Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XIX

Sur la Transfiguration de Notre Seigneur

Grand Dieu ! suis-je en la Terre, ou suis-je dans les Cieux ?
Mon cœur est transporté d’un plaisir ineffable.
Les saints, vieux et nouveaux, sont présents à mes yeux,
Et j’entends de leurs voix le concert admirable.

Je vois, par millions, les anges glorieux,
Et de leur divin Roi la personne adorable,
Dont la robe éclatante et le front radieux
Effacent du soleil l’éclat incomparable.

L’Esprit Saint sur Jésus me paraît arrêté ;
Le Père dans le Fils montre sa majesté,
Et le Fils est marqué par l’oracle du Père.

Mais si je t’envisage, ô Monarque des Rois !
Sanglant, défiguré, mourant sur le Calvaire,
Je t’admire bien moins au Tabor qu’en la croix !


1 : Cette transfiguration se fit comme entre le Ciel et la Terre, c’est-à-dire, selon l’opinion commune, sur le Tabor, haute et ronde montagne de Galilée. On y remarque des prophètes et des apôtres, des saints du Ciel et de la Terre, la gloire et la joie du Paradis, et la prédication de l’Évangile. Le Père s’y fait entendre ; le Fils y paraît, le Saint Esprit y inspire les deux prophètes, et sans doute les anges y sont présents. C’est une petite image de l’Eglise, et militante et triomphante.

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