Les Hébreux vécurent en Égypte une grande période de paix et de sécurité pendant toute la vie de Joseph.

Après avoir vécu 17 ans en Égypte, Jacob mourut ; il était âgé de 147 ans.

Joseph mourut aussi, plus tard, à l’âge de 110 ans, ayant protégé ainsi toute sa famille et ses descendants pendant près de 71 ans.

Mais que fit donc Joseph en Égypte, après l’installation de son père et de sa famille en Égypte ?

Si nous savons que Joseph organisa toutes les récoltes pendant les 7 années de fertilité, nous n’avons aucune information biblique sur ce que fit Joseph en qualité de « premier ministre » pour augmenter la production des cultures de l’Égypte pendant le reste de sa vie. D’ailleurs, dès qu’il reçut le commandement de toute l’Égypte, Joseph partit pour visiter le pays qu’il parcourut entièrement.

Si le territoire de Gosen fût progressivement irrigué par les Hébreux, Joseph organisa, au préalable, tout le stockage des récoltes, mais aussi l’exploitation des cultures dans tout le pays d’Égypte. Mais Joseph organisa aussi de grands chantiers, sans aucun doute, pendant le règne des pharaons successifs qu’il connut comme souverains.

À ce sujet, un ouvrage gigantesque fût réalisé en Moyenne-Égypte, en plusieurs étapes, pendant les règnes successifs des Pharaons Sésostris II et III, puis Amménémès III et IV : il s’agit de l’irrigation de la dépression marécageuse du Fayoum alimenté par le Bahr Youssef, pendant les crues du Nil.

Le Bahr Youssouf ou Bahr Youssef, est un canal du Nil considéré comme un bras occidental du fleuve, dont le nom signifie « rivière de Joseph ou fleuve de Joseph ». Construit autour de 2300 avant J.C., il fût aménagé à la place d’un rejet naturel du Nil qui, lors de ses crues, alimentait un immense lac à l’ouest du Nil dans une dépression de plus de 1700 km², appelé autrefois Pa-yom (la mer) en égyptien, située sous le niveau de la mer.

Afin de changer la zone marécageuse du Fayoum en une zone agricole, Sésostris II, puis Amménémès III, ont transformé ce canal en un système complexe d’irrigation, et construit le barrage d’Illahoun (El-Lahoun). Ils y rajoutèrent un système de drainage et de canaux très sophistiqués. Le règne de Sésostris II est surtout marqué par l’assèchement du Fayoum et son exploitation, dans le but de doubler les terres cultivables. Il fit construire des écluses et des canaux afin de réguler le niveau du lac Kirbet Karoun (Qaroun) et de gagner des terres cultivables sur les marais qui bordent ses rives. Le projet sera par la suite étendu par Amménémès III, et la mise en valeur de l’oasis atteindra son apogée sous son règne. Elle est devenue une riche terre agricole grâce aux nombreux canaux d’irrigation qui l’alimentent, et au barrage d’Illahoun. Une superficie estimée à 620 km² de terres nouvelles fertiles aurait été récupérée.

La partie du canal de 15 km du Bahr Youssef, entre El-Lahoun et Fayoum, a été agrandi sous le règne du pharaon Amménémès IV afin d’alimenter le lac Moéris (ex lac Qaroun), d’une superficie de 600 km², à une altitude de 44 mètres en dessous de celui de la mer.

Bien entendu, tous les aménagements réalisés sur le Bahr Youssef et dans le Fayoum ont permis de réguler les crues du Nil dans cette zone marécageuse et de récupérer le limon noir du fleuve nécessaire à l’accroissement des cultures dans cette région.

Les pharaons Sésostris II et Aménémès III firent construire leur pyramide dans le Fayoum, à proximité du canal Bahr Youssef.

L’Égypte d’Amménémès III reçut de son côté de nombreux migrants sémitiques d’Asie venus travailler sur les grands chantiers, car la croissance du pays attirait une abondante main d’œuvre de travailleurs étrangers, paysans, soldats et artisans d’origine « asiatique » qui commençait à s’établir en Égypte dans le Delta et dans la région de Licht. Il est dit, aussi, que le Roi fournit aux Nubiens de la nourriture pour apaiser une famine qui les frappait.

Des historiens antiques et classiques rappellent l’intervention de Joseph qui fût chargé par le pharaon d’assécher le Fayoum. En plus de l’assécher, il le fertilisa en terres agricoles.

Le Fayoum abrita longtemps une importante colonie juive (d’où l’existence de traditions relatives à Joseph : Bahr Youssef signifiant la rivière de Joseph, encore aujourd’hui.

« Pharaon dit à Joseph : Vois, je te donne le commandement de tout le pays d’Egypte »

« Et Joseph partit pour visiter le pays d’Égypte. Joseph était âgé de trente ans lorsqu’il se présenta devant Pharaon, roi d’Égypte ; et il quitta Pharaon et parcourut tout le pays d’Égypte »

« Pharaon dit à tous les égyptiens : Allez vers Joseph, et faites ce qu’il vous dira. La famine régnait dans tout le pays. Joseph ouvrit tous les lieux d’approvisionnements, et vendit du blé aux égyptiens »

« Joseph commandait dans le pays ; c’est lui qui vendait du blé à tout le peuple du pays »

« Achète-nous avec nos terres contre du pain, et nous appartiendrons à mon seigneur, nous et nos terres »

« Joseph acheta toutes les terres de l’Égypte pour Pharaon, car les égyptiens vendirent chacun leur champs, parce que la famine les pressait »

« Voici pour vous de la semence, et vous pourrez ensemencer le sol. À la récolte, vous donnerez un cinquième à Pharaon, et vous aurez les quatre autres parties, pour ensemencer les champs, et pour vous nourrir avec vos enfants et ceux qui sont dans vos maisons »

« Ils dirent : tu nous sauves la vie ! Que nous trouvions grâce aux yeux de mon seigneur, et nous serons esclaves de Pharaon. Joseph fit de cela une loi, qui a duré jusqu’à ce jour… »

« Joseph demeura en Égypte, lui et la maison de son père. Il vécut cent dix ans »

La concordance des éléments archéologiques et historiques, avec les textes bibliques, permettent de placer l’arrivée de Jacob en Égypte pendant le règne du Pharaon Sésostris III, et le rôle de Joseph comme Vizir pendant les règnes de Sésostris II et III, puis d’Amménémès III et peut-être Amménémès IV, étant donné qu’il l’exerçât peut-être jusqu’à sa mort, soit pendant près de 80 ans. Et le fait que le Bahr Youssef porte son nom est la preuve de l’influence considérable qu’il eut sur les travaux d’irrigation du Fayoum pendant le règne de ces pharaons successifs (voir tableau).

Cette durée de paix se poursuivit avec le souvenir intarissable de Joseph parce qu’il avait été « le sauveur de l’empire » pour tous les Égyptiens.

Grâce à ce souvenir de Joseph, imprégné dans le pays, la liberté de vie acquise par les Hébreux se prolongea non seulement jusqu’à la fin de la XII^ème dynastie, pendant les règnes successifs de Amménémès IV, puis de son épouse Skémiophris, mais aussi pendant la XIII^ème dynastie.

Cette période de la XIII^ème dynastie se déroula dans l’abaissement national, que connut l’Égypte, à cause de la faiblesse des 60 pharaons qui se succédèrent pendant plus d’un demi-siècle, et qui permit l’installation progressive de rois étrangers sur le delta du Nil.

La prolifération des étrangers, depuis la gestion de Joseph, et sans doute leur installation, permirent aux rois « Hyksos » de régner pendant près d’un siècle et demi, tout d’abord dans le delta (XIV^ème dynastie), puis sur toute l’Égypte (XV^ème, XVI^ème, XVII^ème dynasties).

L’installation de ces dynasties étrangères favorisa encore la tranquillité des Hébreux qui étaient eux aussi des étrangers.

Les Hébreux vécurent ainsi dans la prospérité pendant 330 ans, depuis leur installation dans le département de Gosen qui était une portion de territoire, une division administrative de l’ancienne Égypte.

Gosen appartenait au nome portant le nom de l’Arabie (voir carte) dans la contrée d’Avaris (appelé ensuite Pi-Ramsès).

Le territoire d’Avaris était très fertile et Gosen possédait ses meilleurs terres : c’est pour cela que Joseph avait voulu y installer sa famille et que Pharaon l’avait consenti sans opposition. La nourriture gratuite y était si abondante, notamment à cause de la proximité du Nil, qu’ils s’en souvinrent très longtemps de génération en génération. D’ailleurs, les terres, qui n’étaient pas situées sur les berges du Nil, étaient toutes irriguées.

Dans toutes ces conditions favorables et successives, les enfants d’Israël se multiplièrent et devinrent très nombreux et très puissants.

Ils étaient si nombreux que le pays d’Égypte en fut rempli, c’est-à-dire, bien au-delà du territoire de Gosen donné aux Hébreux à leur arrivée. Pourtant, le nombre de mâles circoncis, descendants de Jacob installés en Égypte, était de 68 personnes (70 – les filles Dina et Sérach). À ce sujet, il y avait peut-être d’autres filles qui ne sont pas nommées. Sinon, comment les enfants d’Israël auraient pu se multiplier ? A cause de cela, aussi, les garçons circoncis épousèrent des filles qui n’étaient pas descendantes de Jacob comme le firent leurs pères. Ils pratiquèrent aussi la polygamie et le concubinage, comme leurs pères, ainsi que les unions consanguines.

Sinon, comment le nombre de mâles circoncis, âgés de plus de 20 ans, recensé 430 ans plus tard, fût de 603550 âmes, sans compter les descendants de Lévi ? Selon les simulations démographiques, le peuple des Hébreux qui quitta l’Égypte devait être de 2 millions de personnes dont les femmes et les enfants.

Il est bien évident que le territoire de Gosen, donné aux hébreux à leur arrivée, deviendra insuffisant pour contenir un peuple aussi nombreux au fil des décennies, malgré l’indépendance de la circoncision ordonnée par DIEU à tous les descendants d’Abraham.

Le territoire de l’Égypte était divisé en nomes depuis l’Ancien Empire. Les nomes étaient des divisions administratives. Le terme grec « Nome » désigne les régions économiques et naturelles. En principe, il y avait 20 nomes en Basse-Égypte. Chaque nome était relativement indépendant et disposait de sa propre capitale. Bien que les limites de ces « régions » soient assez floues, le nom des capitales a été répertorié. En ce qui concerne Gosen (Gessen), le nome 20 d’Arabie (Arabia), peut aussi avoir englobé le territoire inscrit entre Bubastis, Tanis et Qantir (Avaris et Pi-Ramsès). D’ailleurs, le Pharaon Sésostris III brisa le pouvoir des nomarques en le centralisant. Cette organisation, débutée sous le règne de son père Sésostris II, reposait sur une division du pays en trois régions : le Nord, le Sud et la « Tête du Sud ».

Les « branches » du Nil, dans le delta, définissaient des voies de communication indépendantes. Ainsi, des puissantes familles établirent leur prépondérance économique individuelle sans être inquiétées, car les marais du delta et de la Méditerranée dressaient une double défense contre les envahisseurs guerriers potentiels.

Le delta du Nil, qui était devenu le cœur économique du pays à cause de ses terres fertiles provoquées par les crues, n’avait pas la même unité que la vallée. D’ailleurs, la région située entre Tell-Bastah (Bubastis), San-el-Hagar (Tanis), et Qantir (Avaris et Pi-Ramsès), est, et était, une plaine complètement irriguée.

« Et de tous les pays on arrivait en Égypte, pour acheter du blé auprès de Joseph ; car la famine était forte dans tous les pays. »

« Israël habita dans le pays d’Égypte, dans la pays de Gosen. Ils en prirent possession. Ils furent féconds et se multiplièrent beaucoup. »

« …comme le pays d’Égypte, d’où vous êtes sortis, où tu jetais dans les champs ta semence et les arrosais avec ton pied comme un jardin potager. »

Si les découvertes de l’œuvre matérielle de Joseph ne sont que partielles, son message spirituelle est remarquable. Car Joseph a mis en pratique les commandements de DIEU, bien avant qu’ils ne soient publiés et qu’il ne les connaisse :

« Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force »

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

« Honore ton père et ta mère »

« Tu ne commettras point d’adultère »

« Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur »

« Faites du bien à ceux qui vous haïssent »

« Pardonnes-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé »

De nombreux symboles précurseurs de JÉSUS ont marqué la vie de Joseph : il fut lui aussi vendu pour des pièces d’argent, et renié par ceux qu’IL aimait. Quel beau message !

Mais l’amour de Joseph pour son père et ses frères reste une ombre de celui de JÉSUS pour Son PÈRE ÉTERNEL, et l’humanité, en venant donner Sa propre vie sur la terre pour nous sauver tous.

La XIII^ème dynastie des Pharaons, qui régnaient à Licht, fut marquée par leur faiblesse et leur instabilité. Car ils furent environ une soixantaine à se succéder en un siècle et demi, entraînant ainsi un crédit insuffisant pour la légitimité des héritiers souverains.

Ces souverains, qui n’étaient souvent que des roturiers, des militaires ou des étrangers asiatiques, n’occupaient le trône parfois que quelques mois.

Cette situation de crise et d’instabilité politique égyptienne permit aux invasions asiatiques de se multiplier dans le delta du Nil, et à l’organisation de communautés puissantes.

Après la mort de Joseph, l’agrandissement progressif du territoire occupé par les Hébreux sera facilité, pendant près de 2 siècles, par l’installation des souverains et princes asiatiques des XIV^ème, XV^ème et XVI^ème dynasties égyptiennes.

« Ils s’accrurent et devinrent de plus en plus puissants »

Déjà, pendant le règne de Sébekhotep IV (1730 à 1723 avant J.C.), si Licht et Memphis étaient encore sous son contrôle, un royaume indépendant s’était déjà constitué dans l’ouest du delta autour de Xoïs.

Si les Pharaons étrangers de Xoïs contrôlaient maintenant le delta occidental, un autre royaume fondé par Néhesis (1720 avant J.C.), de la XIV^ème dynastie, occupait le delta oriental, avec pour capitale Avaris.

Avaris (plus tard Pi-Ramsès), était un port fluvial sur la branche pélusiaque (Péluse) du Nil, à la limite des terres cultivables où le dieu Seth, maître des espaces inhabités, était honoré.

Du fait de sa position géographique, Avaris contrôlait le débouché du passage des bateaux pour l’Asie et en particulier pour Byblos et la côte Phénicienne. Avaris avait une fonction à la fois stratégique et commerciale (voir carte).

Cette intensification du commerce avec Byblos et la côte Phénicienne fit croître la colonie asiatique installée dans la région. C’est de cette ville, à forte population étrangère, que le souverain Néhesis fit d’Avaris la capitale de ce royaume. Mais il fut submergé par un nouvel afflux de princes asiatiques : les Hyksos.

L’archéologie moderne a trouvé Avaris construite sous la ville de Pi-Ramsès (Ramsès dans la Bible).

Les Hyksos (princes des pays étrangers puis princes pasteurs), étaient des peuples asiatiques en majorité sémites (Phéniciens, Cananéens, Arabes), mais avec des éléments Hourrites venant de la Mésopotamie et de la Syrie.

Depuis le royaume du delta, à Avaris, ils établirent leur domination sur l’Égypte à partir de 1650 avant J.C. lorsque leur chef Salitis se fit couronner à Memphis (voir tableau dynastique).

Cette domination s’exerça pendant plus d’un siècle dans le delta oriental, sur des collaborateurs égyptiens en Moyenne Égypte, et la surveillance de la XVII^ème dynastie de Thèbes en Haute-Égypte. Les Hyksos laissèrent le royaume de Xoïs en paix et abandonnèrent le reste de la Basse-Égypte à des chefferies asiatiques vassales.

Si Joseph avait protégé les Hébreux en Égypte pendant les 71 ans où il vécut en leur présence, il avait aussi sauvé ces étrangers asiatiques et protégé leur installation, provoquant ainsi un respect réciproque.

Le souvenir de Joseph auprès des souverains et princes asiatiques, qui se succédèrent pendant 2 siècles, convenait parfaitement à la multiplication des Hébreux qui bénéficièrent d’une grande liberté et d’une protection militaire.

« Et de tous les pays on arrivait en Egypte, pour acheter du blé auprès de Joseph ; car la famine était forte dans tous les pays »

« …le pays d’Égypte et le pays de Canaan languissaient, à cause de la famine. Joseph recueillit tout l’argent qui se trouvait dans le pays d’Égypte et le pays de Canaan, contre le blé qu’on achetait »

L’idolâtrie débordante des Égyptiens contamina progressivement le peuple des Hébreux, en particulier le culte du soleil que certains continuèrent à vénérer pendant plus d’un millénaire de génération en génération. Ils transporteront ces idoles solaires jusqu’en terre promise, malgré les commandements de DIEU.

Les Hyksos, eux aussi, imposèrent souvent leur civilisation et leurs cultes aux divinités païennes.

« Repoussez les dieux que vos pères ont adorés au-delà du fleuve et en Égypte, et servez l’Éternel »

« Rejetez chacun les abominations qui attirent vos regards, et ne vous souillez pas par les idoles de l’Égypte ! »