Contre Marcion

LIVRE IV

Chapitre XXXII

Cette drachme, cette brebis égarée, qui la cherche ? N’est-ce pas celui qui l’a perdue ? Qui l’a perdue ? N’est-ce pas celui qui la possédait ? Qui l’a possédée ? sinon celui dont elle était la légitime propriété ? Si donc l’homme est le domaine de son Créateur, et de nul autre que lui, celui-là le possédait, qui en avait la légitime propriété ; celui qui l’a perdu, c’était son possesseur ; celui qui l’a cherché, c’est celui qui l’avait perdu ; celui qui l’a trouvé, c’est celui qui l’a cherché ; celui qui a tressailli d’allégresse, c’est celui qui l’a trouvé. Ainsi, dans l’une et l’autre parabole, pas un mot qui ne soit contradictoire appliqué au Dieu qui n’est le propriétaire ni de la brebis, ni de la drachme, c’est-à-dire de l’homme. Qui ne possédait pas, n’a rien perdu ; qui n’a rien perdu, n’a rien cherché ; qui n’a rien cherché, n’a rien trouvé ; qui n’a rien trouvé, n’a pu tressaillir d’allégresse. Qui donc se réjouira du repentir du pécheur, c’est-à-dire de retrouver le bien qu’il avait perdu ? Qui ? celui qui déclara formellement autrefois « qu’il préfère à la mort du pécheur son repentir. »

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