Une vie motivée par l'essentiel

28. Il faut du temps

« Il y a un temps pour toute chose sous les cieux » (Ecclésiaste 3.1, BG)
« J’en suis fermement persuadé : celui qui a commencé en vous son œuvre bonne la poursuivra jusqu’à son achèvement au jour de Jésus-Christ. » (Philippiens 1.6, BS)

Pour parvenir à la maturité, on ne peut pas prendre de raccourcis.

Il faut des années pour que nous parvenions à l’âge adulte et toute une saison pour qu’un fruit croisse et mûrisse. C’est vrai aussi en ce qui concerne le fruit de l’Esprit. Développer le caractère de Christ ne se fait pas en un jour. Comme la croissance physique, le développement spirituel prend du temps.

Quand on essaie de faire mûrir un fruit artificiellement, il perd sa saveur. En Amérique, on cueille les tomates quand elles sont encore vertes pour éviter qu’elles soient talées pendant le transport. Ensuite, avant la vente, on pulvérise dessus du gaz carbonique afin de les faire rougir instantanément. Ces tomates sont comestibles, mais elles ne soutiennent pas la comparaison avec celles qui croissent lentement dans les jardins potagers.

Alors que nous nous inquiétons de notre vitesse de croissance, Dieu se préoccupe davantage de notre force spirituelle. Comme il voit nos vies à la lumière de l’éternité, il ne se presse jamais.

Lane Adams a comparé le processus de croissance spirituelle à la stratégie dont les alliés se sont servis au cours de la seconde guerre mondiale pour libérer les îles du Pacifique sud. Tout d’abord, ils « réduisaient la résistance » d’une île en bombardant les forces ennemies depuis des navires en mer. Ensuite, un petit groupe de marines envahissait l’île et établissait une « tête de pont » – un petit fragment de l’île qu’ils pouvaient dominer. Après cela, peu à peu ils libéraient le reste de l’île, parcelle par parcelle. Finalement, toute l’île était sous leur contrôle, mais non sans avoir mené quelques batailles coûteuses.

Andrew a établi ce parallèle : avant que Christ envahisse notre vie lors de notre conversion, il doit parfois « réduire notre résistance » en permettant que nous ayons des problèmes insolubles. Bien que certains ouvrent leur cœur à Christ dès la première fois qu’il frappe à leur porte, la plupart d’entre nous résistent et restent sur la défensive. Avant notre conversion, Jésus aurait pu nous dire : « Voici, je me tiens à la porte et je te bombarde ! »

Dès que vous ouvrez votre cœur à Christ, Dieu a une « tête de pont » dans notre vie. Vous pensez peut-être lui avoir soumis toute votre existence, mais en réalité, vous avez conservé à votre insu une grande part de votre vie. Vous ne pouvez livrer à Christ que ce dont vous avez conscience à ce moment-là, mais c’est suffisant. Une fois que Christ a obtenu une tête de pont, il commence à se mettre en campagne pour obtenir de plus en plus de terrain jusqu’à ce que votre vie lui appartienne totalement. Même s’il y a des luttes et des combats, l’issue finale ne fait aucun doute. Dieu a promis que « celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite. » (Philippiens 1.6, BG)

Notre formation de disciple est le processus qui nous rend progressivement conformes à Christ. La Bible nous explique : « Nous parviendrons… à l’état d’adulte, à un stade où se manifeste toute la plénitude qui nous vient de Christ. » (Éphésiens 4.13, BS) Vous finirez par être comme Christ, mais votre voyage durera toute votre vie.

Nous avons vu jusqu’à présent que ce voyage impliquait la foi (par l’adoration), l’appartenance au corps de Christ (par la communion fraternelle) et le développement (par une formation de disciple). Chaque jour, Dieu veut que vous deveniez un peu plus semblable à lui : « Vous êtes des êtres nouveaux que Dieu, notre Créateur, renouvelle continuellement à son image. » (Colossiens 3.10a, BFC)

Aujourd’hui, nous sommes obsédés par la vitesse, mais Dieu s’intéresse davantage à notre force et à notre stabilité qu’à notre rapidité. Nous voulons de l’instantané, des raccourcis, des solutions toutes faites. Nous désirons qu’une prédication, un congrès ou une expérience résolve sur le champ tous nos problèmes, nous débarrasse de toutes nos tentations et nous libère de toutes nos peines, mais la vraie maturité ne provient jamais d’une seule expérience, même si cette dernière est puissante et bouleversante. La croissance est progressive. La Bible dit : « Nous sommes transformés en son image dans une gloire dont l’éclat ne cesse de grandir. » (2 Corinthiens 3.18b, BS)

Pourquoi est-ce si long ?

Dieu pourrait nous transformer instantanément, mais il a choisi de nous faire croître doucement, et cela dans un but précis. De même que l’Éternel a octroyé aux Israélites la terre promise « peu à peu » (Deutéronome 7.22, BD) afin qu’ils ne soient pas trop déconcertés, il préfère procéder par petites étapes dans notre vie.

Pourquoi les changements mettent-ils tant de temps à se produire en nous ? Pour plusieurs raisons.

Nous apprenons lentement. Souvent, il faut que nous prenions une leçon quarante ou cinquante fois avant de l’assimiler vraiment. Le problème revient sans cesse, et nous geignons : « Oh non ! Je le sais déjà ! » Mais le Seigneur nous connaît mieux que nous ! L’histoire d’Israël nous apprend à quel point nous oublions vite les leçons que Dieu nous inculque et nous reprenons rapidement nos anciennes habitudes. Nous avons besoin qu’on nous enfonce le clou plusieurs fois !

Nous avons beaucoup à désapprendre. Beaucoup de gens vont voir un conseiller pour se débarrasser d’un problème relationnel qui a pris des années à se développer, et ils disent : « Il faut que vous m’aidiez. J’ai une heure pour cela. » Naïvement, ils attendent une solution rapide à une difficulté enracinée en eux depuis des années. Comme la plupart de nos problèmes – et toutes nos mauvaises habitudes – n’ont pas surgi d’un jour à l’autre, il est irréaliste de s’attendre à ce qu’ils s’en aillent instantanément. Aucune pilule, aucune prière, aucun principe ne réparera en un clin d’œil les dégâts produits en plusieurs années. Cela nécessite que le problème soit réglé et remplacé par autre chose. La Bible appelle cela « se dépouiller du vieil homme » et « revêtir l’homme nouveau. » (Romains 13.12 ; Éphésiens 4.22-25 ; Colossiens 3.7-10, 14) Certes, vous avez reçu une nature toute nouvelle au moment de votre conversion, mais vous avez encore d’anciennes habitudes et de vieux réflexes qui doivent être extirpés et remplacés.

Nous avons peur d’affronter humblement la vérité sur nous-mêmes. J’ai déjà expliqué que la vérité nous affranchira, mais qu’elle commence généralement par nous rendre misérables. La crainte de ce que nous risquons de découvrir si nous nous retrouvons face aux failles de notre caractère nous empêche d’affronter nos problèmes. C’est seulement lorsque Dieu a le droit de projeter la lumière de sa vérité sur nos fautes, nos échecs et nos complexes que nous pouvons commencer à nous en débarrasser. C’est pour cela que nous ne pouvons croître qu’avec un esprit humble et malléable.

La croissance est souvent douloureuse et effrayante. Toute croissance implique un changement, ce qui perturbe, effraie et fait souffrir. Tout changement implique une perte sous une forme ou sous une autre : on doit renoncer aux vieilles habitudes pour en connaître de nouvelles. Or, nous n’aimons pas nous débarrasser de ce qui est familier, même si c’est mauvais, parce qu’à l’instar d’une vieille paire de chaussures, nous nous sentons à l’aise avec.

Souvent, les gens construisent leur identité à partir de leurs défaites. Ils disent : « Je suis comme çà… » ou « Il faut me prendre comme je suis. » Inconsciemment, ils craignent de ne plus se reconnaître s’ils renoncent à une habitude, à un traumatisme ou à un complexe. Cette crainte risque d’être fatale à leur croissance.

Il faut du temps pour changer ses habitudes. Souvenez-vous que votre caractère est tout simplement la somme de vos habitudes. Vous ne pouvez vous targuer d’être aimable si vous l’êtes habituellement, c’est-à-dire si vous faites preuve de courtoisie de façon spontanée. Vous ne pouvez prétendre être intègre que si vous en avez l’habitude. Un mari qui est fidèle à sa femme la plupart du temps ne l’est pas du tout ! Vos habitudes définissent votre caractère.

Il y a un seul moyen d’acquérir le caractère de Christ : vous devez prendre ses habitudes – et pour cela, il faut du temps ! Les habitudes ne sont jamais instantanées. Paul conseillait à Timothée : « Occupe-toi de ces choses, donne-toi tout entier à elles, afin que tes progrès soient évidents pour tous. » (1 Timothée 4.15, BG)

Si vous pratiquez régulièrement quelque chose, vous finissez par devenir un expert en la matière. L’entraînement mène à l’excellence. Les habitudes qui forgent le caractère sont souvent nommées « des disciplines spirituelles », et des dizaines de bons livres peuvent vous apprendre à les pratiquer.

Ne soyez pas trop pressé

Il y a plusieurs façons de collaborer avec Dieu pour parvenir à la maturité spirituelle.

Croyez que Dieu œuvre dans votre vie même lorsque vous ne le sentez pas. La croissance spirituelle est un travail de longue haleine qui s’effectue pas à pas. Attendez-vous à une amélioration progressive. La Bible dit : « Il y a un temps pour toute chose sous le soleil. » (Ecclésiaste 3.1, BS) Dans votre vie spirituelle, il y a des saisons : parfois, vous faites une brusque poussée de croissance (printemps), d’autres fois, vous stagnez et êtes éprouvé (automne et hiver).

Qu’en est-il des problèmes, des habitudes et des blessures que vous aimeriez voir disparaître par miracle ? Prier pour un miracle est bon, mais ne soyez pas trop déçu si la réponse est un changement progressif. Au fil du temps, un mince filet d’eau qui coule en permanence cause l’érosion du roc le plus dur et réduit des blocs de pierre géants en galets. Après des décennies, une petite graine peut devenir un séquoia de plus de cent mètres de haut.

Sur un carnet ou un journal, consignez les leçons que vous avez apprises. Il ne s’agit pas de tenir votre journal, mais de noter ce que Dieu vous a montré. Écrivez les leçons que le Seigneur vous a inculquées et ce qu’il vous a appris sur lui, sur vous, sur la vie, sur les relations, etc. afin que vous puissiez les revoir, les apprendre et les transmettre à la génération suivante. (Psaume 102.18 ; 2 Timothée 3.14) Pourquoi ? Parce que nous avons tendance à oublier ce que Dieu nous enseigne. Relire régulièrement votre journal spirituel peut vous éviter bien des souffrances et des crève-cœur inutiles. La Bible nous rappelle : « Nous devons nous attacher d’autant plus fermement à ce que nous avons entendu, afin de ne pas être entraînés à notre perte. » (Hébreux 2.1, BFC)

Soyez patient avec Dieu et avec vous-même. L’une des grandes frustrations de la vie, c’est que le temps de Dieu est rarement le même que le nôtre. Nous sommes souvent pressés alors que Dieu, lui, ne l’est pas. Vous pouvez vous sentir frustré par la lenteur apparente des progrès que vous faites dans la vie. Souvenez-vous que Dieu ne se presse jamais, mais qu’il est toujours à l’heure. Il se servira de votre vie toute entière afin de vous préparer pour l’éternité.

La Bible nous montre très souvent comment le Seigneur emploie un long processus pour développer le caractère de ses enfants, surtout s’ils ont un rôle important à jouer. Il lui a fallu quatre-vingts ans pour préparer Moïse, dont quarante ans dans le désert. Pendant quatorze mille six cents jours, Moïse a attendu et s’est demandé : « Le temps n’est-il pas encore venu ? » Mais Dieu a répondu : « Non. Prends patience ! »

Contrairement à certains titres alléchants de livres chrétiens, L’accès facile à la maturité et Le secret de la sainteté instantanée sont des leurres.

Quand Dieu veut créer un champignon, il ne lui faut qu’une nuit, mais pour faire un gros chêne, il prend un siècle. Les grandes âmes se forgent par des luttes, des tempêtes et des périodes de souffrance. Armez-vous de patience ! Jacques nous a prévenus : « N’essaie pas de sortir d’une situation prématurément. Laisse-la faire son travail pour que tu deviennes mûr et bien développé. » (Jacques 1.4, traduction littérale)

Ne vous découragez pas. Quand Habakuk s’est désespéré parce qu’il estimait que l’Éternel n’agissait pas assez vite, ce dernier lui a dit : « Le moment n’est pas encore venu pour que cette révélation se réalise, mais elle viendra en temps voulu. Attends avec confiance même si cela paraît long : ce que j’annonce arrivera à coup sûr et à son heure. » (Habakuk 2.3, BFC) Les délais de Dieu ne sont jamais des retards.

Ne considérez pas seulement tout le chemin qui vous reste à parcourir, mais aussi celui que vous avez déjà fait. Vous n’êtes pas là où vous le voudriez, mais vous avez déjà franchi maintes étapes ! Il y a quelques années, les gens arboraient un badge portant les lettres SIVPSPDNEAPEFAM, ce qui voulait dire « S’il vous plaît, soyez patient, Dieu n’en a pas encore fini avec moi. » Dieu n’en a pas encore fini avec vous non plus : alors, continuez à progresser ! Même l’escargot a fini par entrer dans l’arche à force de persévérance !

Vingt-huitième jour – définir mon objectif

Idée à méditer : Pour parvenir à la maturité, on ne peut pas brûler les étapes.

Verset à apprendre : « Dieu, qui a commencé cette œuvre bonne parmi vous, la continuera jusqu’à son achèvement au jour de la venue de Jésus-Christ. » (Philippiens 1.6, BFC)

Question à me poser : Dans quel domaine de ma croissance spirituelle ai-je besoin de faire preuve de plus de patience et d’acharnement ?

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