Théologie de l’Ancien Testament

2) But que Dieu s’est proposé en créant le monde.

§ 53. La Providence travaillant à réaliser le but que Dieu s’est proposé en créant le monde.

Dieu se propose un but en créant. C’est ce qui résulte du plan qu’on peut observer dans l’œuvre des six jours,– de l’approbation que Dieu donne à son ouvrage après chaque création nouvelle : « Dieu vit que c’était bon », — et enfin de la bénédiction qu’il prononce sur tous les êtres auxquels il a donné la vie : « Croissez et multipliez ! » Pourquoi Dieu s’applaudit-il de son œuvre après chaque jour et tout particulièrement quand la semaine est terminée ? C’est qu’évidemment tout ce qu’il a fait répond au but qu’il poursuit.

Chaque acte créateur est une satisfaction que Dieu s’accorde à soi-même, mais le but n’est atteint, la satisfaction n’est complète, que lorsque Dieu a créé l’homme à son image, et qu’il se trouve ainsi en face de sa ressemblance. Se donner à connaître, se révéler, se montrer ce qu’il est, telle est, paraît-il, en dernière analyse, le but que Dieu a poursuivi en créant. En d’autres termes, toutes les œuvres de Dieu sont destinées à manifester sa gloire, et c’est en tant qu’elles la manifestent que l’Éternel se réjouit en elles (Psaumes 104.31).

Telle est la grande pensée sur laquelle repose toute la philosophie de la nature dans l’A. T.e, et voilà aussi ce qui donne au monde, qui par lui-même n’est rien, une si grande importance : il est l’objet de la bienveillance et de la bénédiction de Dieu ; il est le théâtre sur lequel il veut manifester sa gloire (Psaumes 104.28 ; 145.9,15).

e – Mais naturellement ce n’est pas à propos du Pentateuque que nous pouvons nous en occuper.

Mais le péché pénètre dans le monde par l’homme. Que devint maintenant la glorification de Dieu par le monde et ses habitants ? Comme on comprend ce cri subit du Psalmiste qui vient de célébrer la gloire de l’Éternel dans la création : « Que les pécheurs soient consumés de dessus la terre et qu’il n’y ait plus de méchants ! » (Psaumes 104.35) Le péché refoule l’Esprit de vie et limite en quelque sorte son activité (Genèse 6.3). Toute la nature est en souffrance par suite de la désobéissance de celui sous la dépendance duquel elle a été placée (Genèse 5.29) ; le monde commence à être l’objet du juste jugement de Dieu (déluge). Néanmoins, Dieu déclare que la terre continuera à subsister (Genèse 8.21-22 ; 9.11), et cela montre qu’en dépit de l’empire que le mal exerce sur le monde, Dieu n’a point renoncé à réaliser son plan. On peut comparer ces passages à la belle exclamation de Dieu lors de la révolte de son peuple à Paran : « Aussi vrai que je vis, la gloire de l’Éternel remplira toute la terre ! » (Nombres 14.21)

L’élection d’un peuple qui doit être en bénédiction à tous les autres, prouve que Dieu n’a pas renoncé à atteindre son but (Genèse 12.3 ; 18.18). L’histoire des patriarches et de leurs descendants nous montre la Providence continuellement occupée à diriger tous les événements, grands (Deutéronome 32.8) et petits, en vue du but divin. Elle intervient dans la vie des individus, elle tient compte de leur faiblesse. Voyez surtout des passages comme Genèse 21.17 ; 28.15 ; 32.11 ; 45.5-7 ; 50.20. Plus tard, quand nous parlerons des anges, nous les verrons exercer de la part de la Providence leur ministère en faveur des hommes.

Quant à l’action de la Providence sur les païens, qui ne font pas partie de la théocratie, le Pentateuque n’en parle pas. Mais dans les Psaumes nous avons plusieurs passages qui enseignent clairement une Providence universelle. « Tu entends les requêtes, à Toi vient toute chair ! » « Tu es l’assurance des extrémités de la terre. » (Psaumes 65.2-5) Les animaux eux-mêmes sont l’objet des soins de la Providence : ils s’attendent à Dieu pour qu’il leur donne leur nourriture (Psaumes 104.27) ; les lionceaux demandent au Dieu fort leur pâture (v. 21) ; c’est Lui qui donne la nourriture au bétail et aux petits du corbeau qui crient (Psaumes 147.9 ; Job 39.1-3).

Point de hasard dans l’A. T. D’après Exode 21.13, si quelqu’un, sans le vouloir, frappe son frère d’un coup mortel, c’est Dieu qui l’a fait rencontrer sous sa main. Une fois, il est vrai (1 Samuel 6.9), il est parlé d’une chose arrivée à l’aventure. Mais remarquez bien que ce sont des devins païens qui s’expriment ainsi. Même quand on jette le sort, c’est Dieu qui décide (Proverbes 16.33), en sorte que le sort est un moyen de connaître la volonté de Dieu (Nombres 26.55 ; Josué 7.14 ; 14.2 ; 1 Sam.14.41)f.

f – Sur l’Urim et le Thummim, voyez § 97.

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