Dialogue avec Tryphon

L

1 – On voit bien, me dit Tryphon, que vous avez une longue habitude de la controverse, et qu’il vous est souvent arrivé de discuter avec toutes sortes de personnes et sur toutes sortes de sujets. Voilà pourquoi vous êtes toujours prêt à répondre.

Mais dites-moi donc comment vous pourriez prouver qu’il existe un autre Dieu que le Dieu créateur de toutes choses. Vous essayeriez ensuite de me démontrer comment il a pu s’abaisser jusqu’à naître d’une vierge et se faire homme comme nous.

2 – Très volontiers, lui dis-je ; mais permettez-moi de vous citer d’abord les paroles d’Isaïe sur la fonction de précurseur que le prophète Jean-Baptiste a remplie parmi vous avant la venue de Jésus-Christ.

— Je vous écoute, me dit-il.

3 Voici comment Isaïe parle de la mission de Jean, qui précéda le Christ : Ezéchias dit à Isaïe : « La parole du Seigneur est juste ; que la vérité et la paix subsistent pendant mon règne. Console-toi, console-toi, mon peuple, dit le Seigneur ton Dieu. Prêtres, parlez au cœur de Jérusalem, et appelez-la par son nom ; ses maux sont finis, son iniquité lui est pardonnée, elle a reçu du Seigneur des grâces qui surpassent ses crimes. On entend la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur, rendez droits les sentiers. Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline sera abaissée, les chemins tortueux seront redressés, ceux qui étaient raboteux seront aplanis ; la gloire du Seigneur sera révélée, le Seigneur va parler, toute la terre verra le Sauveur. 4 Une voix m’ordonne de crier, et j’ai répondu : Que dirai-je par mes cris ? Tous les mortels ne sont que de l’herbe et toute leur beauté ressemble à la fleur des champs. Le Seigneur a répandu un souffle brûlant ; l’herbe de la prairie s’est desséchée, la fleur est tombée. Oui, les peuples sont comme l’herbe de la prairie. L’herbe sèche, la fleur tombe, mais la parole de notre Dieu subsiste dans l’éternité. Montez sur le sommet de la montagne, vous qui évangélisez Sion ; criez encore plus haut, ne craignez pas ; dites aux villes de Juda : Voici votre Dieu ! et voilà que le Seigneur paraît revêtu de force ; son bras signale sa puissance ; le prix de sa victoire est en ses mains, ses œuvres le précèdent et l’annoncent. Il gouverne ses troupeaux comme un pasteur vigilant ; il rassemble ses agneaux, il les presse dans ses bras, il les réchauffe sur son sein ; il porte lui-même les brebis pleines. 5 Qui a mesuré les eaux dans le creux de sa main, et qui, la tenant étendue, a pesé les cieux ? Qui a soutenu de trois doigts la masse de la terre ? qui a mis les collines en équilibre ? Qui a aidé l’esprit du Seigneur ? Qui est entré dans son conseil ? Qui l’a conduit ? Qui a-t-il consulté ? Qui l’a instruit ? Qui lui a enseigné les voies de la justice ? De qui tient-il la science ? Qui lui a ouvert les routes de la sagesse ? Les nations sont devant lui comme une goutte d’eau dans un vase d’airain, un grain de sable dans une balance ; les îles sont comme la poudre légère. Le Liban et ses forêts ne suffiraient pas au feu de ses autels. Tous les animaux de la terre ne suffiraient point un sacrifice digne de lui. Tous les peuples sont devant lui comme s’ils n’étaient pas. »

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