La Puissance d'en Haut

3. LA PUISSANCE DANS LE TÉMOIGNAGE

Si nous n'avions pas le Saint-Esprit, il vaudrait mieux fermer nos églises, en clouer les portes, mettre une croix noire au-dessus, et dire « O Dieu ! aie pitié de nous ! » Si vous, les pasteurs, vous ne possédez pas cet Esprit, ne prêchez pas ! et vous, les auditeurs, restez chez vous. Je ne crois pas m'exprimer trop fortement en disant qu'une Eglise sans Esprit de Dieu est, dans un pays, plutôt une malédiction qu'une bénédiction. Si vous n'avez pas l'Esprit de Dieu, vous qui travaillez dans l'œuvre, souvenez-vous que vous tenez la place d'un autre ; vous êtes un arbre planté là où un arbre productif pourrait croître. L'œuvre du Maître est une chose sérieuse ; il faut pour la faire le Saint-Esprit, ou elle n'est rien, et pire que rien. La mort et la condamnation pèsent sur une Eglise qui ne soupire pas après l'Esprit, qui ne crie pas, qui ne gémit pas jusqu'à ce qu'il descende au milieu d'elle avec puissance. Il est sur la terre, et n'est plus remonté au ciel depuis la Pentecôte. Souvent il est attristé et contristé, car il est jaloux et sensitif, et c'est contre lui que peut se commettre le péché irrémissible. C'est pourquoi, soyons très attachés à lui ; marchons humblement devant lui, recherchons-le avec ardeur, et soyons décidés à ne rien garder volontairement qui puisse l'empêcher de demeurer en nous à jamais. C.-H. SPURGEON.

L'Eglise ne comprend pas assez ce que c'est que de rendre témoignage avec la puissance du Saint-Esprit. Jusqu'à ce que nous soyons plus au clair sur ce point, nous travaillerons avec désavantage. Si vous lisez dans Jean 15.26, vous trouverez ces paroles : « Mais lorsque le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai de la part de mon Père, savoir l'Esprit de vérité qui procède de mon Père, c'est lui qui rendra témoignage de moi. Et vous aussi vous rendrez témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi. »

Nous voyons ici que le Saint-Esprit, après sa venue, devait rendre témoignage à Christ. Dans le second chapitre des Actes, nous lisons qu'au jour de la Pentecôte, quand Pierre eut rendu témoignage à l'œuvre du Sauveur, le Saint-Esprit descendit et convertit des centaines et des milliers. Ainsi donc, un homme ne peut prêcher efficacement par lui-même; il doit avoir l'Esprit de Dieu pour en être rendu capable, et étudier la Bible afin que son témoignage soit d'accord avec les pensées de cet Esprit.

CE QU'EST LE TÉMOIGNAGE

Quand nous laissons de côté les vérités évangéliques, et ne plaçons pas Christ devant nos auditeurs, le Saint-Esprit n'a pas d'œuvre à faire. Au jour de la Pentecôte, dès que Pierre rendit témoignage à ce fait que Jésus était mort pour les péchés, qu'il était ressuscité et élevé dans la gloire, l'Esprit descendit pour rendre témoignage à la personne de Christ et à son œuvre. S'il n'avait pas rendu témoignage à la prédication des faits de l'Évangile, croyez-vous que l'Église eût subsisté durant dix-huit siècles ? La mort, la résurrection, l'ascension et la naissance du Sauveur auraient été oubliées depuis longtemps ; et la preuve c'est que lorsque Jean-Baptiste commença son ministère, les Juifs ne se souvenaient déjà plus de la naissance du Christ arrivée trente ans auparavant. Ils ne se rappelaient plus l'histoire des bergers dans les plaines de Bethléem, l'étonnante scène du temple où Jésus parlait aux vieux docteurs, ni la venue des mages à Jérusalem. Mais dès que Jean arriva sur les confins du désert, ces choses leur revinrent à la mémoire. Si donc l'Esprit n'était pas descendu d'en haut sur l'Eglise, tous les grands-faits de la mort et de la résurrection du Christ auraient été ensevelis dans le plus profond oubli.

UNE PLUS GRAND ŒUVRE

Le témoignage de l'Esprit est une puissance. Je ne comprenais pas autrefois pourquoi Jésus avait dit que ceux qui croiraient en lui feraient de plus grandes œuvres que les siennes. Ces paroles étaient une pierre d'achoppement pour moi. Je me disais : Mais quelles œuvres plus grandes que celles du Maître un chrétien peut-il faire ? Qui peut par une seule parole ressusciter un mort déjà corrompu ? Pourtant je reconnais toujours mieux qu'influencer une volonté humaine opposée à celle de Dieu, la voir se briser et se soumettre, est une œuvre plus grande que la résurrection d'un mort. Celui qui a créé un monde peut vivifier une âme morte ; cependant je crois que le plus grand miracle, c'est la Pentecôte. Je vois là des hommes remplis de préventions, de malice, d'amertume, les mains encore dégouttantes du sang du Fils de Dieu, se tenir devant un homme illettré, méprisé, haï par eux, l'écoutant prêcher, se convertissant par milliers, et prêts désormais à suivre Jésus-Christ et à donner leur vie pour lui. Saint-Etienne et d'autres martyrs furent peut-être convertis ce jour-là. L'œuvre de la Pentecôte me semble le miracle le plus extraordinaire que le monde ait jamais vu ; mais si Pierre avait parlé sans avoir en lui le Saint-Esprit, il n'aurait certainement pas eu de si merveilleux résultats.

La loi juive exigeait toujours deux témoins dans une procédure ; quand Pierre prêchait, nous voyons avec lui un second témoin. L'apôtre rendait témoignage de Christ, et l'Esprit rendait témoignage en même temps de l'incarnation, du ministère de la mort et de la résurrection du Sauveur; le résultat fut la conversion d'une multitude. De nos jours, si des multitudes ne se convertissent pas, c'est que les prédicateurs oublient de parler de la croix, et voilent le Christ lui-même derrière des sermons sans saveur écrits dans un langage raffiné. Ils ne le présentent pas tel qu'il est devant leurs auditeurs, et je crois que c'est pour cela que l'Esprit de Dieu n'agit pas avec puissance dans nos Eglises. Ce qu'il faut à un monde qui se perd, c'est qu'on lui montre Christ. Le monde peut se passer de vous et de moi ; mais il ne peut se passer de Christ, et c'est pour cela que nous devons rendre notre témoignage à ce précieux Sauveur.

Je suis convaincu que les âmes ont faim et soif de cette grâce qui seule peut les satisfaire. Des milliers sont assis dans les ténèbres sans voir la grande lumière, et quand nous leur prêchons Jésus sincèrement, fidèlement, le montrant lui et non nous-mêmes, l'exaltant lui et non nos théories, nos opinions ou quelque fausse doctrine, c'est alors que le Saint-Esprit vient apporter son témoignage pour confirmer la vérité de ce que nous annonçons; il l'accompagne de résultats. C'est la preuve la plus évidente de la divinité de notre Evangile, puisque Christ a déclaré que l'Esprit le glorifierait et témoignerait pour lui. Dans Actes 2.36, au moment même où Pierre prêcha Christ, nous voyons le Saint-Esprit descendre sur la multitude, et montrer par des signes visibles de puissance que tout ce qui venait d'être dit était la vérité.

UN GUIDE SÛR

« Quand celui-là sera venu, savoir l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera point par lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et vous annoncera les choses à venir. » (Jean 16.13.) « Il vous conduira dans toute la vérité. » Il n'existe donc aucune vérité nécessaire que l'Esprit ne s'engage à nous révéler si nous le laissons agir en nous livrant à ses directions. Nous aurions eu bien moins de sombres heures si nous l'avions pris pour notre conseiller et notre guide.

Lot ne serait pas allé à Sodome, et David ne serait pas tombé dans le péché et n'aurait pas eu tant de chagrins de famille, s'ils avaient été conduits par l'Esprit.

Nos Eglises sont remplies de personnes qui marchent dans les ténèbres pour avoir fait comme eux. Que penseriez-vous d'un messager qu'un époux enverrait à sa femme, et qui ne parlerait à celle-ci que de lui-même en oubliant et celui qui l'envoie et le message dont il est chargé ? Si donc nous parlons par le Saint-Esprit, nous rendrons témoignage de Christ. C'est cet Esprit qui sur cette sombre terre nous révèle ce qui concerne le Sauveur absent, et nous conduit dans toute la vérité.

RAMPER DANS LES TÉNÈBRES

De nos jours un grand nombre d'enfants de Dieu commettent un grand péché sans même s'en douter. Puisque l'Esprit doit nous enseigner la vérité, nous n'avons pas besoin de chercher un autre guide. Pourquoi donc nous cacher pour consulter un médium qui évoque les esprits des morts ? Savez-vous bien les menaces de la Parole contre cet affreux péché? Je pense qu'il est le plus grand de ceux qui se commettent de nos jours, et que je déshonore le Saint-Esprit si j'évoque un mort pour le consulter, même si ce mort pouvait me répondre.

Le châtiment de Saül raconté dans 1Ch 10.13,14, ne fut-il pas bien terrible ? Il commit un double péché contre le Seigneur et sa Parole, en recherchant les évocateurs des morts au lieu de consulter Dieu. C'est pourquoi l'Eternel le fit mourir et transféra le royaume à David.

Il mourut donc pour ces deux forfaits. De nos jours un grand nombre de chrétiens de profession ne croient pas mal faire en allant interroger un médium qui prétend faire parler ceux qui ne sont plus de ce monde. C'est un déshonneur pour celui qui nous donne l'Esprit pour nous enseigner toutes choses ! Tout ce que je dois savoir, tout ce qu'il m'est bon de connaître, l'Esprit me le révèle par le moyen de la Parole écrite. Vous savez ce que le mauvais riche demanda du fond de l'enfer, et la réponse du Sauveur : « Ils ont Moïse et les prophètes, » c'est-à-dire toute la portion des Ecritures alors complétée ; elle était suffisante. Mais plusieurs ne s'en contentent pas, et se détournent vers de fausses lueurs.

« Que s'ils vous disent : enquérez-vous des esprits de Python et des diseurs de bonne aventure qui marmottent et qui parlent bas ; le peuple ne s'enquerra-t-il pas plutôt de son Dieu ? Quoi ! aller aux morts pour les vivants ? A la loi et au témoignage ! » (Esa 8.19.)

Que sont ces tables tournantes et ces mystères occultes ? Croyez-vous que Dieu ferait éteindre toutes les lampes s'il voulait vous envoyer un message ? Le Maître n'enseignait rien en secret. (Jean 18.20) « Il n'y a pas de lumière pour eux s'ils ne parlent pas selon l'Ecriture, » ajoute le prophète.

Si quelqu'un, homme ou femme, vient à nous avec une fausse doctrine, il est du diable et ennemi de toute justice. Ceux qui consultent les esprits, attaquent la Bible, et n'y croient pas. Quelques-uns disent qu'il faut connaître les deux côtés des choses, mais si on m'apportait une lettre remplie de calomnies contre ma femme, je ne croirais pas de mon devoir de la lire ; je la déchirerais, et la jetterais à tous les vents. Dois-je lire aussi tous les mauvais livres pour connaître les deux côtés de toutes les questions ? Ouvrirais-je un écrit qui parle mal de mon Maître ? Non ! dix mille fois non ! je n'y toucherai pas.  

« L'Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns se révolteront de la foi s'attachant à des esprits séducteurs et aux doctrines des démons. » (1Ti 4.1) N'est-ce pas très clair « doctrines des démons ? » Beaucoup d'autres textes nous avertissent des tromperies de Satan. Rappelons-nous donc que l'Esprit nous conduira dans la connaissance de la vérité ; et que nous n'avons pas besoin d'autre guide. Plusieurs pensent que la conscience suffit pour nous diriger sans la Bible. Non, certes non! Tant de gens semblent ne pas avoir de conscience, et ne savent pas même ce que c'est. L'éducation a beaucoup à faire avec elle; mais la plupart du temps elle n'avertit que lorsque le mal est commis. Ce qui est important pour nous, c'est de savoir qu'une chose est coupable avant de la faire. Souvent un homme accomplit un crime, puis il est repris, tourmenté par sa conscience; mais il est trop tard alors que l'acte est consommé.

LE GUIDE INFAILLIBLE

Les voyageurs racontent qu'en traversent les Alpes, si un endroit est trop périlleux, le guide les attache tous à lui, et marche le premier.

C'est ainsi que le chrétien est lié à son guide infaillible pour être en sûreté. Nul ne peut parcourir le labyrinthe de Mammouth dans le Kentuky sans tenir ferme son conducteur; s'il s'en séparait, il mourrait certainement. Dans ces grottes, il y a des gouffres et de profonds torrents ; personne ne peut les parcourir sans un guide ou une lampe. Nous n'avons aussi aucune chance de traverser seuls le désert de ce monde en sûreté, si nous n'avons la Parole et le Saint-Esprit pour nous diriger ; et si nous essayons de travailler sans cet Esprit qui nous a été envoyé tout exprès, nous risquons de tomber dans les ténèbres de l'éternelle obscurité.

Il nous faut donc étudier l'Ecriture qui est la lumière de l'Esprit. Il est dit expressément que cet Esprit nous enseignera toutes choses, et nous remettra en mémoire toutes celles qui nous ont été dites. (Jean 16.)

IL NOUS ENSEIGNERA LES CHOSES À VENIR

Beaucoup de gens pensent que la Bible est un vieux livre hors de date, bon seulement pour les temps de ténèbres: et non pour notre siècle trop éclairé qui peut se passer d'elle et des quelques bonnes histoires qu'elle raconte. Ce livre est vieux, il faut le retrancher ! Ils pourraient dire tout aussi bien que le soleil brille depuis trop longtemps, qu'il est de date trop ancienne, et qu'il n'est plus nécessaire de faire des croisées aux maisons neuves parce que nous possédons une nouvelle et meilleure manière de nous éclairer avec le gaz ou l'électricité. Je conseille fort à ceux qui pensent ainsi d'en essayer.

La presse nous donne les événements du jour, mais la Bible nous parle de ce qui doit être ; ce sont des choses vraiment nouvelles, plus nouvelles que les faits passés racontés dans les journaux. Elle nous dit que l'Esprit nous « enseigne toutes choses, » et comment il faut prier, etc. Je suis sûr qu'aucune prière inspirée par cet Esprit et prononcée sur cette terre maudite, ne restera sans réponse. Beaucoup de supplications ne sont pas dictées par l'Esprit. Dans ma jeunesse je désirais vivement devenir riche, et je priais pour avoir cent mille dollars. Puis je me disais: « Dieu ne m'exauce pas ; il ne me rend pas riche... »

Mais je n'avais aucune garantie pour une telle prière. Plusieurs font de même ; ils ne demandent pas selon les Ecritures ni selon l'enseignement de l'Esprit.

C'est lui qui nous dit comment il faut répondre à nos ennemis. Si quelqu'un me frappe, je ne dois pas tirer mon revolver et le tuer, car l'Esprit de Dieu m'enseigne à ne pas me venger moi-même, à ne pas tirer mon épée pour défendre mon droit. On pourra m'appeler un lâche, mais Christ me dit de présenter l'autre joue à celui qui m'a frappé, et j'obéis à son enseignement et non à ceux des hommes. Je ne pense pas qu'on gagne à s'armer pour se défendre ; assez de vies ont été sacrifiées pour nous apprendre cette leçon-là. La Parole de Dieu nous protège mieux qu'un revolver, si nous accomplissons ses préceptes.

UN SECOURS POUR NOTRE MÉMOIRE

Quelle douce pensée de savoir que l'Esprit nous remettra en mémoire toutes choses ! (Jean 14.25.) Je crois qu'un grand nombre de chrétiens ont fait l'expérience de cette précieuse promesse. Pendant qu'ils parlaient de Christ, ils se sont rappelé bien des choses que Jésus a dites, et en ont été comme remplis. Quand cet Esprit repose sur nous, nous pouvons nous exprimer avec autorité et avec puissance, et le Seigneur honore notre travail en le bénissant. Dieu emploie peu d'ouvriers de cette manière, parce que chez la plupart ne se trouve pas la puissance dont Dieu a besoin pour agir lui-même. Il ne se sert pas de nos propres idées, mais quand nous avons sa Parole dans nos cœurs, alors le Saint-Esprit allume une flamme qui rend notre témoignage abondant, plein de fraîcheur et de suavité; la Parole s'honore elle-même en le rendant fructueux. Le Seigneur veut nous employer ; il veut nous rendre des canaux de sa grâce, mais plusieurs ne sont pas en état de le devenir, et c'est un mal fâcheux. Ils n'ont aucun témoignage à donner pour leur Maître ; s'ils parlent, c'est pour ne rien dire ; s'ils prient, leur prière n'a aucune puissance. Ils ne plaident pas dans la prière, ils ne prononcent que des phrases banales. Ce dont nous avons besoin, c'est d'être remplis de la Parole que le Saint-Esprit nous remet en mémoire. « Les choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment, l'œil ne les a point vues, et elles ne sont pas montées au cœur de l'homme. » (1Co 2.9.) Il en est qui s'arrêtent à ce texte et qui prétendent que l'œil n'ayant pas vu le ciel, tout ce qu'on en peut dire n'est que pure spéculation. Mais le passage qui suit complète le précédent : « Dieu nous a révélé ces choses par son Esprit, car l'Esprit sonde toute chose, même ce qu'il y a de plus profond en Dieu. »

C'est là précisément ce que fait le Saint-Esprit.

LONGUE OU COURTE VUE

L'Esprit nous révèle les biens que Dieu nous a préparés. J'ai entendu il y 'a quelque temps un discours sur Abraham. Le prédicateur disait :

— Abraham ne fut pas tenté par les plaines fertiles de Sodome, parce qu'il avait une longue vue, et discernait la cité qui a des fondements et dont Dieu est l'architecte et le fondateur. Plusieurs dans l'Eglise de Jésus-Christ sont des gens à courte vue, comme Lot, et ne voient que les biens qui sont autour d'eux. Abraham contemplait la cité céleste ; Moïse laissa les palais de l'Egypte pour s'identifier avec le peuple de Christ, — pauvre peuple esclave alors ; — mais le prophète avait la vue longue, et voyait des bénédictions en réserve.

Il en est qui ont à la fois une longue et une courte vue ; j'ai un ami qui d'un œil voit de loin, et de l'autre de près ; l'Eglise est remplie de ces gens-là qui ont un œil pour le monde, et un autre pour le royaume de Dieu. Pour eux tout est confus, et ils voient marcher les hommes comme des arbres.

Saint-Etienne avait la vue longue, il voyait clair dans les cieux ; et quand il mourait, ses ennemis ne purent le convaincre que Jésus n'était pas à la droite du Père. Il le voyait là assis.

— Regardez ! regardez ! disait-il. Il est là !

Le monde était sous ses pieds et ne pouvait le séduire. Paul avait la vue longue aussi ; car, ravi dans le troisième ciel, il avait entendu des paroles ineffables, des paroles étonnantes et glorieuses.

Je puis vous dire que lorsque l'Esprit de Dieu repose sur nous, le monde nous semble bien vide ; il a peu d'empire, et nous commençons à le lâcher ; nous laissons les choses visibles pour saisir celles qui sont éternelles. C'est ce que doit faire l'Eglise en nos jours. Elle a besoin de la puissante énergie de l'Esprit pour consumer l'écume qui est dans les cœurs. Oh ! qu'il descende comme un feu, et qu'il brûle tout ce qui est contraire à la volonté de Dieu et à sa Parole !

L'Esprit est appelé le Consolateur pour la première fois dans Jean 1.16. Jusque-là c'est Christ qui porte ce nom. Sept cents ans auparavant, Esaïe le prophète avait dit de lui qu'il viendrait guérir les cœurs brisés. Le monde n'a pas voulu du premier Consolateur ; il l'a pris et l'a cloué sur la croix du Calvaire. Mais en quittant cette terre, Jésus dit à ses disciples : « Je vous enverrai un autre Consolateur ; — vous ne serez point orphelins ; — ne crains point, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume. »

Ces textes donnent du courage aux enfants de Dieu, et les font monter au-dessus des brouillards du monde. Quel Consolateur que le Saint-Esprit !

L'AMI FIDÈLE

Il nous reprend aussi, afin de nous élever plus haut dans la sanctification. « Il convaincra le monde de péché » est-il écrit. Mais une certaine classe de gens n'aiment pas cette œuvre de l'Esprit. Savez-vous pourquoi? Parce qu'il les convainc de péché, ce dont ils ne se soucient pas. Ce qu'ils désirent, c'est qu'on les console et qu'on leur dise des choses agréables pour les laisser vivre tranquilles. Ils veulent qu'on leur prêche la paix quand la guerre est, aux portes, que tout va aller au mieux, que le monde ira s'améliorant, que la lumière luit quand les ténèbres s'épaississent. Les hommes se croient plus excellents que leurs pères, et cela leur plaît, car la nature humaine est remplie d'orgueil : — Mon père était un vieux puritain trop strict, disent-ils ; les gens étaient alors trop rigides. Nous sommes devenus plus larges qu'eux; ils ne voyageaient pas le dimanche, mais nous croyons pouvoir le faire et fouler aux pieds les lois de Dieu.

Voilà le langage que plusieurs aiment, et des prédicateurs s'y conforment. Quand vous leur parlez fidèlement, selon l'Écriture, et que l'Esprit leur applique des paroles sévères, ils disent : — Je n'ai pas de goût pour ce genre-là ! je ne reviendrai plus. — Quelquefois ils s'en vont avant la fin du sermon, parce qu'ils n'aiment pas ce que vous dites. Mais quand le Saint-Esprit est à l'œuvre, il convainc les hommes de péché, de justice et de jugement : — non parce qu'ils sont menteurs, voleurs, ivrognes ou meurtriers, — mais « parce qu'ils n'ont pas cru en Moi » dit Jésus. Voilà le vrai péché.

LE PLUS GRAND PÉCHÉ DU MONDE

Beaucoup de personnes considèrent l'incrédulité comme une sorte d'infortune, mais elles ne comprennent pas, si je puis m'exprimer ainsi, que c'est le péché qui damne le monde de nos jours, et qu'il est le père de tous les autres. Si l'incrédulité n'existait pas, vous ne verriez pas les ivrognes et les femmes de mauvaise vie parcourir nos rues ; il n'y aurait pas de meurtriers ; l'incrédulité, contient tous les péchés en germe. Ne croyez pas un seul instant qu'elle n'est qu'un malheur, mais sachez qu'elle est un affreux péché ; parce qu'elle fait Dieu menteur. Un homme frappera celui qui l'aura accusé d'être un menteur, et nous accusons Dieu de mensonge! Il en est qui semblent se jouer de leur incrédulité, et qui pensent être très convenables, en doutant de la Parole de Dieu et en répétant : J'ai des difficultés intellectuelles; je ne puis croire !

Oh ! que le Saint-Esprit vienne les convaincre de péché ! Nous avons besoin de la puissance qui convainc; je suis très reconnaissant de ce que Dieu n'a pas mis cette puissance-là en nos mains. Si je l'avais je serais découragé de prêcher, et je retournerais à mon commerce. Mon œuvre, c'est de tenir ferme la croix et de rendre témoignage à Christ, mais c'est celle de l'Esprit de convaincre les hommes de péché et de les conduire à Jésus. J'ai remarqué une chose, c'est que les conversions qui n'aboutissent pas n'ont pas été amenées par la conviction de péché ; c'est le sol pierreux qui ne peut produire de fruits. La moindre persécution, la plus légère opposition, fait retourner dans le monde ces convertis-là.

Prions, chers amis chrétiens, que le Saint-Esprit vienne convaincre tellement les hommes qu'ils renoncent à leur incrédulité. Je préfère voir cent personnes vraiment converties, plutôt que mille qui font profession de piété et que le Saint-Esprit n'a pas convaincues de péché. Ne disons pas : « Paix, paix ! là où il n'y a. point de paix. » N'allons pas persuader ceux qui vivent dans la révolte qu'il leur suffit de se lever et de se dire convertis s'ils ne haïssent pas le mal. Demandons à Dieu qu'il montre à chacun la plaie de son cœur ; alors notre œuvre sera réelle, profonde, et elle supportera le terrible jugement qui doit mettre à l'épreuve notre travail.

Nous venons de voir que l'œuvre de l'Esprit est de donner la vie, de produire l'espérance et la liberté, de nous faire rendre témoignage, de nous guider, de nous enseigner, de nous consoler, et de convaincre le inonde de péché.

O Saint-Esprit ! c'est ta pure lumière
Qui vint un jour resplendir dans mon cœur ;
Un chaud rayon dans ce cœur solitaire
Perçant la nuit de ma sombre carrière,
Vint me montrer que j'étais un pécheur.

Tu m'as conduit sous cette croix sanglante
Où mon Sauveur pour moi fut attaché ;
Là, j'adorai la victime mourante,
Et je reçus cette foi confiante
Qui me rassure ; et m'ôte mon péché.

O Saint-Esprit ! ta divine présence
Remplit mon âme et l'inonde de paix ;
Tu donnes seul une sûre espérance,
De saints désirs, la douceur, la prudence,
L'amour sacré qui ne s'éteint jamais.

J'entends vibrer ta voix si pure et tendre
Dans les replis de mon cœur étonné ;
Elle me dit ce que je dois apprendre.
Et me console et m'enseigne à comprendre
Tout ce qu'en Christ le Père m'a donné.

L'Esprit en moi, c'est une vive flamme
Qui me réchauffe et réjouit mon cœur ;
Elle consume, en brûlant dans mon âme,
Tous vains désirs ; — et quand ma voix proclame
Le grand salut, Dieu bénit mon labeur.

Esprit divin ! ô source jaillissante
Ou je m'abreuve à grands flots chaque jour,
Ah ! remplis-moi de ton eau débordante,
Et que je sois l'onde rafraîchissante
Qui donne à tous ta vie et ton amour.

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