Étude pratique sur l’épître de Jacques

16. La patience

5.7-11

7 Soyez donc patients, mes frères, jusqu’à la venue du Seigneur. Voici, le laboureur attend les précieux fruits de la terre ; il patiente, à leur égard, jusqu’à ce qu’elle reçoive la pluie de la première saison et celle de la dernière. 8 Vous aussi, soyez patients, affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur est proche. 9 Ne murmurez point les uns contre les autres, mes frères, de peur que vous ne soyez jugés ; voici, le juge se tient à la porte. 10 Prenez, mes frères, comme exemple de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. 11 Voici, nous estimons heureux ceux qui ont été patients ; vous avez été instruits de la patience de Job et vous avez vu l’issue des voies du Seigneur ; car le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux.

Jacques s’adresse maintenant à ses frères en la foi qui avaient à souffrir de si cruels traitements de la part des grands et des riches. Il les exhorte à supporter patiemment l’injustice et à attendre, dans un esprit de soumission, que le Seigneur lui-même paraisse pour délivrer les siens, rendre à chacun ce qui lui est dû et exercer le jugement universel. Il ne faut pas oublier que la fin de l’économie actuelle était alors considérée comme très prochaine ; il était naturel qu’à l’époque apostolique on envisageât les choses ainsi ; Jésus-Christ n’avait voulu donner sur ce moment final aucune indication précise ; il avait dit que le Père seul s’était réservé de le déterminer et que nul ne le connaît, pas même le Fils (Marc 13.32). Cependant l’église primitive soupirait ardemment après l’avènement du Seigneur et ne regardait toute l’économie chrétienne que comme une transition rapide vers la consommation de toutes choses. Comme un voyageur qui entrevoit dans le lointain le but de sa course et croit y toucher déjà, sans songer à toutes les sinuosités de la route qui lui reste à parcourir, ainsi l’église primitive, les yeux fixés sur le glorieux but de l’économie chrétienne, négligeait de mesurer la distance qui la séparait encore de cet entier accomplissementc. C’est à ce point de vue que se place l’écrivain sacré : Soyez donc patients, mes frères, jusqu’à la venue du Seigneur. Voici, le laboureur attend les précieux fruits de la terre ; il patiente, à leur égard, jusqu’à ce qu’elle reçoive la pluie de la première saison, et celle de la dernière. Vous aussi, soyez patients ; affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur est proche.

c – Voyez, par exemple, 1 Thessaloniciens 4.17 ; 1 Jean 2.18. Il faut ajouter cependant que les apôtres, loin de déterminer l’époque précise de l’avènement de Jésus-Christ, insistent plusieurs fois sur leur ignorance à cet égard : 1 Thessaloniciens 5.1 ; 2 Thessaloniciens 2.1 et suivants ; 2 Pierre 3.8 et suivants.

Jacques qui, à l’exemple des Orientaux, aimait à vivre au milieu des scènes de la nature, transporte dans le domaine de l’histoire les lois du développement progressif auquel est soumise la création entière. Comme les fruits ne mûrissent que lentement, comme le cultivateur est forcé d’attendre avec patience les pluies de la première et de la dernière saison, de même l’humanité se développe sans cesse ; elle ne s’avance que par degrés vers le but final que Dieu lui a assigné, et dont la réalisation n’est promise qu’à une inaltérable patienced. Ici, comme dans le règne de la nature, chaque chose a son temps qu’il n’est permis à personne de hâter. Il n’est rien d’aussi funeste que cette impatience fiévreuse qui, refusant de se soumettre aux lois du développement graduel et régulier établi par Dieu lui-même, veut, du premier bond, toucher au terme.

d – La première et la dernière saison répondent à l’époque d’octobre et de mars.

Jacques rappelle alors aux chrétiens leurs devoirs réciproques, principalement celui du support mutuel ; il les exhorte à ne pas s’accuser entre eux, mais à remettre à Dieu le jugement de toutes choses, sans vouloir, par des accusations et des condamnations mutuelles, devancer la sentence du Juge qui va bientôt paraître. Ce précepte de Jacques est semblable à celui du Seigneur, dans le sermon sur la montagne : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. » Ne murmurez point les uns contre les autres, mes frères, de peur que vous ne soyez jugés ; voici, le juge se tient à la porte.

Il leur présente ensuite, comme modèle de patience, l’exemple des prophètes, et entre autres celui de Job qui, après être sorti victorieux de toutes les épreuves auxquelles avait été soumise sa confiance en Dieu, vit éclater sur lui, d’une si admirable manière, la miséricorde divine. Prenez, mes frères, comme exemple de souffrance et de patience, les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. La pensée complète serait celle-ci : Ils ont parlé au nom du Seigneur ; néanmoins ils ont eu à subir de telles persécutions. Si donc les prophètes, ces hommes revêtus d’une charge aussi glorieuse et qui parlaient au nom du Seigneur, si eux-mêmes ont eu beaucoup à souffrir pour sa cause, comment pourrions-nous espérer d’être mieux traités ? Voici, nous estimons heureux ceux qui ont été patients ; vous avez été instruits de la patience de Job, et vous avez vu l’issue des voies du Seigneur, car le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux, c’est-à-dire l’issue heureuse, pleine de gloire que Dieu accorda à toutes les épreuves de Job, en se montrant abondant en compassions et miséricordieux.

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