Démonstration évangélique

LIVRE VIII

CHAPITRE V

D’ISAÏE

Signes des temps de la venue du Seigneur : la reconnaissance du Seigneur des prophètes par les Egyptiens.

« Voilà que le Seigneur est porté sur un nuage léger, il entrera en Egypte ; à sa présence les idoles de l’Egypte seront ébranlées, et les cœurs seront dans l’effroi. L’Egyptien s’élèvera contre l’Egyptien ; le frère combattra son frère, et l’homme son voisin. La ville s’armera contre la ville, la loi contre la loi ; l’esprit qui dirige l’Egypte s’obscurcira ; je précipiterai ses conseils. Elle interrogera ses dieux, ses idoles, ses pythons et ceux qui parlent du sein de la terre » (Isaïe, XIX, 1). Après plusieurs paroles figurées, le prophète ajoute : « En ce jour il s’élèvera un autel sur la terre d’Egypte et sur ses confins ; un monument s’élèvera au Seigneur, témoignage éternel élevé au Seigneur sur la terre d’Egypte ; car le peuple crie vers le Seigneur contre ceux qui l’affligent, et le Seigneur lui enverra un homme qui les sauvera : il les sauvera par la justice. Le Seigneur sera reconnu par l’Egypte. Les Egyptiens en ce jour reconnaîtront le Seigneur Dieu ; ils lui offriront leurs sacrifices, et ils feront des vœux au Seigneur et ils les accompliront. »

Dans une citation précédente, nous avons expliqué ce passage en partie. Si donc les Egyptiens ne nous apparaissent pas aujourd’hui invoquer le Dieu des prophètes, après avoir abandonné les dieux de leurs pères ; si sur toute la terre de l’Egypte, dans tout lieu, dans toute ville, dans toute contrée, un autel ne s’élève pas à celui que les Hébreux seuls reconnaissaient leur Dieu ; si les idoles de l’Egypte, ouvrage de la main des hommes, ne sont pas ébranlées, la puissance du démon qui y résidait étant enlevée et l’ancienne superstition étant ôtée de l’âme des Egyptiens ; et encore si dans toute maison une guerre intérieure ne partage pas les Egyptiens dont les uns reçoivent le Seigneur, et le culte du Dieu des prophètes et s’éloignent de l’erreur antique du polythéisme, et les autres, par leur attachement aux maux de leur patrie, combattent ceux qui reconnaissent le Seigneur ; si aujourd’hui encore ceux qui consultent leurs dieux et leurs statues, ceux qui parlent de la terre et les pythons ventriloques, n’éprouvent pas que leur recours est vain et inutile parce que les démons ne peuvent plus exercer leur puissance, comme autrefois ; s’il n’est pas établi que tous ces détails se sont réalisés, il ne faut pas penser que la parole prophétique se soit accomplie et que le Seigneur prédit soit venu parmi les hommes. Mais s’il résulte des événements qui sont beaucoup plus clairs que les paroles qu’aujourd’hui encore parmi les habitants de l’Egypte, les uns ont reconnu le Dieu des prophètes, et pour lui ont abandonné les dieux de leurs pères, et les autres sont opposés aux premiers ; que ceux-ci invoquent encore leurs dieux, leurs idoles et ceux qui parlent de la terre, mais qui ne peuvent les secourir ; que ceux-là ont élevé dans toute la terre d’Egypte en chaque église un autel au Dieu des prophètes, et que, dans l’oppression et les vexations auxquelles ils sont exposés, ils n’invoquent plus les bêtes, ni les reptiles de la terre comme des dieux, ni encore les animaux sauvages et sans intelligence, comme le faisaient leurs pères, mais adorent le Dieu suprême, ne conservent en leurs intelligences que Dieu et le respect qui lui est dû, lui font des vœux et non plus aux démons, et les acquittent d’une manière convenable à Dieu, comment ne s’ensuit-il pas qu’il faut confesser que ce qui précède l’accomplissement s’est exécuté déjà, c’est à-dire la présence du Seigneur en Egypte, non d’une manière incorporelle, mais sur une nuée légère, ou plutôt sur une légère épaisseur ; car c’est ainsi que s’exprime l’Hébreu en insinuant sa venue corporelle. Plus loin la prophétie appelle homme le Sauveur, quand elle dit : « le Seigneur leur enverra un homme pour les sauver. » Et l’Hébreu dit : « et le Seigneur leur enverra un Sauveur pour les délivrer. »

Puisque ce qui précède forme une démonstration si claire, je regarde comme bien établis les temps auxquels les prophéties rapportent la venue du Seigneur parmi nous. Elles renferment en peu de mots ce qui concerne l’époque de la manifestation du Seigneur ; si l’on veut, on pourra trouver d’autres détails encore en parcourant les Ecritures.

Pour nous, nous nous en tiendrons là, et nous allons passer aux autres prophéties, dans lesquelles nous recueillerons parmi les oracles divins ce qui concerne l’incarnation du Verbe.

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