La Puissance d'en Haut

1. LA PUISSANCE. D'OU VIENT-ELLE ?

Le privilège le plus grand et le plus puissant que possède l'Eglise de Dieu en ce monde, c'est la présence au milieu d'elle du Saint-Esprit ; l'œuvre de cet Esprit manifeste le mieux les preuves du christianisme. On dit que les miracles ont cessé, mais le Saint-Esprit est un miracle permanent dans l'Église. Je ne veux rien dire contre les hommes de science qui défendent la religion par le moyen de preuves extérieures ; ils rendent un bon service, et je leur souhaite toutes sortes de bénédictions. Mais quant à ma propre âme, je puis affirmer qu'elle n'a jamais été raffermie dans sa foi par toutes les démonstrations tirées de l'histoire ou d'ailleurs. Le Saint-Esprit a enlevé le fardeau de dessus mes épaules et m'a donné la paix et la liberté. Voilà pour moi l'évidence. Les preuves extérieures, nous pouvons les indiquer aux autres cependant, pour Pierre et Jean c'était assez que le peuple rassemblé vit l'impotent guéri, sans qu'ils sentissent le besoin d'expliquer qu'ils étaient des envoyés de Dieu. C.-H. SPURGEON.

« Vous recevrez la puissance du Saint-Esprit qui viendra sur vous. » (Ac 1.8)

« Si l'âme n'est pas vivifiée par une force divine, toutes les cérémonies les plus grandioses du culte ne sont pour elle que les mouvements que le galvanisme imprime à un cadavre. »

Je cite cette parole d'un écrivain inconnu, parce qu'elle me fait entrer sans préambule dans mon sujet. Qu'est-ce qu'être vivifié ? Qu'est cette puissance dont nous avons besoin ? D'où procède-t-elle ? Je réponds en nommant l'Esprit de Dieu. Je crois au Saint-Esprit, comme s'exprime le symbole des apôtres.

Quelqu'un a fort bien dit encore :

« Que sont nos âmes sans la grâce ? une branche morte, où la sève ne circule pas. Qu'est l'Eglise sans elle ? un sol aussi aride et nu qu'un champ sur lequel ne tombe ni rosée ni pluie. »

On s'est beaucoup occupé dernièrement du Saint-Esprit, et des milliers ont étudié ce grand sujet. J'espère que nos recherches nous disposeront à demander une plus complète manifestation de sa puissance sur l'Église. Nous l'avons déshonoré, nous avons méconnu son amour et sa présence. Nous avons entendu parler de lui, sans avoir compris ses attributs, son œuvre et ses rapports avec nous. Je crains que pour bien des chrétiens de profession, son existence ne soit pas une réalité actuelle, ni qu'il ne leur soit connu comme l'une des trois personnes de la Trinité.

Le Saint-Esprit communique d'abord la vie, une vie spirituelle. Il la donne, et il la maintient. Là où n'est pas cette vie, il ne saurait, y avoir de puissance ; comme le dit Salomon: « Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort. » Mais quand l'Esprit a produit la vie, il ne la laisse pas défaillir et mourir, car il en entretient constamment la flamme. Il demeure avec nous et nous n'ignorons ni sa puissance, ni son action.

PERSONNALITÉ ET IDENTITÉ

Nous lisons dans 1Jean 5.7 : « Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit ; et ces trois là sont un. » Le Père est la première personne, Christ la seconde, et l'Esprit uni au Père et au Fils pour accomplir parfaitement sa propre œuvre, est la troisième. Ma Bible m'enseigne clairement que le Dieu qui réclame mon amour, mon service et mon adoration s'est révélé ainsi lui-même, et qu'une personnalité distincte est attachée au Père, comme au Fils et à l'Esprit. C'est pour cela que Dieu a certains attributs comme Père, il en a d'autres comme Sauveur, et d'autres encore comme Consolateur et Docteur. Les plans formés par le Père sont exécutés par le Fils et appliqués par l'Esprit. Je crois aussi qu'ils ont fait le plan ensemble et l'exécutent de concert.

Les trois personnes sont indiquées dans l'Ecriture comme étant distinctes. Dans Matthieu 3.15,17, nous voyons Jésus qui se soumet à être baptisé, le SAINT-ESPRIT qui descend sur lui, et la voix du PÈRE qui approuve, disant : « C'est ici mon fils bien-aimé. » Jésus dit ensuite dans Jean 14.16 : « Je prierai mon Père qui vous donnera un autre Consolateur. » C'est aussi par Christ, que les Juifs et les gentils ont accès auprès du Père dans un même Esprit. (Eph 2.18.) Les trois personnes de la Trinité sont donc distinctes et inséparablement unies. Ces textes, et d'autres encore, nous montrent l'identité et l'existence actuelle du Saint-Esprit.

Si l'on me demande : Comprenez-vous cette doctrine de l'Ecriture ? je répondrai que non mais ma foi s'incline devant la Parole inspirée, et je crois pleinement les grandes choses que Dieu m'y révèle, même quand ma raison est aveugle et mon intelligence confondue.

La Parole nous enseigne d'abord, puis le Saint-Esprit accomplit dans nos âmes une œuvre précieuse et nous fait sentir sa présence. C'est par lui que nous « naissons de nouveau » et possédons une puissance surhumaine. Il a inspiré les prophètes, qualifié les apôtres et il vivifie, conduit et console les vrais croyants. Ceux-ci éprouvent que sa personnalité est une réalité mieux démontrée que toutes les théories scientifiques. Ces théories basées sur l'observation fluctuent nécessairement, tandis que l'existence de l'Esprit de Dieu nous est d'abord révélée dans l'Écriture, puis elle devient pour nous un fait d'expérience intime.

Quelques sceptiques affirment que la force physique est l'unique énergie vitale dans le monde, tandis que des milliers de milliers qui ne peuvent se tromper, ont reçu une vie spirituelle par une puissance qui n'est ni matérielle ni mentale. Des hommes morts dans leurs péchés, des ivrognes qui avaient perdu l'énergie de leur volonté, des blasphémateurs, des débauchés sans moralité, des incrédules qui mettent leur gloire dans ce qui est leur confusion, ont senti la puissance du Saint-Esprit et marchent noblement comme des chrétiens devant tous, séparés par une infinie distance de leur vie précédente. Que d'autres méconnaissent à leurs risques et périls cette impérissable vérité ! quant à moi, je crois toujours davantage qu'une puissance créatrice, divine et miraculeuse, réside dans le Saint-Esprit. C'est lui qui gouverne et édifie l'Eglise, en parfaite harmonie avec les lois naturelles qu'il domine, avec la création et la providence ; il accomplit un ministère de vie plus glorieux que celui de la loi. (2Co 3.6-10.) Comme le Fils, il est éternel et possède la vie en lui-même ; il peut donc agir d'après les conseils de sa propre volonté, et pour la gloire de la Trinité de Dieu.

Il a les traits distinctifs d'une personne, le pouvoir de comprendre, de vouloir, d'agir, d'appeler, de sentir d'aimer. Une simple influence ne possède point ces choses-là. Ses attributs et ses actes ne peuvent provenir d'un agent mécanique ou d'une pure influence.

L'AGENT ET L'INSTRUMENT

« C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. » (Jean 6.63.) Ceci nous montre que la proclamation de l'Evangile est liée intimement avec l'action de l'Esprit; si celui-ci ne l'accompagne pas de sa puissance, elle est vaine, et le langage persuasif de l'éloquence humaine n'est dans ce cas qu'un piège mortel. Le prophète pouvait prêcher aux os secs, mais le souffle d'en haut devait seul les animer. (Eze 37.9.)

Dans 1Pi 3.18 nous lisons : « Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu, étant mort selon la chair, mais ayant été vivifié par l'Esprit. »

Nous voyons donc que le même puissant Esprit qui a ressuscité le corps de Jésus, ressuscitera nos âmes mortes, et leur rendra la vie ; aucune autre puissance sur la terre ne peut opérer une pareille transformation. Et si nous désirons que nos amis encore ensevelis dans leurs péchés y aient part, regardons à Dieu et non à l'homme pour obtenir le réveil de leurs âmes. Si nous comptons pour cette œuvre sur les pasteurs ou sur les chrétiens : nous serons déçus ; mais si nous attendons tout de la puissance de l'Esprit de Dieu, nous honorerons cet Esprit, et il fera lui même le travail.

LE SECRET DU SUCCÈS

Je crois qu'un grand nombre de chrétiens désirent de voir plus de résultats dans l'œuvre qu'ils accomplissent pour le Seigneur. Notre but est de montrer à ceux qui ont ce désir de quelle source ils doivent attendre la puissance. Jésus a dit à ses disciples en les quittant : « Allez donc, et instruisez toutes les nations : les baptisant au nom du  Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Mat 28.19.) Ici le Fils et l'Esprit sont égaux au Père, un avec lui. Jésus donne une dernière mission à ses disciples ; il va les laisser, car son œuvre est terminée sur la terre, et il est prêt à s'asseoir à la droite de Dieu. « Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre » leur dit-il. Toute puissance ! Il la possède donc. S'il n'eût été qu'un simple homme comme quelques-uns le prétendent c'eût été un blasphème de se faire ainsi égal au Père. Je vois ici trois choses ; la TOUTE-PUISSANCE lui est donnée. Les disciples doivent ENSEIGNER TOUTES LES NATIONS ; leur enseigner quoi ? à OBSERVER TOUTES LES CHOSES ORDONNÉES.

Bien des gens n'observent que ce qui leur plaît à l'égard de Christ et laissent de côté ce qui les embarrasse. Mais Jésus dit aux siens d'enseigner à toutes les nations à observer tout ce qu'il leur avait commandé. Et quel droit a un envoyé de modifier son message ? Si je charge mon serviteur d'un message, et qu'il ne le trouve pas de son goût, — un peu trop rude peut-être — et qu'il y fasse quelque changement, je renverrai promptement ce serviteur. De même, lorsqu'un ambassadeur de Christ modifie son message parce qu'il s'imagine qu'il n'est pas exactement ce qu'il doit être, se croyant ainsi plus sage que Dieu, Dieu démettra cet homme de ses fonctions.

Plusieurs des messagers de Christ n'ont pas enseigné « toutes choses. » Ils en ont omis quelques-unes parce qu'elles ne s'accordaient pas avec leur raison. Mais nous devons prendre la Parole de Dieu telle qu'elle est, car nous n'avons aucune autorité pour en retrancher ce qui ne nous plaît pas, ou ce qui ne nous parait pas convenable, pour nous laisser conduire par notre raison remplie de ténèbres.

C'est l'œuvre de l'Esprit de toucher nos cœurs, et d'y faire pénétrer la Parole ; son office est de prendre ce qui est de Christ et de nous le révéler.

Quelques-uns se figurent que cet Esprit n'a été manifesté que durant la dispensation présente, et qu'il n'agissait pas avant que Christ eût été glorifié. Mais il est dit du vieillard Siméon qu'il vint dans le temple amené par l'Esprit de Dieu et que cet Esprit lui a révélé qu'il ne mourrait point sans avoir vu le Christ. « Les saints hommes de Dieu étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé, » dit Pierre. Nous le retrouvons dans la Genèse comme dans l'Apocalypse ; il a conduit la main qui écrivit l'Exode et inspiré plus tard les épîtres ; c'est lui qui parle d'un bout à l'autre de la Bible.

SA PERSONNALITÉ

J'étais converti bien longtemps avant de savoir que l'Esprit saint était une personne. De nos jours encore un grand nombre ne paraissent pas l'avoir compris ; mais, si vous étudiez votre Bible, vous trouverez que le Sauveur a toujours parlé du Saint-Esprit comme étant une personne et jamais une simple influence. Il en est qui le considèrent comme un attribut de Dieu tel que sa miséricorde, par exemple, ou une vertu venant de lui. Mais Christ dit : « Je prierai mon Père qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous. » (Jea 14.16.) Et encore au verset 17 : « Savoir l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous, et qu'il sera en vous. » (Jea 14.17) Et plus loin: il est dit au verset 25 : « Mais le Consolateur: qui est le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom: vous enseignera toutes choses, et vous remettra en mémoire toutes celles que je vous ai dites. » (Jea 14.25)

Remarquez les mots il et lui. Je désire appeler votre attention sur ce fait que Jésus parle du Saint-Esprit comme étant une personne et non une influence ; honorons-le donc comme une part de la divine Trinité.

DE LUI PROCÈDE L'AMOUR

Le premier des dons de l'Esprit, c'est « l'amour. » Dieu est amour, Christ est amour; ne soyez pas surpris de ce que l'Ecriture parle de « l'amour de l'Esprit. » (Ro 15.30.) Quel précieux attribut est celui-là ! Oserai-je l'appeler le dôme du temple de la grâce ? Mieux encore, il est la couronne des couronnes de la Trinité. L'amour humain est une émotion naturelle de l'âme qui la porte vers l'objet de son affection, mais l'amour divin est aussi élevé au-dessus de lui que le ciel l'est de la terre. L'homme naturel étant de la terre est terrestre, et quelque pur que soit son amour, il est toujours imparfait ; tandis que celui de Dieu est complet et n'a pas besoin qu'on y ajoute. Il est comme le grand océan, rempli et débordant des flots de l'Esprit éternel.

Nous lisons dans Romains 5.5 : « Or, l'espérance ne confond. point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » Si donc nous sommes ouvriers avec Dieu, nous devons posséder cet amour-là. On peut être un avocat distingué sans avoir d'amour pour ses clients ; un médecin habile, et être sans affection pour ses patients ; un commerçant très heureux en affaires, sans avoir aucune tendresse pour ses pratiques; mais nul ne peut coopérer avec Dieu dans l'œuvre sans avoir de l'amour. Si notre service n'est qu'une simple profession, le plus tôt que nous y renoncerons sera le mieux.

L'amour, sans lequel nous ne pouvons travailler pour Dieu, est le seul arbre sur notre terre maudite qui puisse produire du fruit acceptable aux yeux du Maître. Si je n'aime pas mon Maître ni mes compagnons de misère, je ne puis rien faire qui soit agréé; je ne suis que l'airain qui résonne et la cymbale qui retentit. Si cet amour est « répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit, » nous sommes prêts pour le service de Dieu; sinon nous ne sommes pas prêts du tout. Il est si facile d'atteindre le cœur d'une personne quand nous l'aimons réellement ! toutes les barrières sont alors rompues et emportées...

« Que les vieillards soient purs dans la foi, dans la charité, dans la patience, » dit saint Paul à Tite. J'ai remarqué que de nos jours l'Eglise est parfois très jalouse de la pureté de la doctrine. Si un homme n'est pas saint dans la foi, elle tire l'épée ecclésiastique et le retranche ; mais cet homme pourra manquer de charité, et nul ne dira rien contre lui. Il manquera de patience, il sera irritable et inquiet constamment, sans qu'on pense à le reprendre pour cela. Cependant, la Bible enseigne qu'il nous faut être non seulement purs dans la foi, mais aussi dans l'amour et dans la patience. Je crois que plusieurs ne peuvent être employés par le Seigneur dans l'œuvre parce qu'ils sont irritables et impatients; ils sont agités du matin au soir. Dieu ne peut se servir d'eux ; leurs bouches sont scellées, et ils ne sont point en état de parler pour Christ. Quand je dis que sans l'amour je ne puis travailler pour le Seigneur, je ne veux pas dire l'amour pour ceux qui m'aiment, car la grâce n'est point nécessaire pour l'avoir ; le hottentot le plus cruel, le païen le plus dégradé, et le plus vil des pécheurs peuvent le posséder. Avant de devenir chrétien, l'amour des autres produisait le mien, et leur haine me poussait à les haïr ; je sentais mon cœur attiré vers celui qui m'aimait le premier.

Je suppose que quelqu'un vienne me dire : — Monsieur Moody, un tel m'a dit aujourd'hui que vous étiez le dernier des hommes. Si je ne possédais pas une bonne mesure de la grâce divine dans mon cœur, je sais qu'aussitôt j'éprouverais contre cette personne des sentiments d'aigreur : et que je serais tenté de parler mal d'elle. La haine produit la haine.

Mais supposons qu'on vienne me dire : — Monsieur Moody, savez-vous qu'un tel que je viens de rencontrer pense beaucoup de bien de vous ?

Quoique je ne connaisse pas cet homme-là, je l'aimerai tout aussitôt. L'amour produit l'amour ; nous savons tous cela : mais il me faut la grâce de Dieu pour aimer une personne qui me calomnie, qui me méprise, qui flétrit ma réputation. C'est le péché qu'il faut haïr. Faites la différence entre le péché et le pécheur, car l'un doit être haï d'une parfaite haine, et l'autre aimé ; sans cela vous ne ferez aucun bien.

Vous savez que c'est l'amour qui donne au nouveau converti sa première impulsion. Le jour où vous fûtes pardonné, comme votre cœur fut rempli de douce paix et d'ardentes affections !

LE CŒUR QUI DÉBORDE

Je me souviens de la matinée où je sortis de ma chambre après m'être confié en Christ pour la première fois. Il me semblait que ce vieux  soleil brillait d'un plus vif éclat qu'à l'ordinaire ; il me souriait. J'allai me promener dans les champs, et je crus que les petits oiseaux qui chantaient dans les arbres entonnaient un hymne pour moi. Le croiriez-vous ? — je sentis que j'aimais ces oiseaux, tandis que jusque-là je ne m'étais pas soucié d'eux. J'affectionnais la création tout entière ; je n'avais plus aucun sentiment amer contre aucun homme, et j'étais prêt à les presser tous contre mon cœur. Si quelqu'un n'a pas cet amour répandu dans son cœur, il n'a jamais été régénéré. Si une personne se lève dans une réunion de prières et qu'elle se mette à parler des défauts d'autrui, vous pouvez douter de la réalité de sa conversion. Cette conversion n'est qu'une contrefaçon; car elle n'a pas le vrai sceau. Le premier sentiment d'une âme convertie, c'est l'amour, et non le désir de trouver les autres en faute et de s'en plaindre.

Mais il nous est difficile de vivre toujours dans cette pure atmosphère. Voici quelqu'un qui vient et qui nous traite injustement; peut-être serons-nous disposé à le haïr ? car nous n'avons pas profité des moyens de grâce, et nous ne nous sommes pas nourris de la Parole comme nous l'aurions dû. Une racine d'amertume bourgeonne alors dans notre cœur sans que nous prenions garde à elle. Dès ce moment nous devenons impropre à travailler à l'œuvre du Seigneur, parce que l'amour de Dieu n'est pas répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit.

C'est cet Esprit qui produit l'amour. Paul a pu dire : « La charité de Christ me presse » (1Co 5.14) ; aussi ne pouvait-il s'empêcher d'aller prêcher l'Évangile de ville en ville. Jérémie a dit un jour qu'il ne parlerait plus au nom de l'Eternel. (Jer 20.9.) Il avait assez souffert, pensait-il, et son peuple ne se souciait pas de la Parole de Dieu. Il vivait dans des jours mauvais comme les nôtres. Des incrédules l'environnaient : soutenant que les Ecritures n'étaient pas la vérité. Ils finirent par le mettre en prison, et là il se disait : — Je garderai le silence ; parler me coûte trop cher ! — Vous savez que peu de temps après il ne put plus se taire ; le feu était dans ses os, et il eut de quoi parler. Et nous-mêmes : quand l'amour de Dieu remplit nos cœurs ; nous sommes contraints de travailler pour le Maître ; et il bénit notre travail ; tandis que si nous agissons par contrainte, sans divin et puissant mobile, nous n'obtenons aucun résultat.

Maintenant nous posons cette question Avons-nous l'amour de Dieu répandu dans nos cœurs ? disons-nous la vérité sous l'impulsion de cet amour ?

Quelques-uns parlent de la vérité d'une manière si froide et si éteinte, qu'ils ne font de bien à personne. D'autres restent attachés à beaucoup de choses terrestres, et laissent de côté une partie de cette vérité. Mais il nous faut en parler avec amour, même si nous devions tout perdre par notre fidélité ; si nous faisons ainsi, Dieu nous bénira.

Un grand nombre essayent d'acquérir cet amour, et de le produire par leurs efforts. Il n'y réussissent pas. S'il est profondément enraciné dans notre nouvelle nature, ses effets seront spontanés. Je n'ai pas eu besoin d'apprendre à aimer mes enfants ; je ne puis m'empêcher de les aimer. Une jeune fille disait qu'elle ne pouvait aimer Dieu, que c'était pour elle très difficile.

— Est-ce difficile pour vous d'aimer votre mère ? lui demandai-je. Avez-vous besoin de l'apprendre ?

Elle regarda vers le ciel avec des yeux pleins de larmes, et dit :

— Non, je ne puis faire autrement ; c'est un sentiment spontané.

— Eh bien ? repris-je, lorsque le Saint-Esprit allumera l'amour dans votre cœur, vous ne pourrez faire autrement que d'aimer Dieu ; ce sera spontané. Quand cet Esprit vient dans une âme comme la vôtre et la mienne, il nous devient aisé de servir le Seigneur.

Le premier des fruits de l'Esprit c'est « l'amour, » comme il est dit dans Galates 5. Neuf grâces différentes sont énumérées dans le même verset, et Paul met l'amour en tête de la liste. Il est donc le fruit le plus beau de cette précieuse grappe. On est allé jusqu'à dire que les huit autres étaient renfermées dans ce mot : amour. La JOIE c'est l'amour qui s'exhale, la PAIX c'est l'amour en repos, la PATIENCE c'est l'amour dans l'épreuve, la DOUCEUR c'est l'amour qui déborde, la BONTÉ c'est l'amour dans l'action, la FIDÉLITÉ c'est l'amour dans la lutte, la BÉNIGNITÉ c'est l'amour qui s'exerce, et la TEMPÉRANCE c'est l'amour discipliné. C'est donc toujours l'AMOUR, l'amour à l'extrême cime, l'amour à la base même ; et si chacun de nous maintenant manifestait devant tous ce fruit de l'Esprit, quelle influence nous aurions sur le monde ! Les agents de police deviendraient inutiles; on pourrait laisser là ses habits sans qu'ils soient volés ; nul n'aurait plus le désir dé mal faire. Paul, en parlant de ces neuf grâces, ajoute : « La loi n'est point contre ces choses. » Plus besoin d'avoir de lois ! Un homme rempli de l'Esprit ne serait pas placé sous la vindicte de la loi : et n'aurait pas besoin de surveillance. Nous donnerions congé à la police ; les magistrats n'appliqueraient plus le code, et les cours de justice n'auraient plus rien à faire.

L'ESPÉRANCE TRIOMPHANTE

L'apôtre dit dans Romains 15.13 :

« Que le Dieu d'espérance vous remplisse donc de toute sorte de joie et de paix dans la foi, afin que vous abondiez en espérance par la puissance du Saint-Esprit. » Ce qui vient ensuite : c'est donc L'ESPÉRANCE.

Avez-vous remarqué que ceux qui perdent cette grâce ne sont plus jamais employés dans l'œuvre par le Maître ? J'ai observé partout où je suis allé que ceux qui travaillent pour le Seigneur, hommes ou femmes, et qui ont perdu l'espérance, ont très peu de succès. Considérez-les ! Je n'en ai pas vus qui aient réussi à édifier le royaume de Dieu sur la terre. L'espérance est nécessaire, et c'est le Saint-Esprit qui la donne. Que cet Esprit descende sur une Eglise où il n'y a pas eu de conversions depuis des années, et qu'il transforme plusieurs personnes, vous verrez alors comme l'espérance sera tout de suite ravivée ! Un homme rempli de l'Esprit sera aussi plein d'espérance ; il regardera vers l'avenir avec joie, parce qu'il le verra tout brillant, persuadé qu'il est que le Dieu de toute grâce fera de grandes choses. Il est donc important pour nous de posséder l'espérance.

Quand un chrétien l'a perdue, il a perdu aussi sa communion avec Dieu ; l'Esprit ne repose pas sur lui quand il fait l'œuvre. Il est peut-être sauvé, mais tellement découragé qu'il est incapable de faire un service utile. Savez-vous qu'il n'est dit nulle part dans les Ecritures que Dieu ait employé une personne découragée ?

J'étais, il y a quelques années, très découragé dans mon œuvre, et prêt à suspendre ma harpe aux saules du rivage. Depuis plusieurs semaines mon esprit était affaissé et oppressé, quand je reçus la visite d'un ami qui dirigeait une classe biblique très considérable. J'examinais d'ordinaire ses notes de l'école du dimanche, qui équivalaient à un sermon. Il me dit en entrant :

— Sur quel sujet avez-vous prêché hier : Je le lui dis.

— Et moi sur Noé, reprit-il. Avez-vous jamais parlé sur ce texte et étudié ce caractère ?

— Non, je n'ai pas étudié cette vie d'une manière particulière.

— Eh bien, elle est des plus étonnantes ; il vous serait bon de la méditer, faites-le !

Dès qu'il fut sorti ; je pris ma Bible, et je lus l'histoire de Noé. Je fus saisi par l'idée qu'il avait travaillé cent vingt années sans avoir converti une seule personne, et malgré cela il n'avait point été découragé.

— Eh bien ! me dis-je: je ne dois pas me décourager non plus ! Je fermai ma Bible, et je sortis pour aller à la réunion de prières ; le nuage était dissipé...

Quelqu'un y raconta que dans une petite ville une centaine de jeunes convertis s'étaient joints à l'Eglise, et je me dis :

— Noé n'aurait-il pas désiré d'entendre une pareille chose ? et cependant il travailla cent vingt ans sans se décourager !

En ce moment, un homme traversa la nef, et se tenant debout dit :

— Mes amis , priez pour moi, je suis perdu... Et je me dis : Noé n'aurait-il pas désiré d'entendre cette parole ?

Il ne l'a jamais entendue, et n'a pourtant pas été découragé. Oh ! chers enfants de Dieu, ne le soyons pas nous-mêmes ! Demandons au Seigneur de nous pardonner si nous l'avons été ; demandons-lui qu'il mette en nos cœurs l'espérance, afin que nous ayons toujours confiance en l'avenir. Il m'est bon de serrer la main aux amis que je rencontre quand je les vois joyeux dans l'espérance ; tandis que d'autres me communiquent une sombre impression, accablés qu'ils sont parce qu'ils ne voient que le mauvais côté des choses, les obstacles et les difficultés du chemin.

LA LIBERTÉ

Un autre don du Saint-Esprit c'est la LIBERTÉ. (Gal 5.1). Il produit l'amour, il inspire l'espérance, puis il donne la liberté. C'est cette dernière grâce dont plusieurs Eglises ont besoin de nos jours. C'est triste de constater que dans les meilleures, avant que Dieu puisse faire son œuvre, il faudra procéder aux funérailles du formalisme, et l'enterrer si profondément qu'il ne puisse ressusciter.

Quand l'Evangile est prêché, les gens se mettent à critiquer comme ils le feraient pour une pièce de théâtre; et c'est ainsi que bien des chrétiens de profession ne pensent jamais à écouter ce que l'homme de Dieu a à leur dire. C'est une tâche ardue que d'annoncer la Parole à ces esprits portés à la critique humaine ; « tandis que là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

Très souvent une dame écoute une centaine de bonnes idées dans un sermon, et n'est frappée que d'une seule toute petite qui est hors de propos. Elle revient chez elle, se met à table, et exprime hautement sa désapprobation sur cette regrettable chose même devant ses enfants, sans dire un mot des bonnes qu'elle a entendues. Voilà ce que font les personnes disposées à la critique. Dieu n'emploie pas des captifs pour son œuvre.

Ils ressemblent à Lazare sortant de son sépulcre tout lié de bandelettes. Ces bandes lui fermaient la bouche et il ne pouvait parler. Il avait pourtant la vie, vous ne pouvez le nier. De même, plusieurs chrétiens vous diront quand vous les presserez de travailler pour le Maître :

— J'ai la vie, je suis chrétien !

Vous ne pouvez mettre cela en doute, mais ils ont encore les pieds et les mains liés.

Que Dieu brise ces fers, et mette ses chers enfants en liberté ! Je crois qu'il veut le faire, afin d'avoir des ouvriers qui travaillent et qui parlent pour lui. Combien voudraient se lever et dire quelques mots pour Christ dans une réunion intime de prières ! Mais il y a un tel esprit de critique dans leur Eglise qu'ils n'osent le  faire, et ainsi ils manquent de liberté. S'ils se lèvent, ils ont tellement peur de ces critiques qu'ils tremblent et se rasseyent ; ils n'ont pas le courage de parler. Tout cela ne vaut rien... L'Esprit est venu justement pour nous donner la liberté. (Esa 61.1) ; vous trouverez cette liberté partout ou l'œuvre de Dieu prospère. Les gens ne craignent plus alors de prendre la parole ; et quand la réunion est terminée, ils ne s'empressent pas de mettre leur chapeau pour partir au plus vite, mais ils se serrent la main ; c'est là un signe de liberté. Un grand nombre vont aux réunions de prières avec un sentiment légal qui les glace. « C'est mon devoir d'y aller, disent-ils ; » et ils oublient que c'est un glorieux privilège de se réunir pour prier, de se fortifier et de s'aider mutuellement dans le désert de la vie.

Nous avons besoin d'AMOUR. Ne sentons-nous pas que nous en avons besoin ? Ne désirons-nous pas aussi de voir briller l'ESPÉRANCE sur notre sentier ? N'avons-nous pas besoin de LIBERTÉ ? Eh bien, toutes ces grâces sont des dons du Saint-Esprit ! Prions pour les recevoir.

Nous lisons dans l'épître aux Hébreux Heb 10.19 « Nous avons par le sang de Jésus la liberté d'entrer dans les lieux saints. » L'accès est donc libre pour pénétrer dans le sanctuaire et pour demander l'amour, la liberté et une glorieuse espérance! Nous n'aurons pas de repos jusqu'à ce que nous ayons reçu de Dieu une puissance pour pouvoir travailler pour lui.

Si je connais bien mon propre cœur, je puis dire que je préférerais mourir plutôt que de vivre comme autrefois: étant un chrétien de nom que Dieu n'employait pas pour avancer son royaume. Vivre pour l'amour de soi, est une pauvre vie bien vide...

Cherchons donc à être utiles, des vases prêts à être mis au service du Maître, brillants de la gloire de Dieu et du Saint-Esprit.

Ah ! si ton cœur est seul, si son amour immense,
Aspire à se donner, va calmer la souffrance
De tous les malheureux...
Parle-leur de Jésus, de ses trésors de vie,
Soutiens leur faible cœur, relève, fortifie,
Et travaille pour eux...

Oui, je ne puis dans ma faiblesse
Jésus vivre un instant sans toi !
Soutiens mon cœur par ta tendresse,
Dans ta main garde-le sans cesse,
Car ta force suffit pour moi.

Mes besoins, Seigneur, sont immenses,
Mais la plénitude est en toi !
Dans mes luttes, dans mes souffrances,
Je crois malgré mes défaillances
Que ta grâce suffit pour moi.

Oh ! combien douce est ta Parole,
Quand mon cœur se confie en toi !
Elle est sur mon front l'auréole
Qui me conduit, qui me console,
Un roc qui suffit à ma foi.

Dieu saint ! mon âme te désire
Et ne peut se passer de toi ;
Ton Esprit en elle soupire,
Ton amour si profond l'inspire,
Cet amour est assez pour moi.

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