Le Miracle de l’Esprit

APPENDICE IV

COMMENT JE SUIS PARVENU À MES CONCLUSIONS

Alors que j’étais jeune chrétien, je remarquais que tous les hommes dont Dieu s’était puissamment servi de siècle en siècle, au cours des grands réveils spirituels, lisaient et étudiaient la Bible tout entière chaque année et pendant toute leur vie. Le désir ardent de mieux connaître Dieu m’amena alors, avec son aide, à en faire autant moi-même et jamais je ne regretterai cette décision. Ma vie en fut transformée.

Dieu m’avait rencontré quelques années auparavant ; mais après mon premier élan merveilleux, je n’avais pratiquement pas avancé dans ma vie spirituelle : il me semblait même que je reculais. On m’avait appris beaucoup de choses ; mais l’essentiel, la seule chose dont j’avais besoin, m’échappait encore ; personne ne m’avait appris comment je pouvais obtenir cette abondance spirituelle à laquelle j’aspirais.

Je rencontrais, certes, suffisamment de chrétiens convaincus d’avoir chacun la recette infaillible de la réussite spirituelle ; je passais des nuits blanches à prier, à chercher, à faire des actes de foi... On me parlait de « sanctification », de « baptême », « d’onction »... Chaque mouvement m’apportait son remède particulier et son étiquette ! Pourtant toutes mes recherches échouaient, les unes après les autres, me laissant de plus en plus désespéré et assoiffé.

Au cours de ces années difficiles, j’étais troublé et découragé par les controverses, parmi les chrétiens, autour de certaines doctrines plus ou moins importantes. Après avoir lu beaucoup de livres sur ces questions, je ressentais l’inutilité d’une telle occupation. Je cherchais plutôt une réponse à mon immense besoin personnel d’une vie spirituelle plus stable, plus profonde, plus puissante.

Sans que je m’en rende compte, Dieu commençait pourtant à répondre au cri de mon âme. Dans sa sagesse, il me mettait entre les mains, de temps à autre, une biographie remarquable, la vie de certains grands hommes de Dieu, dont le témoignage et les exploits spirituels sortaient de l’ordinaire. J’avais accès à une précieuse littérature en langue anglaise, si riche en matière spirituelle, me permettant de lire les récits de Bunyan, Hudson Taylor, George Muller, Robert Chapman, Charles Studd et d’autres — dont certains existent, heureusement, en français aussi. Ces lectures m’ouvrirent les yeux.

Le secret d’une vie transformée

C’est alors que Dieu me révéla la nécessité de le chercher, lui seul1 : non plus telle ou telle doctrine ou expérience, mais lui. Je me suis aperçu de l’existence d’un domaine spirituel qui m’était encore inconnu ; il me manquait une certaine connaissance de Dieu lui-même ; j’étais intrigué, amorcé surtout par cette conception exceptionnelle de la personne de Christ que je discernais chez ceux que Dieu utilisait. C’est alors que je lus, dans le livre des Psaumes, cette parole de Dieu : « Cherchez ma face2 ». À partir de ce jour, je me mis à chercher sa face uniquement et, pour cela, j’acceptai de débuter chaque journée avec lui seul et de lui donner la dîme de mon temps, afin de passer chaque jour deux ou trois heures de solitude, dans sa présence, pour la prière et l’étude de la Bible. Dieu m’ouvrit ainsi une nouvelle dimension d’existence spirituelle.

J’avais pris la résolution de lire la Bible au moins deux ou trois fois en entier sans commentaire. Je voulais me débarrasser de tous mes préjugés personnels, en laissant également de côté les opinions des uns et des autres, afin de connaître la pensée de Dieu lui-même, de la manière la plus directe, la plus pure. Je travaillais alors très dur pour gagner ma vie, tout en préparant une licence. Pourtant, les trois ou quatre années suivantes furent pour moi l’occasion d’une révélation extraordinaire de Dieu, une vision qui grandissait chaque année, chaque mois. Pendant ce temps, je pus lire la Bible à peu près trois fois en entier, en écoutant Dieu lui-même. Rien, rien dans l’univers entier, ne pourra remplacer pour moi ce « face à face » avec mon Créateur.

1 - Matthieu 6.33
2 - Psaumes 24.9

Puis le tout dans le creuset

J’ai eu ensuite l’intention de recommencer à me servir d’autres ouvrages, de commentaires et de livres doctrinaux, sans pour cela délaisser mon temps sacré chaque jour avec Dieu seul et sa Parole. Je voulais compléter et vérifier ainsi mes découvertes personnelles, en les comparant avec les opinions de beaucoup d’hommes de Dieu. Hélas ! la deuxième guerre mondiale éclata et je fus mobilisé. Pendant cinq ou six ans je dus mener l’existence pénible d’un soldat, en Afrique, en Asie, en Europe ! Aucune possibilité de poursuivre mon programme de lecture générale : je n’avais que ma Bible et mon carnet, qui pourtant m’accompagnaient partout. Face aux blasphèmes et à la bestialité, face à la cruauté et à la peur, dans les déserts, dans les camps militaires, par une chaleur suffocante et par un froid glacial, Dieu me permit de maintenir mon alliance journalière avec lui. Je ne sais combien de fois je pus lire ma Bible pendant ces années terribles, mais j’en fus pénétré jusqu’au fond de mon être. Ce fut là mon « école biblique » !

Le retour du désert !

Une fois libéré de l’armée, je pus enfin commencer à lire et à étudier une multitude d’autres ouvrages d’un grand nombre d’auteurs chrétiens et autres, tout en maintenant ma lecture quotidienne de la Bible. (Je crois que ma bibliothèque personnelle comprend quelques 5000 volumes.) Mais rien ne pouvait être comparé à la révélation intense et sublime que Dieu, dans sa grâce et sa sagesse incomparables, avait bien voulu m’accorder « en direct ». En effet, il avait dirigé les circonstances de ma vie de telle sorte qu’il me fallut passer près de dix ans, mon attention toute concentrée sur la Bible. Je ne compris pas tout de suite pourquoi Dieu m’éprouvait si durement, mais je compris plus tard, avec étonnement et avec une infinie reconnaissance, qu’il m’avait gardé précieusement à l’écoute de sa seule voix pendant dix ans ! Il est vrai que cette voix me parvenait souvent, comme elle était parvenue à Job, dans la tempête et sur le fumier ! Mais quelle voix ! Quelle révélation ! Ces dix ans de méditation et d’étude solitaires me donnèrent une intimité avec Dieu et sa Parole d’une valeur incalculable. Cela fait maintenant une quarantaine d’années que j’ai pu sonder de cette manière le livre de Dieu d’un bout à l’autre, sans compter une multitude de lectures et d’études parallèles que j’ai pu faire sur toute une gamme de sujets en rapport avec la Bible et son contexte. Mais en procédant ainsi, j’avais déjà l’immense avantage d’aborder ces autres études avec une profonde connaissance préalable de Dieu lui-même et de tout le texte de sa Parole. Je possédais donc une mesure pour apprécier à leur juste valeur tous les nouveaux problèmes que je rencontrais : questions de science, de philosophie, de doctrine, de religion, d’hérésie, d’art, de culture générale et que sais-je encore. Que Dieu est bon pour ceux qui le cherchent !

La mise en évidence de la foi

Ayant ouvert son cœur, Dieu ne me laissa plus tranquille ! Quelque temps après la guerre, il voulut que j’oublie ma carrière et ma sécurité matérielle, pour le servir avec tout mon temps et toutes mes forces. Il m’envoya d’abord, avec ma femme et nos trois petits enfants, alors que j’avais près de 40 ans, dans un des pays les plus difficiles au monde, pour y faire connaître Christ en diffusant le Nouveau Testament par tous les moyens possibles. Là, nous apprîmes la souffrance la plus extrême, mais Dieu honora notre pauvre foi en amenant à lui beaucoup de jeunes gens, dont plusieurs devinrent par la suite de véritables hommes de Dieu. Il fallut que j’apprenne, dans des conditions humainement impossibles, à vivre les vérités que je croyais. Ainsi, je découvris effectivement le Dieu « de l’impossible ». Au bout de cinq ans seulement de travail, de prières, de larmes, je pus compter non moins de seize nouvelles petites « églises » qui naissaient autour de nous. Hélas ! une guerre terrible éclata dans ce pays, dispersa nos jeunes et mit fin à cette œuvre ; mais, par l’expérience acquise au cours de cette merveilleuse action, Dieu enrichit de façon indescriptible ma compréhension de la Parole et de son Esprit.

Le prix du Christ « intégral »

Lorsque Dieu m’envoya ainsi « en mission », sachant que je ne pouvais plus offrir au monde une caricature de la vérité que je prêchais, je me voyais dans l’obligation de prendre au sérieux et de mettre en pratique les enseignements de Jésus-Christ intégralement. Je savais que je ne convaincrais personne par une notion de Christ autre que celle qui apparaît dans les quatre Évangiles. Je ne pouvais présenter un « Christ » qui dépendrait d’une infrastructure de ressources humaines, ou de moyens matériels, européens ou autres ; je ne pouvais pas témoigner d’un « Dieu » incapable d’accomplir ce qu’il promet dans sa Parole. Pour cette raison, avec mon épouse, je décidai de mettre Dieu à l’épreuve, jusque sur le plan matériel.

Tout le monde, disait Jésus à ses apôtres, cherche d’abord les moyens de vivre : le manger, le vêtement, l’argent... Mais vous, ne le faites pas. Le Dieu qui vous envoie en mission peut très bien subvenir à vos besoins matériels sans que vous les cherchiez auprès des hommes. Votre Père céleste, qui nourrit les oiseaux et qui revêt les fleurs, ne manquera pas d’en faire autant pour ses serviteurs. « (Cherchez premièrement, dit-il, le royaume de Dieu et sa justice et toutes ces choses vous seront données1.

Ayant pris ce commandement et cette promesse de Christ comme gage de ma vocation spirituelle, je décidai de me confier uniquement en Dieu pour toute question matérielle et d’utiliser tout mon temps et toutes mes énergies à faire connaître le Christ au monde.

Dieu s’est montré à cent pour cent fidèle à sa Parole. Il y a 30 ans de cela — plus d’un quart de siècle de miracle quotidien, d’évidence concrète de la réalité de Dieu et de la validité de sa promesse ! Ma femme en est témoin ainsi qu’une multitude d’autres personnes.

Ce n’est évidemment pas de tout le monde que Dieu exige une action semblable. Sans un appel positif et impératif de sa part, une telle aventure ne pourrait qu’aboutir à la catastrophe ; mais lorsque Dieu parle, il accompagne sa parole de toute son autorité et le résultat est toujours « incroyable » mais vrai !

1 - Matthieu 6.33. Voir tout le passage Matthieu 6.25-34

Un horizon à jamais en recul

Après ces premières expériences « pionnières », Dieu me ramena en Europe. Le caractère du travail qu’il me donnait de faire changeait d’année en année, mais sa fidélité demeura inaltérable. Ces dernières années, son Esprit m’a amené dans une quinzaine de pays de l’Europe et ailleurs, toujours en réponse au cri d’une jeune génération assoiffée de Dieu et pour qui la réalité de l’Évangile compte par-dessus toute chose. Partout Dieu s’est montré absolument fidèle et sa Parole inébranlable. Partout son Esprit honore cette Parole et exauce ceux qui se confient en elle.

Une communion fraternelle qui discipline

Au cours de ces années, Dieu m’a donné de rencontrer un très grand nombre de vrais chrétiens d’au moins une cinquantaine de pays différents, dont beaucoup sont devenus mes amis pour la vie. Dieu m’a permis aussi, au cours de ma vie, de connaître une grande variété de milieux et de mouvements chrétiens et de collaborer avec beaucoup d’entre eux à différentes époques. Ces expériences m’ont permis de comparer et de vérifier mes idées et mes conclusions avec celles d’un grand nombre de mes frères en Christ et cela dans des circonstances fort variées. Par ce moyen, Dieu a élargi constamment mon horizon, en créant dans mon cœur une profonde sympathie pour tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus. Il m’a aussi ouvert les yeux sur bien des absurdités et des anomalies dans les différentes communautés chrétiennes ! J’ai trouvé cette expérience pourtant enrichissante, car, dans presque tous ces milieux, j’ai appris, avec humilité et reconnaissance, des vérités précieuses que j’ignorais.

Pardonne-moi cette intimité

Je trouve un peu embarrassant de raconter ces détails personnels, mais je les crois utiles, pour faire comprendre à tous mes lecteurs, non seulement les raisons de mes affirmations, mais aussi ma position « doctrinale » et « ecclésiastique ». Dieu m’a amené « de force » à fonder uniquement sur la Bible ma conception de la foi et de la vie chrétiennes. J’estime que la Parole de Dieu est l’autorité absolue pour toute question spirituelle.

Certains me reprochent d’être « trop indépendant », un homme « sans église », ou encore « trop christocentrique »... Je ne suis pas sans église et en outre j’ai la joie de me considérer comme membre de l’église universelle de Jésus-Christ, frère de tous les enfants de Dieu au monde. J’estime que c’est un privilège de les aimer et de travailler avec eux pour faire connaître Christ aux nations. Mais cela ne m’empêche pas de faire, quand je le peux (et c’est mon désir), un travail « neuf » là où le Christ et la Bible ne sont pas connus. Dans ce cas, je me considère dans l’obligation de mettre en pratique tout ce que Dieu m’a enseigné.

Étant cependant libre de toute dépendance d’une organisation humaine, j’ai également le privilège de pouvoir parler et écrire d’une façon totalement désintéressée ; Dieu me permet ainsi de communiquer ce qu’il m’a appris, sans contrainte, sans parti pris, sans crainte des critiques humaines (bien qu’elles fassent parfois souffrir !), sachant que c’est devant mon divin Juge et Sauveur que je devrai rendre compte de toutes mes paroles. C’est dans la crainte de Dieu et par amour envers lui que j’écris ce livre. Au moins tu sauras que je parle du fond du cœur.

Si mes premières années étaient une « école », les années passées à mettre Dieu à l’épreuve, dans la souffrance, dans une action pionnière, dans des conditions humainement impossibles, furent pour moi un « examen ». Ayant passé ces épreuves, je puis dire que je sais ce que je crois. Il m’a fallu vivre ma foi. En t’offrant dans ce livre le fruit de mes études concernant les choses de Dieu, tout en reconnaissant ma tragique insuffisance à ses yeux, je te parle néanmoins avec une conviction née de certaines réalités que je ne peux nier.

L’unique fondement

Pourtant, je ne fonde aucun de mes arguments dans ce livre sur mes expériences, ni sur les expériences d’autrui, aussi grandes soient-elles, mais sur la seule Parole de Dieu. Il n’y a aucun autre fondement de la foi en Christ.

Adieu

Je suis encouragé en considérant l’expérience de notre grand frère l’apôtre Paul, qui écrivit :

« Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ1. » « Mais, lorsqu’il plut à celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang, et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l’Arabie. Puis, je revins encore à Damas2. »

1 - Galates 1.10-12
2 - Galates 1.15-17

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