Explication du Psaume 51

§ 65. Dans la Nouvelle Alliance nous n’avons qu’un sacrifice.

La Nouvelle Alliance est toute autre chose ; ici, le Père n’est point adoré ou sur cette montagne ou à Jérusalem seulement, mais en tout lieu : il est adoré en esprit et en vérité. D’ailleurs tous les sacrifices sont consommés dans l’unique sacrifice de Jésus ; et dans la Cène ce n’est pas le sacrifice même que nous y célébrons, mais une mémoire de ce sacrifice une fois fait, et nous y distribuons aux fidèles, les choses que Jésus a sacrifiées pour nous. Maintenant nous n’avons plus besoin de consacrer les temples, les vases et les ustensiles, parce que non seulement nous n’en avons point de commandement dans la Parole de Dieu, mais même que la raison pour laquelle cela se faisait sous la Loi n’existe plus.

Notre Psaume donc parle des aspersions et des purifications mosaïques, et il assure qu’elles ne sont point suffisantes pour justifier ; mais il cherche et il demande une purification qui ne se fasse point avec de l’hysope et avec de l’eau de purification, mais par la miséricorde de Dieu pardonnant les péchés. Cette doctrine a de tout temps scandalisé bien des gens ; car les prédications et les sermons des prophètes nous apprennent quel attachement insensé les Juifs avaient pour les sacrifices, qu’ils voulaient absolument considérer comme le moyen d’expier le péché. C’est pourquoi dans le temps même que le service de Dieu était encore dans sa plus belle fleur, les prophètes prêchaient fortement contre les sacrifices, Dieu protestant par leurs bouches que ces sacrifices qu’il avait établis lui-même n’étaient point le service qu’il voulait et demandait (Esaïe ch. 1 ; Psaumes 50) ; parce qu’ils n’étaient pas institués de Dieu dans la vue d’expier le péché, parce que cela était réservé au seul sacrifice propitiatoire du Messie ; mais ils étaient établis premièrement pour être une marque par laquelle ce peuple fût distingué des autres peuples du monde, et que le peuple dont devait naître le Rédempteur fût connu ; et secondement afin que ce peuple eut quelqu’exercice ordonné de Dieu et qu’il ne se forgeât point à sa fantaisie des cultes et des services extérieurs, parce que la nature de l’homme aime à voir et ne saurait être sans quelque chose de sensible et de visible ; quand elle n’a point de cérémonie établie de Dieu par la Parole, elle en invente et elle s’en forge, comme le prouve assez l’exemple des païens et des papistes.

Quand donc les Juifs avaient sacrifié dans le lieu ordonné et de la manière commandée, ils étaient assurés qu’ils avaient rendu leur culte extérieur selon que Dieu l’avait établi : mais le service extérieur ne sert de rien au salut. Il fallait donc un autre culte ; savoir, le véritable culte intérieur qui était la foi au Messie à venir et en la semence bénie qui avait été promise ; c’était le culte qui était agréable à Dieu, et qui était nécessaire au salut. Or, la plus grande partie de ce peuple négligeant ce véritable culte du cœur et de la foi, s’attachait aux sacrifices et voulait être sauvé par eux. C’est contre ces opinions fausses que les prophètes criaient, et condamnaient le culte extérieur que l’intérieur n’accompagnait point ; et ils montraient au peuple comment avant toute chose il fallait croire à cette semence promise, et de quelle manière il fallait aussi rendre ces cultes extérieurs et ordonnés de Dieu. C’est pourquoi notre Prophète mettant ici à part et rejetant même toutes ces aspersions légales, en cherche une meilleure et demande à Dieu une autre hysope : sans doute qu’ici ceux qui l’entendaient ou qui l’auraient entendu, n’auraient pas manqué de lui dire ou de penser : Que demandez-vous ? Vous voulez être lavé et nettoyé, pourquoi ne vous servez-vous pas des aspersions et des purifications ordonnées de Dieu par Moïse ? Les méprisez-vous et les regardez-vous comme inutiles ? Pourquoi donc Dieu les a-t-il établies ? Car ce n’est pas Moïse, mais Dieu par Moïse qui nous les a données. Mais pourtant David ne craint pas de confesser et de témoigner publiquement, que ces purifications sont inutiles et même souillées, si quelqu’un y cherche et prétend y trouver la purification de sa conscience et de son cœur. Il ne nie pas qu’elles ne puissent purifier les habits, les vases, etc., afin que le peuple vive aussi dans une sainteté extérieure, mais pour la purification du cœur et la sanctification de la conscience, il faut une autre aspersion.

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