À l’écoute du Réveil

4. Une classe transformée par la Bible

La société, à l’issue du XVIIIe siècle, baigne dans l’optimisme quelque peu magique des lumières. La raison, comme une sirène, chante à l’horizon du large bleu. Elle parle, elle convainc, elle est l’évidence même. Aussi, quand la voix pure de l’enfance récite son catéchisme, riche de souvenirs émus, et ne mettant rien en doute, elle est couverte par le chœur exalté d’une humanité qui se découvre elle-même et refuse ce qu’elle nomme les illusions de la foi.

Une déclaration d’Augustin-Pyramus de Candolle illustre cette situation. Dans ses Mémoires, le célèbre botaniste fait en peu de mots le portrait de l’homme traditionnellement religieux. Il écrit, à propos du Jubilé de la Réformation de 1835 : « Je pris à cette fête un intérêt véritable, car je suis bon protestant, pourvu qu’on entende le protestantisme comme il l’est depuis un siècle dans notre Eglise : l’adhésion aux préceptes de l’Évangile entendus par chacun d’après les lumières de sa raison. »

Pourtant, comme à Marc-Auguste Pictet, un enseignement religieux complet ne lui a pas manqué. Il a même obtenu, au Collège, le premier prix de piété décerné, comme il le dit lui-même, non « à celui qui pratique le mieux… la religion… mais à celui qui a le mieux discouru sur des questions contenues dans le catéchisme ». Et alors, se souvenant de cette époque de sa vie, il confesse avec une lucidité de savant : « J’ai suivi comme les autres tous les sermons possibles, j’ai analysé maint discours religieux, j’ai appris par cœur une foule de passages de la Bible et de cahiers préparés ; je savais parfaitement toute la partie dogmatique de la religion ; je n’en doutais sur aucun point ; mais j’étais complètement étranger par le cœur aux sentiments qu’elle peut faire naître et aux conséquences pratiques que j’aurais dû en déduire. »

Que reste-t-il alors d’un protestantisme qui voit dans l’Évangile des préceptes, et non leur incarnation vivante dans une personne ? dans la Bible un recueil de textes de valeur plus ou moins sûre, et non la Parole même de Dieu ? Des formes, sans doute : les temples se remplissent encore. Une inspiration, certainement : l’esprit hautement philanthropique de Genève, au XIXe siècle, n’est pas le fait des seuls tenants d’une stricte orthodoxie. Une morale : même si l’on s’est coupé de la source, si l’on ne vit pas dans la communion personnelle de Jésus-Christ, on sait encore le prix d’une vie vécue dans l’ordre, la discipline, le respect d’autrui et de soi. La foi des ancêtres rejaillit sur nous en ondées bienfaisantes. Une bénédiction demeure.

C’est dans un tel milieu que naît, le 7 juillet 1787, Henri Abraham César Malan, d’une famille de Vaudois du Piémont longtemps établie dans le village martyr de Mérindol (Provence) et réfugiée à Genève dans le premier quart du XVIIIe siècle.

La personnalité du futur prédicateur du Réveil s’affirme de bonne heure. Enfant, sa vive intelligence lui permet à trois ans et demi de faire la lecture à sa mère quand elle est triste et de recevoir un an plus tard à peine un prix au Collège, où son père est régent de quatrième. Jeune homme, alors qu’il fréquente déjà l’Auditoire de Belles Lettres, il décide, pour soulager ses parents, de s’en aller faire le négociant un an à Marseille. Il se lève alors à 4 heures du matin pour étudier son latin et son grec et donne encore des leçons le soir. Aussi comprend-on bien que le pasteur, au moment de s’absenter, le prie de lire pendant deux mois, chaque dimanche – premier germe de sa vocation – un sermon du haut de la chaire. Son séjour achevé, il se montre, entré en théologie dans sa ville natale, prompt à secourir, à aider, à soulager, les pauvres bien que peu fortuné lui-même. Pourtant, comme ceux qui le suivront un peu plus tard sur les bancs de la Faculté, la Bible, tout au long de ses études, reste pour lui un livre fermé. Et quand il se met à prêcher, il enseigne la vertu plus que la foi en un Dieu de miséricorde et de pardon. Il ne voit pas que le péché, loin d’être telle ou telle faute morale particulière, est cette orientation fausse d’une vie qui rapporte tout à soi et s’enferme en elle-même au lieu de s’unir à Jésus-Christ pour devenir offrande et culte à Dieu.

En 1809, à vingt-deux ans, peu avant sa consécration au saint ministère, il est nommé régent au Collège. Sa mission d’éducateur le passionne. Un des premiers à Genève, il adopte dans sa classe la méthode lancastérienne fondée par deux citoyens britanniques, Bell et Lancaster. Ce système, qui gradue rigoureusement les notions à acquérir pour que les élèves les meilleurs, ou les plus âgés, promus au rang de moniteurs, puissent, à l’aide de tableaux, en diriger la mémorisation tout en permettant l’instruction simultanée de très nombreux écoliers – jusqu’à mille en Angleterre – favorise, quand il est bien compris, une discipline ferme et une bonne éducation morale. Très vite, César Malan y excelle et mérite la louange de ses supérieurs. Il s’inspire également du génial Pestalozzi, qu’il a vu à Yverdon. Et pourtant, il est à côté de l’essentiel.

« Quand je n’étais chrétien que comme on l’est dans le monde écrit-il, j’étais grand admirateur de la sagesse des païens ; et comme j’avais été conduit, dès ma première enfance, dans la même morale que l’étaient autrefois les personnes bien élevées d’Athènes ou de Rome, je rapportais aussi, comme les maîtres de ces écoles-là, toutes mes facultés et mes forces à la dignité de l’homme et à sa gloire. Alors la vertu, telle que l’imaginent et la vantent les sages du siècle, était mon idole, et la plus haute destination d’un homme me paraissait atteinte lorsqu’on pouvait dire de lui : il est le premier, il est le plus sage, il est le plus vertueux de son peuple. Aussi l’éducation n’avait-elle d’autre sens pour moi que de former les citoyens les plus utiles ou les caractères les plus distingués…

« Quel homme craignant Dieu, continue-t-il, ne frémirait à la vue de ces vastes manufactures d’éducation terrestre de ces ateliers de raison et de vertu où l’intelligence n’est rendue capable que d’elle-même, où le cœur n’est tourné que vers la Création !… C’était cependant de la sorte que je conduisais mon école. L’émulation, c’est-à-dire l’orgueil dans toute sa puissance en était le mobile. La honte et le châtiment pour les lâches, les éloges et les récompenses pour les plus ardents… »

Manifestement, cette pédagogie de l’effort et du mérite entre admirablement dans les conceptions courantes de la société. Mais peut-elle faire autre chose, en définitive, que de développer ce qui est en l’homme, c’est-à-dire cette capacité de se perdre dans les chemins tortueux de l’intelligence qui délivrent de la boue des vices grossiers pour mieux égarer dans les ascensions de l’orgueil ? César Malan en fait l’expérience. Dans le temps même de ses succès, à l’heure où les parents de ses élèves s’unissent à ses supérieurs pour encenser ses rares talents, un événement bouleverse sa vie.

« Un jour que je lisais l’Évangile à mon pupitre, confesse-t-il, – la Bible s’ouvrait peu à peu pour lui – pendant que les écoliers faisaient un devoir (c’était l’après-midi), je lus le deuxième chapitre des Éphésiens, et quand j’arrivai à cette parole : « Vous êtes sauvés par grâce, par la foi ; cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu », le livre me sembla lumineux, et je fus si vivement ému, que je dus sortir dans la cour du Collège, où je marchai en m’écriant : « Je suis sauvé ! Je suis sauvé ! ».

Toutes choses, désormais, sont merveilleusement nouvelles. Il reste ce qu’il était : pasteur, régent. Mais une fraîcheur qu’il ne connaissait pas l’habite. Sa façon de penser change. La droiture naturelle de l’homme, son égale aptitude au bien et au mal, sa perfectibilité à l’infini ? Dieu, dans la Bible, nomme cette sagesse folie. Prêcher la vertu qui justifie ? Plus jamais. L’homme ne peut être justifié que par la foi. Un sermon sur ce thème, dans quelques paroisses de campagne, puis au Temple de la Madeleine, témoigne bientôt publiquement de cette orientation nouvelle. L’assistance, en ville, d’abord subjuguée, manifeste bientôt, nous l’avons vu, des signes d’agitation. Quel est ce jeune prédicateur qui ôte ainsi à l’homme tout ce qui lui donne le sentiment d’être digne de la miséricorde de Dieu et veut le voir, dépouillé de tout mérite, nu, implorer la grâce du pardon ? Une hostilité non déguisée sourd. À l’avenir, les pasteurs refuseront leurs chaires à l’audacieux qui ne veut plus d’une prédication au goût du jour.

Cette expérience cuisante ne demeure pas sans influence sur l’éducateur. À ses élèves aussi il doit la Vérité. Comment le changement qui s’est opéré en lui ne se manifesterait-il pas dans sa classe ? Il décide, après avoir médité et prié, d’introduire la Bible dans son école. « Chaque enfant, confesse-t-il, eut la sienne. La mienne était toujours sur ma table ; et ce livre de sagesse et de bénédiction éternelle devint pour nous tous ensemble le trésor chaque jour ouvert où nous puisions la solide science. »

La « cinquième » dont il est le régent vit une extraordinaire transformation. La Parole de vie est au milieu d’elle. C’est elle, désormais, au delà des directions d’un maître aussi respecté que bon pédagogue, qui parle, censure, encourage, relève. « Il exista bientôt entre mes élèves et moi, écrit-il, une telle communion d’esprit, une telle ouverture de cœur, qu’on eût dit que nous étions plutôt des amis et des parents que des écoliers et un maître. Je les avertissais de leurs défauts, mais je ne m’excusais pas des miens. Je priais souvent avec eux, et je ne les condamnais ni ne les humiliais jamais. »

Avec une telle pédagogie, les rivalités ne sont plus de mise. La classe devient une communauté dans laquelle chacun concourt aux progrès de l’ensemble. L’instituteur qui punit s’efface devant l’inspiration qui dirige les regards de ses élèves, en même temps que les siens propres, vers la stature parfaite de Jésus. « Je laissais paraître aussi peu que possible mon autorité, dit César Malan, afin d’accorder toute primauté à celle de Dieu et de sa Parole ». Ainsi l’écolier peut-il agir en liberté dans la joie de l’obéissance : il va au-devant du devoir parce qu’il aime celui qui l’impose.

Deux ans, la « cinquième » prospère sous ce régime. Le régent constate avec émerveillement que « l’enfant, quand le Seigneur l’éclaire, a pour l’éternelle vérité une intelligence tout aussi puissante que pour quelque science qui se puisse nommer ; et que son esprit peut recevoir, de cette Parole même, une élévation, une force, une énergie tout autrement développées et soutenues que si elles provenaient de quelque motif humain… »

Les fruits de cette pédagogie, désormais aussi chrétienne que progressiste, ne se font pas attendre. La diligence y remplace l’émulation, le contrôle mutuel les rivalités. Un jury d’élèves sanctionnant les rares cas d’infractions morales se révèle aussi rigoureux dans l’exécution des peines – mise à l’interdit pour un certain nombre de jours – que prompt à revenir au coupable pour le consoler quand son temps est achevé. Chacun, semble-t-il, a maintenant le souci d’accomplir au plus près la volonté de Dieu et de lui consacrer sa vie et tous ses biens. Un jour, sans que le maître en ait parlé, la classe vient déposer entre ses mains, au profit d’une œuvre charitable, toutes les médailles d’argent reçues autrefois comme prix. On apprend ainsi à renoncer à soi, à respecter le moins doué, à s’aimer, et à vivre la joie de la réussite sans vanité et sans orgueil.

Ce succès déborde sur la vie religieuse de la cité. Malan dirige, au Collège même une école du dimanche que bientôt 250 jeunes gens fréquentent. Mais la Vénérable Compagnie, au bout de cinq mois, lui interdit l’usage de ce local. À ses yeux il a le tort de se livrer à des « innovations », de ne pas s’en tenir, dans son enseignement religieux, au catéchisme officiel. Le régent de cinquième répond qu’il le fait pourtant apprendre tel qu’il est écrit, sans le contredire, mais qu’il l’explique selon Calvin et fonde sa morale sur l’Évangile. La Compagnie académique, organe directeur du Collège l’invite alors à ne pas enseigner des dogmes sur lesquels les docteurs de l’Eglise ne sont pas unanimes. Mais quels sont-ils ? La divinité de Jésus-Christ, contestée par beaucoup, n’est-elle pas un des fondements du christianisme ? « Il faudrait que la Vérité fût proscrite de notre Église, s’exclame Malan, pour que les dogmes sacrés que j’ai confessés fussent rejetés, et que la philosophie et la raison fussent mises sur l’autel à la place de la sainte Bible et de la foi ».

Hélas ! la Compagnie des pasteurs ne sait pas très bien ce qu’elle croit. Ne s’est-elle pas bornée à interdire de prêcher sur certains sujets que l’orgueilleuse raison n’explique pas ?  L’accusé alors s’insurge. Comment peut-on le condamner quand l’autorité ecclésiastique elle-même refuse d’énoncer ce qu’elle veut qu’il enseigne ?

« Qu’elle m’astreigne à la confession de foi, dit-il. Elle le peut. Mais qu’aussi longtemps qu’elle trouve bon de taire sa croyance, elle ne me condamne pas pour ne l’avoir pas connue. »

Ainsi se poursuit la controverse. Le régent, fidèle au principe fondamental de la primitive Église et de la Réformation du XVIe siècle, fait de la Bible – introduite avec l’assentiment du principal du Collège – la règle suprême de la pensée et de la vie de ses élèves. Et c’est pour ce motif que la Compagnie, incapable de s’unir de manière claire dans sa foi, vote au nom du devoir d’obéissance administrative, et d’obéissance qu’il faudrait aveugle, la destitution d’un maître qui réussit et dont chacun, semble-t-il – autorités scolaires, parents, élèves – se loue. Le 2 novembre 1818, le Premier Syndic tente une dernière démarche : il le presse, le supplie de se soumettre. Le 4, le Conseil d’État, au mépris de toute justice – Malan demeure fidèle aux Ordonnances ecclésiastiques de Calvin, qu’aucune loi n’a abrogées – a la faiblesse de sanctionner sa révocation. Le vendredi 6 au soir, lecture lui en est faite. Le lundi 9, il est remplacé dans sa classe.

Ainsi, d’un jour à l’autre, le pasteur-régent se trouve-t-il sur le pavé. Comment subviendra-t-il aux besoins de sa famille de cinq enfants ? Il saura jour après jour que Dieu, dans sa bonté, pour ceux qui l’honorent de leur foi, pourvoit. Au Pré-l’Évêque, hors les murs, dans une maison acquise de son père, il tient des pensionnaires, ressuscite son école du dimanche, enseigne, prêche, écrit. Et la foule afflue à ses réunions. « Avec quelle puissance le Seigneur agit ! » dit-il en 1819 à un ami. « L’hérésie ne peut que trembler (…) Déjà elle a reçu un coup mortel (…) Il y a un peuple de Dieu à Genève. » Nombreux, oui. Car la place bientôt manque dans la salle qu’il a aménagée chez lui. Il sollicite donc du Conseil d’État l’usage d’un temple. Mais il ne reçoit aucune réponse. Alors il fait construire en bois, dans son jardin, car il la veut éphémère, se réclamant obstinément de l’Église qui l’a rejeté, la Chapelle du Témoignage.

Le 8 octobre 1820, il l’inaugure devant huit cents personnes. La police surveille l’opération. Quant à son caractère ecclésiastique officiel – il avait été régulièrement consacré – il s’en voit déchu en 1823. Aussi rattachera-t-il sa communauté à l’Eglise d’Ecosse. Et pour ne pas perpétuer après lui son œuvre, déjà fort ralentie après 1830, il fera démolir l’année même de sa mort, en 1864, la chapelle qu’il avait édifiée.

César Malan peut donc bien, en toute bonne foi, se dire dissident malgré lui. Il reste attaché à l’Église de son enfance. Il l’aime. Et c’est précisément pour cela qu’il ne la tolère pas infidèle à Jésus-Christ, infidèle à elle-même. Il la veut pour Dieu et sa Parole.

Ainsi, tout au long de son existence, chef de communauté et plus encore évangéliste, il montre aux hommes, comme il l’a fait pour ses élèves du Collège, le bon usage de la vie. Sa parole ardente retentit, non seulement pour deux générations de Genevois, mais pour tous ceux que son zèle d’apôtre conduit à visiter le long des routes de Suisse, de France, d’ailleurs... Sa plume intarissable la répand plus loin encore. Elle met en évidence pour le peuple, pour les enfants – on retrouve le pédagogue – pour les protestants de tradition, pour les catholiques, pour tous, la vérité de l’Évangile dans un langage simple, imagé. Et ce chemin du salut dans lequel il cherche à entraîner tous ceux qu’il rencontre, inlassablement, il en chante encore les beautés et la joie dans de nombreux cantiques…

Certes, le prédicateur de la Chapelle du Témoignage, dogmaticien parfois rigide, conscience exigeante toujours, et gagneur d’âmes au zèle qui peut paraître intempestif aux tièdes que sont souvent devenus les chrétiens, soulève quelques réserves. Alexandre Vinet, aussi scrupuleux que droit, les exprime avec beaucoup de délicatesse. « M. Malan, confesse-t-il à Louis Leresche le 28 décembre 1829, m’écrit une lettre fort amicale où il me déclare que je n’ai pas reçu l’Esprit d’adoption, et me fait entendre que si je veux correspondre avec lui, je pourrai m’en trouver bien (…) » Et de préciser qu’il considère les séparatistes comme des « rationalistes puritains », « des théologiens manqués ». Deux ans plus tard, au même, le 12 octobre 1831, il écrit : « Je suis en correspondance avec Malan, qui me montre une amitié vraiment très grande, m’envoie tous ses écrits et me gourmande sur les miens. Il a voulu absolument que je revisse, sous le rapport du style, un poème qu’il va publier. Je voudrais de bon cœur répondre à sa sympathie par une sympathie égale, mais jusqu’ici je n’éprouve que de la reconnaissance. » Enfin, le Genevois ayant passé à Bâle, retour d’une mission en Angleterre et en Irlande, Vinet, le 10 octobre 1834, communique ses impressions à Henri Grandpierre : « Il a bien du talent pour la parole, bien de l’activité et du zèle, et il m’a paru dans le particulier vraiment bon enfant, ce qu’il est au fond du cœur, j’en suis sûr. Il est très discret, très fécond et scolastiquement rigoureux sur son thème favori, l’assurance du salut ; mais hors de là, et même aussi là-dedans, je ne l’ai trouvé ni très profond ni très judicieux (…) Son sermon (improvisé) était beau et bon de tout point, très édifiant, très onctueux, d’un très beau langage, semé d’images très heureuses. Sa manière d’être a été charmante ; le « comment va l’âme » n’a pas manqué, mais si fraternel et si doux que je n’ai pu qu’en être reconnaissant (…) Quant à l’impression produite ici par sa présence et par ses discours, elle a été faible en comparaison de ce que son nom faisait attendre (…) »

Le pédagogue hors pair, le prédicateur éloquent et convaincu, on le voit, a aussi ses travers et ses faiblesses. Il n’a pas plus qu’un autre la sainteté infuse. Mais il a su, mis durement à l’épreuve, choisir l’obéissance à sa conscience, et en définitive à Dieu. (Mémoires et souvenirs d’A.-P. de Candolle, Genève et Paris, 1862, pp. 436, 20 ss. Gédéon Sabliet, Un gagneur d’âmes : César Malan, 1787-1864, Dieulefit, 1936. Pierre Bovet, Ecoles nouvelles d’autrefois, Genève 1938, pp. 23 ss. BPU, Ms. suppl. 1360, Rapport Perrot, pp. 47 ss. Ms. fr 989, Registre du Sénat académique, fol. 51. Pièces relatives à la destitution du ministre Malan, Genève, 1819. A. Vinet, Lettres, t. II, pp. 44, 121, 257.)

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