Le Miracle de l’Esprit

— CHAPITRE 10 —

QUAND DIEU REFAIT SON IMAGE EN TOI

La troisième opération instantanée : LA RÉGÉNÉRATION DE L’ESPRIT (II)

V

TU NAIS DE L’ESPRIT

Cette opération, si complexe, si puissante, si profonde, par laquelle tu es régénéré, est effectuée par l’Esprit de Dieu. Pour Jésus, « naître d’en haut », signifiait aussi « naître de l’Esprit1 ».

C’est l’Esprit de Dieu qui crée le miracle prodigieux de la cellule biologique ; c’est ce même Esprit qui crée le miracle de la vie spirituelle et qui transforme ainsi le cœur de l’homme. Nous ne comprendrons certainement jamais entièrement le processus de notre régénération, car qui est assez intelligent pour saisir l’infinie sagesse de Dieu ? Nous pouvons cependant en faire l’expérience et, grâce aux précieuses révélations de sa Parole, il nous est possible de bâtir une doctrine claire et équilibrée du sujet.

1 - Jean 3.5-8

La pluie du ciel

Il existe des endroits désertiques, où, malgré la fertilité de la terre, rien ne pousse pour la simple raison qu’il n’y pleut jamais ! La vie ne peut germer sans la présence de l’eau. La meilleure semence du monde reste inactive tant qu’elle n’est pas arrosée.

Il y a plus de 3000 ans Josué brûla la ville de Jéricho, dont les ruines primitives sont restées enterrées jusqu’à nos jours. Les fouilles archéologiques ont cependant révélé du froment resté intact dans les caves, grâce à l’extrême sécheresse de ce climat, depuis 3 millénaires ! Lorsque, par curiosité, on a semé un peu de ce blé, au grand étonnement de chacun il a poussé tout à fait normalement dès qu’on l’a arrosé !

Or, comme nous l’avons vu, l’eau est un symbole biblique du Saint-Esprit. C’est, d’ailleurs, pour cette raison que Jésus parle d’une naissance « d’eau et d’Esprit2 ». Certains commentaires ont voulu voir dans cette « eau » le rite du baptême physique, ce qui les a amenés à conclure que ce rite était nécessaire au salut, alors que le reste du Nouveau Testament enseigne clairement que la seule condition du salut est la foi en Christ. L’explication est cependant simple. Si nous traduisons littéralement du grec ces paroles de Jésus, nous lisons : « Si un homme ne naît d’eau et de vent (ou de souffle) il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » Par contre, au verset 3 il ne parle que d’une naissance « d’Esprit » (ou de vent ou de souffle) — les mots « esprit » et « vent » (ou « souffle ») étant, évidemment, le même mot en grec. Cela ressort de façon évidente au v. 8 : « Le vent (grec : pneuma) souffle où il veut. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit (grec : pneuma). »

Le vent et l’eau sont deux images de l’action caractérisant l’Esprit de Dieu. Le Seigneur Jésus l’appelle « Esprit » ou « vent » quand il parle à Nicodème3, alors qu’il l’appelle « eau vive » quand il parle à la Samaritaine4. Dans un autre passage de Jean les deux termes sont juxtaposés : « Celui qui croit en moi, dit Jésus, des fleuves d’eau vive couleront de son sein... Il dit cela de l’Esprit (grec : pneuma = vent)...5 » Ainsi le Saint-Esprit est non seulement le vent du ciel, mais aussi la pluie divine, le fleuve de vie éternelle, l’eau vive de Dieu qui féconde sa Parole dans le cœur de l’homme, qui fait germer la vraie foi qui sauve. Si l’Esprit ne vient pas arroser la semence que Dieu jette dans ton cœur, s’il n’intervient pas pour la « féconder », elle reste inactive, elle se perd.

1 - Parmi les autres symboles de l’Esprit nous notons particulièrement : le vent (ou souffle), le feu, l’huile, la colombe. D’aucuns ajouteraient : le vin et la nuée. Ou encore : le sceau et les arrhes.
2 - Jean 3.5
3 - Jean 3.5, 6, 8
4 - Jean 4.10, 14
5 - Jean 7.38-39

L’Esprit crée en toi la prière de la foi

Voilà pourquoi la prière est si nécessaire ; elle est indispensable, car elle n’est autre chose que le cri d’une âme qui ressent son besoin, qui en appelle à Dieu, qui ouvre son cœur à l’amour et à la vérité de Christ. C’est alors, en réponse à ta foi, que l’Esprit de Dieu agit. Or, la foi est cette attitude de respect et de confiance vis-à-vis du Créateur sans laquelle aucun homme ne peut espérer sa réponse. La prière est essentiellement l’expression de la foi, car une foi authentique ne peut rester muette. Dès que tu es convaincu de ton besoin et aussi de la valeur du sacrifice de Christ à ton égard, tu commences à exprimer devant Dieu ta conviction, tu cherches, tu supplies, tu cries jusqu’à ce qu’il te réponde. Il ne manque pas de répondre et il le fait en envoyant son Esprit dans ton cœur.

L’Esprit agit ensuite sur ton intelligence, sur ta volonté, sur ta conscience, de manière à produire une réaction spirituelle. Si tu essaies de comprendre la Bible ou d’analyser la personne de Jésus-Christ avec ton seul intellect, tu tombes dans une argumentation stérile qui n’aboutit nulle part. Le cerveau de l’homme ne suffit pas à la compréhension de Dieu. Il faut que le Saint-Esprit éclaire la raison de l’homme quant au vrai sens de sa Parole. Lui seul peut amener notre volonté, si fortement opposée par nature à celle de Dieu, à l’accepter et à lui faire vraiment confiance.

« Naître de l’Esprit » et « naître de la Parole de Dieu » sont deux vérités parallèles ou, plutôt, enchevêtrées. Pour que la vie existe il faut non seulement la semence, mais aussi l’eau. L’Esprit, agissant ainsi sur la Parole, crée dans ton cœur une foi véritable qui aboutit à la naissance spirituelle.

Tu es une maison à trois étages

« Ce qui est né de la chair est chair, dit Jésus, mais ce qui est né de l’Esprit est esprit1. »

Nous pouvons mieux comprendre le sens de la régénération en comparant l’homme à une maison à trois étages. Comme toute illustration de vérités spirituelles, cette comparaison n’explique pas tout et ne doit pas servir de fin théologique ; mais elle répond très bien aux besoins de notre étude2.

Dieu est Esprit, nous dit Jésus ; on ne peut donc l’atteindre que par l’esprit3 Pourtant l’homme, quant à l’esprit, est mort à cause de son péché. Cela signifie qu’il est moralement détaché de Dieu, totalement incapable d’entrer en communication avec lui4. Son seul espoir réside dans une intervention divine qui le fasse revivre spirituellement. Il a besoin de pénétrer dans une autre dimension d’existence. C’est alors seulement qu’il pourra entendre Dieu, le sentir, le toucher, le voir.

À l’origine, l’homme n’était pas mort, puisque Dieu l’avait fait à son image. Cette image comprenait des facultés ou des sens spirituels ou divins, qui le mettaient consciemment en rapport avec son Créateur. Cet ensemble de sens ou de facultés célestes constitue ce que la Bible appelle l’esprit : c’est notre organe de perception spirituelle. L’homme, à sa création, se distinguait de la bête essentiellement par cette capacité de connaître Dieu.

1 - Jean 3.6
2 - Nota : Je devine que certains théologiens liront ces pages avec un petit sourire, car ils verront dans cette simplification un sujet de controverse. Les écoles de théologie chrétienne se disputent depuis des siècles au sujet de la nature de l’homme. Certains enseignent que l’homme est une « dichotomie », c est-à-dire qu il est fait de deux éléments seulement : le corps et l’âme. (Ce point de vue est partagé par plusieurs autres formes de religion que le Christianisme). D’autres chrétiens pensent que la Bible enseigne l’existence chez l’homme d’une trichotomie (c’est-à-dire, de trois éléments distincts), selon cette parole de Paul : « ... tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps.» (1 Thessaloniciens 5.23).
Je considère cette controverse comme étant non seulement regrettable, mais aussi un peu inutile, car même un bon « dichotomiste » (s’il croit à la Bible) admettra volontiers que l’âme de l’homme naturel a besoin de renaître spirituellement. La nouvelle naissance constitue le « réveil » ou la « résurrection » des facultés « spirituelles » de l’âme. Que l’on considère ces facultés comme faisant une partie intégrante (soit un « apanage ») de l’âme, ou qu’on les considère comme un organe existant en lui-même, il me semble que cela revient pratiquement au même.
De toute manière, aucun chrétien ne niera que l’homme ait reçu à sa création un « quelque chose » que l’animal ne possède pas. Ce « quelque chose » n’est pas l’âme, puisque la Bible reconnaît l’existence d’une « âme » chez l’animal. (Genèse 1.24 etc.) D’ailleurs, le mot « animal » signifie en latin « ce qui a une anima (ou âme) » ; alors que l’homme, fait à l’image de Dieu qui est Esprit, possédait inévitablement à l’origine une faculté spirituelle que les bêtes n’avaient pas et qui lui permettait de connaître Dieu.
L’homme est de toute façon un être intégral. On dissocie difficilement le corps de l’âme ou l’âme de l’Esprit. Il y a pourtant une distinction entre le corps et l’âme ; il y a une distinction tout aussi nette entre l’âme et l’esprit. C’est l’ensemble qui constitue l’homme complet.
Pour celui qui débute dans la connaissance de la Bible, je juge que la conception de l’homme, être à trois « étages », est de loin la plus utile. Cette image te permet de saisir rapidement l’essentiel du message biblique, ce qui est, dans ce livre, mon but prioritaire : je veux t’amener sans aucun délai à cette expérience fantastique décrite dans ces chapitres. Tu auras le temps après (si tu le trouves utile !) d’examiner les autres aspects de la question.
3 - Jean 4.24
4 - Ephésiens 2.1-5 ; Colossiens 2.13

Le gouffre d’inconscience spirituelle

Par le récit de la Genèse, si remarquablement confirmé par la science, nous savons que Dieu créa premièrement la matière, ensuite la vie végétale, suivie de la vie animale et finalement l’homme1. Ce schéma nous aidera à mieux comprendre l’enseignement biblique sur la nature et le problème de l’homme. Je propose une petite série de croquis pour illustrer notre résumé.

1 - Genèse 1.1, 11, 20, 24, 26

1. La nature de la matière1

Dieu - Esprit
Gouffre d’inconscience spirituelle entre la matière et Dieu.
La matière est inconsciente de Dieu.
Matière inerte

1 - Genèse 1.1-10

Explication : Dieu crée en premier lieu la matière qui, d’elle-même, ne peut jamais comprendre Dieu, à cause du « gouffre » de son inconscience spirituelle. Dieu agit sur la matière, mais la matière ne peut agir sur Dieu.

2. La nature de la vie végétale1

Dieu - Esprit
Gouffre d’inconscience spirituelle entre le végétal et Dieu.
Corps
physique
Vie végétale
Organisme vivant

Matière inerte

Explication : Voici la deuxième phase de la création, celle de la vie organique. La plante est essentiellement un corps, composé de matière inerte, saisie par la force du principe de vie qui la transforme en organisme vivant. Pourtant elle ne peut jamais connaître Dieu à cause de son inconscience spirituelle.

1 - Genèse 1.11-12

3. La nature de la vie animale1

Dieu - Esprit
Gouffre d’inconscience spirituelle entre l’animal et Dieu.
Âme
grec : psyché
Conscience animale

Corps
grec : sôma
 
Organisme vivant

Matière inerte

Explication : Dieu crée ensuite la vie animale, distinguée de la vie végétale par la conscience animale. Dans la Genèse, l’animal est appelé une « âme vivante » (hébreu : néphecsh hayâh) que Segond traduit « animal vivant »2. Les bêtes ont une « âme », c’est-à-dire une conscience animale. Mais ni la plante vivante (le corps), ni la conscience animale (l’âme) ne peuvent saisir Dieu qui est esprit. L’animal ne connaît pas Dieu.

1 - Genèse 1.20-30
2 - Genèse 1.24

4. La nature de l’homme à sa création1

Dieu - Esprit (grec : pneuma)
Esprit
grec : pneuma
Conscience de Dieu
Organisme spirituel, nourri de Dieu

Âme
grec : psyché
Conscience ou personnalité humaine, en rapport direct avec Dieu par l’esprit et avec la terre par le corps.

Corps
grec : sôma
 Organisme physique nourri de la terre

Matière inerte

Explication : Voici le privilège unique de l’homme. En créant l’homme à son image, Dieu ajouta à sa conscience « animale », c’est-à-dire, à son « âme »2, une nouvelle dimension que la Bible appelle « l’esprit »3. Il lui donna ainsi une nature « selon sa ressemblance »4, de manière à le rendre conscient du monde invisible et surtout de son Créateur.

1 - Genèse 1.26-27 ; 2.7
2 - En hébreu : néphesch hayâh (souffle de vie), expression que les juifs traduisaient en grec par : psyché zôsa (souffle vivant).
3 - En hébreu : rouah (vent ou souffle), que l’on traduisait en grec par : pneuma, ce qui signifie indifféremment « vent » ou « souffle ». C’est ce dernier mot qui est utilisé chaque fois dans la Bible pour désigner l’Esprit de Dieu.
4 - Genèse 1.26

Distinction entre « âme » et « esprit »

Dans la Bible, les mots « âme » (hébreu : néphesch ; grec : psyché) et « esprit » (hébreu : rouah ; grec : pneuma) sont quelquefois inter-changeables, au moins dans l’Ancien Testament ; mais dans le Nouveau Testament la distinction entre les deux est remarquablement nette1, d’autant plus que le grec classique ne connaissait rien de cette distinction. Pour les philosophes grecs, l’âme était plutôt divine et ils mettaient le corps en opposition avec l’âme. La Bible, au contraire, considère l’âme de l’homme comme étant morte de nature, séparée de Dieu par son inconscience spirituelle ; elle met l’âme en opposition à l’esprit. Pour le lecteur de la Bible, cette distinction est très importante.

Il est à noter que les mots français « âme » et « animal » viennent tous deux de la même souche latine ! Le mot latin anima (d’où le français « âme ») signifiait à l’origine : vent, brise, souffle. Ensuite il désignait le principe de vie.

Animal signifiait un être possédant anima ou animas.

1 - Jude 1.19 : « hommes sensuels (psychikos), n’ayant pas l’Esprit (pneuma) ». Voir aussi 1 Corinthiens 2.14-15.

La conception biblique de l’homme

La doctrine contemporaine du transformisme (généralement identifié à l’évolutionnisme) est en flagrante contradiction avec la Bible, car elle représente l’homme comme un animal (donc une « âme » seulement, sans « esprit ») en train d’évoluer progressivement d’une forme de vie en une autre. La Bible pourtant nous enseigne que l’homme est un « acte » unique de Dieu. Nous ne savons presque rien du processus de sa création, car la Bible ne nous l’explique pas et la science n’en sait à présent presque rien, malgré la multiplicité de théories enseignées dans nos écoles. Pourtant la Bible affirme catégoriquement que l’univers n’est pas un « hasard », mais une expression de la sagesse de Dieu1 ; elle affirme aussi que l’homme n’est pas un « accident », mais un être précieux, conçu précisément pour connaître et pour aimer son Créateur2. Il a, certes, un physique animal comme tous les organismes conscients ; mais il est en même temps plus qu’un animal. Il n’est pas « âme » simplement ; il est aussi « esprit », car il existe à l’image de Dieu qui est Esprit.

L’âme de l’homme est sa conscience humaine, sa personnalité. L’âme est en relation avec le monde matériel à travers le corps, par le moyen des sens physiques ; mais ceux-ci ne lui permettent pas de voir l’invisible. L’esprit de l’homme, au contraire, fut conçu à l’origine de manière à le rendre conscient des réalités spirituelles, conscient surtout de celui qui est la réalité absolue. L’esprit, organe de la perception spirituelle de l’homme, lui permet de voir Dieu, de l’entendre, de le toucher, de le sentir, de lui parler.

1 Proverbes 3.19-20 ; Psaumes 119.89-91
2 - Psaumes 139.13-18

La radio céleste...

Nous pouvons très bien comparer l’esprit de l’homme à un poste « radio » fait pour capter les « ondes » de la pensée de Dieu — et qui émet en même temps le cri du cœur de l’homme envers son Créateur. La raison, la conscience, éclairées par cette influence divine, devraient ensuite coordonner toutes les fonctions du corps de manière à créer une vie de beauté reflétant la nature de Dieu. Sous l’inspiration de l’Esprit, l’homme aurait pu ainsi transformer la terre entière en paradis. Hélas ! Ce précieux « poste », ce lien de communication céleste, fut détruit par l’acte malicieux d’un ennemi jaloux.

5. La nature de la mort spirituelle1

Dieu - Esprit
Satan attaque l’homme au niveau de l’esprit en introduisant le « virus » du péché, c’est-à-dire, de l’inimitié contre Dieu.EspritL’esprit de l’homme est désormais mort, sans rapport avec Dieu. Le « gouffre » d’inconscience spirituelle s’interpose comme pour l’animal.
ÂmeLa conscience humaine, devenue autonome, est bloquée par son ignorance de Dieu. La vie intellectuelle de l’homme continue à exister, mais elle est inconsciente de l’Esprit de Dieu.
CorpsLa vie physique de l’homme continue à exister, mais elle est de plus en plus abîmée par le péché.

Matière inerte

Explication : La mort spirituelle de l’homme

Le jour où l’homme choisit de tomber sous l’influence de Satan (dont le nom en hébreu signifie l’ennemi), il mourut quant à l’esprit. Étant fait à l’image de Dieu, donc responsable de sa personne, il était libre de choisir et Dieu respecta son choix. En se détachant de la source de son être, il perdit inévitablement cette conscience spirituelle si précieuse qui le distinguait des bêtes. Son esprit, son organe de perception spirituelle, étant atrophié, n’avait plus de contact direct avec le Créateur. Bien que l’homme ait continué à vivre physiquement après cette catastrophe, la postérité qu’il a mise au monde est aussi morte spirituellement que lui-même. Cette tragédie afflige la race humaine tout entière. L’homme a perdu le privilège d’une intimité avec Dieu ; sa vie est réduite plutôt au niveau de celle de l’animal : un animal très supérieur, certes, extrêmement capable et intelligent, mais dépourvu de ce que la Bible entend par conscience spirituelle. L’homme reste « âme vivante », mais il n’est plus « esprit » ; par conséquent, Dieu, qui est Esprit, demeure au-delà de son « horizon ». Tous, en effet, nous héritons de cette condition désastreuse : nous venons au monde déjà « morts ».

1 - Genèse 2.17 ; Romains 5.12-21 ; (le passage le plus important à ce sujet).

L’homme animal et l’homme spirituel

L’animal marche sur ses quatre pattes, il est fait pour regarder la terre, d’où proviennent tous ses moyens d’existence. L’homme, au contraire, marche debout, il est fait pour regarder autant le ciel que la terre. Mais l’atrophie de son esprit le réduit à cet état tragique que la Bible appelle en grec psychikos, d’où vient le mot français « psychique », mais qu’il faut traduire dans nos textes : « animal ». Ainsi Paul écrit : « L’homme animal (grec : psychikos) ne reçoit pas les choses de l’Esprit (pneuma) de Dieu, car elles sont une folie pour lui et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement (pneumatikôs) qu’on les discerne. L’homme spirituel (grec : pneumatikos), au contraire, discerne tout1. » L’apôtre Jacques juxtapose ce mot « psychikos » avec le mot « démoniaque2 ». Jude rend encore plus nette cette distinction en précisant que l’homme « psychikos » (que Segond traduit ici « sensuel ») n’a pas l’Esprit (ou : « l’esprit », grec, : pneuma)3.

Le Nouveau Testament dépeint comme épouvantable l’état de l’homme ainsi dépourvu de ses facultés spirituelles. N’ayant plus de rapport conscient avec son Créateur, il est sans cesse exposé aux puissances redoutables du grand ennemi, qui n’hésite pas à exploiter sa faiblesse.

1 - 1 Corinthiens 2.14-15
2 - Jacques 3.15 où Segond traduit : « charnelle, diabolique ».
3 - Jude 1.19

L’insuffisance des philosophies humaines

Cet enseignement met en relief la grande différence entre la conception biblique de l’homme et celle des philosophies et religions non fondées sur la Bible. Celles-ci nous enseignent que l’homme doit s’améliorer lui-même et qu’il peut achever ainsi son propre destin. La Bible nous dit qu’il en est incapable ; il lui manque les moyens d’y parvenir. L’homme sans Christ est non seulement malade ; il est, comme nous l’avons dit, mort quant à l’esprit. Son âme (sa psyché) est limitée par son inconscience des choses de Dieu : c’est un gouffre spirituel absolu ; son poste « radio » ne fonctionne plus. Il ne peut jamais trouver Dieu de lui-même, car il ne possède aucune des facultés spirituelles nécessaires ; il ne peut ni voir, ni entendre Dieu, pas plus qu’un animal ne le peut.

Oh ! il peut être très intelligent, très cultivé ! mais sa pensée ne percera jamais le « plafond » d’inconscience qui le sépare de Dieu. Pour lui, Dieu est inconnu et insaisissable. Il se fait des idées sur Dieu, il lui arrive de construire toute une philosophie concernant Dieu, sans pourtant le connaître ; ce ne sont que des hypothèses qui se succèdent rapidement de génération en génération. Ce genre de spéculations ne peut amener l’homme à Dieu ; il le laisse chaque fois devant l’incertitude, alors que la certitude ne peut venir que de la Parole de Dieu.

La vraie nature du péché

Le péché, selon la Bible est une attitude envers Dieu, une inimitié innée contre lui ; c’est en somme le désir de l’autonomie, c’est l’opposition de la volonté de la créature à celle du Créateur — dont elle dépend même pour son existence ! C’est une véritable folie.

Mais c’est pire que cela. Le péché est non seulement une attitude, mais aussi, comme nous l’avons dit, une maladie. C’est un « microbe » ou un « virus » spirituel, un véritable cancer qui infecte l’homme tout entier. Il vise d’abord l’esprit, qu’il paralyse et détruit ; ensuite il attaque l’âme et finalement le corps. Les innombrables maladies de l’homme sont toutes la conséquence du déséquilibre fondamental provoqué par son péché, qui jaillit du fond de sa personnalité et se reporte sur tous les aspects de son physique et de sa vie mentale. Le cœur de l’homme est malade dans le sens le plus profond du terme. Seul Jésus peut guérir cette maladie et il le fait par son Esprit.

Le péché : une force organique, une « mort vivante » !

Un microbe ne reste pas isolé, il se multiplie à l’infini. Le péché a un caractère « organique », c’est une « mort vive », possédant des capacités de reproduction affolantes. Un seul acte de colère, par exemple, ou de médisance, peut avoir des répercussions énormes. La première guerre mondiale fut déclenchée en fait par l’acte d’un irresponsable, à Sarajevo. Une seule parole inconséquente peut détruire un mariage ou une amitié. Le péché primitif d’Adam s’est multiplié à l’infini, à tel point que toute la race humaine en porte aujourd’hui les conséquences, qu’elle le veuille ou non1.

Pour cette raison Dieu refuse d’admettre dans sa nouvelle création une seule imperfection, un seul « microbe » de péché. Seule ta nouvelle personnalité peut entrer dans son royaume ; ton ancienne personnalité est déjà condamnée et vouée à disparaître. Au retour de Jésus-Christ, ou même avant, à l’instant de la mort physique, l’enfant de Dieu est à jamais libéré de ce tourment, de cette chaîne. Le microbe qui infecte son ancienne nature ne peut loger dans son esprit régénéré, car la vie de Christ ne peut pas nourrir le mal.

1 - Romains 5.12-20

La mort physique

L’enfant de Dieu ne redoute plus la mort physique. Comme le dit Paul, écrivant de sa prison romaine à ses enfants spirituels à Philippes, la mort physique est même « préférable » et « de beaucoup le meilleur ». « Vivre, dit-il, c’est Christ », cela est déjà merveilleux ! Mourir physiquement, c’est même « un gain »1 ! L’enfant de Dieu ne perd rien d’essentiel à la mort physique ; il perd seulement tout ce qui est contaminé par le « microbe ». Le spirituel reste intact. Certes, sa conscience du monde matériel est momentanément dissoute, car il lui manque ses sens physiques ; mais sa conscience de Dieu demeure inaltérée et même certainement clarifiée, puisqu’elle n’est plus entravée par d’autres influences. Son amour pour Dieu ne subit plus de distraction ! Il reste dans cet état de repos en attendant la résurrection2.

1 - Philippiens 1.21, 23
2 - Tu peux lire, entre autres passages : Romains 8.18-25 ; 1 Corinthiens 15 en entier ; 2 Corinthiens 4.7-5.8.

6. La nature de la régénération

Dieu - Esprit
Esprit
reconstitué
L’Esprit de Dieu pénètre l’homme en introduisant la « semence » de la vie de Christ en lui. Il vivifie l’esprit de l’homme, qui redevient conscient de Dieu.
ÂmeL’âme (la personnalité, la conscience humaine) est éclairée et transformée par sa nouvelle conscience spirituelle. Pourtant elle contient encore la racine du péché, que Paul appelle « la chair ».
CorpsLe corps devient le temple de l’Esprit de Dieu. Pourtant il n’est pas encore racheté, il attend la résurrection.

Matière inerte

Explication : C’est l’Esprit qui vivifie1

La régénération est donc la reconstitution ou la résurrection de ton esprit. Dès que l’Esprit de Dieu te pénètre, ton esprit mort revit. De même que la semence fait vivre la terre, de même que la main de Jésus sur les malades de son époque leur redonnait la santé et la vie, ainsi l’action instantanée de l’Esprit de vie fait ressusciter ton esprit mort. Il implante la vie de Christ en toi.

Cette action provient uniquement de Dieu, non pas de toi ! Comme la sève est la vie de l’arbre, ainsi le Saint-Esprit devient ta nouvelle force vitale. Comme la sève fait fleurir la branche, ainsi Dieu, par son Esprit, produit le caractère de Christ en toi. Les gens s’aperçoivent d’un changement radical dans ta façon de vivre ; mais ils ne voient pas l’action profonde, cachée, insaisissable, de la « sève » de Dieu qui produit ce fruit. L’Esprit s’efface discrètement afin que Christ apparaisse. Mais ce serait vraiment de la crédulité que d’imaginer le fruit en train de paraître sans qu’il y ait de la sève dans la branche. La fleur et le fruit sont l’évidence de la présence de la sève. De même, la nouvelle naissance est l’évidence de la présence de l’Esprit en toi.

1 - Jean 6.63 ; Romains 8.9-11

On ne voit pas la sève

La nature et la science sont remplies d’analogies spirituelles. L’Esprit de Dieu ressemble à cette réserve infinie d’énergie que l’on appelle « électricité » et dont il est lui-même l’Auteur. Cependant, quand tu allumes une lampe, tu n’entends pas dire : « Oh ! quelle belle électricité ! » Les gens disent plutôt : « Oh ! que la lumière fait du bien ! » Comme l’électricité, la sève aussi reste inaperçue, alors que c’est la verdure et la floraison de l’arbre que nous voyons ; pourtant, c’est la présence invisible de la sève qui fait tout.

Ainsi l’Esprit de Dieu, dans son amour incommensurable pour le Fils de Dieu, désireux surtout de le révéler aux hommes, demeure lui-même effacé. Les hommes voient Christ et ne le voient pas lui. L’Esprit vient au milieu de nous, non pour parler de lui-même, mais, comme le dit Jésus : « Il me glorifiera, parce qu’il prendra ce qui est à moi et vous l’annoncera1. » Plus le Saint-Esprit agit en nous, plus les gens voient Christ. L’Esprit de Dieu ne cherche pas à ce qu’on lui rende un culte : la Bible ne connaît rien d’une « église du Saint-Esprit », mais tout de « l’église de Christ ». L’Esprit veut faire naître en nous une véritable foi en Christ et une passion pour lui. La nouvelle naissance est le comble de son œuvre, car il reproduit ainsi en nous la vie et l’image de Christ.

1 - Jean 16.13-14

La vraie nature de la foi

Ici nous voyons le véritable sens de la foi. Loin d’être un simple assentiment à une série de dogmes, elle est plutôt une fonction spirituelle. L’Esprit crée et développe en nous la capacité de connaître Dieu. Autrefois nous étions limités, réduits à nos seules possibilités intellectuelles ou sentimentales, alors que maintenant nous possédons un sens supplémentaire — ou plutôt, toute une gamme de nouveaux sens. Notre perception de Dieu se traduit en véritable expérience ; elle est plus réelle, plus tangible même que les connaissances acquises par nos sens physiques. Dieu est plus évident pour nous que la matière ou la vie physique. Il nous serait plus facile de douter de l’existence de l’univers que de Dieu. Jésus lui-même dit que l’univers disparaîtra mais que sa Parole ne passera pas1 et Dieu nous assure que celui qui fait sa volonté demeure éternellement2.

La foi n’est donc pas un simple credo, mais aussi et surtout une action, un processus divin ; elle est l’expression inévitable de la vie spirituelle. On ne peut pas dissocier la foi de l’esprit, pas plus qu’on ne peut dissocier notre esprit régénéré de l’Esprit de Dieu qui en est la source3. Notre esprit croit, parce que sa nature le veut. La création en nous de la foi et la régénération de notre esprit vont de pair : elles sont toutes les deux l’œuvre du Saint-Esprit. La foi, c’est la vision, c’est l’ouïe, ce sont les sens de ton esprit régénéré. Tu vois Dieu : tu sais qu’il est ton Père ; ton esprit en fait l’expérience.

1 - Matthieu 24.35
2 - 1 Jean 2.17
3 - 1 Corinthiens 6.17

Naître sans respirer ?

On dit parfois que la réception du Saint-Esprit ne vient qu’après (même longtemps après) la nouvelle naissance ! Après tout ce qui précède, tu comprendras facilement, j’espère, l’impossibilité de naître spirituellement sans avoir reçu en même temps le Saint-Esprit. La vérité est illustrée de manière extrêmement claire dans une remarquable prophétie d’Ezéchiel1. À l’époque de cet écrit, le peuple de Dieu était en exil à cause de ses péchés. Ezéchiel, dans sa vision, le conçoit comme un monceau de squelettes, tous disloqués et desséchés, entassés dans une vallée désertique. Comment peut-il espérer le renouveau spirituel de cette nation2 ?

Par la bouche du prophète, Dieu parle aux ossements morts en ces termes : « Je vais faire entrer en vous le souffle (ou l’Esprit) et vous vivrez3. » Ezéchiel voit ensuite, émerveillé, les ossements se regrouper pour se reconstituer en squelettes et se recouvrir de chair, de manière à former une très grande armée. Seulement, malgré toute cette action divine, les nouveaux corps n’ont pas encore la vie car ils ne respirent pas.

Dieu ordonne alors au prophète de faire appel au grand vent pour venir les pénétrer. À l’instant même où le souffle entre dans leurs poumons, ils commencent à respirer, ils deviennent vivants et se mettent debout. Nous lisons : « Esprit, souffle sur ces morts et qu’ils revivent... Et l’Esprit entra en eux et ils reprirent vie4. »

1 - Ezéchiel 37
2 - Ezéchiel 37.1-3, 11
3 - Je rappelle ici que le mot hébreu rouah (que Darby traduit dans ce contexte « souffle » et Segond, « esprit ») correspond au grec pneuma et signifie indifféremment « souffle », « vent », ou « esprit » — soit l’Esprit de Dieu soit l’esprit de l’homme.
4 - v. 9-10. Nota : le mot « Esprit » traduit chaque fois l’hébreu rouah.

La signification de la vision

Le principe est clair, transparent ! Tu commences à vivre dès que tu respires. Dès qu’un bébé vient au monde il doit inévitablement commencer à respirer ; sans cela il naît mort, il meurt avant même de « vivre ». Il y a, c’est vrai, une période de gestation, de vie cachée, avant de parvenir à la naissance ; mais tout cela est nul si, une fois né, l’enfant ne respire pas. Ce n’est qu’un avortement.

Or, la respiration consiste à remplir le poumon de l’oxygène de l’atmosphère, par lequel le sang est purifié et le corps renouvelé. Cette action commence au moment précis de la naissance et devient ensuite continuelle. Il est impossible de vivre dans ce monde sans respirer. La vie dépend du souffle.

Que les analogies de Dieu sont lumineuses ! Dieu nous enseigne ainsi que la vie spirituelle n’est possible que si son Esprit entre et demeure en nous définitivement. Vouloir naître de Dieu sans recevoir son Esprit, c’est comme si l’on espérait aller sur la lune à pied. Voici le principe, énoncé par Dieu lui-même : « Je mettrai mon Esprit en vous, dit-il et vous vivrez1. » La nouvelle naissance, la vie éternelle, sont donc le résultat de la présence de l’Esprit de Dieu en toi.

1 - Ezéchiel 37.14

Et la petite fessée ?

Une dernière pensée. Nous arrivons presque tous dans ce monde avec une bonne petite fessée donnée par la sage-femme ! Cela, pour nous faire pleurer, hurler même. Pourquoi ? Afin de mettre en marche notre système respiratoire. Nous entrons, hélas ! dans ce grand monde avec un petit cri de douleur ! Ne t’étonne donc pas si, au moment d’entrer dans le royaume de Dieu (si nouveau pour toi) tu ressens aussi une bonne petite « claque » ! Jésus n’a jamais caché que, pour le suivre, il faut accepter la souffrance1 ; Paul dit que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu2. Ce monde crucifia Jésus ; suivre Jésus dans ce même monde, cela nous entraîne inévitablement à une certaine souffrance. Mais le bébé, une fois dans les bras de sa maman, jouissant de sa tendresse, oublie vite ses petites douleurs. De même, tes larmes seront vite essuyées par la main de ton Père céleste qui te serre sur son cœur.

1 - Luc 14.27 ; Jean 16.33
2 - Actes 14.22

Même un bébé sait qu’il vit

C’est vrai, nous ne pourrons jamais comprendre la profondeur de la sagesse de Dieu ni le mystère de notre régénération. L’éternité ne suffira pas pour sonder son intelligence. Pourtant, on n’a pas besoin d’être un Socrate pour savoir que l’on existe ! Même un tout petit bébé sait très bien qui est sa maman. Je n’ai pas besoin d’être docteur en physique pour apprécier la pure clarté ensoleillée du printemps, ni pour découvrir l’intensité de l’amour d’une jeune épouse. La vie, c’est une chose que l’on accepte sans explications. Un millénaire de recherches et d’expériences ne suffirait pas à en trouver une. Toutes les universités du monde ne peuvent rien ajouter à ma certitude d’exister. Le chant du merle, en bordure de la forêt après l’orage, met mon cœur en extase sans que j’aie besoin de comprendre d’abord la structure moléculaire de mon système nerveux ! De même, je reconnais dans ma conscience la voix de mon Père céleste me disant que je suis son enfant, même si je ne sais pas encore bien expliquer mon expérience. Quand on naît de nouveau, on sait qu’on a la vie éternelle.

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