La Puissance d'en Haut

2. LA PUISSANCE EN NOUS ET SUR NOUS

Vous vous rappelez cet exil étrange et à demi involontaire de Moïse dans le désert de Madian lorsqu'il s'enfuit en Egypte ? Vous vous souvenez aussi de ces années de solitude presque aussi étranges, que Paul passa en Arabie quand, humainement parlant, une prompte activité semblait nécessaire ? Et vous savez cet ordre du Seigneur à ses disciples avant de monter dans sa gloire : « Demeurez à Jérusalem. » Personne n'aurait été surpris d'entendre Pierre si ardent à prendre la parole, ou Jacques si brûlant de zèle lui dire: Tarder, Seigneur ? Et combien de temps ? Tarder ? mais n'y a-t-il pas un monde qui périt, qui soupire après la bonne nouvelle ? T'avons-nous bien compris, Seigneur ? Se hâter, ne serait-ce point le vrai mot ?

« Et les ayant assemblés, il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d'y attendre la promesse du Père. » (Actes 1.4.) GROSART.

Le Saint-Esprit habitant au dedans de nous est une vérité clairement enseignée dans les Ecritures, et le Saint-Esprit demeurant sur nous pour accomplir l'œuvre de Dieu, est une autre tout à fait distincte. La Parole nous parle de trois demeures du Saint-Esprit.

Dans Exode 40.33, nous lisons : « Ainsi Moïse acheva l'ouvrage. Et la nuée couvrit le tabernacle d'assignation ; et la gloire de l'Eternel remplit le pavillon, tellement que Moïse ne put entrer au tabernacle d'assignation, car la nuée se tenait dessus, et la gloire de l'Eternel remplissait le pavillon.

Au moment où le tabernacle fut érigé, la nuée, Scekinah glorieuse, descendit et le remplit, tellement que Moïse ne put se tenir en la présence de l'Eternel. Je crois aussi très fermement qu'à d'instant même où nos cœurs sont vidés de leur orgueil et de leur égoïsme, de leur ambition et de toute recherche d'eux-mêmes, en un mot de ce qui est contraire à la loi de Dieu, c'est alors que le Saint-Esprit vient pour en occuper tous les replis. Mais si nous gardons de l' orgueil, de l'ambition, si nous aimons les plaisirs du monde, il ne reste plus de place pour Dieu. Je ne doute pas que bien des chrétiens ne prient pour obtenir cette grâce ; mais ils sont déjà encombrés par mille autres choses. Avant donc de demander que notre cœur soit plein de l'Esprit, il faut désirer qu'il soit dépouillé. Il doit être retourné d'abord, afin que ce qui est contraire à la loi divine en sorte. Le Saint-Esprit viendra seulement à cette heure pour le remplir de sa gloire, comme autrefois pour le tabernacle. Nous lisons dans 2Ch 5.13 : « Comme donc ils étaient assemblés avec ceux qui sonnaient des trompettes et qui chantaient et faisaient retentir leur voix d'un même accord, pour louer et pour célébrer l'Eternel, et comme ils élevaient leur voix en jouant des trompettes, des cymbales et autres instruments de musique, et qu'ils louaient l'Eternel disant : Qu'il est bon, et que sa miséricorde demeure à toujours: il arriva que la maison de l'Eternel fut remplie d'une nuée; de sorte que les sacrificateurs ne se pouvaient tenir debout pour faire le service à cause de la nuée ; car la gloire de l'Eternel avait rempli la maison de Dieu. »

LOUER DIEU

Dès que Salomon eut achevé de bâtir le temple, et que tout fut prêt pour y célébrer le service divin, ceux qui étaient présents se mirent à exalter l'Eternel d'un même cœur. Les chantres et les prêtres n'avaient qu'une seule pensée, celle de louer Dieu: et alors la gloire de l'Eternel vint remplir le temple comme elle avait rempli déjà le tabernacle.

En étudiant le Nouveau Testament nous voyons qu'au lieu d'habiter dans des tabernacles ou des temples, le Saint-Esprit vient faire maintenant sa demeure dans le cœur des croyants. Le jour de la Pentecôte, pendant que Pierre prêchait son mémorable sermon et que lés disciples priaient, le Saint-Esprit descendit avec puissance. Nous demandons aussi qu'il vienne, et nous chantons :

Saint-Esprit, d'un amour céleste
Ah ! viens inonder notre cœur ;
Allume une flamme qui reste
Et qui ranime notre ardeur !

Cette prière me semble parfaitement bonne, cependant si nous disons au Saint-Esprit de redescendre du ciel, nous avons tort, parce qu'il est déjà ici-bas, et qu'il n'a pas été absent de cette terre depuis dix-huit cents ans. Il est demeuré dans l'Eglise et dans le cœur de tous les croyants. Les croyants ont été appelés à sortir du monde, et chacun d'eux est devenu le temple du Saint-Esprit. Jésus a dit :

« C'est l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point, mais vous le connaissez parce qu'il demeure avec vous et qu'il sera en vous. » (Jean 14.17.) « Celui qui est en vous est plus puissant que celui qui est dans le monde, a dit saint Jean ; et s'il demeuré en nous, il nous rendra vainqueur de la chair, du monde et de tous nos ennemis. »

Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? (1Co 3.16)

Des hommes étaient occupés à ensevelir un vieux chrétien ; ce chrétien était pauvre selon le monde, mais il possédait au-delà de la tombe de grandes richesses, des richesses que les vers ni la rouille ni les voleurs ne pouvaient ravir. Ces hommes se hâtaient de l'enterrer sans user de ménagement, quand le bon pasteur qui faisait le service des funérailles, leur dit :

— Allez plus doucement, car vous portez le temple du Saint-Esprit !

Partout où vous trouvez un croyant, vous voyez le temple du Saint-Esprit.

Dans 1Co 6.19,20, nous lisons encore : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et qui vous a été donné de Dieu, et que vous n'êtes point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit qui appartiennent à Dieu. »

Nous savons ainsi qu'un hôte divin habite dans chaque croyant. Cette vérité est clairement enseignée dans les Ecritures. Nous pouvons contrister le Saint-Esprit, ou ne pas le glorifier assez, mais cependant il demeure toujours en nous. Je veux maintenant attirer votre attention sur ce fait que les chrétiens, hommes et femmes, possèdent tous le Saint-Esprit en eux, mais cet Esprit n'agit pas toujours avec pouvoir, en d'autres termes, un grand nombre d'enfants de Dieu vivent sans puissance.

DE QUOI ONT-ILS BESOIN ?

Les neuf dixièmes des chrétiens au moins ne pensent jamais à parler de Christ. S'ils voient un homme, peut-être un proche parent, marcher vers sa ruine rapidement, ils n'ont pas assez d'amour pour lui montrer qu'il est coupable et pour l'amener à Jésus. Il y a là certainement quelque chose de condamnable ; et cependant quand vous causez avec eux, vous voyez qu'ils ont foi ; et vous ne pouvez dire qu'ils ne sont pas des enfants de Dieu ; ce qui leur manque c'est la puissance, c'est la liberté, c'est l'amour, que tout vrai disciple de Christ doit avoir. Un grand nombre pensent qu'il nous faudrait de nouveaux moyens, de nouvelles Eglises, de nouvelles orgues, de nouveaux chœurs ; mais ce n'est point là ce dont nous avons besoin de nos jours ! Il nous faut la vieille puissance que reçurent les apôtres ; si nous l'avions, nos Eglises posséderaient une nouvelle vie. Il nous faut de nouveaux pasteurs, les mêmes vieux pasteurs puissamment renouvelés, et remplis de l'Esprit.

Je me souviens qu'à Chicago l'œuvre était faite activement, mais le char du salut ne paraissait pas se mouvoir. Un pasteur poussa un jour ce cri des profondeurs de son cœur :

Seigneur ! mets un nouveau pasteur dans chaque chaire !

Le lundi suivant deux ou trois hommes se levèrent et dirent :

— Nous avons eu dimanche un nouveau pasteur !

C'était le même vieux pasteur revêtu d'une nouvelle puissance.

Je suis convaincu que nous avons besoin en tout pays, de pasteurs renouvelés dans la chaire, et d'auditeurs renouvelés sur les bancs. Il faut que l'Esprit qui vivifie descende du ciel, et prenne possession des enfants de Dieu pour leur communiquer de la puissance.

Un homme rempli de l'Esprit sait comment manier l'épée de la Parole, sinon, il ne pourra jamais se servir comme il faut de sa Bible ; qui est l'épée de l'Esprit. Une armée serait-elle digne de ce nom si elle ne savait comment faire usage de ses armés ? Supposez une bataille engagée, et moi le général, suivi de cent mille hommes tous fortement constitués et plein de vie, mais dont aucun ne saurait manier son épée ni son fusil : à quoi cette armée serait-elle bonne ? Un millier de soldats exercés et munis de bonnes armes, les mettraient bientôt en déroute. L'Eglise ne vainc pas le monde parce qu'elle ne sait pas se servir de « l'épée de l'Esprit. » Il en est qui essaient de combattre le démon avec leurs expériences ; le démon se soucie peu de cette arme-là ; et sort vainqueur de la lutte; d'autres vont contre lui avec leurs théories et leurs idées favorites, mais ils ne remportent pas sur lui de victoires. Il nous faut tirer « l'épée de l'Esprit ; » elle seule perce plus profondément que tout le reste.

Lisez dans Eph 6.11-17 : « Soyez donc fermes, ayant la vérité pour ceinture de vos reins, et étant revêtus de la cuirasse de la justice ; et ayant pour chaussure les dispositions que donne l'Évangile de paix ; prenant par-dessus tout cela le bouclier de la foi, par le moyen duquel vous puissiez éteindre tous les traits enflammés du malin. Prenez aussi le casque du salut et l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu. »

L'ARME LA PLUS FORTE

L'épée de l'Esprit, c'est la Parole de Dieu ; nous avons donc besoin d'être remplis de cet Esprit afin que nous sachions comment il faut manier les Écritures. Un chrétien parlait à un sceptique en lui citant des textes. Le sceptique lui dit :

— Je ne crois pas à ce livre, monsieur.

Mais l'homme de Dieu continua à lui donner encore plus de passages, malgré ses négations répétées. Enfin cet impie fut atteint, et le chrétien put dire ensuite :

— Quand j'ai éprouvé la bonté d'une épée, je dois toujours la tenir droite et ferme en l'employant.

— Voilà ce que nous devons faire aussi.

Les incrédules affirment qu'ils ne croient pas à la Bible, mais ce n'est pas notre œuvre de leur donner la foi, c'est celle du Saint-Esprit. Notre œuvre à nous, c'est de leur expliquer la Parole ; non de prêcher nos théories et nos idées sur son contenu, mais d'exposer simplement le message tel que Dieu nous l'a donné. L'Écriture nous parle de l'épée de l'Éternel et de Gédéon. Supposez que Gédéon fut parti sans l'ordre de l'Éternel, il aurait essuyé une défaite. L'Éternel se servit de Gédéon, et vous verrez, en parcourant la Bible, que Dieu emploie des instruments humains. Je crois que vous n'y trouverez pas un seul exemple de conversion où il n'ait pas employé un moyen ou un instrument humain. Non qu'il ne puisse agir dans sa souveraine indépendance, nul ne peut en douter ! Même après que Saul de Tarse eut vu le Christ glorifié : Ananias fut envoyé pour lui ouvrir les yeux et faire briller devant lui la lumière de l'Évangile. J'ai entendu un homme dire: « Placez quelqu'un sur la haute cime d'une montagne, plus haut que le sommet des Alpes, et là Dieu pourra le sauver sans moyen humain. »

Mais telle n'est pas la méthode de Dieu ; c'est l'épée de l'Éternel et de Gédéon, c'est l'Éternel et Gédéon qui doivent ensemble accomplir l'œuvre. Si nous voulons laisser le Seigneur se servir de nous, il s'en servira.

NON PLUS MOI

Vous remarquerez en lisant la Bible, que ceux qui ont été remplis du Saint-Esprit ont prêché Christ crucifié, et non eux-mêmes. Dans le premier chapitre de Luc 1.67-70 : nous lisons : « Alors Zacharie son père fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa et dit : Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peuple ; et de ce qu'il nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David son serviteur, comme il en avait parlé par la bouche de ses saints prophètes qui ont été depuis longtemps. »

Vous voyez qu'il cite la Parole. Quand un homme est rempli du Saint-Esprit, il magnifie cette Parole et la prêche à un monde perdu. Zacharie annonce ensuite que le petit enfant deviendra un prophète, et donnera à son peuple la connaissance du salut par la rémission de leurs péchés (Luc 1.76-80), ce qu'avait dit Esaïe.

Marie et Elisabeth, l'une et l'autre remplies du Saint-Esprit, parlent ensemble du Sauveur et des Écritures. Siméon, animé de ce même Esprit, cite des promesses ; et lorsque Pierre se tint debout le jour de la Pentecôte pour prêcher son étonnant sermon, il est dit qu'étant rempli de l'Esprit, il annonça la parole à la multitude ; ce fut cette Parole qui atteignit leurs consciences. C'était l'épée de l'Éternel et Pierre, comme autrefois l'épée de l'Éternel et Gédéon. Nous voyons saint Etienne parler par l'Esprit de telle sorte que nul ne pouvait lui résister (Act 6.10) ; et pourquoi ? parce qu'il leur citait les Écritures. Nous savons encore que Paul étant rempli de l'Esprit, prêchait Christ crucifié, et que plusieurs furent ajoutés à l'Eglise. Barnabas, plein de Saint-Esprit et de foi, annonçait la Parole et persuadait les gens. (Act 11.24) Nous voyons donc que ceux qui possèdent cet Esprit ne prêchent que Christ tel qu'il est révélé dans les Écritures.

Les disciples de Jésus publièrent au loin la Parole ; et quand l'Esprit descendra sur l'Église et nous donnera une onction divine, alors cette parole sera annoncée dans les rues et dans les carrefours. Il n'y aura plus une sombre mansarde, ni une seule maison où quelque chrétien plein d'amour n'apporte l'Évangile.

LES FLEUVES D'EAU VIVE

Un homme peut recevoir tout juste le salut et être satisfait ; je crois qu'un grand nombre de chrétiens sont dans ce cas. Nicodème, quand il vint trouver Jésus, reçut une mesure de vie, mais trop faible pour lui donner le courage de contester hardiment son Maître; il avait la foi sans la puissance que communique le Saint-Esprit. Voyons dans le IVe chapitre de Jean l'histoire de la Samaritaine. Christ lui offrit la coupe du salut, elle la prit, elle s'y abreuva, et cette eau vive devint une source jaillissante en vie éternelle. Elle avait été vivifiée mieux que Nicodème, et le salut avait pénétré dans son âme comme un fleuve; ce fleuve, descendu du trône de Dieu, l'avait ramenée par son puissant courant jusqu'à ce même trône. L'eau tend toujours à reprendre son niveau ; si donc notre âme est remplie de celle qui sort du sanctuaire, les flots s'élèveront jusqu'à la source d'où ils procèdent et nous y porteront.

Si vous désirez trouver la peinture la plus parfaite de la vie chrétienne, allez au chapitre 7. Là il est dit que celui qui reçoit l'Esprit par la foi en Jésus, des fleuves d'eau vive découleront de lui. On peut creuser un puits de deux manières. Je me souviens que lorsque j'étais un petit garçon employé dans une ferme de la Nouvelle Angleterre, on me donnait la mission de puiser l'eau pour les troupeaux au moyen d'une vieille pompe en bois. Souvent je pompais, je pompais jusqu'à en avoir le bras très fatigué. Maintenant ils se servent d'un meilleur procédé : ils creusent à travers le sable et les rochers jusqu'à ce qu'ils trouvent ce qu'ils appellent un sous-courant, et font ainsi des puits artésiens qui élèvent l'eau spontanément et sans travail.

Dieu veut que ses enfants deviennent des puits artésiens qui n'aient pas besoin de l'effort d'une pompe, mais desquels la grâce puisse jaillir sans peine. N'avez-vous pas vu des ministres en chaire pomper, pomper et pomper, encore ? J'en ai vu bien des fois, j'ai fait aussi comme eux, et je sais comment cela se pratique. Ils se tiennent debout, et parlent, parlent, parlent, tandis que leurs auditeurs s'endorment à tel point qu'ils ne peuvent les réveiller.

Où est donc la difficulté ? Pourquoi n'ont-ils pas de l'eau vive ? c'est qu'ils pompent là où il n'y a pas d'eau. Vous ne sauriez en trouver dans une source desséchée ; vous n'en tirerez jamais rien si elle ne contient rien. J'ai vu d'excellentes gens qui sont obligés de mettre de l'eau tout d'abord dans leurs pompes de bois pour en faire sortir quelques gouttes. Puis ils demandent pourquoi ils n'ont aucune puissance dans leurs discours, et s'en étonnent. Ils se lèvent dans une réunion pour parler, et ne disent rien en réalité ; ils avouent qu'ils n'avaient rien à dire, et vous le découvrez assez tôt ; ils n'avaient donc pas besoin de vous l'affirmer. Ils parlent, parce qu'ils pensent que c'est leur devoir de le faire, et ils ne disent rien en vérité.

Mais quand l'Esprit de Dieu nous a oint pour un service, il demeure sur nous et c'est alors que nous pouvons faire de grandes choses : « Je répandrai des eaux sur celui qui est altéré, dit le Seigneur. » (Esa 44.3.) Oh ! quelle douce pensée de savoir que celui qui a faim et soif de la justice sera rassasié !

LES EAUX JAILLISSANTES

J'aime à voir un chrétien plein jusqu'au bord de cette eau vive, si plein qu'il ne peut plus se contenir, et qu'il est comme contraint de publier l'Evangile de la grâce de Dieu. Quand une personne en est réellement remplie elle est propre à accomplir pour Dieu n'importe quel service. Pendant que je prêchais à Chicago, le Dr Gibson demanda dans une réunion pour les personnes qui désirent se convertir, comment on pourrait reconnaître les âmes altérées de paix et de grâce : — Si un garçon, ajouta-t-il, venait ici et traversait la salle avec un seau plein d'eau et un gobelet, nous verrions tout de suite ceux qui ont soif se lever pour aller boire. Mais si vous portiez un seau vide, il vous serait impossible de discerner leurs besoins, car voyant que vous n'avez pas d'eau à offrir, nul ne remuerait de sa place. Je pense que la cause de notre peu de succès dans notre ministère, c'est que nous apportons nos seaux vides ; les gens voient que nous n'avons pas d'eau vive à leur présenter et ils ne s'approchent pas.

Je crois que ceci renferme une vérité importante. Nos auditeurs comprennent que nous ne possédons rien de plus qu'eux, et ne viennent pas à nous tant que nous ne sommes pas remplis nous-mêmes. Il faut que l'Esprit de Dieu repose sur nous, et alors nous aurons une puissance qui nous fera vaincre le monde, la chair, le démon, nos vivacités de caractère, nos imaginations, et tout espèce de mal ; quand nous pourrons fouler ces péchés sous nos pieds, les gens viendront à nous et nous diront : « Comment avez-vous acquis cette force ? j'en ai besoin. Vous possédez une chose que je n'ai pas, et que je veux avoir. » Oh ! que Dieu nous applique cette vérité ! Avons-nous travaillé toute la nuit? Jetons le filet du bon côté, et demandons le pardon de nos péchés à Dieu afin qu'il nous accorde une puissance qui vienne d'en haut. » Cependant remarquez bien qu'il ne la donnera pas à celui qui est impatient, ni à un égoïste, ni à un ambitieux avant qu'il soit vidé de lui-même, de son orgueil et de ses pensées mondaines. Cherchons la gloire de Dieu et non la nôtre ; et quand nous en serons là, avec quelle promptitude le Seigneur nous bénira ! La mesure se remplira. Savez-vous quelle est la mesure des biens célestes ? elle est pressée et secouée, et se répand par dessus. (Luc 6.38). Si nos cœurs sont remplis de la Parole de notre Dieu, comment Satan pourra-t-il y entrer ? comment le monde y pénétrera-t-il ? La mesure des grâces divines est une bonne mesure, pleine, débordante. Avez-vous cette plénitude-là ? Si vous ne l'avez pas, cherchez-la et croyez que vous l'aurez, car c'est « le bon plaisir du Père » de vous la donner. Il veut que nous fassions briller notre lumière en ce bas monde, il veut nous rendre capables de faire son œuvre et d'avoir la force de rendre témoignage à son Fils. Il nous a laissés sur la terre afin que nous rendions notre témoignage. Pourquoi nous y laisse-t-il, en effet ? ce n'est ni pour vendre, ni pour acheter, ni pour gagner de l'argent, mais pour glorifier Christ. Comment le glorifierez-vous sans le Saint-Esprit? voilà la question. Comment travailler sans la puissance de Dieu ?

LA CAUSE DE NOS DÉFAILLANCES

Nous lisons dans Jean 20.22 : « Et quand il eut dit cela, il souffla sur eux et leur dit : recevez le Saint-Esprit ! » Voyez maintenant dans Luc 24.48 « Voici je vais vous envoyer ce que mon Père vous a promis. En attendant, demeurez dans la ville de Jérusalem jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la vertu d'en haut. »

Après avoir élevé sur ses disciples ses mains percées, il souffla sur eux et dit : « Recevez le Saint-Esprit. » Je n'ai pas le moindre doute qu'ils ne reçurent alors une mesure de l'Esprit, mais non une puissance semblable à celle qui leur fut donnée plus tard pour être rendus capables d'accomplir leur œuvre. Ce ne fut pas une plénitude ; et s'ils avaient ressemblé à un bon nombre d'entre nous, ils auraient dit :

C'est assez maintenant ! nous n'avons rien à attendre de plus ; mettons-nous à l'œuvre. Quelques-uns croiraient perdre leur temps s'ils attendaient la puissance d'en haut. Ils vont et ils travaillent sans onction, sans aucune onction et sans la moindre puissance. Cependant après avoir soufflé l'Esprit sur ses disciples, le Sauveur leur dit d'attendre à Jérusalem la vertu du Saint-Esprit, qui allait descendre sur eux. (Act 1.8.) L'Esprit leur avait été déjà donné, autrement ils n'auraient pu croire, ils ne se seraient pas mis du côté de Dieu, et n'auraient pu supporter les moqueries et les dédains. Mais voici ce que Jésus ajoute : « Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous me servirez de témoins, tant à Jérusalem que dans la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » Ainsi le Saint-Esprit en nous est une chose, et le Saint-Esprit sur nous en est une autre. Mais si ces chrétiens s'en étaient allés prêcher ici et là sans posséder cette puissance dont nous parlons, croyez-vous que l'étonnante scène de la Pentecôte aurait eu lieu ? Ne pensez-vous pas que Pierre eût battu l'air en vain pendant que les Juifs auraient grincé des dents et se seraient moqués ?

Mais ils attendirent dix jours, à Jérusalem. Et quoi ! dites-vous, pendant que le monde périt autour de moi, dois-je attendre ? Qu'est-ce que Dieu vous dit ? qu'il est inutile de courir avant d'être envoyé, de travailler avant d'avoir la puissance. Un homme qui n'a pas cette onction du Saint-Esprit, s'il fait une œuvre, perd son temps après tout. Il ne perd rien en vérité s'il attend la vertu d'en haut. C'est le premier point de notre service d'attendre jusqu'à ce que nous recevions cette énergie divine qui nous rendra capables de devenir des témoins. Pensez-vous que les apôtres après la Pentecôte aient pu douter d'avoir reçu ce divin baptême ? Jamais ils n'en ont douté.

Quelqu'un met peut-être en question la possibilité de l'obtenir à cette heure même, et croit que l'Esprit n'est pas descendu depuis lors, et ne peut descendre avec un tel pouvoir.

NOUVELLES EFFUSIONS

Dans Actes 4.31; nous trouvons que l'Esprit est venu une seconde fois, que le lieu où étaient alors les disciples a tremblé, et qu'ils ont été remplis de puissance.

Dans le fait : nous sommes des vases percés qui ont besoin de se tenir constamment sous la fontaine pour avoir de nouvelles ondées, et être toujours remplis de Christ. Plusieurs sont trompés par l'idée qu'il nous faut accomplir l'œuvre avec la grâce que nous avons reçue il y a dix ans, et continuer toujours avec cette même grâce. Mais nous avons besoin de nouvelles provisions, d'une onction toute fraîche, d'une force renouvelée. Si nous recherchons ces choses de tout notre cœur, nous les aurons. Les convertis de l'Eglise primitive furent enseignés de cette manière. Philippe se rendit en Samarie, et on apprit à Jérusalem que plusieurs âmes avaient été amenées là au Sauveur. Alors Pierre et Jean s'y rendirent, imposèrent les mains à ces nouveaux disciples et ils reçurent le Saint-Esprit pour faire leur œuvre. (Act 8) Je pense que nous devons tous demander cet Esprit, afin qu'il nous rende propres à accomplir notre service pour édifier avec courage l'Eglise, et hâter la manifestation de la gloire du Maître.

Douze chrétiens d'Ephèse déclarèrent que depuis qu'ils avaient cru, ils n'avaient pas ouï dire qu'il y avait un Saint-Esprit. Je crains que bien des personnes auxquelles on adresserait de nos jours cette question : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous avez cru ? » n'aient sujet de répondre: « Je ne sais ce que vous voulez-dire ! » Comme ces Ephésiens, ils n'ont jamais compris le rapport particulier qui existe entre le Saint-Esprit et les chrétiens sous cette dernière dispensation. Je suis fermement persuadé que l'Église a laissé cette vérité de côté, et que c'est pour cela qu'elle est sans puissance. Vous pouvez joindre cent membres de plus à votre Eglise sans qu'ils ajoutent rien à sa force. C'est un malheur ! S'ils étaient oints, du Saint-Esprit, cette centaine de convertis apporteraient avec eux une grande mesure de puissance.

LES CHAMPS VERTS

Quand j'étais en Californie, et que je descendis pour la première fois des montagnes de la Sierra Nevada dans la vallée du Sacrement, je fus très surpris de voir là une ferme entourée de champs fertiles, où tout était plein de fraîcheur, où les arbres et les plantes fleurissaient ; tandis que de l'autre côté de la baie régnait la plus grande aridité; pas un brin de verdure ne s'y montrait. Je ne pouvais comprendre cela. Je m'informai, et j'appris que les terrains prospères étaient arrosés. Il en est de même pour un grand nombre de nos Eglises. Elles ressemblent à ces fermes de la Californie qui sont un vrai désert, tout désolé et sans vie apparente. On peut s'asseoir à côté d'un homme rempli de l'esprit de Dieu, et qui porte du fruit comme un arbre vert, sans rechercher la bénédiction qu'il possède. Pourquoi cette différence entre eux ? Parce que Dieu a répandu des eaux sur celui qui était altéré, voilà tout le secret. L'un a désiré l'onction divine, et il l'a reçue ; et quand nous la voulons par-dessus tout, Dieu nous la donne certainement.

La grande question est pour nous celle-ci : Désirons-nous cette bénédiction ? Lorsque je dirigeai ma première classe biblique en Angleterre, un grand nombre de pasteurs étaient là devant moi. Comme je ne connaissais pas leurs idées théologiques, je craignais de heurter leur credo surtout sur le sujet qui nous occupe, savoir le don du Saint-Esprit pour accomplir l'œuvre de Dieu.

L'un de ces pasteurs demeura tout le temps avec sa tête dans ses mains ; je pensais que ce bon chrétien était quelque peu honteux de m'entendre, et cela me troublait. Quand j'eus fini de parler, il prit son chapeau et s'en alla. Je me dis : « Je ne le reverrai plus sans doute ! » A la prochaine séance je le cherchai des yeux, mais je ne le vis pas, ainsi qu'à celle qui suivit, je crus qu'il avait été blessé par ma manière d'enseigner. Quelques jours après, à la grande réunion de prières, il se leva avec un visage rayonnant comme s'il avait été avec Dieu sur la montagne. Je fus remplis de joie en le voyant : Il raconta qu'à la classe biblique il avait appris qu'il pouvait recevoir une nouvelle puissance pour prêcher l'Evangile. Il s'était dit que si cette grâce lui était promise, il l'aurait. Rentré chez lui, il avait regardé au Seigneur, et avait eu un terrible combat contre lui-même. Il avait demandé à Dieu de lui montrer la méchanceté de son cœur qu'il ne connaissait pas, et crié avec énergie pour être vidé de lui-même et rempli de l'Esprit.

— Le Seigneur a exaucé ma prière ! ajouta-t-il. Six mois plus tard, je le rencontrai à Edimbourg. Il me dit qu'il avait prêché depuis lors chaque soir, et jamais sans voir quelques personnes rester pour lui parler de leur âme. On l'avait engagé pour les quatre mois suivants à donner chaque jour des prédications dans diverses églises.

Vous auriez pu tirer un boulet de canon à travers l'édifice où il prêchait avant qu'il fut oint du Saint-Esprit, sans atteindre quelqu'un. Mais un mois après son église était comble. Son seau était plein d'eau vive, et le peuplé accourait en foule pour en prendre.

Je vous le répète, nous ne pouvons élever le torrent plus haut que sa source. Ce dont nous avons besoin, c'est d'obtenir de la PUISSANCE. Je me souviens d'un autre vieux pasteur qui disait :

— J'ai une maladie de cœur et ne puis prêcher plus d'une fois par semaine. 

Il avait un suffragant qui prêchait pour lui, et faisait des visites. Il entendit parler de l'onction du Saint-Esprit, et il dit :

— J'aimerais la recevoir pour le jour de ma sépulture, et prêcher encore une fois avant de mourir avec cette puissance-là.

Il pria pour être rempli de l'Esprit. Je le rencontrai bientôt après, et il me dit :

— J'ai donné depuis lors en moyenne huit prédications par semaine, et j'ai toujours eu des conversions.

L'Esprit était venu sur lui. Je ne pense pas que cet homme ait été tout d'abord usé par trop de travail, mais plutôt parce qu'il avait employé ses ressorts sans graisser la machine. Ce n'est pas l'excès de travail qui tue les ministres, mais c'est de travailler sans la vertu d'en haut. Que Dieu répande l'onction sur son peuple ! non pas seulement les pasteurs, mais les fidèles. Tous en ont besoin. Il n'y a pas une mère qui n'en ait besoin pour diriger sa famille, pas un moniteur dans son école du dimanche, tout autant qu'un ministre dans sa chaire. N'ayons donc aucun repos, ni la nuit, ni le jour, jusqu'à ce que nous possédions cette onction. Si ce désir devient le suprême désir de nos cœurs, Dieu l'accomplira ; il répondra à notre faim et à notre soif, et nous dirons :

« Avec l'aide du Seigneur, je n'aurai pas de repos jusqu'à ce que je sois revêtu de la puissance d'en haut. »

MAITRE ET SERVITEUR

J'aime à penser à l'intéressante histoire d'Elie et d'Elisée. Au moment où Elie devait être enlevé, il dit à Elisée de demeurer à Guilgal où se trouvait un séminaire de prophètes, mais celui-ci répondit : « Je ne te laisserai pas ! » Il savait que son maître allait le quitter. Il me semble les voir marcher ensemble en se donnant le bras jusqu'au bord du Jourdain, qui se divisa et les laissa passer à la vue des cinquante fils de prophètes.

— Demande-moi ce que je puis faire pour toi avant d'être enlevé d'avec loi ? dit Elie.

— Ah ! puisse-je avoir une double portion de ton esprit ! répondit Elisée.

Il pensait sans doute en lui-même : « Maintenant que j'ai le choix, je veux demander le plus possible ! » Il avait une bonne mesure de l'Esprit, mais il voulut en avoir une double portion.

— Tu demandes une chose difficile, reprit Elie. Si tu peux me voir enlever d'avec toi, il te sera fait ainsi.

Croyez-vous qu'il eût été facile de les séparer dans ce moment-là ? Je les vois marcher bien près l'un de l'autre jusqu'à l'instant où un char de feu vint prendre Elie. Elisée saisit le vieux manteau qui était tombé, en frappa les eaux du Jourdain qui se divisèrent, et les fils de prophètes dirent : « L'esprit d'Elie repose sur Elisée ! » C'était une double portion de cet Esprit.

Puisse-t-il reposer sur nous ! Si nous le demandons, nous l'aurons. Que le Dieu d'Elie réponde maintenant par le feu et consume les mondanités de nos Eglises, toute notre écume, et nous rende des chrétiens pleinement consacrés !

Que notre prière en famille et notre prière particulière soit : « Seigneur, que ton Esprit vienne sur nous ! » Crions avec force pour en avoir une double portion, afin que nous ne soyons plus satisfaits de notre piété mondaine. Comme Samson, secouons nos chaînes et sortons du monde, afin d'être remplis de la puissance de Dieu.

LE MESSAGER FIDÈLE

Va! ceins tes reins, messager de la grâce,
Et parle à tous de l'amour du Sauveur !
Tiens-toi toujours sous ta croix : c'est ta place,
Pour la montrer à l'indigne pécheur.

Reste en repos, l'œil fixé sur ton Maître,
Pour mieux répondre à ses moindres souhaits
C'est son doux nom que tu feras connaître,
Et son amour qui ne change jamais.

Dans le désert, son Esprit de lumière
Te guidera pas à pas vers les cieux ;
Sa main divine aplanit ta carrière,
Marche, lavé dans son sang précieux.

Soldat du Christ, que tes chants d'allégresse,
Malgré l'effort des puissants ennemis,
Dans les combats retentissent sans cesse,
Car tu vaincras, ton Chef te l'a promis.

Il a gravé ton nom sur sa poitrine,
Pour toi son cœur ici-bas fut percé ;
Ne doute pas de sa force divine,
Il est fidèle, et n'est jamais lassé.

Oui, ceins tes reins, joyeux, plein d'espérance,
Chante, et redis ton message d'amour ;
Veille ! il est tard, c'est la nuit qui s'avance,
Parle aux pécheurs, parle-leur chaque jour !

Imité d'Anna Shipton.

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