Commentaire sur l’Épître aux Galates

Essai sur la philosophie chrétienne
de l’histoire de l’humanité
selon saint paul

I.
époque anté-historique. — pensée éternelle du plan divin.

§ I. Dieu, principe, milieu et fin de tout, de qui, par qui, pour qui et en qui sont toutes choses (Romains 11.36 ; 1 Corinthiens 8.6 ; 11.12 ; 12.6 ; 2 Corinthiens 1.3 ; Éphésiens 1.2-3 ; 4.6 ; 1 Timothée 4.4 ; Actes 14.14 ; 17.24-25, 28), a un dessein éternellement arrêté en Lui-même dans sa volonté (Romains 8.28 ; 9.11 ; 16.25-26 ; 1 Corinthiens 2.7, 9 ; Éphésiens 1.4-6, 9, 11 ; 3.10-11 ; Colossiens 1.26 ; 2 Timothée 1.9 ; Tite 1.2).

Origine, unité, éternité du plan divin.

§ II. Ce dessein de Dieu consiste à révéler sa sagesse, la vérité, sa grâce, sa parole, sa gloire, ses bénédictions, le salut, la vie éternelle (1 Corinthiens 2.7 ; Éphésiens 3.10-11 ; 1.13,3 ; Romains 1.17 ; Colossiens 1.6, 25-26 ; 1 Timothée 1.11 ; Tite 1.2 ; 2 Thessaloniciens 2.16) ; à appeler les hommes ; à les prédestiner à être conformes à l’image de son Fils ; à les former et à les conduire à la vie éternelle ; à les bénir de toute bénédiction ; à les adopter, à les sauver, à les amener à la connaissance de la vérité ; à être aimé d’eux et à travailler à la gloire de ceux qui l’aiment (2 Timothée 1.9 ; Romains 8.29 ; 2 Corinthiens 5.5 ; Romains 5.21 ; Éphésiens 2.10 ; 1 Timothée 2.4 ; Romains 11.33-36 ; 1 Corinthiens 2.7, 9 ; Éphésiens 1.4-11)

L’essence de ce plan est : la révélation de Dieu, vie absolue, indépendante, infinie ; son objet est : la création, vie relative, dépendante, finie ; sa loi est : l’assimilation libre et progressive de la révélation de Dieu, par la création ; son but et son résultat suprême sont : l’union du créé au Créateur, la gloire de Dieu, la félicité de la créature.

§ III. Dieu veut accomplir cette œuvre par Christ et en Christ, centre de sa puissance divine, organe de sa gloire, médiateur de la création et type de l’homme (Éphésiens 1.3-4,11 ; 3.10-11 ; 11.10 ; 2 Timothée 1.9 ; Romains 8.28 ; 2 Thessaloniciens 2.16). C’est pourquoi il crée et maintient tout par J. C. auquel il assujettit tout (Éphésiens 3.9 ; 1.22 ; 1 Corinthiens 8.6 ; 15.27-28 ; Colossiens 1.16-17 ; 2.10 ; Philippiens 3.21 ; 2.10-11). J. C. est sa puissance, sa sagesse, son image, son Fils (1 Corinthiens 1.24 ; 2 Corinthiens 4.4 ; Colossiens 1.15 ; Romains 1.4). Sa gloire et sa plénitude habitent en lui, selon son bon plaisir (2 Corinthiens 4.6 ; Colossiens 1.19 ; 2.19) ; il en fait le fondement unique de son règne ; il l’établit de toute éternité révélateur de son amour, de sa sagesse, de sa grâce, réalisateur de toutes ses promesses et médiateur unique dans son royaume entre Lui Dieu, la création en général et les hommes en particulier (1 Corinthiens 3.11 ; Éphésiens 2.20-21 ; 1.22, 3-7 ; 3.10-11 ; Romains 8.38 ; 2 Corinthiens 1.21 ; 5.19-20 ; 1 Corinthiens 1.4 ; 3.22 ; 1 Timothée 2.5 ; Romains 5.1-2, 8, 10-11 ; 16.27).

Le moyen réalisateur éternel de ce plan et le centre du royaume divin est Christ, par lequel Dieu se révèle, par lequel la création se fait et subsiste, par lequel s’opère l’assimilation et se consomment l’union du créé et du Créateur, la félicité de l’un et la gloire de l’autre.

Sommaire. Ainsi Dieu, Christ, Création, voilà les trois termes du drame divin qui est de par Dieu et en Dieu, au moyen de Jésus-Christ et pour la création ; qui est un d’origine, d’objet, de loi, de moyen, de but et de résultat. Là est le fondement, le cadre et le tableau idéal de l’histoire de l’humanité.

II.
époque historique. — réalisation humaine du plan divin, ou histoire de l’espèce humaine.

PREMIÈRE PARTIE.
D’Adam à Christ. — Gentils. — Juifs.

§ IV. La race humaine est créée une et divine d’origine (Actes 17, 26, 29). Dieu se révèle à elle par ses œuvres, par le monde et par la conscience (Actes 14.15, 17 ; Romains 1.20 ; 2.14-15), car il est présent partout, dans la création et dans la conscience humaine (Actes 17.27 ; Romains 1.19) ; il la doue d’intelligence pour qu’elle connaisse sa puissance, sa bonté, sa divinité, sa volonté, et d’un cœur pour en être aimé (Actes 17.27). Aussi a-t-elle une connaissance de Dieu, de la loi divine et du jugement (Romains 1.19-20, 32 ; Actes 17.27) ! En un mot, elle possède tout ce qui est nécessaire pour glorifier Dieu et pour s’unir librement à Lui par une adoration croissante, ou par un sentiment béni de dépendance progressive à son égard.

Fondements normaux et commencements de l’histoire. — Origine divine, unique, et par conséquent fraternité de l’espèce humaine. Suffisance de l’organisation spirituelle de l’homme pour comprendre la révélation divine à laquelle elle est harmoniquement adaptée ; dès lors possibilité de réaliser le but du plan divin parce qu’il y a aussi possibilité d’obéir à sa loi. Normalité réelle du plan divin et du point de départ de l’histoire de l’humanité.

§ V. Le premier homme, l’homme race tombe (Romains 5.12-21) ; le moi humain relatif au lieu de chercher la satisfaction de son besoin de l’absolu en restant fidèle à Dieu, la cherche en lui-même, se pose absolu, tombe de Dieu et se divinise cet acte de négation de la volonté divine et d’affirmation exclusive de la volonté humaine constitue un état vicieux et des résultats analogues. Cette irruption du péché dans le sein du genre humain par l’homme chef, se fixe comme vitiosité universelle, continue, et se révèle par la dépendance de l’homme à l’égard de lui-même, de la. nature et de l’humanité ou des éléments finis (Romains 3.9, 18-19, 22 ; 5.6, 8, 10, 12-14, 20 ; 1 Corinthiens 15.21-22 ; Éphésiens 4.18-19). Mais Adam était la figure de Celui qui devait venir (Romains 9.23 ; 5.13-14).

Perturbation et restauration parallèle de l’histoire. — Par l’acte de désobéissance du premier homme, l’union avec Dieu est rompue et la famille humaine est scindée. Unité, universalité, continuité de la chute et de ses effets individuels et sociaux. Adam, pivot du genre humain et source de l’égoïsme, donne naissance par sa chute, à une perversité accidentelle qui n’atteint pas à la substance des choses, mais qui trouble les évolutions de l’histoire dans leur face humaine.

La prévision éternelle de la possibilité du péché renfermée dans l’idée d’un être libre et fini, avait pour conséquence dans la pensée de Dieu l’organisation de notre monde en vue de cette possibilité, ou l’idée éternelle de la rédemption ; or la possibilité étant devenue réalité, l’activité divine créatrice et conservatrice devait parallèlement au mal opérer son œuvre de réparation.

Le péché n’étant pas une substance mais un rapport réellement détruit, et de plus n’ayant aucun point de contact avec Dieu n’arrête pas, 1° la révélation continue de Dieu au monde, raison action créatrice et éducatrice permanente ; 2° il ne peut pas transsubstantier la substance humaine ou dénaturer ses éléments constitutifs et dès lors le § IV est aussi vrai après qu’avant la chute. L’apparition et le déroulement du mal n’a pour effet quant à Dieu, que de mettre en plus vive saillie l’ensemble des forces divines réparatrices ou l’application féconde de la pensée de la rédemption.

§ VI. L’humanité partagée en deux branches, la païenne et la juive, qui épuiseront par des voies diverses le cycle des épreuves et des degrés préparateurs, va se dérouler à partir de l’Adam terrestre jusqu’à la venue de l’Adam spirituel, en convergeant vers le même centre, le Messie. Ce développement douloureux mais producteur, cette marche historique dans sa bifurcation, étaient réglés de toute éternité dans le plan divin (Romains 11.33-36), et seront présidés par la sagesse, par l’amour et les pensées de Dieu. L’Éternel avait réglé les temps et leur accomplissement en J. C. (Éphésiens 1.10) ; il a déterminé le lieu et le temps du développement des nations (Actes 17.27) ; il dirige par une sagesse diverse et par des moyens divers le développement de l’humanité vers un but (Éphésiens 3.10).

Si l’homme abandonne Dieu, Dieu n’abandonne pas l’homme. Unité, universalité, continuité de l’action et de l’œuvre divines qui sous forme annonciative et préparatoire, exercent déjà une efficacité latente ; Dieu presse son dessein de rédemption ; la vie infinie commence à se rattacher la vie libre, finie ; de là, la permanence du plan divin. J. C., un, est le pivot de cette action, l’objet de cette annonciation préparatoire, l’applicateur de la rédemption, le réalisateur du plan divin, le levier réhabilitant de l’humanité, le pôle de l’amour. Vivification constante et providentielle de l’humanité ; mouvement ascendant imprimé à sa vie.

Économie sublime de l’histoire. — L’histoire de l’humanité compliquée en apparence par la chute, ne reste pas moins profondément simple. Quoique l’ordre soit violé et que la force humaine ait dévié, la force divine reste invaincue dans toute sa puissance. Les deux actions divine et humaine divergent mais pour converger vers le même but, car elles se trouveront, l’une, avec un éclat plus varié de sa puissance à travers les siècles, et l’autre, après le long et douloureux détour des négations et des ténèbres séculaires de l’esprit humain, elles se trouveront, dis-je, au Calvaire où Dieu donne rendez-vous à l’humanité épuisée et humiliée. Ainsi reste et persiste l’unité de l’histoire de l’humanité, de ses déroulements providentiels et de son sens fondamental ; ainsi se déploient toutes les parties du plan divin (§ 11).

Gentils

§ VII. Les hommes ont en Dieu, vie, mouvement et être (Actes 17.25, 28 ; Éphésiens 1.23) ; Dieu leur conservateur (1 Timothée 4.10) ne se laisse pas sans témoignage ; il leur fait du bien (Actes 14.16) ; il n’est pas loin de chacun d’eux(Actes 17.27) ; il est leur Dieu (Romains 3.28) ; il les appelle de toute éternité à l’Évangile qui, mystère glorieux caché dans tous tes siècles et dans tous les âges, renfermait pour eux d’incompréhensibles richesses de gloire (Colossiens 1.26-27), puisque dans la pensée divine ils sont de toute éternité cohéritiers et d’un même corps avec les Juifs, puisqu’ils prennent part aux promesses divines (Éphésiens 3.5-6) et que selon la volonté de Dieu manifestée dans l’Ancien Testament, ils seront évangélisés, justifiés et bénis par la foi en Christ (Romains 10.20 ; 15.9-12, 16, 18-19 ; 1.5-6, 14, 16 ; Galates 1.15-16 ; 3.7, 8, 14).

Sens de l’histoire païenne. — A priori et a posteriori, en idée et de fait, nous savons que l’activité conservatrice et rédemptrice de Dieu entoure, maintient, prépare et appelle les Gentils à recevoir le Rédempteur. Vocation éternelle des Gentils ; leur convergence vers le Christ, selon la pensée éternelle de Dieu ; direction providentielle de leur marche mystérieuse.

§ VIII. Les hommes déplaçant Dieu dans leurs pensées devenues vaines et dans leur cœur obscurci, leurs rapports normaux ou justes, avec Dieu, le monde, la société et eux-mêmes se pervertissent. Quant à Dieu ils lui deviennent rebelles, ennemis en entendement et en cœur (Romains 11.30 ; Colossiens 1.21 ; Éphésiens 2.12) ; ils retiennent sa vérité captive et ne lui rendent pas la gloire due (Romains 1.18). Quant au monde, ils s’asservissent à ses pauvres et impuissants éléments (Galates 4.9) ; ils tombent dans l’idolâtrie (Romains 1.23) ; ils sont entraînés vers des idoles muettes (1 Corinthiens 12.2 ; Galates 4.3, 9), et adorent les éléments de la création et les êtres qu’elle renferme (Romains ch. 1). Quant à la société, ils se livrent à des désordres moraux et physiques effroyables (Romains 1.24-31 ; Galates 5.19,21 ; Colossiens 2.13). Quant à eux-mêmes, leur corruption de corps et d’âme qui a enfanté tout ce qui précède devient si grande, qu’ils sont désignés comme morts dans leurs fautes et dans leurs péchés (1 Thessaloniciens 4.5 ; Éphésiens 2.1-3, etc.). Il y avait cependant des Gentils qui accomplissaient la loi d’une façon relative (Romains 2.14, 26-27), et qui formaient ainsi dans le paganisme un certain Israël.

Aberration historique. — Le péché, fait accidentel, envahit et trouble l’harmonie de l’homme avec Dieu, avec la création et avec lui-même. Ce fait humain, qui en raison de sa nature inconsistante et de son origine finie, ne peut transmuter l’ordre du plan divin substantiellement et éternellement arrêté en Dieu, est fécond toutefois en enseignements positifs et douloureux, en effets instructifs qui appliqués par Dieu d’une façon éducatrice et insérés comme tels dans le domaine du règne divin, constituent un progrès pédagogique et font ressortir l’unité et l’organisation admirable du plan divin.

§ IX. Quels étaient le sens du paganisme, sa valeur historique et son résultat social ? :

  1. Ces dégradations étaient en elles-mêmes une juste et irrésistible punition, car Dieu a organisé le monde de telle sorte qu’en général le mal produit le malheur ; elles étaient une mise en évidence de la justice de Dieu (Romains 1.18) qui rend à chacun selon ses œuvres en faisant recueillir ce qu’on sème (Romains 2.5-11 ; Galates 6.8). — Manifestation de la justice divine ; culpabilité et misère humaine ; production du besoin d’un rédempteur.
  2. Dieu laisse les nations marcher dans leurs voies (Actes 14.15), mais avec l’intention de faire que l’activité de l’homme s’exerce à le chercher (Actes 17.27), pour démontrer par l’insuccès de ses efforts, la vanité de la raison humaine abandonnée à elle-même, pour la confondre dans son isolement et pour détruire toute glorification humaine en amenant l’homme à crier : Abba, Père ! (1 Corinthiens 1.26). — Manifestation de la sagesse divine ; indépendance, essais, achoppements de l’homme ; production du besoin d’un rédempteur.
  3. En supportant les vices des Gentils, Dieu voulait par les richesses de sa patience, de sa longue attente et de sa bonté, les convier à la repentance (Romains 2.3-4 ; 3.24)? Il les enferme tous sous le péché afin de leur faire miséricorde à tous (Romains 11.31-32) ; sa patience, sa grâce passent par-dessus ces temps d’ignorance (Actes 17.30). — Manifestation de la grâce divine ; ignorance et vitiosité humaine ; production du besoin d’un rédempteur.
  4. Quant à ceux qui réalisaient la loi d’une façon relative, ils ne sentaient que plus leur misère, puisque les exigences spirituelles de la loi devaient produire en eux la connaissance du péché et un désir plus vif de briser son joug. — Manifestation de la justice et de la miséricorde divine ; impuissance de l’homme ; production du besoin d’un rédempteur.

Ainsi, s’il y avait appauvrissement du fonds divin de l’humanité, de sa vie sociale, de sa foi, de sa conscience, de sa liberté, cet appauvrissement, expiation fatale et conséquence irrésistible d’un acte vicieux accompli, recelait dans ses entrailles un progrès réel. D’abord le péché se punissait lui-même et travaillait ainsi à sa ruine ; l’homme reconnaissait par le fait de ses souffrances, que par lui-même il ne peut rien et qu’il n’est que par Dieu ; l’impiété ramenait à la piété, et l’incrédulité à la foi. C’était un cercle d’essais instructifs et d’épreuves fécondes ; c’était un creusement dans le mal pour le mieux connaître, pour le haïr davantage et pour en triompher plus solidement ; c’était une voie profonde de salut, c’est-à-dire, de revirement du mal, è malo, et de conversion vers le bien. Il y avait ensuite du côté de Dieu, manifestation éclatante de sa justice, de sa sagesse, de sa grâce, et en somme, préparation progressive de l’œuvre rédemptrice, marche vers la loi et le but de la création, ou réalisation du plan divin par J. C.

Sommaire de l’histoire païenne. — Qu’est-ce que le paganisme ? c’est l’époque de l’enfance ; la domination des sens et le règne de l’art ; l’essai des forces humaines ; la marche ascendante de la révélation et de l’œuvre de Dieu, de la connaissance et de l’œuvre de l’homme ; l’arrivée du règne divin immuable. L’histoire païenne considérée en elle-même et dans l’ensemble du cadre de l’histoire universelle brille par son unité, par sa loi, par son but, par son harmonie avec l’avenir, en un mot elle a une signification simple et profonde dans le plan divin-humain.

Juifs

§ X. Dieu manifeste dans la personne et dans la vie d’Abraham, sa volonté de justifier les hommes. Il lui promet de bénir un jour les nations par un membre de sa postérité, par J. C. au moyen de la foi en Lui (Galates 3.8, 15-17, 29 ; Romains 4.1-12, 16). Il réalise cette promesse dans sa personne en lui imputant sa foi à justification (Galates 3.13). Cette promesse fut faite aux Pères par Dieu en vue de Christ (Romains 15.8) ; les Israélites dans le désert buvaient d’un même breuvage spirituel, de la pierre spirituelle qui les suivait et qui était J. C. (1 Corinthiens 10.3-4, 9).

Révélation plus claire et plus positive du plan divin et de l’œuvre rédemptrice, dans son auteur et dans son consommateur, J. C. ; dans son moyen relatif à l’homme, la foi ; dans son but, la rédemption ; dans son étendue, l’universalité des nations. Abraham est un jalon et un point culminant dans la série des révélations, dans le déroulement de l’efficacité de l’action divine, et dans le cours de l’histoire humaine. Manifestation de la grâce de Dieu.

§ XI. 430 ans après, Dieu ajouta la loi aux promesses, pour un peuple particulier, pour les Hébreux, descendants d’Abraham (Galates 3.17). Cette loi, appelée alliance du Sinaï, chair, éléments du monde, joug de servitude, pédagogue, gardien (Galates 4.24 ; 3.3 ; Philippiens 3.3 ; Galates 3.4, 9 ; 2 Corinthiens 3.6 ; Romains 7.6 ; Galates 2.4 ; 5.1 ; 3.20, 24), était de sa nature, spirituelle, bonne, sainte (Romains 7.12,14,16), et promettait de justifier et de faire vivre à la condition de l’accomplir toute entière (Galates 3.12 ; 5.3 ; Romains 10.5 ; Philippiens 3.9) ; mais de fait elle rendait la justification impossible (Galates 2.3-5, 16, 21 ; 5.4 ; 3.6, 7, 11 ; 4.21 ; Romains 4.1) ; elle enfantait l’esclavage (Galates 4.24-25) ; elle maudissait (Galates 3.10, 12 ; Romains 3.23 ; 4.15 ; 2 Corinthiens 3.8) et tuait à elle-même (Galates 2.19). Le corps social juif était une Jérusalem présente, une Agar, une mère esclave qui enfantait des esclaves et qui servait avec eux (Galates 4.21-31). Voilà pourquoi il est dit de la loi qu’elle est une occasion au péché (Romains 7.7-8), un piège, un filet (Romains 11.9), un ministère de condamnation (2 Corinthiens 3.6-11, 13), et qu’elle a été donnée non pour les justes mais pour les iniques (1 Timothée 1.7-10). — Son but était de réprimer les transgressions (Galates 3.19) ; de donner la conscience du péché (Galates 3.21-22) ; de le faire abonder, de faire fructifier à la mort au lieu de vivifier (Romains 5.20 ; 7.5-13) ; de faire mourir à elle-même (Galates 2.19) ; de préparer à la foi et à la justification par la foi ; de conduire à Christ (Galates 3.19, 23-24) pour faire vivre en Dieu (Galates 2.19) ; d’être une ombre des choses qui devaient venir et dont Christ serait le corps ; l’ombre de la connaissance et de la vérité (Colossiens 2.17 ; Romains 2.20). Toutes les choses auparavant écrites étaient pour l’instruction, la consolation et l’espérance des chrétiens (Romains 15.4). — Enfin son autorité devait cesser à la venue de la foi (Galates 2.19 ; 3.19-20,24-25 ; 4.10,30 ; 5.2 ; 6.15 ; 2 Corinthiens 3.6-11, 13 ; Colossiens 2.22) ; Christ devait abolir ce voile de l’Ancien Testament (2 Corinthiens 3.14) et affranchir de la loi et de ses effets (Galates 5.6 ; 6.15 ; 3.13 ; 4.5 ; Romains 10.4 ; 7.4 ; 1 Corinthiens 10.25 ; Colossiens 2.16, 21).

Sens et but historique de la loi. — La révélation divine se poursuit par la loi qui fonde et développe une nationalité assise sur la conscience religieuse qu’on prend pour base et pour centre de toutes les institutions sociales. Cette théocratie juive est l’image particularisée du règne divin ou de la théocratie spirituelle éternelle, et de l’Église chrétienne universelle. Les noms, la nature, les promesses, les effets, les buts, la symbolique et l’autorité temporaire de la loi annonçaient, préparaient, exigeaient un rédempteur et créaient le besoin de rédemption. Ainsi le judaïsme convergeait vers le Christ ; ainsi la réalisation du plan de Dieu, l’œuvre divine et humaine, la série des évolutions historiques des Juifs marchaient vers leur fin sublime et profondément simple. — Manifestation de la justice divine.

§ XII. Les Juifs outre les avantages dont jouissaient les Gentils, étaient les bien-aimés de Dieu eu égard à la vocation des Pères (Romains 11.28-29) ; ils formaient la racine du monde moral qui devait être révélé (Romains 11.17). Dieu les avait auparavant connus (Romains 11.2) ; d’eux devait sortir le Christ (Romains 9.4-5). Ils avaient la loi, l’adoption, la gloire, les alliances, le service divin, les promesses, la règle de la science et de la vérité, les oracles de Dieu relatifs à son règne, au Messie, à la vocation des Gentils, etc. (Romains 2.17-20 ; 3.2 ; 9.4-5). Aussi la loi et les prophètes rendaient témoignage à la justice de Dieu, à son mystère, à son Évangile touchant son Fils (Romains 16.26 ; 3.21 ; 1.2 ; 3.2). — Leur état religieux et moral était peu satisfaisant. Ils avaient du zèle mais sans connaissance (Romains 10.2) ; ils cherchaient à établir leur propre justice (Romains 10.3) ; ils étaient contredisants, rebelles (Romains 10.21), endurcis, et n’avaient pas moins besoin que les Gentils d’un Sauveur, car il y avait un paganisme dans le judaïsme (Romains 2.21-29). Du reste leur endurcissement n’était pas sans bon résultat, puisqu’il est appelé la richesse et la réconciliation du monde, puisque par lui le salut arrive plus vite aux Gentils, et qu’eux-mêmes sont par là excités à la jalousie (Romains 11.11-12, 15, 25, 28, 30 ; 10.19).

Valeur historique du judaïsme et des Juifs. — Tous les avantages des Juifs, tous leurs livres bibliques ainsi que leur abaissement se rapportaient au même point, à Jésus-Christ. Immense valeur positive de leur négation religieuse, puisqu’elle est l’occasion de la vocation des Gentils ; de là le rapport d’harmonie profonde qu’il y a entre l’histoire juive et l’histoire païenne. — Manifestation de la sagesse de Dieu.

Ainsi tout l’hébraïsme avec ses promesses à Abraham, avec ses enseignements mosaïques et ses révélations prophétiques, est éclatant des manifestations de la grâce, de la sagesse, de la justice divine ou des forces éducatrices appliquées par Dieu au salut des hommes ; il est une prophétie toujours plus claire du plan divin et de sa réalisation future, et une convergence lumineuse vers le Christ ; il est une illustration de l’histoire antique et de celle de l’humanité en général.

§ XIII. Cest pourquoi Juifs et païens, à travers la diversité de leur marche et de leurs voies, gravitaient autour du Calvaire, dans l’unité du sentiment du besoin de rédemption ; aussi Paul s’écrie-t-il : Toute la création soupire après la glorification et la délivrance de la servitude de la corruption, après la liberté des enfants de Dieu (Romains 8.20-21) !

Résumé. — Qu’est le judaïsme ? L’époque de l’enfance ; le règne de la loi ou la lutte de l’entendement et de la volonté ; l’essai des forces humaines ; la marche ascendante de la révélation et de l’œuvre de Dieu ainsi que de celles de l’humanité ; l’image du plan divin, du genre humain et de la théocratie spirituelle. L’histoire juive brille par son unité, par sa loi, par son but, par son sens profond et simple, soit qu’on la considère en elle-même comme épisode humanitaire, ou dans ses rapports historiques comme partie du grand cadre de l’histoire universelle.

Précis général de ce qui précède. Unité historique du paganisme et du judaïsme, car dans l’un et l’autre nous voyons la manifestation du même plan ; l’application de moyens divers par la forme et non par le fond, pour réaliser la même loi et pour arriver au même but, dans le sein des deux fractions du genre humain, identiques de nature et fraternelle d’origine ; et ce système d’éducation divine repose sur le même être, Dieu, s’exerce par le même moteur, J. C, en vue du même grand fait historique, la rédemption, le christianisme, l’Église. Le paganisme et le judaïsme constituent une double et complète expérience historique qui devait précéder l’Église chrétienne ; dans l’un nous voyons l’homme sans la loi, dans l’autre nous le voyons sous la loi, deux degrés de rotation morale qu’il fallait parcourir pour arriver à l’homme vivant dans la loi et à la loi vivant dans l’homme, c’est-à-dire au chrétien.

SECONDE PARTIE.
De Christ aux siècles des siècles. — genre humain.

De Christ

§ XIV. Lorsque l’époque fixée par Dieu est arrivée, et que les temps sont accomplis (Galates 4.2,4), Dieu manifeste en son propre temps l’espérance de la vie éternelle, sa Parole (Tite 1.3) ; il envoie son Fils (Galates 4.4 ; Romains 8.3), le dernier Adam (1 Corinthiens 15.45, 47), l’image de ses frères de toute éternité (Romains 8.29), pour sauver les pécheurs (1 Timothée 1.15) ; il le fait naître de femme, le soumet à la loi (Galates 4.4), le livre pour nos offenses (Romains 4.25 ; 5.6), nous signale son amour (Romains 5.8) dans sa mort une fois arrivée pour tous à cause du péché (Romains 6.10 ; 2 Corinthiens 5.14-15), le ressuscite (Colossiens 2.12 ; Éphésiens 1.20 ; Romains 8.11 ; 1 Corinthiens 6.14 ; Galates 1.1) pour notre justification (Romains 4.25 ; 5.6), le fait vivant par sa puissance (2 Corinthiens 13.4), l’élève souverainement à cause de son abaissement sur la croix, et parce qu’il est le premier d’entre les morts, le fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes afin qu’il tienne le premier rang en toutes choses (Philippiens 2.7-9 ; Colossiens 1.18 ; Éphésiens 1.20).

Présence du règne divin, rénovation du cours de l’histoire. — La direction morale du monde éclate dans sa splendeur. Le réalisateur du plan divin se revêt de la nature humaine à l’époque fixée de toute éternité, et en harmonie avec les besoins de l’humanité qu’il vient satisfaire. Dans sa personne et par sa présence terrestre, la force rédemptrice avec toute sa substantialité divine se développe réparatrice, dans tout le positivisme triomphant des phases infiniment significatives de son existence terrestre, et dépose sur la terre, dans le sein de l’humanité, le plan divin avec tout le réalisme dynamique de ses énergies spirituelles. La justice, la grâce, la sagesse et l’amour de Dieu brillent d’un éclat transfigurant, et le besoin de rédemption, ce résumé de tous les besoins, ce cri de toutes les voix antiques, ce résultat de toutes les évolutions de l’histoire, ce dernier mot de l’humanité païenne et juive, le besoin de rédemption reçoit sa céleste nourriture ; le Christ annoncé, préfiguré, préparé, désiré, est là réel, concret, visible, humain. Dès lors un mouvement positif, ascendant et divin est imprimé à la marche de l’humanité et à toutes les parties du plan de Dieu (§ iv). L’histoire normale est retrouvée.

De l’œuvre de Christ

§ XV. Tout l’édifice de Dieu est posé et ajusté en J. C. qui est la maîtresse pierre du coin (Éphésiens 2.20-21), le fondement unique du règne de Dieu (1 Corinthiens 3.11), le chef de l’Église (Éphésiens 1.21), le chef de tout homme et le Sauveur de son corps (1 Corinthiens 11.3 ; Éphésiens 5.23). — De par Dieu, et pour les païens comme pour les Juifs et comme pour tous, il est la fin de la loi en justice à tout croyant (Romains 10.4) ; il est ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu afin de ratifier les promesses faites aux Pères (Romains 15.8) ; il crucifie le péché, tue la mort qui en est le salaire, met en évidence ta vie et l’immortalité (2 Timothée 1.10) et devient pour tous sagesse, justice, rédemption, sanctification (1 Corinthiens 1.20) ; il justifie Juifs et païens par la foi en Lui (Romains 3.19 ; 11.17) ; des deux il en fait un, ayant rompu la clôture de la paroi mitoyenne ; il ôte l’inimitié et crée les deux en soi-même pour qu’ils soient un homme nouveau, réunissant les uns et les autres pour former un corps devant Dieu, par la croix, de sorte que tous par Lui ont accès auprès du Père (Éphésiens 2.13-18 ; Colossiens 1.20). — Par Lui Dieu réconcilie toutes choses avec Lui-même (Colossiens 1.20 ; 2 Corinthiens 5.18-21) ; par Lui, seul, unique, il nous sauve en nous manifestant sa grâce (Tite 2.11 ; Éphésiens 2.5-7 ; Romains 5.15, 17-18 ; 1 Corinthiens 1.4 ; 8.38) ; en Lui, un, Christ, il nous vivifie et nous relève tous (1 Corinthiens 15.21-22 ; 2 Corinthiens 1.22) ; il le fait être tout et en tous dans le nouvel homme qu’il faut revêtir (Colossiens 3.11) ; aussi J. C. est-il appelé médiateur, réconciliateur, pacificateur, rédempteur et sauveur !

Action salutaire, historique, de l’œuvre de Christ. Développement du règne divin. — Unité permanente du plan de Dieu dans l’unité omnipotente de Christ, pivot de ce royaume ; unité permanente des révélations du plan de Dieu puisqu’elles aboutissent toutes au Christ éternel, annoncé à la chute, préparé dans l’histoire, incarné en son temps, et consommateur futur de la foi ; ainsi l’unité des actions divines antérieures et celle de leurs effets ou des œuvres qui préparaient la venue du Sauveur durant la première période historique, se perpétue plus éclatante dans l’unité du Rédempteur et de son œuvre. A l’unité, à l’universalité, à la continuité négatives de la chute, du péché et de ses conséquences, viennent s’opposer victorieuses l’unité, l’universalité, la continuité positives de la rédemption et de ses effets par la réalité substantielle de la vie divine et de ses résultats. Au brisement de l’union avec Dieu, et à celui de l’humanité en nationalités et en castes égoïstes, succède le retour vivant de l’union avec Dieu et l’unification profonde des nationalités en une création historique neuve ou en une seule famille humaine, parce que l’objet nouveau de la foi des hommes, J. C., est d’abord un et unique, puis un avec son Père qui est aussi le nôtre, et enfin un avec l’homme idéal. Ainsi par l’incarnation de Christ, l’objet du plan divin ou la création (§ iv), étant rattaché à l’essence de ce même plan ou à Dieu, rentre dans sa loi et marche vers son but et son résultat final ; or comme le plan divin est l’idéal de l’histoire de l’humanité, il s’ensuit que ce plan se réalisant par la fondation de l’Église chrétienne, l’histoire de l’humanité rentre progressivement dans l’ordre souverain à la voix de l’Évangile.

§ XVI. C’est là ce mystère qui avait été tû des les temps éternels, qui est maintenant révélé (Colossiens 1.26 ; Éphésiens 3.9 ; Romains 16.25), et qui est appelé le secret de Dieu (Éphésiens 3.9) ; la grâce de Dieu dans la vérité (Colossiens 1.6) ; la parole de Dieu (Colossiens 1.25) ; le témoignage de Dieu (1 Corinthiens 2.1) ; la puissance salutaire de Dieu (Romains 1.16) la révélation de la justice de Dieu par la foi (Romains 1.17) ; la sagesse de Dieu déterminée à la gloire des hommes, dès avant les siècles (1 Corinthiens 2.7) ; l’Evangile de la gloire du Dieu bienheureux (1 Timothée 1.11) ; l’Évangile de la grâce de Dieu, le royaume de Dieu (Actes 20.24-25) — le mystère de Christ (Éphésiens 3.4 ; Colossiens 4.3) ; la prédication de J. C. (Romains 16.25) — la parole de la vérité (Éphésiens 1.13 ; Colossiens 1.5) ; l’Évangile du salut (Éphésiens 1.13) ; le ministère permanent de l’esprit, de la justice (2 Corinthiens 3.6-11) ; le ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5.18-19) ; la parole de la croix (1 Corinthiens 1.18) ; le mystère de la foi (1 Timothée 3.9) ; le mystère de la piété (1 Timothée 3.16),

Le royaume de Dieu est maintenant là, posé et déposé en vie divine-humaine ; il est là dans l’espace et dans le temps, sur la terre, au milieu de nous ; il est là avec une racine historique, avec toutes les conditions requises pour envahir races et siècles, pour déterminer l’humanité dans un sens, pour imprimer une marche au torrent de la vie humaine, individuelle et sociale, pour le régler selon des lois fixes, pour le pousser selon des forces très caractéristiques, vers un but très net ; étudions-le de plus près encore, sous un point de vue individuel et social.

Du règne de Dieu sous le point de vue individuel

§ XVII. Toute l’œuvre de régénération vient de Dieu le Père qui nous rend capables de participer à l’héritage des saints dans la lumière, et qui nous transporte dans le royaume de son Fils (2 Corinthiens 5.17 ; Colossiens 1.12-13).

Par la foi en J. C., le Juif et le païen, l’esclave et le libre, l’homme en un mot, étant crucifié avec Christ (Galates 2.19), crucifie à son tour sa chair, ses passions et ses convoitises (Galates 5.24) et devient une même plante avec J. C. en sa mort et en sa résurrection (Romains 6.5-6) ; le monde est crucifié pour lui et il est crucifié pour le monde (Galates 6.14) — Par cette immersion spirituelle opérée au moyen de la foi à la mort du Sauveur, l’âme a revêtu Christ, le nouvel homme créé selon Dieu en justice et en sainteté véritable (Éphésiens 4.24) ; elle est devenue nouvelle créature (Galates 6.15) ; elle vit en Christ, de foi en Christ, ou plutôt Christ vit en elle (Galates 2.19-20) ; toutes les vieilles choses sont passées, et toutes sont faites nouvelles (2 Corinthiens 5.17). Le chrétien n’est pas sous la loi (Romains 6.14 ; Galates 5.18) mais sous la grâce. Affranchi du péché, et libre ou asservi à Dieu (Romains 6.22 ; Galates 5.1-13 ; 4.26,31), il devient par Christ enfant de Dieu (Romains 8.14-15 ; Galates 3.26) ; il est héritier de Dieu et cohéritier de Christ (Galates 4.7 ; Romains 8.17). — Alors il reçoit l’esprit de filialité (Galates 3.2,5 ; 4.6 ; Romains 8.11) que Dieu lui donne pour le sceller (2 Corinthiens 1.21), la confiance en Dieu (2 Corinthiens 3.4), la justice de Dieu (2 Corinthiens 5.21 ; Galates 2.16 ; 3.18), selon la promesse de bénédiction qui s’accomplit en lui (Galates 3.14, 8, 22). Il marche selon cet esprit divin, il sème sa vie dans cet esprit (Galates 5.16 ; 6.8), il en porte les fruits (Galates 5.22-23) ; il vit en communion avec les fidèles, il est un avec eux en J. C. et appartient-au royaume de Dieu et de Christ qu’il a mission de défendre (2 Timothée 2.3 ; Éphésiens 6.11 ; Galates 5.21) ; enfin sa vie est cachée avec Christ en Dieu (Colossiens 3.3 ; Romains 6.11), et il réalise toujours plus en lui la vie éternelle qui est la félicité des fidèles (Galates 6.8),

Christ, centre et moteur de la création et de sa restauration, est aussi celui de la nouvelle créature ou de l’homme relevé ; il en est le ressort, l’âme, l’axe, le foyer. La cohésion identifiante du chrétien avec J. C. et sa vie rédemptrice, avec J. C, image de Dieu, type de l’humanité et base de l’unité et de la réalisation du plan divin, a pour conséquence d’amener une renonciation au moi et à tout son empire, un revêtement de l’homme divin ou une rénovation de l’homme primitif, normal ou juste, une palingénésie individuelle qui devient la source d’une palingénésie universelle ; cette communion avec Christ organise en lui un affranchissement progressif du mal et une dépendance progressive envers Dieu, ou la vraie liberté ; elle organise la reconstruction de son unité filiale avec Dieu et ses œuvres, et de son unité historique avec les vrais pères de l’histoire et les révélations de Dieu ; elle organise en lui un développement de vie divine qui a pour loi de croître sans cesse en Dieu, la vérité et la vie. — Ainsi Christ est le point de départ et le moyen vivificateur unique de la vie chrétienne, Dieu est sa base première, et l’Esprit-Saint son milieu constant ; la loi de cette vie est de se développer en unité avec les autres, vies, c’est-à-dire de vivre d’amour.

Du règne de Dieu sous le point de vue social

§ XVIII. Les hommes sont tous appelés à la paix de Dieu pour être un seul corps (Colossiens 3.15). Les chrétiens sont membres du corps de Christ, étant de sa chair et de ses os (Éphésiens 5.30) ; ils sont son corps (1 Corinthiens 12.27), et un seul corps en Lui (Romains 12.4-5 ; 1 Corinthiens 12.13). — Dans ce corps unique il y a un seul esprit, une seule espérance de vocation, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul et même Dieu (Éphésiens 4.3-6 ; 1 Corinthiens 12.4-6, 28-30, 7-11 ; 1 Corinthiens 12-13). — Dans ce corps un, il y a diversité de dons, de ministères et d’opérations pour l’édifier, car chacun y est réciproquement le membre l’un de l’autre (Éphésiens 4.11 ; Romains 12.6-8, 4-5 ; 1 Corinthiens 12.4-6, etc.). — La loi de ce corps est de croître en toutes choses suivant la vérité et la charité, en Celui qui est le chef, Christ (Éphésiens 4.15) ; de croître d’un accroissement de Dieu (Colossiens 2.19) ; de se sanctifier (1 Thessaloniciens 4.3) ; de fructifier à Dieu (Romains 7.4-6) ; de ne se glorifier qu’en Dieu (1 Corinthiens 1.31 ; 3.21) ; de courir vers les choses qui sont devant, vers le prix de la céleste vocation qui est de Dieu en J. C. (Philippiens 3.4) ; de se rencontrer tous dans l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, dans la mesure de la stature parfaite de Christ (Éphésiens 4.13) ; d’avoir un même amour, un même sentiment, d’être une même âme, de consentir tous à une même chose (Philippiens 2.2) ; d’être transformés de gloire en gloire à l’image de Christ par l’esprit de Dieu (2 Corinthiens 3.18), et d’être ainsi conduits à la vie éternelle par la grâce de Dieu au moyen de J. C. (Romains 5.21 ; 6.23 ; 7.25). Ce corps dans chacun de ses membres et dans sa totalité est le labourage, l’édifice, le temple, le règne, l’accomplissement de Dieu (1 Corinthiens 3.9, 16-17 ; 2 Corinthiens 6.16, 18 ; Éphésiens 1.23), un tabernacle de Dieu, en esprit, en Christ (Éphésiens 2.21-22).

Idée et réalité d’une association des forces humaines sanctifiées et vivifiées par les forces divines, et appliquées au développement terrestre le plus actif et le plus harmonique des éléments du bonheur social, au développement des lois divines-humaines gravées dans notre nature pour la réalisation progressive du but de l’humanité, c’est-à-dire, du plan divin. — Unité profonde, vivante et éternelle de cette association fondée sur Christ et par Christ, le même aujourd’hui, hier et éternellement ; de la, réalité, unité et développement d’une histoire neuve de l’humanité par et dans l’Église chrétienne. — Dans ce corps social sont abolis les antiques antagonismes religieux fondés sur la haine ; l’esprit égoïste de race ; les haines nationales ; les classifications sociales illégitimes ; les servitudes domestiques. — Dans cette société chrétienne il y a unité de mobile, de point de départ, de but, de convictions, de pouvoir, d’obéissance ; à côté de cette condition de toute organisation sociale s’en trouvent une seconde non moins importante, la variété de talents, l’inégalité des capacités, la diversité des fonctions se complétant réciproquement ; puis une troisième tout aussi indispensable pour obtenir des classifications normales et des résultats harmoniques, l’égalité fondée sur là fraternité et l’amour, et qui seule garantit une coordination organique et pacifique des membres, de leurs fonctions et de leurs produits ; enfin une quatrième pour assurer l’exercice légitime des devoirs, la jouissance pleine des droits ainsi que la distribution et la répartition la plus vivifiante pour le corps social des richesses spirituelles et terrestres, savoir le sentiment d’une responsabilité mutuelle, d’une mutuelle solidarité.

La loi de ce corps est le progrès ou le développement continu et harmonique de l’activité sous toutes ses formes et dans tous ses objets, par la vérité et l’amour, ou en Christ et par Christ ; c’est la tendance à l’unité en toutes choses dans le sein du Père unique et par l’unique Sauveur, pour arriver au but d’une transfiguration de l’humanité en Dieu par Christ, ou à la possession de la vie éternelle.

Si nous ne nous abusons point, on peut reconnaître par ce rapide résumé tout ce qu’il y a de faussement prétentieux dans les soi-disantes découvertes des siècles modernes en fait de philosophie de l’histoire. Avant Bacon, Bossuet, Lessing, Kant, Condorcet, Turgot, Vico, Herder, Hegel, Saint-Simon, Cousin, Lherminier, etc., un puissant génie avait déroulé dans un magnifique chef-d’œuvre la lutte d’une Cité de Dieu contre la cité du monde, et y avait jeté les bases d’une philosophie de l’histoire qu’il avait puisées à la source divine dans les écrits du grand saint Paul.

Du règne de Dieu après cette vie

§ XIX. Les membres de ce royaume sont les bien-aimés de Dieu, de l’amour duquel rien ne pourra les séparer (Romains 8.30-38) ; leur bourgeoisie est dans les cieux (Philippiens 3.20) où ils ont un édifice de par Dieu, une maison éternelle qui n’est pas faite de main (2 Corinthiens 5.1) ; J. C., leur chef, qui de par Dieu doit abolir tout empire, toute puissance, toute force, tous ses ennemis et la mort elle-même (1 Corinthiens 15.24-26) jugera les secrets des hommes et le monde entier (Romains 2.16 ; 14.10-11 ; 1 Corinthiens 4.4-5 ; 2 Corinthiens 5.10 ; 2 Timothée 4.1 ; Actes 17.31), les ressuscitera par sa puissance (1 Corinthiens 6.14), ramènera ceux qui dorment en Lui (1 Thessaloniciens 4.13-14), transformera leur vil corps en un corps glorieux (Philippiens 3.21) et leur fera porter l’image du second homme, du céleste, du Seigneur (1 Corinthiens 15.45-49) ; enfin lorsqu’il aura tout assujetti, que toutes choses seront aux chrétiens et que les chrétiens seront à Lui, il sera assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses, il sera à Dieu son chef (1 Corinthiens 3.22 ; 11.3), il remettra le royaume à Dieu, son Père, après avoir triomphé de tous ses ennemis (1 Corinthiens 15.24-26), afin que Dieu soit tout en tous (1 Corinthiens 15.28) et Père de tous, sur tous, parmi tous et en tous (Éphésiens 4.6) ; alors sera accomplie cette parole : Tout est par Christ, nous sommes par lui seul-Seigneur, et tout est de Dieu et nous sommes en Lui seul Dieu-Père (1 Corinthiens 8.6). C’est à la gloire et à la louange de Dieu que les chrétiens remplis de fruits de justice par J. C. (Philippiens 1.11) confesseront que J. C. est Seigneur (Philippiens 1.11 ; Colossiens 3.17), et diront : Gloire à Dieu dans l’Église par J. C. dans tous les siècles (Éphésiens 3.20-21).

Identité finale de la création régénérée avec le plan divin, ou consommation de l’idéal du § ii. Théocratie éternelle.

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