Dialogue avec Tryphon

XXXIV

1 Mais je veux vous prouver que vous n’entendez en aucune manière les divines Écritures. L’Esprit saint a dicté au roi-prophète un autre psaume, qui ne peut encore s’entendre que du Christ, et dont vous voulez faire l’application à Salomon, qui fut aussi un de vos rois. Il suffit de l’équivoque d’un mot pour vous faire illusion. Parce qu’on y lit celui-ci : « La loi pure du Seigneur, » à l’instant vous croyez qu’il s’agit non de la loi donnée après Moïse, mais de la loi publiée par le ministère de ce législateur, bien que dans ce psaume Dieu vous déclare qu’il donnera une loi nouvelle, un testament nouveau. 2 Et parce que vous usez ensuite ces mots : Donnez votre jugement au roi, comme en effet Salomon fut roi, vous voulez que ce psaume le concerne, lors même que les paroles font entendre si clairement qu’il s’agit d’un roi dont le règne sera éternel, ce qui ne peut s’entendre que du Christ. Car le Christ est ici annoncé avec tous les traits qui le caractérisent, c’est-à-dire et comme rai, et comme prêtre, et comme Dieu, Seigneur, ange, homme, chef d’armée, comme pierre angulaire, comme enfant qui naît, comme homme de douleurs, puis retournant au ciel, venant ensuite avec gloire, et possédant l’empire éternel, 3 ainsi que je vous le prouve d’après toutes les Écritures. Mais pour mieux me faire comprendre, je vais vous citer le psaume tout entier : « Seigneur, donnez au roi votre jugement, et au fils du roi votre justice. Il jugera votre peuple dans la justice et les pauvres dans l’équité. Les montagnes produiront la paix au peuple, et les collines la justice ; il jugera les pauvres d’entre le peuple, il sauvera les fils du pauvre, il brisera l’oppresseur. Il sera craint autant que dureront le soleil et la lune pendant le cours des générations ; il descendra comme la pluie sur l’herbe nouvellement coupée, comme toi gouttes de la rosée sur la terre. 4 La justice se lèvera en ces jours, et l’abondance et la paix ; et leur durée égalera celle des astres dans le ciel ; il dominera de la mer jusqu’à la mer, des fleuves jusqu’aux extrémités de la terre ; les habitants du désert se prosterneront devant lui, et ses ennemis baiseront la poussière de ses pieds. Les rois de Tarse et les nés lointaines lui apporteront des présents, les princes de l’Arabie et de Saba lui apporteront des offrandes, tous les rois de la terre l’adoreront, et les nations lui seront assujetties, parce qu’il arrachera le pauvre des mains du puissant, le pauvre qui n’avait point d’appui ; 5 il sera bon au pauvre et à l’indigent, il sauvera les âmes des pauvres. Il les délivrera de l’usure et des violences, leur sang sera précieux devant loi ; il vivra, et l’or de l’Arabie lui sera donné. Il sera l’objet de tous les vœux, on le bénira à jamais. Il sera affermi sur la terre, il s’élèvera sur le haut des montagnes ; et les fruits croîtront, ils se multiplieront au sein des villes comme l’herbe de la prairie. 6 Son nom sera béni dans tous les siècles, son nom dorera autant que le soleil ; toutes les nations de la terre seront bénies en lui, toutes les nations le glorifieront. Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui seul opère les merveilles ! Béni soit à jamais le nom de sa gloire ! toute la terre sera remplie de sa majesté ! Qu’il soit ainsi, qu’il soit ainsi ! ». A la fin de ce psaume, on lit ces paroles : « Ici finissent les hymnes de David, fils de Jessé. »

7 Je conviens avec vous que Salomon fut un grand roi, qu’il a jeté un grand éclat, que sous lui fut bâti ce superbe édifice que vous appelez le temple de Jérusalem. Mais il est évident qu’on ne peut loi appliquer aucune des paroles de ce psaume. Tout l’univers l’a-t-il adoré ? A-t-il étendu son empire jusqu’aux extrémités de la terre ? Tous ses ennemis se sont-ils prosternés devant lui ? Les rois sont-ils venus baiser la poussière de ses pieds ? 8 Permettez-moi de rapporter ce qu’il est dit de lui dans le livre des Rois. N’y lisez-vous pas que, pour plaire à une femme qu’il aimait, il adora les dieux de Sidon ? Et voilà ce qu’on ne verra jamais faire à ceux des gentils auxquels Jésus-Christ a fait connaître le Dieu créateur de l’univers : ils endureraient plutôt toutes les tortures, tous les supplices et jusqu’à la mort la plus cruelle, que de fléchir le genou devant les faux dieux, que de manger seulement des viandes offertes aux idoles.

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