Dieu et mes sous

UNE DÉTESTABLE RACINE

L’amour de l’argent est la racine de tous les maux.

1 Timothée 6.10

Je revois ce vaste immeuble dont l’une des façades était lézardée de haut en bas à cause de la proximité d’un énorme platane. L’ombre généreuse de cet arbre était trop appréciée durant les heures surchauffées de l’été méridional pour qu’on songeât à l’abattre. Pourtant, ses racines accomplissaient lentement mais sûrement un travail de sape que rien n’arrêterait aussi longtemps qu’on le laisserait vivre. Puissance prodigieuse capable d’ébranler des tonnes de pierre, de les disjoindre et d’entraîner la ruine d’un grand édifice ! Il en va de même des richesses lorsque l’homme s’y attache et les poursuit. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège et dans une foule de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Semblables à une racine profonde, elles fascinent les hommes. Et quelques-uns, pour s’y être adonnés se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes bien des tourments. (1 Timothée 6.9, 10).

Ne nous leurrons pas. Mamon n’est pas seulement une représentation anodine, une statue inerte symbolisant l’argent comme Marianne symbolise la France. Satan serait trop heureux de nous le faire croire. Selon Jésus, Mamon est infiniment plus qu’une simple allégorie : c’est bel et bien une puissance. Une puissance séductrice. Totalitaire. Une « autorité » asservissant quiconque plie les genoux devant l’idole. Et cet attachement aux richesses est source de « toutes sortes de maux ». Y a-t-il un problème douloureux dans la vie d’un individu ? Dans l’Eglise ou la société ? Ne cherchez pas plus loin. Grattez un peu et vous découvrirez aisément sa racine. Elle est presque toujours la même : L’argent. D’où l’importance et l’urgence de démasquer cette puissance qui tient à se faire oublier, en se gardant d’en sous-estimer les effets. Racine de toutes sortes de maux et de malheurs, l’amour des richesses engendre :

  1. L’abandon de la foi. L’apôtre en avertit le jeune Timothée : Quelques uns, pour s’y être adonnés, se sont égarés loin de la foi (1 Timothée 6.10). Il n’y a pas de pire malheur ! Des croyants, zélés à l’aube de leur vie chrétienne, ont perdu pied et lâché le Christ à cause de l’abondance matérielle. Démas était certainement de leur nombre (1 Timothée 4.9). Quoi qu’il en soit, la poursuite des richesses étouffe la Parole et rend infructueuse (Marc 4.19).

  2. Le mensonge. CeTut le cas chez Ananias et Saphira. Ce couple généreux (Eh oui !) mentit délibérément à Pierre, à l’Eglise et au Saint-Esprit pour avoir retenu une partie du prix d’un champ qu’il prétendait avoir tout entier consacré au Seigneur (Actes 5.3). Aujourd’hui encore, l’homme use volontiers du mensonge pour vendre plus aisément et à meilleur compte une maison, une voiture, un objet… ou pour obtenir une faveur ou une allocation !

  3. Les disputes, les guerres et les affrontements de tous ordres. L’amour des richesses sème la zizanie partout même parmi les plus unis. Exploité par Laban, son beau-père, Jacob ruse pour récupérer ce dont il a été frustré. Résultat : Père, frère, sœurs et gendre se brouillent jusqu’à s’engager à ne plus se revoir (Genèse 31.52).

  4. Les fraudes et le vol. Avide d’argent, Judas, le trésorier des douze, puise dans la caisse commune. Il s’indigne de voir Marie « gaspiller » aux pieds de Jésus un parfum de grand prix (représentant le salaire d’une année), une somme volatilisée dont il ne pourra détourner la moindre pite (Jean 12.5, 6). Hélas ! Que de gens fraudent le fisc et se révélent malhonnêtes en affaires !

  5. Le reniement et les trahisons. Judas n’a-t-il pas livré Jésus pour trente pièces d’argent ? Au cours des siècles et en temps de persécutions, des croyants ont vendu leurs frères dont la tête était mise à prix afin d’empocher la somme promise. C’est tragique !

  6. La prostitution et la débauche. Il n’y aurait ni souteneurs, ni proxénètes s’ils n’étaient assurés de tirer profit de leur abominable besogne (Proverbes 5.10).

  7. L’astrologie et la divination. Les diseuses de bonne aventure pullulent simplement parce qu’il y a de l’argent à gagner. On en compte plus de 20 000 à Paris !

  8. Le commerce honteux des stupéfiants qui font de terribles ravages parmi la jeunesse s’opère à l’échelle mondiale pour la seule raison qu’il rapporte gros.

  9. L’exploitation de l’homme, la lutte des classes, les « pots de vin »… ont pour mobile l’amour de l’argent. N’est-ce pas pour un salaire (2 Pierre 2.15) que Balaam donna au roi Balak un pernicieux conseil destiné à perdre Israël ? Ce conseil jeta le trouble au sein du peuple de Dieu et entraîna la perte du devin lui-même (Nombres 24.14 et 31.8).


♦   ♦

Bien plus qu’une puissance, Mamon est véritablement UNE PERSONNE qui prétend à la divinité. Son objectif est celui de Satan : Détrôner Dieu ! Aimer l’argent c’est haïr le Père, et l’amour de l’argent est une haine de Dieu (Luc 16.13). En vérité, Mamon n’est Mamon que si on l’aime et le sert. Mais qui, parmi nous, peut se vanter d’être insensible à ses attraits ?

Mamon doit être démasqué : C’est Satan déguisé, l’un des noms du « prince de ce monde ». Et tout sujet de ce prince – l’homme irrégénéré – est naturellement attaché aux richesses même s’il s’en défend et se montre généreux. Quant aux chrétiens je ne sais s’il s’en trouve un seul qui puisse affirmer en toute vérité : « Je suis totalement et définitivement libre quant à l’argent ». Savez-vous qu’il est possible de donner avec libéralité tout à en continuant de sacrifier à Mamon ? Je puis faire vœu de pauvreté, vivre par la foi, attendre de Dieu seul le pain quotidien sans pour autant compter sur le Seigneur. Tel moine ne possède rien et, semble-t-il, n’aspire à rien. Cependant, il peut fort bien placer sa confiance dans l’institution qui l’a pris en charge plutôt qu’en Dieu lui-même, car cette institution a des ressources. Le pionnier qui fonde une église et n’a pas de salaire assuré peut être tenté, lorsque la caisse est vide, de regarder aux amis. Une circulaire mensuelle le rappelle à leur bon souvenir ; même les meilleurs sont faillibles. J’étais serein durant mon activité au sein de la Ligue pour la lecture de la Bible, sans inquiétude. Certes, je savais que l’œuvre dépendait très largement des dons qu’elle recevait, mais elle était bien établie, favorablement connue et portée par de nombreux et fidèles croyants. En outre, s’attendant au Seigneur, son Conseil s’engageait à rémunérer ses collaborateurs, l’ouvrier méritant son salaire. Plus tard, j’ai pu expérimenter la vie par la foi sans jamais rédiger de circulaire : Etais-je, à cause de cela, hors de toute préoccupation financière ? Honnêtement, non !

Personne n’est à l’abri du tentateur, dans le domaine matériel surtout. « Le lion rôde », aussi dois-je veiller sans relâche pour démasquer l’adversaire et lui « résister avec une foi ferme » (1 Pierre 5.9). Satan est trop puissant pour que j’extirpe moi-même cette mauvaise racine et les appels à la générosité ne suffiront pas à me libérer de l’emprise des richesses. L’action purificatrice de Dieu est nécessaire : je veux la réclamer. La délivrance aura lieu si je consens à passer par le jugement du Seigneur. Je me garderai d’admirer mes largesses ou de considérer l’importance de mes offrandes pour me croire affranchi de Mamon. Non ! Je plaiderai coupable en découvrant la place que tient l’argent dans ma vie. Certes, Dieu ne me demande pas de vendre tout ce que je possède pour le donner aux pauvres – cela ne me libérerait pas pour autant de l’amour des richesses – mais il attend ma reddition pour me rendre capable d’y renoncer. Il m’amènera – si j’y consens — à le laisser posséder ce que jusque là j’ai appelé mon argent, mon avoir, mon patrimoine… Toute richesse qui n’est pas reçue tel un don du Créateur, et employée comme propriété du Seigneur, est vaine et dangereuse.

En me révélant cet esclavage si longtemps ignoré, Dieu poursuit mon bien. Il veut, plus que quiconque, mon bonheur et ma liberté. La vraie richesse c’est lui et lui-seul. Il sera ma sécurité, mon repos, ma joie si je le choisis pour Maître et Seigneur.

Dieu ou Mamon. Il n’y a pas d’autre alternative.

QUESTIONS

  1. Suis-je vraiment conscient du fait que l’amour de l’argent peut engendrer beaucoup de maux et de drames ?
  2. Les richesses ont-elles exercé sur moi un réel attrait ? Ai-je souvent cédé au désir d’en posséder en abondance ? Ne devrais-je pas me laisser sonder par le Saint-Esprit afin qu’il me révèle la place que Mamon a occupé dans ma vie ?
  3. Si le Saint-Esprit me révèle mon attachement aux richesses, suis-je alors disposé à m’humilier devant Dieu pour qu’il me libère de cette emprise ? Je veux bénir Celui qui a vaincu le diable au Calvaire.

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