Calvin Homme d'Église

Articles de 1537

Evoquant sur son lit de mort l'état religieux de Genève, à son arrivée en 1536, Calvin déclare : « Quand je vins premièrement en cette église, il n'y avait quasi comme rien : on prêchait et puis c'est tout... il n'y avait aucune réformation ; tout était en tumulte. » Farel et ses amis, cependant, avaient accompli une œuvre de défrichage ; mais il fallait « dresser » l'église, en lui donnant une constitution écrite.

Le projet ci-dessous, très probablement rédigé par Calvin lui-même, fut présenté au Conseil à la mi-janvier 1537 et, dans l'ensemble, fut adopté, sauf en ce qui concerne, la Cène mensuelle, puisqu'on maintint l'usage bernois de ne la célébrer que quatre fois par an ; on apporta aussi quelques corrections de détail au texte de Calvin concernant les mariages. Quant à la discipline ecclésiastique, elle ne fonctionna pas comme les ministres le désiraient : car le pouvoir civil, qui s'était arrogé tous les droits de l'évêque fugitif, n'était pas disposé à s'en dessaisir.

Les ministres de Genève au conseil de Genève
Articles baillés par les prêcheurs

Nous très honorés Seigneurs, il est certain qu'une église ne peut être dite bien ordonnée et réglée sinon en laquelle la sainte Cène de notre Seigneur est souventefois célébrée et fréquentée, et ce avec si bonne police (ordre) que nul n'ose présumer de soi y présenter sinon saintement et en singulière révérence. Et pour cette cause est nécessaire, pour bien maintenir l'église en son intégrité, la discipline de l'excommunication, par laquelle soient corrigés ceux qui ne se veulent ranger amiablement et en toute obéissance à la sainte parole de Dieu. Davantage, c'est une chose bien expédiente (profitable) à l'édification de l'église de chanter aucuns psaumes en forme d'oraisons publiques, par lesquels on fasse prières à Dieu, ou qu'on chante ses louanges, afin que les cœurs de tous soient émus et incités à former pareilles oraisons et rendre pareilles louanges et grâces à Dieu d'une même affection. Tiercement, il est fort requis et quasi nécessaire, pour conserver le peuple en pureté de doctrine, que les enfants, dès leur jeune âge soient tellement instruits, qu'ils puissent rendre raison de la foi, afin qu'on ne laisse déchoir la doctrine évangélique, mais que la sentence en soit diligemment retenue et baillée (donnée) de main en main et de père en fils. Finalement la tyrannie qu'a exercée le pape en matière de mariages et les lois iniques qu'il y a imposées font qu'il survient beaucoup de controverses, pour lesquelles vider il serait bon aviser de faire certaines ordonnances par lesquelles on eût à s'y gouverner, et quand il y adviendrait quelque différent, mettre bon ordre à les apaiser.

Or, pour le trouble et confusion qui étaient au commencement en cette ville, devant que l'Evangile y fût d'un accord reçu et reconnu, il n'a été possible de réduire tout du premier coup à bon ordre, vu que même l'ignorance du peuple ne le pouvait porter (supporter). Mais maintenant qu'il a plu au Seigneur d'un peu mieux établir ici son règne, il nous a semblé avis être bon et salutaire de conférer ensemble touchant ces choses et, après avoir avisé entre nous par la parole du Seigneur, ayant invoqué son nom et imploré l'assistance de son Esprit, quelle police (ordre) il serait bon d'y tenir ci-après, nous avons conclu de vous présenter par articles ce qu'en avons délibéré, selon la connaissance que le Seigneur nous en a donné, vous priant au nom de Dieu que votre plaisir soit ne vous épargner de votre part à faire ici ce qui est de votre office : C'est que si vous voyez notre avertissement être de la sainte parole de l'Evangile, mettez bonne diligence que ces observations soient reçues et maintenues en votre ville, puisque le Seigneur par sa bonté vous a donné cette connaissance que les ordonnances par lesquelles son Eglise est entretenue sont : qu'elle soit vraiment et le plus près que faire se peut, conformée à sa Parole, qui est la certaine règle de tout gouvernement et administration, mais principalement du gouvernement ecclésiastique.

1. — Il serait bien à désirer que la communication de la sainte Cène de Jésus-Christ fût tous les dimanches pour le moins en usage, quand l'église est assemblée en multitude, vu la grande consolation que les fidèles en reçoivent et le fruit qui en procède en toute manière, tant pour les promesses qui sont là présentées en notre foi — c'est que vraiment nous sommes faits participants du corps et du sang de Jésus, de sa mort, de sa vie, de son Esprit et de tous ses biens — que pour les exhortations qui nous y sont faites à reconnaître et à magnifier par confession de louanges les merveilleuses choses, grâces de Dieu sur nous, finalement à vivre chrétiennement, étant conjoints ensemble en bonne paix et unité fraternelle, comme membres d'un même corps. Et, de fait, elle n'a pas été instituée de Jésus pour en faire commémoration deux ou trois fois l'an, mais pour un fréquent exercice de notre foi et charité, duquel la congrégation des chrétiens eût à user quand elle serait assemblée, comme nous voyons qu'il est écrit aux Actes, 2e chap., que les disciples de notre Seigneur persévéraient en la fraction du pain, qui est l'ordonnance de la Cène. Et telle a été toujours la pratique de l'Eglise ancienne jusqu'à ce que l'abomination des messes a été introduite, en laquelle, au lieu de cette communication de tous les fidèles, a été dressé cet horrible sacrilège qu'un sacrifierait pour tous ; en quoi la Cène a été du tout détruite et abolie. Mais, pource que l'infirmité du peuple est encore telle qu'il y aurait danger que ce sacré et tant excellent mystère ne vînt en mépris, s'il était si souvent célébré, ayant égard à cela il nous a semblé bon que, en attendant que le peuple qui est encore aucunement débile sera plus confermé (affermi), cette sainte Cène soit usitée une fois chacun mois en l'un des trois lieux où se font maintenant les prédications, c'est à savoir, Saint-Pierre, Rive ou Saint-Gervais ; tellement que l'un des mois elle se fasse à Saint-Pierre, l'autre à Rive, et l'autre à Saint-Gervais, et ainsi revienne par ordre, après avoir achevé le tour. Toutefois ce ne sera pas pour un quartier de la ville, mais pour toute l'église. Et pour ce faire on élira heure commode et le dénuncera (annoncera)on partout le dimanche devant. Afin qu'il n'y ait rien de contemptible (méprisable), mais que ce haut mystère soit traité en la plus grande dignité que possible sera, il nous a semblé avis le meilleur, que les ministres de la Parole, desquels proprement l'office est d'administrer tout ce qui appartient aux mystères de Dieu, distribuent le pain et le vin, figures et sacrements du corps et du sang de notre Seigneur ; et, afin que tout se fasse en honnêteté et sans tumulte ni insolence, nous avons proposé de faire notre devoir à remontrer et avertir quel ordre le peuple y devra tenir et admonester un chacun d'éviter confusion et vous supplier de pourvoir par le moyen que verrez expédient, qu'il y ait bonne conduite, vu que saint Paul nous commande tant d'y venir en singulière révérence.

Mais le principal ordre qui est requis et duquel il convient avoir la plus grande sollicitude, c'est que cette sainte Cène, ordonnée et instituée pour conjoindre les membres de notre Seigneur Jésus-Christ avec leur chef,et entre eux-mêmes en un corps et un esprit, ne soit souillée et contaminée, si ceux qui se déclarent et manifestent par leur méchante et inique vie n'appartenir nullement à Jésus viennent à y communiquer ; car en cette profanation de son sacrement notre Seigneur est grandement déshonoré. Pourtant il nous faut donner de garde que cette pollution, qui redunde (rejaillit) tellement au déshonneur de Dieu, ne soit vue entre nous par notre négligence, vu que saint Paul dénunce (annonce) une si grosse vengeance sur ceux qui traiteront ce sacrement indignement. Il faut donc que ceux qui,ont la puissance de faire cette police mettent ordre que, ceux qui viennent à cette communication soient comme approuvés membres de Jésus-Christ.

Pour cette cause, notre Seigneur a mis en son Eglise la correction et discipline d'excommunication, par laquelle il a voulu que ceux qui seraient de vie désordonnée et indigne d'un chrétien et qui mépriseraient, après avoir été admonestés, de venir à amendement et se réduire à la droite voie, fussent déjetés (rejetés) du corps de l'église et, quasi comme membres pourris, coupés jusqu'à ce qu'ils revinssent à résipiscence (repentance), reconnaissant leur faute et pauvreté. Cette manière de correction a été commandée du Seigneur à son Eglise, au 18e de saint Matthieu. Nous en devons donc user, si nous ne méprisons le commandement qui nous en est donné. Nous en avons l'exemple en saint Paul (1 Tim. 1 et 1 Cor. 5), avec griève dénunciation (grave avertissement) que nous n'ayons à hanter aucunement avec ceux qui se diront chrétiens et néanmoins seront notoirement paillards, avaricieux, idolâtres, maldisants ou ivrognes, adonnés à rapines. Pourtant, s'il y a quelque crainte en nous de Dieu, il faut que cette ordonnance ait lieu en notre église. Encore les raisons mêmes sur quoi elle est fondée et les fruits qui en proviennent nous devraient émouvoir à en user, quand il n'y aurait pas si exprès commandement : C'est premièrement que Jésus-Christ n'est pas blasphémé et déshonoré, comme si son Eglise était une conjuration de gens pervers et dissolus en tous vices. Secondement, que ceux qui reçoivent telle correction, ayant honte et confusion de leur péché, viennent à se reconnaître et s'amender, Tiercement, que les autres ne sont pas corrompus et pervertis de leur conversation, mais plutôt par leur exemple sont avertis de ne choir (tomber) en pareilles fautes.

Cette usance (usage) et pratique a duré anciennement quelque temps en l'Eglise avec singulière utilité et avancement de la chrétienté, jusqu'à ce qu'aucuns méchants évêques, ou plutôt brigands tenant place d'évêques, l'ont tournée en tyrannie et en ont abusé à leurs,mauvaises cupidités, tellement que c'est aujourd'hui l'une des choses [les] plus pernicieuses et maudites qu'on voie au royaume du pape que l'excommunication, combien que ce soit une des choses des plus profitables et salutaires qu'ait données notre Seigneur à son Eglise. Or cette faute est advenue parce que les pseudo-évêques ont ravi à l'assemblée des fidèles et tiré à eux la connaissance et puissance d'excommunier, laquelle véritablement ne leur appartenait pas par la Parole ; et après avoir usurpé cette domination, ils l'ont convertie en toute perversité. Après donc avoir considéré qu'une église ne peut consister en son vrai état sans garder cette ordonnance du Seigneur, et qu'il serait fort à craindre que le contemnement (mépris) ne fût puni par une grande vengeance de Dieu, il nous a semblé avis être expédient qu'elle fût remise sus en l'église et exercée selon la règle que nous en avons en l'Ecriture, et néanmoins qu'on mît d'autre part bon ordre de ne tomber en inconvénient de la dépraver et corrompre par mauvais usage.

Et, pour ce faire, nous avons délibéré requérir (réclamer) de vous que votre plaisir soit ordonner et élire certaines personnes de bonne vie et de bon témoignage entre tous les fidèles, pareillement de bonne constance, et qui ne soient point aisés à corrompre, lesquels étant départis (répartis) et distribués en tous les quartiers de la ville, ayant l'œil sur la vie et gouvernement d'un chacun ; et s'ils voient quelque notable vice à reprendre en quelque personne, qu'ils en communiquent avec quelqu'un des ministres pour admonester quiconque sera en faute et l'exhorter fraternellement de se corriger. Et si on voit que telles remontrances ne profitent rien, l'avertir qu'on signifiera à l'église son obstination ; et lors, s'il se reconnaît (repent), voilà déjà un grand profit de cette discipline. S'il n'y veut entendre, il sera temps que le ministre, étant avoué (approuvé) de ceux qui auront cette charge, dénonce publiquement en l'assemblée le devoir qu'on aura fait de le retirer à amendement et comment tout cela n'a rien profité.

Adoncques (alors) on connaîtra s'il veut persévérer en la dureté de son cœur, et lors sera temps de l'excommunier, c'est à savoir qu'il soit tenu comme rejeté de la compagnie des chrétiens et laissé en la puissance du diable pour une confusion temporelle, jusqu'à ce qu'il donne bonne apparence de sa pénitence et amendement ; et, en signe de cela, qu'il soit rejeté de la communion de la Cène, et qu'il soit dénoncé aux autres fidèles de ne converser point familièrement avec lui ; toutefois, qu'il ne laisse point de venir aux prédications pour recevoir toujours doctrine, afin d'éprouver toujours s'il plaira au Seigneur lui toucher le cœur pour retourner en bonne voie. Les vices qui seront à corriger en cette manière sont ceux que vous avez ouï par avant nommés de saint Paul, et tels semblables. Quand quelques autres, comme voisins ou parents, auraient connaissance des vices, premier (avant) que les dits députés s'en aperçussent, ils en pourraient eux-mêmes faire la remontrance, et quand ils connaîtraient n'y faire par eux aucun profit, ils auraient à en avertir iceux députés pour procéder en leur office.

Voilà comment il nous semble un bon moyen de réduire l'excommunication en notre église et l'entretenir en son entier. Et outre cette correction l'église n'a point à procéder. Mais, s'il y en avait de si insolents et abandonnés à toute perversité qu'ils ne se fissent que rire d'être excommuniés et ne se souciassent de vivre et mourir en telle réjection, ce sera à vous à regarder si vous aurez à souffrir à la longue et laisser impuni un tel contemnement (mépris) et une telle moquerie de Dieu et de son Evangile.

1 bis. — Davantage, pource qu'il y a grandes suspicions et quasi apparences évidentes qu'il y a encore plusieurs habitants en cette ville qui ne se sont aucunement rangés à l'Evangile, mais y contredisent tant qu'ils peuvent, nourrissant en leur cœur toutes les superstitions contrepétantes (luttant) contre la parole de Dieu, ce serait une chose bien expédiente de commencer premièrement à connaître ceux qui se veulent avouer de l'église de Jésus-Christ ou non. Car s'il est besoin de même rejeter par excommunication de notre assemblée ceux qui vraiment et à juste cause auraient par avant été tenus comme membres d'icelle, combien plus est-il nécessaire de discerner lesquels on doit recevoir pour membres ou lesquels on ne doit accepter. Secondement, il est certain qu'il n'y a nulle plus grande division que de la foi, et pourtant si ceux qui conviennent (s'accordent) en foi avec nous, seulement pour leurs vices doivent être excommuniés, par plus forte raison ceux ne doivent être tolérés en l'église qui sont du tout contraires à nous en religion. Le remède donc qu'avons pensé à ceci est de vous supplier que tous les habitants de votre ville aient à faire confession et rendre raison de leur foi, pour connaître lesquels accordent à l'Evangile et lesquels aiment mieux être du royaume du pape que du royaume de Jésus-Christ. Ce serait donc un acte de magistrats chrétiens si vous, Messieurs du Conseil, chacun pour soi, faisiez en votre Conseil confession, par laquelle on entendît que la doctrine de votre foi est vraiment celle par laquelle tous les fidèles sont unis en une église ; car par votre exemple vous montreriez ce qu'un chacun aurait à faire en vous suivant ; et après, ordonniez aucuns de votre compagnie, qui, étant adjoints avec quelque ministre, requissent un chacun de faire de même, et cela serait seulement pour cette fois, pourtant que (puisque) on n'a point encore discerné quelle doctrine un chacun tient, qui est le droit commencement d'une église.

2. — L'autre part est des psaumes, que nous désirons être chantés en l'église, comme nous en avons l'exemple en l'église ancienne et même le témoignage de saint Paul, qui dit être bon de chanter en la congrégation de bouche et de cœur. Nous ne pouvons concevoir l'avancement et édification qui en procédera, sinon après l'avoir expérimenté. Certes, comme nous faisons, les oraisons des fidèles sont si froides que cela nous doit tourner à grand' honte et confusion. Les psaumes nous pourront inciter à élever nos cœurs à Dieu et nous émouvoir à une ardeur tant de l'invoquer que d'exalter par louanges la gloire de son Nom. Outre, par cela on pourra connaître de quel bien et de quelle consolation le pape et les siens ont privé l'Eglise, quand ils ont appliqué les psaumes, qui doivent être vrais chants spirituels, à murmurer entre eux sans aucune intelligence.

La manière d'y procéder nous a semblé avis bonne, si aucuns enfants, auxquels on ait auparavant recordé (enseigné Par cœur), un chant modeste et ecclésiastique, chantent à haute voix et distincte, le peuple écoutant en toute attention et suivant de cœur ce qui est chanté de bouche, jusqu'à ce que petit à petit un chacun s'accoutumera à chanter communément. Mais, afin d'éviter toute confusion, il serait besoin que vous ne permettiez qu'aucun par son insolence, pour avoir en irrision (dérision) la sainte congrégation, vienne à troubler l'ordre qui y sera mis.

3. — Le 3e article est de l'instruction des enfants, lesquels sans doute doivent à l'église une confession de leur foi. Pour cette cause, anciennement on avait certain catéchisme pour instituer (instruire) un chacun aux fondements de la religion chrétienne et qui était comme un formulaire de témoignage dont un chacun usait pour déclarer sa,chrétienté, et nommément les enfants étaient enseignés de ce catéchisme pour venir testifier (témoigner) à l'église leur foi, dont ils n'avaient pu rendre témoignage à leur baptême. Car nous voyons que l'Ecriture nous a conjoint toujours la confession avec la foi et nous dit que si nous,croyons véritablement de cœur à justice, qu'il nous faut confesser de bouche à salut ce que nous avons cru. Or, si cette ordonnance a jamais été propre et convenable,,elle est maintenant plus que nécessaire, vu le mépris de la parole de Dieu que nous voyons en la plupart et la négligence des parents à instruire leurs enfants en la voie de Dieu, dont on voit une merveilleuse (étonnante) rudesse et ignorance en beaucoup, laquelle n'est aucunement tolérable en l'église de Dieu.

L'ordre que nous avons avisé d'y mettre, c'est qu'il y ait une brève somme (résumé) et facile de la foi chrétienne, laquelle soit apprise à tous les enfants, et que, certaines saisons de l'année, ils viennent par devant les ministres pour être interrogés et examinés et recevoir plus ample déclaration, selon qu'il sera besoin à la capacité d'un chacun d'eux, jusqu'à ce qu'on les ait approuvés, être suffisamment instruits. Mais que votre plaisir soit faire commandement aux parents de mettre peine et diligence que leurs enfants apprennent icelle somme et qu'ils se présentent aux ministres aux temps qu'il sera dit.

4. — Finalement, pource que le pape a tant brouillé les causes de mariage en faisant degrés à son plaisir, déterminant des divorces iniquement et contre toute raison, qu'il est requis et nécessaire de vider les controverses qui en sont ensuivies bien souvent par la parole de Dieu, nous avons délibéré vous supplier, pour avoir la chose plus certaine, que vous donniez la charge et commission à certaines personnes de votre compagnie de juger et décider toutes causes qui en viendront en avant, adjoignant avec eux quelques ministres pour les mieux informer de ce qui sera de faire selon la parole de Dieu ; lesquels commissaires, avec le conseil des dits ministres, feront premièrement ordonnances des cas survenant communément, selon lesquelles ils auront à juger. Ce néanmoins après vous les avoir présentées pour être approuvées de par vous, devant que de procéder en avant.

Maintenant, nous, très-honorés Seigneurs, nous vous supplions affectueusement, tous d'un accord, et prions au nom de Dieu, si vous voyez que ces avertissements et exhortations soient vraiment de la parole de Dieu, ne les prendre point comme de nous, mais comme de Celui dont elles procèdent ; pareillement, considérer de quelle importance et conséquence elles sont à entretenir en son état l'honneur de Dieu et conserver l'église en son entier : lesquelles considérations feront que ne vous épargnerez à mettre en exécution diligemment ce que verrez non-seulement être de votre office, mais aussi tant nécessaire à entretenir votre peuple en bonne police (ordre). Et ne vous doit émouvoir la difficulté qu'aucun pourrait alléguer être en ces choses 1 car nous devons avoir cette espérance, quand nous nous offrons de suivre ce qui nous a été ordonné de Dieu, que de sa bonté il fera prospérer et conduira à bonne fin notre entreprise, comme vous-mêmes avez assez expérimenté jusqu'ici en tous les affaires où le Seigneur vous a fait cette grâce de chercher sa gloire. Il vous assiste par sa puissance pour mener tout à bonne issue !

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