Démonstration évangélique

LIVRE VI

CHAPITRE XVI

DE ZACHARIE

Le Seigneur tout-puissant déclare qu’il est enroue pour détruire les vices, par un autre Seigneur tout-puissant.

« Voici ce que dit le Seigneur tout-puissant : après la gloire, le Seigneur m’a envoyé parmi les nations qui vous ont dépouilles. Aussi, celui qui vous touchera, louchera aussi la prunelle de son œil (Zach., II, 8). Aussi, voici que je lève ma main sur eux, et ils seront la proie de leurs esclaves ; et vous connaîtrez que c’est le Seigneur tout-puissant qui m’a envoyé. »

Par ces paroles, le Seigneur tout-puissant dit qu’il est envoyé, et nous apprend de qui il tient sa mission. « Vous connaîtrez que c’est le Seigneur tout-puissant qui m’a envoyé. » Vous devez remarquer ici deux Seigneurs clairement distingués ; mais réunir sous un même nom le Seigneur tout-puissant qui envoie et celui qui est envoyé, et dont le nom est le même or, quel est cet envoyé, sinon celui que tant de fois déjà nous avons appelé le Verbe de Dieu, qui se reconnaît envoyé du Père, et qui dit : « Après sa gloire le Seigneur m’a envoyé ; » pour montrer que, partageant précédemment la gloire du Père, il fut ensuite dirigé vers les nations qui vous ont dépouillés ? En effet, envoyé contre les nations ennemies et rivales du peuple de Dieu, le Verbe de Dieu les a soumises à sa loi et les a dépouillées par les mains de ses disciples qui étaient tirés du peuple circoncis, soumis autrefois à la tyrannie des nations qui l’avaient dépouillé par le culte idolâtrique. Les nations souffriront donc ce qu’elles ont fait souffrir ; car, de même qu’après avoir privé le peuple de Dieu de son culte antique, elles sont devenues un trophée pour leurs faux dieux ; ainsi, un jour devait venir où elles seraient dépouillées de leur culte insensé par leur esclave, et subiraient le joug de la religion juive. Le Seigneur annonce qu’il est envoyé du Père pour accomplir cette conversion admirable.

On peut dire encore que ces nations désignent les puissances spirituelles et invisibles qui ont enlevé et soumis à leur puissance les âmes des hommes ; ces âmes dont le Verbe de Dieu, plein de charité, dit qu’il les garde comme la prunelle de l’œil. Le gage de cette sollicitude pour le genre humain est, que Verbe de Dieu, et jouissant de la gloire du Père, il ne s’est pas refusé à vivre et à habiter parmi les hommes.

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