L’exode, le sentier de la vie

LE TABERNACLE : Les unités de mesures bibliques

Les unités de mesures consignées pour la construction du Tabernacle et son Parvis, dans les textes bibliques, méritent une comparaison avec nos mesures actuelles pour nous apporter une meilleure dimension des éléments construits.

Mais lorsqu’on rapproche les indications données en notes dans les différentes versions bibliques et les commentaires, à propos des mesures juives, on observe entre elles de nombreuses différences.

Ainsi, par exemple, selon toutes ces appréciations, la coudée, unité de mesure de longueur, serait de 0,45 m, ou de 0,48 m, ou de 0,495 m, ou de 0,525 m, ou de 0,72 m.

Ces variations proviennent tout d’abord de ce que l’étalon de telles mesures (coudée, pied, doigt, etc…), n’est jamais exactement déterminé. De plus, il y avait en Palestine, comme autrefois en France avant l’adoption du système métrique, des mesures de grandeurs différentes portant le même nom.

Enfin, les rapports établis par les auteurs anciens, entre ces mesures et les mesures babyloniennes, grecques ou romaines, ne sont jamais d’une précision absolue.

Dans ces conditions, la conversion en mesures de notre temps ne peut avoir une rigueur mathématique totalement crédible.

Mais quelles étaient donc les unités de mesures utilisées par les Israélites dans le Sinaï, après quatre siècles d’esclavage en Égypte ?

D’après tous les éléments que nous connaissons, nous ne pouvons faire qu’un choix (cases jaunes), sans aucune certitude.


Mesures de longueur (voir tableau annexe)

Elles dérivent souvent, comme toutes les anciennes mesures de longueur, des parties du corps humain.

L’unité est la coudée, c’est-à-dire une longueur mesurée du coude à l’extrémité des doigts ; mais plusieurs sortes de coudées sont mentionnées dans l’A.T. La majorité des sources archéologiques, ainsi que la tradition rabbinique des 144 grains d’orge côte à côte, permettent d’établir la coudée à 0,45 m, malgré le fait qu’il en existait aussi une autre supérieure de 1/6e : la coudée royale (par analogie avec le système égyptien).

La coudée se divisait en 2 empans, représentant la distance de l’extrémité du pouce à celle du petit doigt dans leur plus grand écart (0,225 m ou 0,2625 m), en 6 palmes ou largeurs de main (0,075 m ou 0,0875 m), et en 24 doigts ou largeurs de doigt (0,01875 m ou 0,021875 m).

Un seul multiple de coudées est indiqué : la canne (Ézéchiel 42.20 ; 45.6 ; ce dernier texte est obscur : seul Louis Segond traduit « cannes ». Augustin Crampon, et la version Synodale ont « coudées »). Elle a une longueur de 6 coudées (Ézéchiel 40.5). C’est une des deux mesures effectives mentionnées dans la Bible ; elle est utilisée par le maçon et l’architecte (Ézéchiel 40.3, 6 etc…).

L’autre mesure effective est le cordeau, qui se trouve aussi dans Ézéchiel 40.3 ; il est employé par le charpentier dans son travail (Ésaïe 44.13), et sert encore à mesurer les champs (Ésaïe 34.17 ; Amos 7.17). Mais sa longueur exacte n’est pas donnée.

Il faut ajouter à ces mesures le gomed, mentionné une seule fois dans Juges 3.16 (Louis Segond et version Synodale : coudée). C’était la longueur de l’épée d’Éhud, dissimulée sous ses vêtements. La Septante le confond avec l’empan. Mais c’était, selon les rabbins, une courte coudée de 5 palmes (0,375 m).

Les Grecs avaient une coudée analogue (pugmè, d’où pygmée), mesurée du coude à la première articulation des doigts.


Mesures de poids (voir tableau annexe)

L’évaluation des mesures de poids, donnée en notes par nos versions, présente de sensibles différences : la concordance Segond donne 35 kg pour le talent. La Bible du Centenaire, dans la note sur Apocalypse 16.21, donne « plus de 40 kg. », et Augustin Crampon (note sur le même texte), « un peu plus de 42 kg. ».

Ici, encore, une large part doit être accordée à l’approximation.

Les mesures de poids des Israélites étaient apparentées aux mesures babyloniennes. Les trois principales unités étaient le talent, la mine et le sicle (shékel en hébreu), qui suivaient la numération sexagésimale : 60 sicles faisaient une mine, et 60 mines un talent.

Cependant, pour les métaux précieux, il existait une mine de 50 sicles. Le talent restant invariablement fixé à 60 mines, on avait donc un talent de 3.000 sicles, et un autre de 3.600 sicles. Le système était très complexe : il y avait pour chaque unité deux poids, un lourd et un léger : l’un étant le double de l’autre. Enfin, comme pour les mesures de longueur, la même unité exprimait une valeur différente selon qu’il s’agissait de « poids royaux » ou de « poids communs ». Mention est faite des poids royaux dans 2 Samuel 14.26, mais nous ne parlerons ici que des poids communs.

D’après Exode 38.25, le talent hébreu contenait 3.000 sicles.

En combinant les données fournies par les anciens poids babyloniens parvenus jusqu’à nous et par les monnaies, on peut évaluer les trois unités de poids.

Le rapport de la valeur de l’or à celle de l’argent, d’après Hérodote, a été très longtemps de 13 1/3 pour 1. Ainsi, le poids d’argent, correspondant à la valeur du sicle or, est donc de : 16,36 gr. × 13 1/3 = 218,1 gr. en poids lourd, et 109,05 gr. en poids léger. Ce poids d’argent, divisé en 10 pièces de 21,81 gr. ou 10,91 gr., nous donne les unités de base du système de poids connu sous le nom « babylonien ou perse ».

Partagé en 15 pièces de 14,54 gr ou 7,27 gr, il nous donne les unités de base du système « phénicien ». Ces désignations sont conventionnelles, mais elles sont pratiques (elles viennent de ce que les Grecs ont associé le premier système aux Perses, qui l’utilisaient pour leurs monnaies, et le 2ème aux cités phéniciennes de la côte).

La mine était de 50 sicles pour les métaux précieux.

Mais quel était le système en usage, en Palestine ?

Grâce aux recherches archéologiques, les poids découverts démontrent l’existence de modifications des étalons au fil des siècles, avant et après l’exil des Israélites à Babylone, en fonction de la domination des nations et de leur influence au moyen orient.

Deutéronome 25.13-16
Ézéchiel 45.10-12
Lévitique 19.35-36
Proverbes 11.1

Dans ces circonstances, nous comprenons pourquoi L’ÉTERNEL DIEU insistait auprès des Israélites pour qu’ils aient des mesures et des balances toujours justes, contrairement aux autres nations.

Ainsi, le sicle de poids exact a été remis en usage sous la forme du sicle sacré ou sicle du sanctuaire, divisé, d’après Ézéchiel 45.12 et Exode 30.13, en 20 guéras. La Septante traduit 20 guéras par 20 oboles. L’obole valant 0,727 gr., le poids de ce sicle est donc de 14,54 gr.

Le sicle sacré est employé pour toutes les estimations (Exode 30.23 ; 38.24, Lévitique 27.25). En dehors, il n’est mentionné que par Ézéchiel dans le passage cité plus haut.

La moitié du sicle sacré est la béka (hébreu bêqâh) de Genèse 24.28 et Exode 38.26, que nos versions rendent par demi-sicle.

Le tableau en annexe donne la valeur de chaque unité de poids en or, et le poids d’argent nécessaire à la valeur de l’or.


Mesures de capacité (voir tableau annexe)

Il y a des mesures pour les matières sèches et des mesures pour les matières liquides.

La mesure par excellence est le séah, que nos versions traduisent le plus souvent par le terme général : mesure.

L’épha de 3 séahs était employé pour les matières sèches, la mesure équivalente pour les liquides étant le bath. D’après Ézéchiel 45.11 ils sont égaux, et chacun d’eux vaut 1/10 du homer. L’épha correspond à l’artabe grec, ou métrète.

Le bath était divisé en dixièmes dont le nom nous est inconnu (Ézéchiel 45.14). L’épha et le bath étaient divisés en sixièmes (Ézéchiel 45.13) ; le 1/6 de bath s’appelait le hin. Le nom du 1/6 d’épha est inconnu.

Le homer contenait 10 éphas ou 30 séahs. Le cor (kor), même mesure pour les liquides, contenait 10 baths ; ils correspondent à 10 métrètes grecs.

Le léthek est mentionné dans Osée 3.2.

Le hin est un 1/2 séah employé pour les liquides. Dans Lévitique 19.36, la Septante traduit par khous (mesure grecque de 3,23 l.) et la Vulgate par sextarius.

Le hin était divisé en 1/2, 1/3, 1/4, 1/6, 1/12. Le 1/3 de hin était le cab ou kab, et 1/12 du log. Il y eut, dans les derniers temps, un hin sacré valant 3/4 de hin ordinaire et un grand hin de 2 hins sacrés.

L’orner (ne pas confondre avec le homer) est une mesure pour les matières sèches. Il est égal à 1/10 d’épha (Exode 16.36).

Le kab (2 Rois 6.25) est employé pour les liquides et les matières sèches. D’après Josèphe et le Talmud il vaut 1/3 de hin ou 4 sextarii. En d’autres endroits il est évalué à 6 ou 5 sextarii.

Le log (Lévitique 14.10, 12) sert à mesurer l’huile. Le Talmud l’assimile au 1/12 de hin, 1/24 de séah, 1/4 de kab.

Le nèbèl (= outre à vin) mentionné par La Septante dans Osée 3.2, à la place du léthek, est de capacité incertaine.

Sur le tableau en annexe, il y a le rapport des mesures juives entre elles. Certaines de ces mesures suivent la numération décimale ; les autres, une numération sexagésimale. Ces dernières sont la partie la plus ancienne du système. Ce tableau donne la capacité en litres des mesures juives, en prenant comme base le log = 0,505 litre ou 0,545 litre ou 0,562 litre.


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