Préparation évangélique

LIVRE IV

CHAPITRE XXI
NOTRE SAUVEUR ET SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, SEUL LIBÉRATEUR DU GENRE HUMAIN QU’IL A AFFRANCHI DU JOUG DES DÉMONS

Si notre âge a fait preuve de sagesse en abandonnant un culte cruel et sanguinaire, il faut donc convenir qu’il n’y eut pas un homme sage parmi les anciens, puisque tous crurent devoir acheter la faveur des méchants démons par des sacrifices humains. En effet il n’est pas un homme si aveugle qui ne voie clairement qu’ils n’étaient ni des dieux ni même de bons démons, tous ces êtres que la superstition païenne avait divinisés, mais dont la nature était infiniment éloignée du bien. Ils mériteraient à bien plus juste titre le nom d’impies et d’ennemis de la Divinité, puisqu’ils avaient affligé la vie humaine d’un fléau dont notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est le seul qui ait apporté la délivrance aux hommes, en leur annonçant à tous, Grecs et Barbares, la guérison de cette antique maladie, l’affranchissement de ce long et dur esclavage. C’est à cette heureuse liberté que nous appelle avec une force irrésistible la démonstration évangélique, lorsqu’elle proclame à haute voix ces paroles, afin que tous puissent les entendre :

« L’Esprit du Seigneur est sur moi : le Seigneur m’a donné l’onction divine : il m’a envoyé évangéliser les pauvres, annoncer aux esclaves la liberté, aux aveugles la lumière, guérir ceux qui ont le cœur brisé. »

Et encore :

« Briser les fers des esclaves, et tirer de prison ceux qui sont assis dans les ténèbres. »

Tels sont les oracles qui retentirent autrefois chez les Hébreux, et qui prédisaient à nos âmes plongées dans les ténèbres et chargées en quelque sorte de mille chaînes par les mauvais démons, sa délivrance de tous ces maux. Voilà pourquoi, ouvrant enfin l’œil de l’intelligence à la brillante lumière de la doctrine du salut, libres de toutes ces superstitions, nous croyons faire preuve de prudence, de piété et de jugement en refusant de sacrifier aux dieux des païens, et de nous faire les esclaves de ces divinités qui trop longtemps ont fait peser sur nous leur joug affreux. Conduits et attirés par les enseignements de notre Sauveur, vers le seul vrai Dieu, maître et conservateur, sauveur et bienfaiteur, auteur, créateur et roi suprême de l’univers, nous le reconnaissons pour le seul vrai Dieu ; nous ne rendrons qu’à lui l’honneur qui lui est dû : il sera le seul objet de notre religion : nous lui offrirons, non pas un culte fait pour plaire aux démons, mais ce culte que nous ont transmis les enseignements évangéliques de notre Sauveur qu’il nous a envoyé lui-même. Formés à cette divine piété, loin de craindre ces méchants esprits, nous les repousserons, nous les chasserons par une vie chaste, pure, sobre et vertueuse, dont notre Sauveur nous a tracé les règles. Nous n’aurons recours ni à la divination ni aux oracles ; nous ne consulterons point les entrailles des victimes, nous mépriserons tous ces prestiges par lesquels les démons séduisent les sens ; car les enseignements de notre Sauveur nous ont appris a nous passer de toutes les choses pour lesquelles les peuples consultaient leurs oracles, et celles auxquelles il nous a ordonné de nous attacher, il n’y a ni devin ni entrailles palpitantes qui puissent nous les révéler : elles sont manifestées par le Verbe de Dieu qui habite réellement dans les entrailles de ceux qui lui ont préparé dans leur cœur une demeure digne de lui par la pureté de leur âme. C’est d’eux que parle la sainte Écriture lorsqu’elle dit :

« J’habiterai en eux, je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. »

Mais nous avons tiré de cet endroit de Porphyre, sur les sacrifices, une preuve suffisante de la perversité des démons. Écoutons-le maintenant dans son traité De l’abstinence de la chair des animaux, où il avoue ingénument que les méchants démons prennent toutes les formes, revêtent toutes sortes de figures pour tromper et séduire les hommes. Sous une apparence de bonté, dit-il, ils gagnent la multitude en excitant l’ardeur de ses passions, et se font passer pour les dieux suprêmes. Et il avoue que ce système leur a si bien réussi, qu’ils en sont venus à séduire les plus sages de la Grèce, poètes et philosophes, qui ont contribué à accréditer l’erreur de la multitude. Ce sont ces mauvais génies qui ont imaginé tout cet appareil de prestiges qui en impose au vulgaire, et qui ont séduit tous les hommes par l’attrait du plaisir. Tout méchants qu’ils sont, ils veulent passer pour des dieux ; ils veulent que leur principale puissance soit regardée comme la plus grande divinité. Voici comment Porphyre expose leur mode d’opération.

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