Le repos éternel des Saints

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C’est le devoir du peuple de Dieu d’engager les autres hommes à chercher le repos des Saints

Puisque Dieu a mis devant nos yeux une récompense aussi glorieuse que le repos des saints, et nous a rendus capables de jouir d’un bonheur aussi inconcevable, pourquoi tous les enfants de ce royaume ne font-ils pas plus d’efforts pour aider les autres à y entrer ? — Hélas ! que les pauvres pécheurs qui nous entourent doivent avoir peu d’obligation à la plupart de nous ! Nous voyons la gloire du royaume et ils ne la voient point : nous voyons la misère de ceux qui en sont exclus et ils ne la voient point : nous en voyons plusieurs errer hors du bon chemin, nous savons que s’ils continuent ils n’arriveront jamais, et eux-mêmes ne s’en aperçoivent point. Et pourtant nous ne voulons pas sérieusement leur montrer leur erreur et leur danger ; nous ne voulons pas contribuer à les remettre dans le bon chemin pour qu’ils vivent. — Qu’il y a peu de chrétiens qui fassent tous leurs efforts pour sauver des âmes ! Si le ciel n’est pas sans habitants, et si les âmes de nos frères ne périssent pas éternellement, on ne doit nous en savoir aucun gré. Vu l’importance de ce devoir pour la gloire de Dieu et pour le bonheur des hommes, je montrerai comment on doit le remplir ; — pourquoi il est si négligé ; — et je présenterai quelques considérations pour engager les hommes à s’en acquitter.

1°. L’obligation d’encourager et d’aider les autres à chercher le repos des saints n’implique pas que tout homme doive se faire prédicateur public, ou que personne doive sortir des bornes de sa vocation particulière. Elle ne consiste pas à encourager l’esprit de parti, à dénigrer en secret les défauts des autres ; mais elle consiste à avoir le cœur touché de la misère des âmes de nos frères, et à saisir toutes les occasions de les instruire dans la voie du salut.

Nos cœurs doivent être touchés de la misère des âmes de nos frères : nous devons être émus de compassion envers eux et désirer ardemment leur guérison et leur salut. Si nous voulions sincèrement leur conversion, et si nous avions à cœur de leur faire du bien, nous nous mettrions à l’œuvre et Dieu bénirait nos efforts.

Nous devons saisir toutes les occasions d’instruire nos frères dans la voie du salut. Si votre frère est ignorant, faites-lui comprendre en quoi consiste le souverain bonheur de l’homme, la part qu’il y avait autrefois, l’alliance que Dieu avait faite avec lui, la violation de cette alliance, le châtiment qu’il a encouru, la misère dans laquelle il s’est précipité. Montrez-lui combien il a besoin d’un rédempteur ; comment Christ est intervenu dans sa miséricorde ; ce que c’est que la nouvelle alliance ; comment les hommes sont amenés à Christ, et quels sont les biens et les privilèges que les croyants trouvent en lui. — Si ces vérités ne font sur lui aucune impression, faites-lui connaître l’excellence de la gloire qu’il dédaigne ; l’immensité et l’éternité des tourments des réprouvés ; la certitude, la proximité et les terreurs de la mort et du jugement ; la vanité des choses d’ici-bas ; l’horreur du péché ; le prix infini de Jésus-Christ ; la nécessité de la régénération, de la foi, de la sainteté et leur véritable nature. — Si à la fin vous vous apercevez qu’il se berce de fausses espérances, pressez-le alors d’examiner son état ; faites-lui en sentir la nécessité ; aidez-le vous-même dans cet examen, et ne le quittez point que vous ne l’ayez convaincu de sa misère et que vous ne lui en ayez montré le remède. — Faites-lui voir combien il est inutile et funeste de s’appuyer à la fois sur Jésus-Christ et sur ses œuvres pour s’en former une justice suffisante pour le sauver. Cependant, ne négligez pas de l’engager à faire usage de tous les moyens de grâce, tels que la prédication et la lecture de la parole, la prière, la société des hommes pieux ; engagez-le à renoncer au péché, à fuir les tentations, les mauvaises compagnies, et à attendre patiemment Dieu, en se servant de ces moyens qui seuls peuvent conduire à lui.

Comme la manière de remplir cette tâche est extrêmement importante, observez les règles suivantes. Soyez animé d’intentions droites ; n’ayez pour but que la gloire de Dieu dans le salut de votre frère ; n’agissez point pour vous faire un nom, pour être considéré, pour placer les autres sous votre dépendance et pour avoir des sectateurs ; mais plutôt pour obéir à Christ, pour l’imiter, et par amour pour les âmes de vos frères. — Mettez-vous à l’œuvre promptement : vous ne voudriez point qu’ils différassent leur conversion, ne différez point à la chercher : pendant que vous vous proposez de l’instruire et de le secourir, votre frère s’endette de plus en plus ; le péché prend racine en lui ; l’habitude l’enchaîne ; les tentations se multiplient ; la conscience se cautérise ; le cœur s’endurcit ; le démon règne ; Christ est banni ; on repousse l’Esprit saint ; Dieu est chaque jour outragé ; sa loi est violée ; le temps court ; la mort et le jugement approchent, et votre frère peut mourir et tomber en enfer pendant que vous méditez de le sauver. Si, dans le cas d’une maladie corporelle, vous ne devez point lui dire : Allez, revenez demain et je vous donnerai un remède ; à plus forte raison ne devez-vous point différer, quand il s’agit de secourir son âme. Le médecin est aussi coupable qu’un meurtrier, quand par négligence il diffère jusqu’à ce que le malade soit mort ou sans espoir de guérison. Mettez donc de côté toute excuse, toute affaire moins importante, mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, pendant qu’il est dit, aujourd’hui ; de peur que quelqu’un de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché (Hébreux 3.13). »

Que vos exhortations soient le fruit de l’amour et de la compassion. La raillerie, la moquerie, le sarcasme, l’insulte ne sont pas propres à réformer les hommes et à les convertir à Dieu. Allez vers les pauvres pécheurs, les yeux mouillés de larmes, afin qu’ils voient que vous les croyez misérables et que vous les plaignez sincèrement. Adressez-leur d’humbles et de ferventes supplications ; qu’ils voient que vous avez à cœur de leur faire du bien, que vous n’avez pas d’autre objet que leur bonheur éternel, que c’est le sentiment de leur danger et votre amour pour leur âme qui vous forcent à parler ; que vous connaissez les terreurs du Seigneur, et que vous craignez de les voir dans l’éternel tourment. Dites-leur : « Mon ami, vous savez que je ne cherche point mon intérêt particulier ; si je voulais vous plaire et conserver votre amitié, j’approuverais votre conduite ou je vous laisserais tranquille ; mais mon amour pour vous ne me permet pas de vous voir périr et de me taire. Je ne veux rien obtenir de vous que ce qui est nécessaire pour votre bonheur. C’est vous qui en aurez tout le profit et tout l’avantage, si vous revenez à Christ. » Si nous parlions ainsi à tous ceux de nos voisins qui sont ignorants ou pécheurs, quels heureux fruits nous en recueillerions bientôt !

Agissez avec toute la simplicité et la fidélité possible : n’atténuez point leurs péchés, ne les flattez point de fausses espérances. Si vous les voyez en danger, parlez ouvertement : « Mon voisin, je crains que Dieu n’ait pas encore régénéré votre âme ; je crains que vous ne soyez point encore racheté de la puissance de Satan à Dieu ; je crains que vous n’ayez point encore choisi Christ par-dessus tout, et que vous ne l’ayez point encore pris pour votre Seigneur suprême. Autrement vous n’oseriez pas ainsi lui désobéir ni négliger son service ; vous ne suivriez pas le monde avec tant d’empressement, et vous ne seriez pas toujours à parler des choses du monde. Si vous étiez en Christ, vous seriez une nouvelle créature ; vous auriez de nouvelles pensées, de nouveaux discours, de nouvelles compagnies, de nouveaux efforts, de nouveaux sujets d’entretien. Sans tout cela vous ne pourrez jamais être sauvé. Vous pouvez penser différemment et avoir d’autres espérances, aussi longtemps que vous le voudrez, mais elles vous tromperont et périront avec vous. »

C’est ainsi que vous devez agir sincèrement avec les hommes si vous voulez leur faire du bien. Il n’en est pas de la guérison des âmes comme de celle des corps ; dans celle-ci le malade ne doit point connaître son danger : dans celle-là il faut que les malades y contribuent eux-mêmes. S’ils ne connaissent point leur misère, ils n’en gémiront jamais, et ne sentiront jamais le besoin d’un Sauveur. — Agissez encore sérieusement, avec efficacité et avec zèle. Efforcez-vous de faire comprendre aux hommes que le ciel et l’enfer ne sont pas des choses dont on puisse se jouer, ou sur lesquelles on doive se contenter de quelques réflexions superficielles. « Il est certain qu’un jour vous aurez en partage le bonheur ou le malheur éternel : cette pensée ne vous réveille-t-elle point ? Il y en a si peu qui trouvent le chemin de la vie, et tant qui suivent celui de la mort ; il est si difficile de se sauver, et si facile d’échouer ; et cependant vous demeurez sans rien faire, vous jouez avec votre sort éternel. Que prétendez-vous ? Le monde passe ; ses plaisirs, ses honneurs, ses avantages s’évanouissent et vous abandonnent : l’éternité approche. Dieu est juste et jaloux : ses menaces sont sérieuses : le grand jour sera terrible : le temps fuit : votre vie est incertaine, vous êtes bien en retard : votre situation est périlleuse : si vous mouriez demain, combien vous seriez peu préparé ! Avec quel effroi votre âme sortirait-elle de votre corps ! Et cependant vous balancez encore. Songez-y donc. Dieu vous attend : il prend patience : sa longue attente vous épargne : sa miséricorde vous sollicite : Christ vous offre son sang et ses mérites : le Saint-Esprit vous persuade : la conscience vous accuse : Satan guette sa proie. Cette vie est le seul temps qui soit à votre disposition. Maintenant ou jamais. Aimez-vous mieux souffrir en enfer que de vous repentir sur la terre ? Aimez-vous mieux être tourmenté par les démons que d’être gouverné par Christ ? Voulez-vous renoncer à votre part de Dieu et de la gloire éternelle plutôt qu’à vos péchés ? O mes amis ! que pensez-vous de tout cela ? Dieu vous a fait hommes ; n’abdiquez pas votre raison, quand vous devriez surtout en faire usage. »

Ce n’est pas avec quelques paroles languissantes, entre le sérieux et le plaisant, entre le sommeil et la veille, que vous ranimerez un pécheur qui a le cœur mort. Quand une maison brûle, vous ne vous bornez pas à discuter froidement sur la nature et le danger du feu ; mais vous courez en criant : Au feu ! au feu ! Reprendre un homme de ses péchés aussi mollement qu’Héli reprenait ses fils ; le blâmer aussi doucement que Josaphat blâmait Achab : « Que le roi ne parle pas ainsi » ; fait ordinairement autant de mal que de bien. Notre répugnance à déplaire aux hommes est cause que nous les perdons.

Cependant, pour ne pas vous jeter dans les extrêmes, usez de discrétion et de réserve. Choisissez le moment le plus opportun : quand la terre est molle, le soc y entre plus facilement. La fidélité chrétienne nous oblige non seulement à faire le bien quand les occasions se présentent, mais encore à les chercher. Accommodez-vous au caractère de la personne. Appliquez-vous surtout à émouvoir sa sensibilité. Soyez sévère avec les gens opiniâtres, doux avec les gens timides. L’affection, la simplicité, le sérieux font impression sur tous. Que tous vos reproches et toutes vos exhortations soient fondées sur l’autorité de Dieu. Renvoyez les pécheurs au chapitre et au verset qui les condamnent ou leur prescrivent leur devoir. Ils pourraient rejeter vos paroles, mais ils n’oseront pas rejeter celles du Tout-Puissant.

Remplissez ce devoir fréquemment. L’Écriture nous commande de nous exhorter les uns les autres chaque jour avec patience et longanimité. La pierre frappée ne donne pas toujours du feu au premier coup, et la sensibilité des hommes n’est pas toujours émue à la première exhortation. Poursuivez les pécheurs de sollicitations continuelles, tendres et empressées : ne leur donnez ni repos ni relâche dans leurs péchés. C’est là la vraie charité, le moyen de sauver les âmes ; et le souvenir du bien que vous aurez ainsi opéré sera pour vous un motif de consolation. — Efforcez-vous d’obtenir un résultat de vos exhortations. Dieu bénit ordinairement les travaux de ceux qui ont à cœur la conversion de leurs frères, et qui ont soin de se tenir au courant de l’effet produit par leurs conseils. Quand vous blâmerez un péché, ne vous relâchez point que le pécheur ne vous ait promis d’y renoncer et d’en fuir toutes les occasions. Si vous pressez l’accomplissement d’un devoir, exigez que l’on vous promette de s’en occuper immédiatement. Si vous voulez amener les hommes à Christ, n’ayez point de cesse que vous ne leur ayez fait confesser leur misère naturelle, la nécessité d’un Sauveur et d’un changement, et que vous ne leur ayez fait promettre qu’ils useront immédiatement des moyens que la grâce leur offre. Oh ! si tous les chrétiens en agissaient ainsi avec ceux de leurs voisins qui sont esclaves du péché et étrangers à Christ !

Ayez soin aussi d’exhorter par vos exemples aussi bien que par vos paroles. Que les pécheurs vous voient pratiquer constamment les devoirs que vous leur recommandez : qu’ils voient dans votre conduite ce détachement du monde que votre bouche leur prêche ; qu’ils voient par vos efforts pour gagner le ciel que vous croyez véritablement ce que vous voulez leur persuader. Une vie pieuse et sainte est un reproche continuel à la conscience des pécheurs qui nous entourent, et les sollicite sans cesse à changer de conduite.

2°. Cherchons maintenant pour quelles causes ce devoir est si honteusement négligé, afin que, les obstacles une fois connus, nous puissions en triompher plus facilement. — Un de ces obstacles se trouve dans les péchés et les fautes mêmes des hommes. Ils n’ont point eux-mêmes été ravis des délices célestes ; comment s’empresseraient-ils d’engager les autres à les chercher ? Ils n’ont point senti la misère de leur condition, le besoin de Christ, l’influence régénératrice de l’Esprit-Saint ; comment les feraient-ils sentir aux autres ? Ils sont coupables des fautes qu’ils blâment, et ils ont honte de les blâmer. — Un autre obstacle est une infidélité secrète qui domine dans le cœur de l’homme. Si nous étions bien persuadés que les hommes impies et non régénérés doivent souffrir une éternité de tourments, pourrions-nous retenir nos larmes quand nous les regardons en face ? surtout quand ce sont nos amis et nos proches. C’est ainsi qu’une secrète incrédulité mine la vigueur de toutes nos grâces, et notre énergie à remplir nos devoirs. O chrétiens ! si vous croyiez véritablement que vos voisins, votre femme, vos enfants doivent souffrir éternellement à moins d’un changement complet, avant que la mort vînt vous les enlever, vous les supplieriez nuit et jour de se convertir. Sans cette incrédulité, nous ferions beaucoup plus de bien à nos âmes ainsi qu’à celles de nos frères.

Ce qui paralyse encore nos efforts, c’est notre manque d’amour et de compassion pour les âmes des hommes. Nous jetons les yeux sur les âmes misérables, et nous passons notre chemin comme le prêtre et le lévite passèrent près de l’homme blessé. Quoique le pécheur blessé par le péché et captivé par Satan ne vous demande point votre secours, sa misère seule crie assez haut. Si Dieu n’avait point regardé à nos misères avant d’entendre nos supplications, s’il n’avait point été ému par ses compassions avant de l’être par notre importunité, nous aurions été encore pendant longtemps les esclaves de Satan. — Vous priez Dieu d’ouvrir les yeux et de changer le cœur des pécheurs : et pourquoi ne pas entreprendre leur conversion si vous la désirez ? ou pourquoi la demander si vous ne la désirez point ? Puisque vous priez Dieu de les convertir et de les régénérer, pourquoi ne les suppliez-vous pas de réfléchir et de revenir à lui ? Si votre frère tombait dans une fosse, et si vous demandiez à Dieu de l’en tirer, sans lui donner vous-même ni secours ni conseils, chacun ne vous reprocherait-il pas votre cruauté et votre hypocrisie ? Il en est de l’âme comme du corps. « Celui qui, voyant son frère dans le besoin, lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui (1 Jean 3.17) ? » Non, il n’aime point l’âme de son frère.

Nous sommes encore retenus par une misérable envie de plaire aux hommes. Nous désirons tellement nous maintenir en crédit et en faveur auprès d’eux que cela nous fait malheureusement négliger nos devoirs. Quelle n’est pas la perfidie d’un médecin qui laisse mourir un malade de peur de l’inquiéter ? Si nos amis perdent la raison, nous ne leur passons aucune des fantaisies qui peuvent leur nuire ; et pourtant, quand ils sont tout-à-fait égarés par rapport à leur salut ; quand, dans leur folie, ils courent à la perdition, nous ne voulons pas les retenir de peur de leur déplaire. Sommes-nous chrétiens si nous préférons la louange des hommes à celle de Dieu ? « Si nous cherchons à plaire aux hommes, nous ne sommes pas les serviteurs de Christ ? »

Il est assez commun d’être retenu par une timidité coupable. Quand nous devrions faire rougir les hommes de leurs péchés, nous rougissons de nos devoirs. Les pécheurs ne peuvent-ils pas nous condamner, eux qui ne rougissent pas de jurer, de s’enivrer, de négliger le service de Dieu, tandis que nous rougissons de les avertir et de les reprendre ? La timidité est déplacée dans les cas de nécessité pressante. On ne doit point avoir honte d’obéir à Dieu, en cherchant à ramener les hommes du péché à Christ. Lecteur, votre conscience ne vous a-t-elle pas souvent averti de votre devoir, et ne vous a-t-elle pas engagé à parler aux pauvres pécheurs ? Et cependant vous avez eu honte d’ouvrir la bouche ; vous les laissez ainsi s’enfoncer ou se sauver comme ils pourront. Lisez, et tremblez : « Quiconque aura eu honte de moi parmi cette race adultère et pécheresse, le fils de l’homme aura aussi honte de lui, lorsqu’il viendra dans la gloire de son père avec les saints anges (Marc 8.38). » — Souvent notre paresse et notre impatience nous retiennent. C’est une tâche ingrate qui peut nous faire des ennemis ; on réussit rarement du premier coup, et à moins d’une longue persévérance. Il vous faudra peut-être bien du temps pour, instruire l’ignorant et pour convaincre l’opiniâtre. Nous oublions donc combien Dieu a été patient envers nous, quand nous étions dans nos péchés. Malheur à nous, si Dieu eût été aussi impatient avec nous que nous le sommes avec les autres.

L’intérêt personnel est un autre obstacle. « Tous cherchent leur avantage, et non celui de Jésus-Christ » et de leurs frères. —

L’orgueil est aussi un grand empêchement. S’il s’agissait d’aller parler à un grand seigneur sans s’exposer à lui déplaire, on le ferait ; mais aller trouver le pauvre, s’occuper de lui dans sa cabane, qui voudrait s’en charger ? Hélas ! nous ne songeons guère combien Christ s’est abaissé avec nous. — Quelques-uns sont retenus par l’ignorance du devoir : ils ne savent point que ce soit un devoir, ou du moins que ce soit le leur. Si vous êtes dans ce cas, lecteur, j’espère que vous connaissez maintenant votre devoir, et que vous aurez soin de le remplir.

Ne prétextez pas, pour vous en dispenser, que vous êtes incapable de faire une exhortation : chargez-en ceux qui en sont plus capables, ou bien, en toute fidélité et en toute humilité, faites usage de vos moyens et dites au pécheur, comme peut le faire un faible mortel, ce que Dieu dit dans la Bible. Ne vous dispensez pas de ce devoir parce que c’est un de vos supérieurs qui a besoin de conseils et d’exhortations. En cas de nécessité il faut passer par-dessus les règles ordinaires : que ce soit un mari, un père, un ministre, vous devez l’avertir : si leurs parents sont dans le besoin, les enfants doivent les secourir : si un mari est malade, sa femme doit le remplacer dans les affaires de la famille : si les riches sont réduits à la pauvreté, ils doivent recevoir l’aumône : si le médecin est malade, quelqu’un doit le soigner. Ainsi donc le plus humble serviteur peut avertir son maître, le fils son père, la femme son mari, le laïc son pasteur, pourvu que cela se fasse quand il en est réellement besoin, avec toute l’humilité, la modestie et la douceur possible.

Ne dites pas : Mais nous allons donc devenir prédicateurs : tout vrai chrétien est chargé d’instruire son frère et d’avoir soin de son âme. Ne désespérez pas du succès. Dieu ne peut-il pas vous l’accorder ? Dieu ne peut-il pas se servir de vous dans ce dessein ? Ne dites pas non plus : Mais cela sera jeter des perles devant les pourceaux : si en effet vous vous exposiez à être mis en pièces, Christ vous a autorisé à vous désister. Mais que vous importe ? vous ne courez aucun danger. Tant qu’on vous écoutera, cela devra vous encourager à parler. — Ne dites point : C’est un ami de qui je dépends ; si je l’avertis de son péché et de sa misère, je m’expose à perdre son amitié et à me ruiner. Devez-vous faire plus de cas de son amitié que de son salut ? Devez-vous préférer l’avantage qu’il peut vous procurer au salut de son âme ? Voulez-vous fermer les yeux sur sa condamnation parce qu’il est votre ami ? Est-ce ainsi que vous reconnaissez son amitié ? Voulez-vous qu’il souffre éternellement plutôt que de vous exposer à perdre sa faveur et la protection qu’il vous accorde ?

3°. Pour que tous ceux qui craignent Dieu s’efforcent d’amener les autres à ce bienheureux repos, qu’ils considèrent les motifs suivants. Ne regarderiez-vous pas comme un barbare celui qui laisserait son enfant ou ses voisins mourir de faim dans la rue, tandis qu’il a de la nourriture à leur donner ? N’est-il pas encore plus barbare celui qui les laisse périr éternellement, plutôt que d’ouvrir la bouche pour les sauver ? Si Dieu vous avait commandé de faire pour leur salut quelque grand sacrifice, vous auriez certainement refusé, puisque vous ne voulez seulement pas leur accorder une parole. L’âme d’un mari, d’une femme, d’un enfant, d’un voisin ne vaut-elle pas quelques mots ? La cruauté envers le corps des hommes est un grand péché, mais la cruauté envers les âmes est encore plus coupable, puisque l’âme est infiniment plus précieuse que le corps, et que le temps n’est rien auprès de l’éternité. — Songez à ce que Christ a fait pour sauver les âmes. Il n’a pas craint de répandre son sang pour les racheter : craindrons-nous que notre souffle ne soit pour elles un trop haut prix ? — Songez combien les impies sont dignes de compassion ! Ils sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, et ils n’ont point de cœur pour sentir leur misère et pour se plaindre eux-mêmes. C’est la nature de leur mal de les rendre eux-mêmes leurs ennemis les plus cruels et les plus impitoyables. — Pensez que vous avez été jadis dans la même position. Dieu recommandait aux Israélites d’être humains avec les étrangers parce qu’ils avaient eux-mêmes été étrangers en Egypte. — Considérez les rapports que vous avez avec le pécheur. C’est votre voisin, c’est votre frère, que vous devez aimer comme vous-même. Celui qui n’aime point son frère qu’il voit, n’aime pas Dieu qu’il ne voit point ; et est-ce aimer son frère que de le voir aller à la perdition sans chercher à l’en préserver ?

Songez à l’immense responsabilité que cette négligence fait peser sur votre âme (Ezech.33.1-9). Imaginez combien vous serez heureux de rencontrer dans le ciel ceux que vous y aurez fait entrer ; de chanter éternellement les louanges de Dieu avec ceux que vous aurez amenés à la connaissance et à l’obéissance de Christ ! — Pensez aussi au nombre des âmes que vous avez peut-être entraînées ou retenues dans la voie de la perdition. Dans nos jours d’ignorance, nous avons eu des compagnons de péché que nous avons excités et encouragés ; ne devons-nous pas faire autant pour sauver les âmes que nous avons fait pour les perdre ! — Pensez à toute l’activité que déploient les ennemis de ces pauvres âmes pour les détruire. Le diable les tente nuit et jour ; leurs convoitises travaillent à leur ruine ; la chair plaide pour ses jouissances ; leurs vieux compagnons fortifient leur dégoût pour la sainteté, et vous ne voulez pas les secourir !

Songez au regret que vous aurez d’avoir négligé ce devoir, quand votre conscience sera réveillée. Quand un homme est à l’article de la mort, sa conscience lui demande : « Quel bien as-tu fait pendant ta vie ? la meilleure de toutes les œuvres est de sauver les âmes : qu’as-tu fait pour y contribuer ? combien de pécheurs as-tu fidèlement avertis ? » J’ai souvent remarqué que la conscience des mourants était surtout blessée de cette négligence. Pour moi, quand je me suis vu en danger de mourir, ma conscience m’a reproché ce péché plus sévèrement que tous les autres : elle me rappelait tous ceux de mes voisins plongés dans l’ignorance et dans l’impiété que je n’avais jamais avertis de leur danger ; elle me disait : Tu aurais dû les prendre en particulier, et les avertir fidèlement de leur situation désespérée, quand même tu aurais été obligé d’y consacrer le temps de ton sommeil ou de tes repas. Ma conscience me rappelait que tel ou tel jour j’étais avec un ignorant, que je voyageais avec un pécheur endurci, que j’avais ainsi une excellente occasion de l’avertir, mais que je ne le fis point ou que je le fis avec peu d’énergie — Songez que vos voisins et vous vous mourrez bientôt ; parlez-leur donc pendant que vous le pouvez. Quoique ce soit là l’œuvre de la plus grande charité, c’est une œuvre que chacun peut faire, le pauvre aussi bien que le riche. — Réfléchissez aussi aux heureux résultats de cette œuvre lorsqu’elle est fidèlement exécutée. Vous pouvez contribuer au salut des âmes, pour lequel Christ est descendu sur la terre et a souffert la mort, et qui est pour les anges de Dieu un sujet de joie. Ces âmes vous béniront dans ce monde et dans l’autre : la gloire de Dieu en sera augmentée : l’Église sera agrandie et édifiée : vos âmes elles-mêmes se perfectionneront et se fortifieront dans la vie religieuse ; vous aurez la paix de la conscience et la joie de l’Esprit.

De toutes les grâces personnelles que j’ai reçues, après l’amour de Dieu en Christ, celle pour laquelle je dois surtout bénir le Seigneur est l’heureux succès de mes efforts auprès des autres. Quels fruits j’aurais pu recueillir, si j’avais été encore plus fidèle ! Je sais que nous devons particulièrement veiller à ce que nos cœurs ne se laissent point séduire, et que notre joie ne vienne point de l’orgueil. Naturellement nous voudrions avoir la gloire de toutes les bonnes œuvres qui nous sont prescrites. Cependant, imiter notre père en bonté et en miséricorde, et nous réjouir de nos progrès dans cette voie à mesure que nous y avançons, c’est le devoir de tout enfant de Dieu. En conséquence, je vous fais part de ma propre expérience, étant assuré que si vous saviez combien ce devoir est une source de joie, vous le rempliriez malgré tous les découragements possibles.

Que tout homme qui a une langue et qui est serviteur de Christ travaille donc à l’œuvre de son maître ! Et comment pourriez-vous le servir plus utilement qu’en sauvant les âmes ? Celui qui vous bénira au dernier jour, et qui vous invitera à entrer dans le royaume qui vous est préparé, parce que vous l’aurez nourri, vêtu et visité dans la personne de ses pauvres, vous bénira à plus forte raison pour avoir amené des âmes dans son royaume. Ce devoir, quoique celui de tous les chrétiens, est plus particulièrement celui de quelques-uns que Dieu y a appelés ou qu’il y a rendus propres. C’est à eux que s’adressent surtout les exhortations suivantes.

Vous tous qui connaissez particulièrement quelques hommes impies, et qui vous intéressez spécialement à eux, vous êtes responsables de ce devoir. Christ mangeait et buvait avec les publicains et les pécheurs, mais c’était pour être leur médecin et non leur compagnon. Peut-être Dieu vous a-t-il placé en relation étroite avec eux pour que vous puissiez les ramener à lui. Ils n’auraient point fait attention aux discours d’un étranger ; ils écouteront ceux d’un frère, d’une sœur, d’une femme ou d’un ami.

Les médecins qui sont souvent auprès des mourants doivent surtout se faire une obligation de cette tâche. Ils ont l’avantage d’avoir affaire à des hommes en souffrance ou en danger, qui ont les oreilles plus attentives et le cœur moins endurci que quand ils se portent bien. Ils regardent leur médecin comme un homme qui tient leur vie entre ses mains, ou qui du moins peut faire beaucoup pour les sauver, et en conséquence ils font plus de cas de ses avis. Vous qui exercez cette honorable profession, ne croyez pas que cette tâche sorte des limites de votre état, ou appartienne exclusivement aux ministres, à moins que vous ne pensiez qu’il soit étranger à votre profession d’avoir de la pitié pour les âmes, ou d’être chrétiens. Contribuez donc à préparer vos malades pour le ciel, et soit qu’ils doivent mourir ou vivre, apprenez leur à vivre et à mourir, et donnez leur des remèdes pour l’âme comme pour le corps. Béni soit Dieu de ce que beaucoup d’entre les premiers médecins de ce siècle ont, par leur haute piété, absous leur profession du reproche banal d’athéisme ou d’irréligion.

Les hommes riches et puissants qui ont beaucoup de gens sous leur dépendance sont très heureusement placés pour remplir ce devoir. Oh ! que de bien pourraient faire les grands seigneurs et les hommes d’un haut rang, s’ils avaient du cœur pour user noblement de leur influence sur les autres ! Toutes vos dignités, toutes vos richesses ne viennent-elles pas de Dieu ? Christ ne dit-il pas : « On redemandera beaucoup à celui à qui on aura beaucoup donné ? » — Si vous parlez à ceux qui dépendent de vous, de Dieu, de leur âme, ils vous écouteront, tandis qu’ils n’auraient peut-être pas écouté un ministre. Si vous faites cas de la gloire de Dieu, de votre propre félicité, du salut de vos âmes, profitez de votre influence sur vos fermiers et vos voisins : visitez-les chez eux, voyez s’ils honorent Dieu dans leurs familles, et saisissez toutes les occasions de les solliciter à remplir leurs devoirs. Ne les méprisez point. Songez que Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes. Montrez aux hommes que vous les surpassez en piété, en compassion, en activité dans l’œuvre de Dieu, aussi bien qu’en richesses et en honneurs.

Quant aux ministres de l’Évangile, c’est l’œuvre de leur vocation de conduire les âmes au ciel. Faites-en le principal but de votre prédication. Le ministre le plus capable et le plus habile est celui qui s’entend le mieux à instruire, à convaincre, à persuader, et par conséquent à gagner les âmes : et le meilleur sermon est celui qui tend le plus à produire cet effet. Si, au lieu de chercher Dieu, vous vous cherchez vous-mêmes, Dieu vous rendra les plus méprisables des hommes. On peut dire de votre réputation ce que Jésus-Christ dit de votre vie : Celui qui l’aime la perdra. Que la force de vos arguments montre que vous connaissez l’importance de l’œuvre pour laquelle vous êtes envoyés. Prêchez sérieusement et avec ferveur, comme des hommes qui croient à la vérité de leur doctrine, et qui savent que leurs auditeurs doivent se soumettre ou être perdus. — Ne croyez pas que tous vos soins doivent se borner à l’étude et à la prédication. Vous êtes bergers ; vous devez connaître votre troupeau, sa maladie, observer ses écarts, le guérir et le ramener au bercail (Ézéchiel 34.1-10). Apprenez de Saint-Paul à prêcher non seulement en public, mais aussi de maison en maison. — Informez-vous si vos paroissiens croissent en connaissance et en sainteté, sur quels fondements ils bâtissent leur espoir de salut, s’ils marchent dans la droiture, et s’ils remplissent les devoirs de leur état : voyez s’ils honorent Dieu dans leurs familles. — Soyez familier avec eux, afin de conserver votre influence auprès d’eux et d’en tirer parti pour la cause du Seigneur. — Si quelques-uns goûtent peu les choses de l’Esprit, plaignez-les, mais ne les négligez point. Si quelques-uns vivent dans le dérèglement, travaillez avec activité et avec patience à les ramener. — S’ils sont ignorants, c’est peut-être par votre faute ; ne vous endormez point pendant que le loup veille. Ne traitez personne légèrement. Il y a des ministres qui ne veulent point reprendre leurs paroissiens de leurs péchés, parce que ce sont des hommes élevés en dignité ou des hommes pieux : comme s’il n’y avait que les pauvres et les méchants avec qui l’on pût agir franchement. Cependant soyez discret et prudent, afin que la forme réponde à l’excellence du fonds. Efforce-toi de te rendre approuvé de Dieu comme un ouvrier sans reproche, dispensant comme il faut la parole de vérité. (2 Timothée 2.15) — Que votre conversation soit instructive comme votre prédication. Soyez aussi avancé dans une vie sainte et pieuse que vous engagez les autres à l’être. Que vos discours soient édifiants et pieux. Souffrez tout plutôt que d’exposer l’Évangile et les âmes des hommes à souffrir le moindre dommage. Que les hommes voient que vous avez à cœur le bien des âmes. Si d’après l’Évangile vous prêchez la douceur, l’humilité, la complaisance, le renoncement à soi-même, prêchez les aussi par l’évidence de vos exemples. Recherchez soigneusement l’unité et la paix. Si vous voulez contribuer à l’avancement du règne de Christ et au salut de votre troupeau, faites-le par des moyens de paix et d’amour. Il est aussi difficile que vos paroissiens conservent au milieu des contestations une raison saine, une conscience délicate, des dispositions vives, pures, pieuses et une vie droite, que de tenir une chandelle allumée au milieu d’un orage. « Bienheureux est le serviteur que son maître trouvera faisant ainsi, lorsqu’il arrivera. »

Vous tous à qui Dieu a confié le soin de vos enfants ou de vos domestiques, je voudrais aussi vous engager à remplir ce grand devoir de diriger les autres vers le repos céleste. Songez aux ordres clairs et pressants par lesquels Dieu vous en impose l’obligation. « Et ces paroles que je te commande, tu les enseigneras soigneusement à tes enfants ; tu t’en entretiendras quand tu demeureras dans ta maison, quand tu voyageras, quand tu te coucheras, quand tu te lèveras. Instruis le jeune enfant à l’entrée de sa voie : et lors même qu’il sera devenu vieux, il ne s’en retirera point. Elevez vos enfants en les avertissant et en les instruisant selon le Seigneur. » Dieu dit en parlant d’Abraham : « Je le connais, je sais qu’il commandera à sa maison et à ses enfants après lui de garder la voie de l’Éternel.a » Songez-y bien, Dieu vous a confié le soin de vos enfants et de vos domestiques, et malheur à vous si vous les laissez dans l’ignorance et dans l’impiété, faute d’instruction et de correction. Pensez aux soins que demandent de vous leur caractère et leur conduite : ils sont naturellement en proie à des maladies héréditaires : les choses que vous devez leur enseigner sont contraires aux intérêts et aux désirs de leur chair. Songez aux chagrins que vous vous préparez en négligeant vos enfants. S’ils deviennent des épines dans vos yeux, ce sera peut-être vous qui les aurez plantées. D’un autre côté, pensez à la consolation que vous en retirerez, si vous remplissez fidèlement ce devoir. Si vous ne réussissez point, vous avez délivré vos âmes, et votre conscience est en paix. Si vous réussissez, vous trouverez une félicité inexprimable dans leur amour, dans leur obéissance, dans leur empressement à fournir à vos besoins et à vous réjouir dans les derniers pas de votre course vers la gloire éternelle. Oui, un seul enfant, un seul serviteur pieux peuvent être une bénédiction pour toute votre famille ; mais votre plus douce jouissance sera quand vous pourrez dire : « Me voici, Seigneur, avec les enfants que tu m’as donnés ; » et que vous vivrez heureusement avec eux à jamais. La négligence de cet important devoir fait gémir nos villes et nos campagnes ; oui, le défaut d’une éducation pieuse est la cause principale de tous nos maux dans l’Église et dans l’État. — Je supplie aussi les parents de considérer tous les avantages qu’ils ont pour bien diriger leurs enfants. Vous les avez avec vous quand ils sont encore souples et flexibles. C’est un tendre rejeton, et non un chêne robuste, que vous avez à plier. Vous avez la plus grande part dans leurs affections : vous avez sur eux la plus grande autorité : ils dépendent de vous pour leur subsistance et vous connaissez mieux que personne leur caractère et leurs inclinations.

aDeutéronome 6.6-7 ; Proverbes 22.6 ; Éphésiens 6.4 ; Genèse 18.19.

Souvenez-vous-en surtout, mères de familles, vous qui êtes plus souvent auprès de vos enfants que leur père. Quels soins vous prenez pour leurs corps ! combien vous souffrez pour les mettre au monde ! Ne voulez-vous pas prendre quelques peines pour sauver leur âme ? Vous les aimez tendrement, pouvez-vous sans être émues penser à leur perdition éternelle ? Je vous en conjure, instruisez-les, avertissez-les, veillez sur eux, et ne leur laissez point de repos que vous ne les ayez amenés à Christ. Si vous ne pouvez pas faire pour eux ce que vous voudriez, faites ce que vous pourrez. Souvenez -vous du grand-prêtre Hélie. Et comme vous ne voudriez pas être responsables devant Dieu de la perte de l’âme de vos enfants, comme vous ne voudriez pas que leurs cris s’élevassent contre vous du sein du feu qui ne s’éteint pas, enseignez-leur à l’éviter, et élevez-les dans la sainteté et dans la crainte du Seigneur.

Connaissant toute la grandeur de ce devoir, si vous ne voulez pas le remplir, vous n’êtes pas véritablement soumises à Jésus-Christ. Si, voulant le remplir, vous en ignorez les moyens, laissez-moi vous donner quelques instructions. — Engagez vos enfants par votre propre exemple à la prière, à la lecture et aux autres devoirs religieux. Travaillez à éclairer leur esprit, à enrichir leur mémoire, à rectifier leur volonté, à vivifier leurs affections, à maintenir la délicatesse de leur conscience, à modérer leur langue, à réformer et à surveiller leur conduite extérieure. A cet effet, donnez-leur des Bibles et des livres de piété, et veillez à ce qu’ils les lisent. Interrogez-les souvent sur ce qu’ils apprennent. Consacrez-y surtout le jour du Seigneur, et ne souffrez pas qu’ils le passent dans les divertissements ou dans l’oisiveté. Faites-leur comprendre le sens de ce qu’ils lisent et de ce qu’ils apprennent. Préservez-les des mauvaises compagnies. Surtout montrez-leur combien il est nécessaire, excellent et agréable de servir Dieu, et attachez-vous à leur bien pénétrer le cœur de l’importance de tous ces devoirs.

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