Protection contre la séduction

TROISIÈME PARTIE

QUATRE PROTECTIONS EFFICACES

Protection 4

La quatrième et dernière protection est de faire de la croix le centre de notre vie et y demeurer attachés. J'ai étudié l'exemple de Paul dans 1 Corinthiens 2.1-5 :

« Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n'est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage (ou le mystère) de Dieu. (Nous devons en effet nous rappeler que la rhétorique, l'art de l'orateur, représentait le plus haut degré de la culture à cette époque. Si vous étiez quelque chose, vous étiez un bon orateur. Autrement on vous ignorait. Aussi lorsque Paul déclare : « Ce n'est pas avec une supériorité de langage », il dit en fait qu'il ne se soumet pas à cette culture). Car je n'ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Moi-même j'étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement. »

La puissance de Dieu se manifeste parfaitement dans notre faiblesse. Lorsque nous avons pour nous toute l'énergie et comptons sur nos propres forces, nous n'avons pas besoin de la puissance de Dieu. Dieu doit donc nous mener au point où nous n'avons plus de force propre. Je fais cette expérience continuellement dans mon ministère. Si Dieu veut m'utiliser de manière efficace, il doit me mener au point où je réalise que, de mes propres forces et seul, je ne peux le servir, que je dépends totalement de lui dans ma faiblesse. Alors sa puissance se manifeste dans ma faiblesse.

Laissez-moi ajouter encore autre chose à ce sujet. J'ai découvert que les opportunités de le servir sont rarement à notre convenance. D'une manière générale, si Dieu vous donne une opportunité de le servir, cela vous dérangera toujours en un certain sens. C'est le test de sincérité qui mettra vos motivations à l'épreuve. Mais si nous voulons la puissance de Dieu manifestée dans nos vies, dans nos ministères, dans nos assemblées, nous devons cultiver la crainte de l'Éternel. Nous devons entretenir un sens de dépendance et la reconnaître totale envers Dieu.

Chaque fois que j'apporte la prédication, ma prière personnelle est la suivante : « Je sais, Seigneur, que je n'ai pas la capacité nécessaire et que je dépends totalement de toi. Si tu n'oins pas, si tu n'inspires pas, si tu ne fortifies pas ton serviteur, je ne peux rien faire, Seigneur. » Il m'arrive de temps à autre de me lever pour la prédication en oubliant cette prière. Alors mentalement, tout en la commençant, je m'adresse à Dieu : « Seigneur, souviens-toi de ton serviteur, car je dépends totalement de toi, je ne peux te servir avec ma propre force. »

Puis Paul continue :

« Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu. »

La clé pour libérer la puissance du Saint-Esprit est d'être centré sur la croix. Il y a un cantique [Ce cantique, composé par Isaac Wats et révisé par R. Saillens, se trouve dans le recueil « Sur les ailes de la foi »] qui dit :

« Quand je contemple cette croix où tu mourus, prince de gloire, combien mon orgueil d'autrefois m'apparaît vain et dérisoire ! »

Lorsque nous voyons réellement la croix, il n'y a plus de place en nous pour la vantardise et l'orgueil. Il est intéressant de noter que la première version de ce cantique disait :

« Quand je contemple cette croix où mourut le jeune prince de gloire. »

L'auteur voulait souligner le fait que Jésus a été retranché à la fleur de l'âge. Il est mort à l'âge où la vie offre le meilleur. Je crois que l'un de nos plus grands besoins est de nous centrer sur la croix. J'ai vu des personnes devenir ambitieuses, s'efforcer d'atteindre le succès, vouloir bâtir une large église ou établir un grand ministère. Et elles ont parfois réussi. Mais si la croix n'est pas au centre de l'œuvre du serviteur, il ne bâtit que sur du bois, du foin et du chaume.

Cela me rappelle un prédicateur baptiste célèbre dans sa génération, Charles Spurgeon. Il rappelait sans cesse à ses étudiants l'importance de centrer la prédication sur la croix. Il a dit un jour : « Prêcher les principes de la vie chrétienne sans mentionner la croix, c'est comme un sergent instructeur donnant des ordres à un escadron de soldats amputés des pieds. Ils peuvent entendre et comprendre les ordres, mais n'ont pas la capacité d'accomplir l'œuvre à laquelle Dieu nous appelle. »

Reprenons à présent les cinq premiers versets de 1 Corinthiens 2. Ils ont toujours été parmi mes préférés, parce que je suis venu au Seigneur alors que j'enseignais la philosophie grecque. Lorsque Paul parle de sagesse, dans ce contexte, c'est de philosophie grecque dont il est question. Aussi je crois pouvoir apprécier dans toute son amplitude ce qu'il dit à ce sujet. Lorsque nous lisons ces versets, il nous faut considérer que Paul parle ici d'une période précise de son voyage apostolique. Dans Actes 17, il était à Athènes, centre intellectuel et cité universitaire du monde antique. C'est là qu'il a prêché un sermon qui ne ressemble en rien aux autres qui nous sont parvenus. C'était en quelque sorte un sermon intellectuel. Il a adapté à l'auditoire et a même cité un poète grec (ce qu'il n'a fait en aucune autre occasion par ailleurs). Je me demande si Paul était alors conduit par l'Esprit saint. En tout cas, le résultat a été décevant. Seuls quelques-uns ont cru.

Alors Paul s'est dirigé vers Corinthe, qui était une ville portuaire, comme la plupart des grands ports de notre époque contemporaine, une cité dominée par le mal, où abondait le péché. Entre Athènes et Corinthe, tout en cheminant, Paul a pris une décision qu'il nous a transmise dans les versets suivants :

« Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n'est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu. Car je n'ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Moi-même j'étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement ; ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu. »

Paul a donc pris la ferme décision de ne pas prêcher à Corinthe de la même manière qu'il l'avait fait à Athènes. Il dit ici une chose remarquable pour un juif : « J'ai décidé de ne rien connaître parmi vous sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. » Souvent les juifs ont une grande connaissance et c'est en elle qu'ils mettent leur confiance.

Comme la déclaration de Paul est extraordinaire ! « Je suis déterminé à ne connaître aucune autre chose sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. J'oublierai tout ce que j'ai appris de Gamaliel, mon maître d'études autrefois ; je veux tout oublier ! Car je m'intéresse uniquement à Jésus-Christ, non seulement au Messie, mais aussi à Jésus-Christ crucifié ! Cela est désormais le but et le cœur de mon message. » Je crois que ce doit être aussi l'objectif et le cœur de notre message. Si nous nous éloignons de la croix, nous sommes en danger.

Je remarque que Paul s'attendait à la démonstration puissante du Saint-Esprit. Je trouve qu'aujourd'hui, dans l'Église contemporaine, si vous prêchez sur la puissance de Dieu, chacun devient exubérant ; si vous faites un appel pour ceux qui désirent recevoir la puissance de l'Esprit, beaucoup s'avanceront. Je crois personnellement que cette manière de mettre l'accent sur la puissance de l'Esprit est dangereuse. J'ai observé au fil des ans que les gens qui se préoccupent de cela se retrouvent dans les ennuis, et finissent dans l'erreur.

La puissance en général est quelque chose qui fait appel à l'homme naturel. Certains psychologues ont dit que le désir de puissance est le principal désir de la personnalité humaine. Paul a dit : « Je désire la puissance, mais sur un fondement différent de celui du train de ce monde. Je veux effacer toute ma sagesse personnelle, toute ma connaissance, mes qualifications théologiques et je veux fixer mon attention sur un seul but : Jésus-Christ crucifié. » Puis il conclut : Lorsque je ferai cela, je suis certain que le Saint-Esprit viendra avec puissance. »

Je vais maintenant terminer par ce verset que j'aime particulièrement et que nous lisons dans Galates 6.14 :

« Je ne me glorifierai de rien d'autre que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! »

Laissez-moi récapituler les quatre protections que je vous ai suggérées :

Protection 1 : Humilions-nous. Pierre nous dit « que notre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer » (1 Pierre 5.8). Le diable est très puissant et très actif. Toute théologie vous proposant le contraire est une séduction.

Supposez que l'on fasse l'annonce suivante : Un lion s'est échappé et rôde en liberté dans le bâtiment où vous vous trouvez ! Je ne crois pas que vous flâneriez longtemps dans les parages en chantant dans votre cœur une mélodie au Seigneur. Vous seriez prudent et avisé en prenant au plus vite la direction de la sortie et en fermant soigneusement la porte derrière vous.

Voilà une illustration sur la manière dont il faut se conduire, car notre adversaire, le diable, rôde vraiment, et rugit comme un lion. Nous ne pouvons changer cet état de fait. Mais savez-vous pourquoi les lions rugissent ? C'est pour terrifier leur proie, la paralyser. Ne soyez donc pas paralysé par le rugissement du lion. Soyez prudent, mais ne laissez pas la peur vous dominer.

Protection 2 : Recevez l'amour de la vérité.

Protection 3 : Cultivez la crainte de l'Éternel.

Protection 4 : Faites de la croix le centre de votre vie.

Finalement, lisons encore une fois Galates 6.14 :

« Je ne me glorifierai de rien d'autre que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! »

Amen !

chapitre précédent retour à la page d'index