entrera dans le royaume des cieux, s’il n’a pas été régénéré, puis il ajoute, dans l’eau et le Saint-Esprit. (Jean 3.3, 5.)

Celui-là donc qui n’aura reçu que l’eau sans le Saint-Esprit n’aura pas la grâce parfaite, et celui-là qui sera irrépréhensible dans ses mœurs et sa conduite, mais qui n’aura pas reçu avec l’eau le sceau de l’Esprit-Saint, n’entrera pas dans le royaume des cieux[5].

[5] Celui-là qui sera irrépréhensible dans les mœurs… sans le baptême n’entrera pas dans le royaume des cieux. (S. Cyrille ne reconnaît ici que deux baptêmes celui de l’eau et celui du sang. Cette opinion n’est point particulière au S. Patriarche. (On la trouve dans l’auteur des Récognitions, sous le nom de S. Clément, lib. 1,55 ; lib. vi, 8 ; dans l’auteur des Homélies dites Clémentines, x1,25,26 ; et encore dans S. Grégoire de Nazianze, Orat., XL, 12, et son commentateur Nicétas ; Grégoire de Nysse, t. 11, Orat. in differentes baptisma, p. 126 ; Chrysostôme, Homil. XXIV, in Joh. pag. 159 ; Gennadius, Fulgence, Arnobe Junior, in Ps. CXXIX ; Tertullien, de Baptismo, cap. XIII ; Cyprien, De Exhortatione martyrii, pag. 168.)

Si cette doctrine vous paraît hardie, songez qu’elle n’est pas de moi. C’est de Jésus-Christ lui-même que je la tiens. C’est dans les Livres saints que nous en trouverons la preuve.

Corneille le Centurion était un homme juste, religieux et craignant Dieu. Sa justice lui mérita une vision de la part des Anges : ses prières, ses aumônes s’étaient élevées comme une colonne jusqu’au trône de l’Éternel. Pierre vint à lui, l’Esprit descendit sur toute cette maison composée de croyants ; le don des langues, celui de prophétie, leur furent accordés. Et malgré une grâce divine aussi manifeste, l’écrivain sacré ajoute : Pierre ordonna qu’ils fussent baptisés au nom de Jésus-Christ. (Actes 10.48.) Pour que, l’âme étant régénérée par la foi, le corps-le fût aussi par l’eau.

V.

Si quelqu’un est curieux de savoir pourquoi la grâce se communique plutôt par l’eau que par tout autre élément, il en trouvera la raison en feuilletant les Livres saints.

L’eau tient une place importante dans les œuvres de la création ; et des quatre éléments qui tombent sous nos sens, c’est le plus beau. Le ciel est le séjour des esprits célestes, mais les cieux sont formés des eaux[6]. La terre est le séjour de l’homme, mais la terre est sortie des eaux, et pendant les six jours que s’élabora la création, l’Esprit du Seigneur était porté sur les eaux. (Genèse 1.2.) L’eau est le principe du monde, comme le Jourdain est la source des Evangiles. C’est à travers les eaux qu’Israël reconquit sa liberté sur Pharaon. C’est par l’eau du baptême que le monde est racheté du péché avec la parole de Dieu. (Ephésiens 5.26.) L’eau est intervenue dans toutes les alliances que Dieu a contractées avec les hommes. C’est au sortir des eaux du déluge que Dieu fit alliance avec Noé. (Genèse 9.9.) Celle qu’il fit avec Israël sur le mont Sinaï fut cimentée avec l’eau, la laine pourprée et l’hyssope. (Hébreux 9.19.) L’assomption d’Elie ne s’opère pas sans le concours de l’eau. (1 Samuel 2.44.) Il lui fallut traverser le Jourdain pour s’élever dans les cieux. C’est après s’être lavé dans l’eau que le Grand Prêtre offre l’encens. C’est à la suite de la même cérémonie que Aaron est consacré. Car comment aurait-il pu prier pour les autres, s’il n’eût été purifié ? (Exode 29.4 ; Lévitique 8.6.) Au reste, le vaste bassin placé dans l’intérieur du tabernacle était le symbole du baptême. (Exode 40.6, 7, 28.)

[6] L’eau… est des quatre éléments… le plus beau.
Ce que dit ici S. Cyrille sur la nature de l’eau, comme matière du baptême, est une de ces opinions qu’on rencontre très-fréquemment chez les Pères des premiers siècles. (Voyez l’auteur des Récognitions de S. Clément, lib. VI, 8. S. Clément, Hom. x1,24, édition de Cottelier. Tertullien, de Baptismo, cap. 11.) Cette opinion paraît fondée sur ces paroles de S. Pierre : Et terra de aqua et super aquam consistens. (1 Epist. 1,5. Voyez la note C, Catech. XVII.) Cyrille nous dira Catech. XVI, 5 et 12, que les cieux sont de nature aqueuse. (Note du Traducteur.)

VI.

Le baptême est la fin de l’Ancien Testament, et le commencement du Nouveau. Jean-Baptiste est le premier qui le pratiqua[7]. (Matthieu 2.11.) Il fut le plus grand des enfants des femmes. Il fut le dernier des Prophètes, car jusqu’à lui tous les Prophètes et la loi ont prophétisé. (Matthieu 11.13.) C’est en lui que commence l’histoire évangélique. Car nous lisons : Commencement de l’Evangile de Jésus-Christ…. Jean fut dans le désert baptisant. (Marc 1.1, 5.) Elie, fils de Thesbis, fut enlevé au ciel, c’est vrai ; mais il n’est pas au-dessus de Jean. Enoch a eu le même privilège, et cependant Jean est au-dessus de lui. Moïse, le plus grand des législateurs, et tous les Prophètes ensemble ne sont pas au-dessus de lui. Je ne me permettrai pas de comparer Prophète avec Prophète ; mais je dirai avec Jésus-Christ notre maître et le leur, qu’il n’y en a point eu parmi les enfants des femmes de plus grand Prophète que Jean. (Matthieu 11.11.) Il n’a pas dit des vierges, mais des femmes. Ce n’est qu’une comparaison entre un esclave de haut rang et ses compagnons d’esclavage. Car il n’y en a point entre le fils de la maison et les enfants de l’esclave.

[7] Jean-Baptiste est le premier qui le pratiqua.
Avant S. Jean-Baptiste il existait déjà dans la nation juive plusieurs espèces de baptême, institués les uns par la loi de Moïse, les autres par la tradition. Mais ils n’avaient d’autres effets que d’opérer une pureté légale et corporelle. (Heb. IX, 9,10.) C’est Jean qui le premier institua le baptême en nature de pénitence, pour la rémission des péchés cachés ; car tel est l’effet que lui attribue S. Cyrille.
Il est, au reste, indubitable que le baptême de S. Jean ne remettait pas les péchés par une vertu qui lui fût propre. Il n’avait d’autre effet que celui de disposer à recevoir le pardon dans le baptême de Jésus-Christ ; il le promettait, mais il ne l’accordait pas : Agebatur, dit Tertullien, baptismus pœnitentiæ quasi candidatus remissionis et justificationis in Christo subsecuturæ. (De Baptismo.) S. Augustin dit encore : Joannes tali baptismo pertingebat, quo percepto esset baptisma etiam dominicum necessarium. (August. lib. v, contr. Donatist.)
Et ailleurs Non enim renascebantur qui Joannis baptismate baptizabantur, sed quodam præcursorio illius ministerio, qui dicebat, Parate viam Domino, huic uni in quo renasci poterant, parabantur. (Ibid. Enchiridion de spe, fide et charitate.)
Dans l’Eglise d’Orient, Origène s’exprime ainsi : Regeneratio non apud Joannem, sed apud Jesum per Apostolos fiebat. (Origen. Apud Joh., cap. VIII.)
Si quelqu’un recevait la rémission de ses péchés dans le baptême de Jean, c’était en vertu de sa foi au Messie prochain rédempteur des âmes et de la pénitence. (Voyez Catech. XVII, 7.)

Voyez-vous combien est grand l’homme que Dieu avait choisi pour être le premier ministre du baptême ? c’était cependant un homme qui ne possédait aucun bien, qui vivait dans le désert sans être misanthrope, vivant de sauterelles, donnant de l’essor à son âme (Esaïe 40.22) se nourrissant de miel et proférant des paroles plus douces que le miel, vêtu d’une étoffe de poil de chameau, donnant dans sa personne l’exemple de la vie ascétique. (Luc 1.15.) Il avait été sanctifié par le Saint-Esprit dans le sein de sa mère. Jérémie, il est vrai, le fut aussi (Jérémie 1.5) ; mais il ne prophétisa pas comme Jean dans le sein maternel : celui-ci fut le seul qui tressaillit dans le sein de sa mère, et qui, avant d’ouvrir les yeux à la lumière, connut la présence du Seigneur. (Luc. 1.44.)

Puisque la grâce du baptême devait être si grande, il fallait qu’il eût un illustre premier ministre.

VII.

Jean baptisa dans le Jourdain, et tous les habitants de Jérusalem accoururent à sa voix, et jouirent des prémices du baptême. (Matthieu 3.5 ; Marc 1.5.) Car, c’est à Jérusalem qu’est réservée la prérogative d’entrer la première en jouissance de tous les biens. O vous qui habitez aujourd’hui cette ville sainte, sachez que ceux qui allaient ainsi au-devant du baptême confessaient leurs péchés. (Matthieu 3.6.) Ils montraient d’abord au médecin leurs plaies ; celui-ci leur appliquait le remède et les délivrait des flammes éternelles[8]. Voulez-vous d’ailleurs la preuve que le baptême de Jean avait cette efficacité ? vous la trouverez dans les paroles qu’il adressait à ceux qui venaient à lui : Races de vipères, qui vous a donc avertis de fuir la colère qui doit tomber sur vous ? (Matthieu 3.7.)

[8] Et les délivrait des flammes éternelles.
L’opinion que le baptême de S. Jean remettait les péchés est commune à S. Cyrille et à plusieurs Pères des plus célèbres de l’antiquité. L’opinion contraire, la seule presque admise dans les écoles, est beaucoup plus probable. Cependant l’Eglise n’a jamais condamné la première, dit le Père Touttée, je veux dire celle de S. Cyrille.

Cessez désormais d’être vipère ; mais comme vous avez fait partie de cette race, dépouillez-vous de la peau de vipère, quittez les habitudes de votre vie criminelle. De même que le serpent qui, en se glissant dans un trou très-étroit, dépose sa vieille peau, se rajeunit et brille d’un nouvel éclat, faites de même ; faites passer votre corps par la porte étroite et serrée de la pénitence (Matthieu 7.13-14) ; domptez-le par le jeûne, dépouillez-vous avec effort de cette enveloppe de perdition (Proverbes 16.26) ; dépouillez-vous du vieil homme avec toutes ses actions criminelles (Colossiens 3.9) et dites avec l’Epouse des Cantiques : Je me suis dépouillé de ma robe, comment la reprendrai-je ? (Cantique 5.3.)

Il est peut-être parmi vous un être fourbe et dissimulé, qui, pour gagner les bonnes grâces des hommes, vient ici feindre la piété, et dont le cœur proteste en secret contre ce qu’il entend et voit ; qui, comme Simon le Magicien[9], vient ici, non pour y participer à la grâce, mais pour espionner et observer avec une indiscrète curiosité ce qui se passe, ce qui se fait, ce qui se dit. Eh bien, qu’il m’écoute ; c’est à lui que s’adressent les paroles de Jean : Déjà la cognée est au pied de l’arbre ; car tout arbre qui ne portera pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. (Matthieu 3.10.)

[9] Comme Simon le Magicien.
« Corneille, dit Origène, était catéchumène : il mérita la grâce du Saint-Esprit avant de recevoir le baptême. Simon le Magicien l’avait reçu ; mais comme il s’en était approché avec dissimulation, le don du Saint-Esprit lui fut refusé. C’est ainsi qu’il se trouve encore aujourd’hui des hommes à qui l’on pourrait dire que leurs aumônes et leurs prières sont montées jusqu’au Seigneur, et des Simons à qui l’on pourrait adresser hardiment les paroles de S. Pierre : O homme plein de toutes sortes de tromperies, enfant du diable, ennemi de toute justice ! » (Homil. III, in Num. t. II, pag. 280,1.)

Croyez-moi, hypocrite, jetez-là le masque ; vous êtes sous les yeux d’un juge aussi inexorable que clairvoyant.

VIII.

Que faut-il donc faire ? Quels sont donc les vrais fruits de la pénitence ? Telle était la question que les Juifs adressaient à Jean. Voici sa réponse : Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n’en a pas. (Luc 3.11.)

Vous pouvez en croire à celui qui l’a dit ; il est digne de foi, puisqu’il a lui-même pratiqué le premier ce qu’il a enseigné. Il n’a pas hésité de le dire ; car sa conscience ne fut jamais en contradiction avec ses paroles. Il ajoute encore : Que celui qui a des vivres pour deux en fasse autant. (Ibid.) Cette doctrine vous révolte. Eh ! vous voulez recevoir la grâce du Saint-Esprit, et vous vous refuserez de soulager les pauvres dans leur besoin pressant ! Vous ambitionnez de grandes grâces, et vous refuseriez de les acheter à si peu de frais ! Eussiez-vous été un publicain, un débauché, ne désespérez pas de votre salut. Car le Seigneur a dit : Les publicains et les femmes prostituées vous devanceront dans le royaume des cieux. (Matthieu 21.31.) Cependant S. Paul a dit aussi : Ni les fornicateurs, ni les idolâtres, etc,, ne posséderont le royaume des cieux. (1 Corinthiens 6.9-10.) C’est ce que vous fûtes autrefois ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés. (Ibid. 11.) Remarquez que l’Apôtre ne dit pas, C’est ce que vous êtes, mais Ce que vous fûtes. Le péché commis par ignorance se pardonne[10], mais la malice opiniâtre sera condamnée.

[10] Le péché commis par ignorance se pardonne.
Cyrille paraît entendre par péché d’ignorance celui que le pénitent reconnaît et déplore, et par malice opiniâtre celui dans lequel on s’endurcit volontairement en jetant de côté les remèdes qui nous sont offerts. Au reste, Cyrille ne prétend pas absoudre tout péché commis par ignorance, et il ne condamne pas comme mortel tout péché commis avec une certaine malice préméditée. Car partout il dit qu’il ne développe les erreurs de l’hérésie que dans la crainte que l’ignorance ne nous entraîne dans l’abîme éternel. (Vide Cat. iv, 1 ; vi, 13,34 ; xvi, 5, et surtout dans cette dernière, n, 1.)

IX.

Le baptême auquel vous vous préparez tire sa gloire de Jésus-Christ, Fils unique de Dieu. Pourquoi parlerai-je plus longtemps sur celui qui ne fut qu’un homme ? Jean était sans doute un grand Prophète. Mais qu’était-il à côté du Sauveur ? La voix de celui qui criait dans le désert était sans doute puissante et retentissante ; mais qu’était-elle à côté du Verbe lui-même ? Le héraut est sans doute un personnage digne de toute notre admiration et de nos respects ; mais qu’est-il à côté du monarque dont il est le délégué ? Celui-là qui baptisait dans l’eau est digne de notre vénération ; mais qu’est-il à côté de celui qui baptise dans l’Esprit et le feu ? (Matthieu 3.11.) Car c’est ainsi que le Sauveur baptisa les Apôtres, quand on entendit tout d’un coup un grand bruit, comme celui d’un vent impétueux qui venait du ciel et qui remplit toute la maison où ils étaient assis, et quand parurent des langues de feu qui se partagèrent et s’arrêtèrent sur chacun d’eux, et aussitôt ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint. (Actes 2.2-4.)

X.

Il n’y a point de salut à espérer pour quiconque n’aura pas été régénéré dans les eaux du baptême, à l’exception des seuls martyrs[11], qui sans le secours de l’eau entrent en possession du royaume céleste.

[11] A l’exception des seuls martyrs.
S. Cyrille ne reconnaît ici que deux baptêmes celui de l’eau et celui du sang. Cette opinion n’est point particulière au S. Patriarche. (On la trouve dans l’auteur des Récognitions, sous le nom de S. Clément, lib. 1,55 ; lib. vi, 8 ; dans l’auteur des Homélies dites Clémentines, x1,25,26 ; et encore dans S. Grégoire de Nazianze, Orat., XL, 12, et son commentateur Nicétas ; Grégoire de Nysse, t. 11, Orat. in differentes baptisma, p. 126 ; Chrysostôme, Homil. XXIV, in Joh. pag. 159 ; Gennadius, Fulgence, Arnobe Junior, in Ps. CXXIX ; Tertullien, de Baptismo, cap. XIII ; Cyprien, De Exhortatione martyrii, pag. 168.)
Mais je trouve dans la Catech. XVIII, 31, une phrase qui corrige l’âpreté de cette doctrine, lorsqu’il dit : « Dieu, dans son infinie miséricorde pour l’humanité, lui a tracé, non pas une ou deux routes, mais un grand nombre, pour la diriger dans le port d’une heureuse éternité, pour que tous les hommes puissent y arriver sans obstacle quelconque. » Ainsi celui qui suffisamment préparé au baptême meurt sans l’obtenir, et sans avoir pu l’obtenir, rentre dans une de ces routes qui le dirigent vers l’heureuse éternité. Voyez encore ce qu’il dit Xme Catech., 31, sur le bon larron, où il reconnaît avec toute l’Eglise et le concile de Trente le baptême de désir. Baptismus flaminis. (Note du Traducteur.)

Lorsque le Sauveur racheta la terre par le mystère de la croix, il fit jaillir de la plaie de son cœur du sang et de l’eau, pour qu’en temps de paix les uns fussent baptisés dans l’eau, et les autres en temps de persécution dans leur propre sang. Et la réalité de ce dernier baptême se prouve par ces paroles du Sauveur Pouvez-vous boire du calice que je bois, et être baptisé du baptême dont je suis baptisé ? (Marc 10.38.) Les martyrs, placés en spectacle sous les yeux du monde, des Anges et des hommes, confessèrent Jésus-Christ. (1 Corinthiens 4.9.) Et vous aussi bientôt vous le confesserez. Mais ce n’est pas encore le moment de vous entretenir de ces choses.

XI.

Jésus-Christ a sanctifié le baptême en s’y soumettant lui-même. Si le Fils de Dieu s’y est soumis, quel est l’homme qui ait tant soit peu de piété, qui pourrait sans sacrilège tourner le baptême en dérision ? Il s’y est soumis, non pas pour obtenir la rémission de ses péchés, car il était impeccable de sa nature. Il s’y est néanmoins soumis, pour obtenir à ceux qui le recevraient dans la suite la grâce divine et la dignité de chrétien. Car, comme les enfants participent à la chair et au sang de leurs parents, il s’est rendu lui-même participant à notre nature en s’incarnant, pour que nous participions à sa présence et à sa grâce.

Jésus a donc été baptisé, pour que par notre affiliation avec lui nous puissions tout à la fois être sauvés et partager les honneurs de son royaume.

Le dragon ou le Léviathan était dans les eaux, nous dit Job (Job 40.18-19) qui absorbait les eaux du Jourdain. Jésus, en descendant dans les eaux, a enchaîné ce monstre puissant, pour nous donner la faculté de le fouler aux pieds comme les serpents et les scorpions. Il était non-seulement d’une taille prodigieuse, mais encore d’un aspect horrible. Toute barque de pêcheur eût été submergée sous le poids du cuir de sa queue. (Job 40.26.) La mort courait devant lui (Job 41.3) ; de sa gueule enflammée s’échappaient des torrents de fumée qui empoisonnaient tout ce qu’il rencontrait. La vie, l’auteur de la vie, se présenta au sein des eaux pour y enchaîner la mort, et plût à Dieu que sauvés par lui nous puissions dire : 0 mort ! où est ton aiguillon ? Enfer ! où est ta victoire ? (1 Corinthiens 15.55.) En effet, c’est par le baptême que l’aiguillon de la mort est brisé.

XII.

Vous descendez dans les eaux, chargé de péchés ; mais l’invocation de la grâce marquant votre âme du sceau de l’Esprit-Saint, ne laisse plus à l’horrible dragon la faculté de vous engloutir. Vous étiez mort dans le péché en descendant de la piscine, et vous en êtes sorti vivifié dans la justice. Si vous avez été enté en Jésus-Christ par la ressemblance de sa mort, vous serez digne un jour de ressusciter avec lui. De même que Jésus-Christ est mort chargé des iniquités du monde entier, pour vous ressusciter à la justice en donnant la mort au péché ; ainsi vous, en descendant dans les eaux, en vous ensevelissant en quelque sorte avec lui, comme lui-même a été enseveli dans le rocher, vous ressusciterez pour marcher dans une vie nouvelle. (Romains 6.4.)

XIII.

Alors, secondé, favorisé de sa grâce, vous recevrez en même temps le pouvoir de combattre et de vaincre les puissances ennemies. Car, de même qu’après son baptême le Sauveur fut pendant quarante jours exposé aux tentations et les surmonta (non pas qu’antérieurement il n’eût pu également les vaincre, mais c’est qu’il voulait faire toutes choses en son temps et successivement) ainsi vous qui, avant d’être baptisé, n’osez faire tête à l’ennemi, quand vous aurez reçu la grâce, plein de confiance dans les armes de justice dont vous serez couvert, alors vous combattrez, vous évangéliserez même si vous voulez.

XIV.

Jésus-Christ était Fils de Dieu, et cependant il n’évangélisa pas avant son baptême. Si le maître lui-même crut devoir se conformer ainsi à l’ordre des temps, oserons-nous, nous qui ne sommes que ses esclaves, déroger à l’ordre qu’il a prescrit ? Car, remarquez-le, Jésus-Christ ne commença le cours de sa prédication que lorsque le Saint-Esprit fut descendu sur lui sous la forme matérielle d’une colombe. Ce n’était certes pas pour se faire voir à Jésus-Christ que l’Esprit-Saint parut ainsi ; car le Sauveur le voyait avant qu’il ne prît cette forme ; mais c’était pour que Jean lui-même l’aperçût et le reconnût. Car, dit-il, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’a dit : Celui sur lequel vous verrez descendre et reposer l’Esprit-Saint, est celui qui baptise dans le Saint-Esprit. (Jean 1.33.) Il en sera ainsi de vous, si vous portez dans votre cœur une piété sincère et réelle l’Esprit-Saint descendra aussi sur vous, la voix du Père se fera aussi entendre sur vous. Vous n’entendrez pas, il est vrai, ces paroles : Celui-ci est mon fils, mais Celui-ci est devenu mon fils, parce que ce n’est qu’au seul Fils de Dieu, au seul Verbe que convient le verbe est, puisqu’il est dit : Dans le principe était le Verbe, le Verbe était avec Dieu, et Dieu était le Verbe (Jean 1.1) ; parce que vous n’êtes fils de Dieu que par adoption et non par nature, parce que Jésus-Christ est coéternel à son Père, tandis que votre qualité de fils de Dieu est attachée à la grâce.

XV.

Disposez donc le vase de votre âme pour devenir l’enfant de Dieu, l’héritier de Dieu, le cohéritier de Jésus-Christ : si vos préparatifs vous en rendent digne, si la foi qui vous amène ici mérite un surcroît de conviction, si vous avez réellement voulu vous dépouiller du vieil homme ; alors toutes vos iniquités passées, vos impuretés, vos adultères, et toute espèce de crimes vous seront effacés. Quel crime peut-on comparer à celui d’avoir crucifié le Christ ? Et tout énorme qu’il est, il s’efface cependant par le baptême.

Lorsque les Juifs, au nombre de trois mille, qui avaient pris part à la passion du Sauveur, eurent entendu la prédication de S. Pierre, et que frappés d’épouvante et saisis de remords, ils demandèrent aux Apôtres Frères, que faut-il que nous fassions ? (Actes 2.37.) « Notre plaie est profonde ; Pierre, tu as ouvert sous nos pieds un épouvantable abîme, lorsque tu nous as dit : Vous avez tué l’auteur de la vie. (Ibid. III, 4, 5.) Quel topique appliquerons-nous sur un ulcère aussi envenimé ? Comment nous purifierons-nous de tant de souillures ? Quel espoir de salut au milieu d’un si grand désastre nous reste-t-il ? » – Faites pénitence, leur répondit le prince des Apôtres ; que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur, pour obtenir la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. (Ibid. II, 38.) O bonté ineffable de Dieu ! voilà les dons du Saint-Esprit qui se répandent sur ceux-là même qui désespéraient de leur salut. Vous voyez combien grande est la vertu du baptême. Ah ! s’il en est parmi vous qui par des blasphèmes aient crucifié Jésus-Christ, s’il en est qui dans leur ignorance l’aient nié à la face des hommes, s’il en est qui par leurs scandales aient fait blasphémer la Religion du Christ l’espérance accompagnée de la pénitence est encore là pour eux. La même source de grâces coule également pour nous, comme pour nos pères ; elle n’est point tarie.

XVI.

Jérusalem, prends courage, le Seigneur effacera toutes tes iniquités. (Sophonie 3.1, 4, 15.) Il lavera les taches dont étaient souilles tes fils et tes filles, dans l’esprit de jugement, dans l’esprit de combustion. (Esaïe 4.4.) Il répandra sur vous une onde pure, et vous serez lavés de toutes vos iniquités. (Ezéchiel 36.25.) Les chœurs les Anges vont tressaillir de joie et s’écrieront : Quelle est celle-là vêtue de blanc qui s’élève appuyée sur son frère bien-aimé[12] ? (Cantique 8.5, Septante.)

[12] Son frère bien-aimé.
Le texte des Septante porte ἐπὶ τὸν ἀδέλφιδον, qui se traduit en latin par fratruelem qui signifie enfant de frère : c’est ainsi que S. Jacques est appelé frère de Jésus-Christ. (Marc 6.3.) On eût désiré que j’eusse fait disparaître, ainsi que la Vulgate, ce mot, frère. Mais il m’a semblé que ce mot dépidos fratruelis, exprimait dans l’intention de S. Cyrille notre adoption divine, notre confraternité avec Jésus-Christ dont nous sommes cohéritiers, et dont nous sommes, par adoption, les frères. J’en dis autant du mot ήδελφή, qui ne peut se traduire que par celui de sœur. Le contexte me paraît l’exiger.

Cette âme qui naguère était encore dans l’esclavage, vient maintenant d’être élevée à la dignité d’enfant de Dieu, de frère du Seigneur. Vous voilà belle et aimable sœur, vos dents sont comme un troupeau de brebis nouvellement tondues. (Cantique 4.1-2.) Tels seront les effets d’une confession consciencieusement sincère. Omnes gemellis fœtibus ils seront confirmés par une double grâce d’abord celle qui s’opère par le Saint-Esprit au moyen de l’eau, puis celle qui est annoncée dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

Fasse le ciel que pendant ce temps de jeûne vous ne perdiez pas de vue ce qu’on vous dira, et que fructifiant en bonnes œuvres (Colossiens 1.10) et vous présentant sans tache devant l’époux spirituel, vous obteniez la rémission de vos péchés de celui à qui appartient la gloire, avec le Fils et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles !

Ainsi soit-il.

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