Préparation évangélique

LIVRE XII

CHAPITRE XXXII
QUE CE NE SONT PAS LES HOMMES SEULS, MAIS AUSSI LES FEMMES ET TOUTES LES CLASSES DE L’HUMANITÉ QUI DOIVENT ÊTRE UTILES À L’ÉDUCATION QUE NOUS VENONS D’INDIQUER

« Sommes-nous d’accord sur ce qui vient d’être dit ?

« Sur quoi ?

« Sur la nécessité, pour tout homme et enfant, libre ou esclave, de l’un et de l’autre sexe, pour l’ensemble de la République (j’entends une République où règne la plus parfaite harmonie), de ne jamais cesser de faire ce que nous venons de décrire ; y admettant les changements que le temps y introduit, et les modulations variées, pour éviter l’ennui, de la part de ceux d’entre vous à qui ces chants s’adressent, et pour leur procurer un nouveau plaisir.

« Comment ne serait-t-on pas d’accord sur la nécessité que ces choses s’exécutent ? »

Puis, dans le 5e livre de la République, il écrit d’une manière toute conforme à ce qui précède, en disant : « Connaissez-vous une seule des occupations viriles dans laquelle le sexe masculin n’ait pas tous ces avantages sur l’autre sexe ? ou pour entrer dans les détails, parlerons-nous de l’art du tisserand, de la pâtisserie et de la cuisine, dans lesquels il semble que les femmes jouent un rôle principal, et dans lesquels il serait souverainement ridicule qu’elles fussent vaincues par nous ?

« Ce que vous dites est vrai à savoir qu’en général un des sexes est supérieur à l’autre. Et cependant il « et beaucoup de femmes qui, en bien des choses, l’emportent sur beaucoup d’hommes. Cela est généralement ainsi que vous le dites.

« C’est, ô mon ami, par la raison qu’il n’est point d’institution, parmi celles qui président à la République, qui soit propre à une femme, parce qu’elle est femme, ou propre à un homme parce qu’il est homme. Mais les dispositions naturelles sont réparties entre les deux sexes, en sorte qu’une femme, suivant sa nature, participe à toutes les institutions, et un homme également : en toutes choses la femme est plus faible que l’homme.

« Sans contredit.

« S’en suivra-t-il que nous devons tout commander aux hommes, et rien aux femmes ?

« Mais comment ferons-nous ?

« Il y a je crois, et même je puis l’affirmer, telle femme qui a de l’aptitude à la médecine : telle autre qui n’en a point : telle est née musicienne : telle autre ne l’est pas.

« Comment le nier ?

« L’une est disposée aux exercices du corps ; l’autre non. Il en est même qui ont des dispositions guerrières ; d’autres n’aiment ni la guerre ni la gymnastique.

« Je le pense également.

« Mais quoi : on en voit qui sont philosophes, tandis que certaines ont aversion de l’étude de la sagesse, il en est qui sont passionnées, qui ont des sentiments généreux ; tandis que les autres sont sans passions. – C’est cela même. – Quelques-unes sont des gardiennes fidèles ; d’autres point. N’avons-nous pas fait choix d’hommes de ce caractère ?

« Assurément.

« Il est donc clair que le caractère de l’homme et celui de la femme sont pareils pour la garde de la cité, sauf que l’un est plus fort, et l’autre plus faible.

« Cela me paraît ainsi.

« Ce sont donc des femmes de ce tempérament, qu’il faut associer à des hommes du même, caractère, pour qu’ils habitent et conservent en commun, puisqu’ils sont doués de cette qualité, et qu’ils sont pareils en nature. – Tout à fait.

« Ne faut-il pas confier à des natures semblables, des institutions analogues ? »

C’est donc d’accord avec la raison, que notre Verbe admet non seulement le sexe viril, mais encore les femmes, non seulement les hommes libres et les esclaves, mais les Barbares et les Grecs, à la science et à la philosophie, suivant Dieu.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant