Histoire de la Réformation au temps de Calvin

Chapitre 3
La dispute publique se prépare dans Genève

(D’Avril à la Pentecôte 1535)

9.3

Cinq thèses positives, cinq thèses négatives – Le conseil autorise Bernard à les soutenir – La publicité établie par la Réforme – Le catholicisme répond par une procession – Les nonnes montrent seules du courage – On invite des docteurs célèbres – Un vaniteux docteur – Ses motifs pour venir à Genève – Conversation entre Farel et Caroli – Farel le reprend – Rôle du magistrat dans la dispute – Commissaires appartenant aux deux partis

Jacques Bernard et les réformateurs se réunirent pour composer leurs thèses. La force justifiante de la foi devait y avoir la première place ; car, selon l’Évangile, l’homme doit avant tout condamner l’existence égoïste qu’il a eue, jusqu’au moment de son réveil, et placer toute sa confiance dans la rédemption accomplie par Jésus-Christ seul. Voici les thèses rédigées par les réformateurs :

Il faut chercher la justification de ses péchés en Jésus-Christ seul.

Il faut rendre l’adoration religieuse à Dieu seula.

a – « Justificationem a peccatis in solo Christo quærendam. » (Thèses genev.)

Il faut régler la constitution de l’Eglise par la Parole de Dieu seule.

Il faut attribuer l’expiation des péchés au sacrifice de Christ, fait une seule fois et qui procure une rémission pleine et entière.

Il faut reconnaître un seul médiateur entre Dieu et les hommes : — Jésus-Christ.

La faute de Rome avait été d’ajouter à l’Évangile beaucoup de dogmes et de rites étrangers, de placer au-dessus de l’édifice primitif appendice sur appendice, étages sur étages, qui l’écrasaient ; c’est même ce que signifie dans son sens propre le mot superstition. Les réformateurs prétendaient supprimer les échafaudages, dégager la vérité chrétienne de toutes les fables qui l’altéraient. Aussi, comme on le voit, le mot seul jouait-il un grand rôle dans cette dispute. Il avait pour but d’exclure toutes les additions humaines, et d’exalter Dieu seul, Christ seul, l’Évangile seul. Cependant ces thèses ne satisfaisaient pas entièrement Farel. Selon lui, après avoir établi les vérités, il fallait signaler les erreurs. Aux cinq thèses positives, cinq thèses négatives furent donc ajoutées :

Il est mal de mettre sa confiance dans les bonnes œuvres, et d’y chercher sa justification.

Adorer les saints et les images est se rendre coupable d’idolâtrie.

Les traditions humaines et les constitutions ecclésiastiques, ou plutôt romaines, ne sont pas inutiles seulement, mais pernicieuses.

Le sacrifice de la messe, les prières aux morts et pour les morts, sont un péché contre la Parole de Dieu, et l’on se trompe en y cherchant le salut.

L’intercession des saints a été introduite dans l’Église par l’autorité des hommes et non de Dieu.

Ces thèses ne nous semblent à cette heure que des formules théologiques ; elles étaient plus que cela. Il se trouvait en elles un souffle divin : « Il y a, disait plus tard l’ami auquel Farel adressa le récit de cette disputeb, il y a diverses manières de parler ; le rugissement du lion est différent du braiment des ânes. » Il y avait, en effet, dans ces thèses destinées à abattre tout un monde d’erreurs, le « rugissement redoutable du lion. »

b – Calvin.

Jacques Bernard se rendit, le 23 avril, à l’hôtel de ville et présenta ses propositions au conseil, qui l’autorisa à les soutenir et l’invita à en avertir « Messieurs du chapitre de Saint-Pierre et autres prêtres, moines et docteursc. » A Constance, la liberté de discussion avait été supprimée ; aussi cette assemblée n’avait-elle produit d’autre lumière que les flammes de l’échafaud. Ce n’était pas ainsi que la Réformation devait procéder. « Que la vérité paraisse et triomphe ! »

c – Registres du Conseil du 23 avril 1535. — Msc. de Roset.

Les thèses furent aussitôt distribuées dans toutes les églises et les monastères de la ville. Un fidèle ne franchissait pas le seuil du sanctuaire sans y recevoir un de ces imprimés. Le supérieur des Franciscains se rendit personnellement chez Messieurs les chanoines et remit à chacun d’eux, en main propre, un exemplaire des propositions. Il les donna à toutes gens d’état, clercs et laïques ; il n’y avait ni boutique, ni réfectoire où l’on ne lût et ne commentât les dix propositions. Elles furent affichées aux portes des églises et dans les carrefours, soit de Genève, soit des villes alliées et voisines. Elles furent même envoyées aux gentilshommes dans leurs manoirs. Dès ses premiers pas, la Réformation proclamait et pratiquait la plus vaste publicité. La trompette sonne sur toutes les places de la ville ; le héraut annonce qu’une dispute aura lieu dès le 30 mai dans le grand auditoire des Cordeliers de Rive, et que toutes sortes de savants, soit de la ville, soit de l’étranger, de clercs ou de laïques, y sont invités, avec pleine liberté de parler, et le don d’un sauf-conduit. « Ah ! disait Froment, l’un des champions, si telle licence était donnée par tous les princes, l’affaire serait bientôt faite, sans brûler tant de pauvres chrétiens !… Mais le pape et ses cardinaux défendent qu’on ne dispute de ceci, si ce n’est par le feu et par l’épée,… manière qu’ils ont sans doute apprise du Grand Turcd. »

d – Froment, Gestes de Genève, p. 137, 138.

Cette parole n’était que trop vraie. A peine la nouvelle de la dispute fut-elle parvenue à l’évêque, qu’un sentiment d’horreur le saisit. « Quoi ! dit-il, convoquer dans ma ville un vrai concile !… Qui en a le droit, si ce n’est moi ? » Et il fit aussitôt publier dans tout le diocèse la défense à tout fidèle de se trouver dans cette assemblée, sous peine d’excommunication. » Le duc de Savoie défendit aussi d’y assister, et les franciscains, réunis alors à Grenoble en chapitre général, ayant reçu l’invitation, déclarèrent ne vouloir venire. Il y avait sans cloute parmi eux des hommes capables ; mais discuter les vérités enseignées par l’Église était, à leurs yeux, porter atteinte à son autorité. Quoi qu’il en soit, silence universel des prêtres ! Ils savaient bien mettre en avant des apparitions miraculeuses, des enfants morts et ressuscités… Mais de discussion, point ! Un ou deux fervents catholiques eussent pourtant rompu volontiers une lance avec Farel, mais les ordres de leur chef les retinrent. L’armée du pape, convoquée à son de trompe, faisait défaut au jour du combat.

eIbid., p. 138. — Jeanne de Jussie, Commencement de l’hérésie dans Genève, p. 112.

Toutefois le catholicisme romain fit quelque chose. Monseigneur de Bonmont se rendit le 25 mai au conseil et demanda que Messieurs les syndics assistassent à une procession aux flambeaux et autres cérémonies, qui auraient lieu le 27 mai, jour de la Fête-Dieu. Cette procession, quelque brillants qu’elle pût être, déplaisait fort aux fervents réformés ; ils n’aimaient pas qu’on substituât à la Parole de Dieu des broderies, des dentelles et tout le vain clinquant qui éblouit les yeux dans les costumes sacerdotaux. La réponse du conseil fut assez habile. « Nous avons établi une dispute, dit le premier syndic au vicaire épiscopal ; elle nous fera connaître si cette procession est sainte ou ne l’est pas. Attendez donc un peu : si la conférence est en faveur de la procession, on la proclamera à son de trompef. »

f – Registres du Conseil des 25 et 26 mai 1535.

En même temps, le conseil décida d’envoyer une députation dans tous les couvents pour inviter les religieux. Ils répondirent : « Nous n’avons dans notre monastère aucun homme lettré ; impossible de prendre part à la disputeg. »

g – Registres du Conseil du 29 mai 1535.

Un couvent montra pourtant de la résolution ; ce fut celui des nonnes de Sainte-Claire. La mère vicaire, Mademoiselle de Montluet de Château-Fort, femme d’un tempérament chaud et bouillant, répondit à l’invitation : « Allez ! vous n’êtes que de mauvais garçons, qui voulez molester les servantes de Dieu. » Les députés répliquèrent : « On dit, Madame, que telles de vos religieuses ne restent que par force dans votre subornation et désireraient entendre la voix du bon berger… » A ces mots, la mère vicaire éclata : « Le diable n’a point de part en nous ! » s’écria-t-elle ; et se tournant vers les nonnes : « Mes sœurs, dites, dites !… » Presque toutes s’écrièrent à pleine voix : « Nous voulons vivre et mourir en notre sainte vocation ! » Ces clameurs étaient si fortes, que les députés ne pouvaient se faire entendre : « N’ayez peur, Messieurs, dit la mère, ceci n’est et rien ; vous en entendrez bien d’autres si vous nous menez en votre synagogue ! Quand nous y serons, nous ferons telle noise, que nous demeurerons maîtresses de la place. — Dame vicaire, dit le député, vous êtes bien arrogante… » Et là-dessus, ces messieurs se retirèrent, en se disant toutefois qu’ils n’avaient pas vu un tel courage dans les couvents des moinesh.

h – Jeanne de Jussie, Commencement de l’Hérésie dans Genève, p. 117, etc.

Farel, qui s’affligeait de voir les prêtres de Genève se refuser à la dispute, eût voulu les remplacer par des athlètes distingués, appartenant à l’un ou à l’autre parti. Il écrivit au célèbre docteur de la Sorbonne, LeFèvre d’Étaples, et l’invita au combat que la liberté et la vérité allaient livrer dans Genèvei. Le vieux et vénérable docteur versa des larmes et rendit grâces à Dieu de ce qu’il apprenaitj. Mais il se trouvait trop âgé pour prendre part à une dispute, peut-être même sa foi n’était-elle pas assez hardie ; il déclina l’invitation. Farel porta ailleurs ses regards. Il se tenait alors à Lyon un chapitre de l’ordre de Saint-François présidé par Pierre de Corne ou de Cornibus, le plus intrépide adversaire des hérétiques, objet des plaisanteries du fameux Rabelais et de quelques mondains incrédules, mais fort loué par les dévots et surtout par François Xavier, l’ami de Loyola. Farel pressa de Cornibus de venir à Genève ; le réformateur ne pouvait donner une preuve plus évidente du sérieux de ses intentions et de l’impartialité du débat. Je suis tout prêt à rompre une lance dans Genève, » écrivit Cornibus. « Cette réponse réjouit fort le conseil de Genève, qui s’apprêta à recevoir le docteur belliqueux avec de grands honneurs. Mais tout à coup, Cornibus fit savoir — qu’il ne viendrait pas.

i – « Cupiebam habere pium Stapulensem. » (Farellus Calvino. Epp. Calv., p. 76.)

j – « Non sine lacrymis audiebat. » (Ibid.)

Si les lutteurs ne devaient pas être en grand nombre, les spectateurs du moins arrivaient de tous côtés ; il y avait hommes et femmes, petits et grands. Tous voulaient voir et ouïr, mais personne ne voulait parler. Les réformateurs se désolaient, craignant que le dialogue ne ressemblât fort à un monologue, que la dispute ne fût un grand combat, où une seule armée s’avancerait sur le champ de bataillek.

k – Froment, Gestes de Genève, p. 140. — Registres du Conseil des 26 et 29 mai 1535.

Un secours inattendu parut alors ; un docteur de la Sorbonne, nommé Caroli, arriva à Genève, et se déclara prêt à disputer. Pourvu d’une vanité insupportable, marchant dans la rue la tête levée, prenant avec tous un air superbe et impudent, le docteur parisien menait grand bruit, parlait sans s’arrêter, faisait le magnifique et affichait de hautes prétentions. Fort épris de lui-même, il recherchait les marques d’honneur, et pour les obtenir, il employait l’adresse, l’artifice et l’intrigue. Il se faisait ou se laissait appeler évêque : « Savez-vous, disait-on dans toute la ville, il est arrivé un évêque de a Francel. » Chacun crut que Farel avait enfin trouvé son homme. Mais le réformateur qui le connaissait depuis longtemps, branlait la tête. La sotte admiration que Caroli avait de sa personne, lui avait attiré le mépris de ceux qui ne se laissaient pas éblouir par ses fanfaronnades. Le réformateur savait qu’il avait la langue bien pendue, mais qu’il était sans principe ferme, sans caractère droit et solide, et que tout son désir était de se faire une renommée ; peu importait que ce fût dans le camp évangélique ou dans le camp romain. On le voyait s’allier, se brouiller tour à tour avec tout le monde. Il n’était ni catholique, ni réformé, mais simplement Caroli. Aussi versé que le fameux Béda dans les détours de la chicane, il avait lutté à Paris avec cet illustre champion, et la Sorbonne l’ayant interdit, Marguerite de Valois le prit pour une victime de l’Évangile, et lui donna la cure d’Alençon. C’était de cette ville qu’il arrivait à Genève, où personne ne l’avait ni attendu ni désirém. On disait partout qu’il devait s’y faire beaucoup de bruit, et Caroli qui avait le flairement naïf, » comme parle un contemporain, pensa que Genève serait le théâtre où il pourrait déployer sa science profonde, sa belle voix, et cueillir les lauriers qui devaient orner son front. Il n’y avait qu’un point sur lequel il hésitait encore, savoir s’il se mettrait avec Rome ou avec la Réformation.

l – « Dicebant omnes Episcopum Gallicum venisse. » (Farellus Calvino.)

m – « Venit Genevam neque expectatus neque expetitus. » (Farellus Calvino.)

Farel n’aimait pas ces caractères ambigus qui hissent tel ou tel pavillon, selon le lieu où ils se trouvent. Catholique à Paris, érasmien à Alençon, Caroli serait probablement réformé à Genève. Farel se rendit à son auberge, où il le trouva à table et déjeunant. Entrant aussitôt en matière, le réformateur lui dit franchement : Vous êtes chassé de France pour la foi, dites-vous ; certes, vous ne l’avez pas mérité, car vous n’avez rien fait qui fût ni indigne du pape, ni digne de Jésus-Christn. » Le docteur de la Sorbonne, choqué de ces paroles, se taisait et continuait son repas. « Cette chanson que je lui chantais, pendant qu’il déjeunait, dit Farel, n’avait pas l’air de lui être très agréableo. — Voulez-vous maintenant, reprit Farel, confesser franchement la vérité, comme Dieu le demande, et réparer le mal que vous avez fait par vos dissimulations ? » Le docteur parisien détourna habilement la conversation, et se mit à faire parade d’un grand zèle pour les pauvres. « Je vais renvoyer en France mon domestique, dit-il, pour tirer l’argent de mes bénéfices, et je le distribuerai à vos pauvres réfugiés. » Farel se souvint de certains moines qui faisaient à Paris grand étalage d’une collecte en faveur des pauvres, dont ceux-ci n’avaient jamais vu le sou : « Dieu, dit-il, ne fera défaut ni aux pauvres, ni à nous. Donnons maintenant aux âmes le pain de la Parole ; » et il le quitta. Plusieurs jours se passèrent ; Caroli se dédommageait de l’humiliation que lui avait infligée Farel, en se donnant en tout lieu pour l’un des plus grands orateurs de France ; aussi tous les Genevois voulaient-ils l’entendre. « Eh bien, mettons-le à l’épreuve, » dit Farel, et il lui demanda de prêcher. Mais Caroli, craignant sans doute l’épreuve, donna mille excuses pour s’en abstenir. Vos discours me ravissent, dit-il à Farel, et je ne puis me résoudre à ne pas les entendrep. »

n – « Cum nihil egisset, Pontifice indignum, nec Christo dignum. (Ibid.)

o – « Non fuit satis grata Carolo hæc cantio quæ in prandio canebatur. » (Farellus Calvino.)

p – Se rapi concionibus nostris. » (Ibid.)

Ce prêtre vantard, qui prétendait entretenir les réfugiés, vivait lui-même de leur argent, extorquant leurs écus, leur vin et autres choses. « Notre maître, dit l’un d’eux à Farel, agit très théologiquement ; il use du vin magistralement et même sorboniquement. » La réputation de certains docteurs de la Sorbonne était établie sur ce point. « Il a qui lui fait sa couche, disait-on, qui lui tire ses bas, et avec qui dormir, même très familièrementq. » Ce malheureux s’imaginait que, venant dans un pays qui rejetait la loi du pape, il pouvait y rejeter la loi de Dieu. Farel assuré de la vérité de ces rapports, se rendit vers ce prêtre vain et impur, lui parla de sa vie dissolue, lui rappela le jugement du Seigneur, et le conjura de changer de vie. Farel parla avec tant d’autorité, que tous ceux qui étaient présents en furent saisis. Le docteur de la Sorbonne, interdit, mit sa tête dans ses mains, et n’ouvrit pas la bouche. Il usa dès lors de plus de prudence, et ne fit rien, au moins ouvertement, qui pût lui être reproché. Il avait ses motifs pour ne pas se brouiller avec les réformateurs.

q – « Habere quæ lectum ejus sternerent, tibalia exuerent, ac familiarius dormituro adessent. » (Farelius Calvino.)

Jacques Bernard, qui venait seulement de poser le froc, n’était pas si clairvoyant que Farel ; Caroli chercha donc à lui jeter de la poudre aux yeux. Il lui insinuait que docteur de la Sorbonne à Paris, célèbre par des luttes antérieures avec les docteurs les plus illustres, il était très propre à être nommé juge du combat, et appelé à prononcer souverainement la sentence finaler. Devenu ainsi arbitre entre Genève et Rome, il se voyait déjà le plus important personnage de la chrétienté. Le simple Bernard, circonvenu par les artifices du rusé Français, consentit à faire cette étrange proposition à Farel. — « Non, répondit aussitôt le réformateur ; c’est à Dieu, c’est à sa sainte Écriture, qu’il faut rendre le suprême honneur. Ce ne sont pas des hommes qu’il nous faut pour juges de la controverse ; le seul juge est le Seigneur, qui décidera souverainement par les Écritures. Cet homme présomptueux ne chercherait dans la dispute que sa propre gloire. » Le magistrat confirma cet avis.

r – « Satagebat per Bernardum Carolus ut prasideret in disputatione, et omnia resolveret. » (Ibid.)

En effet, le conseil, se trouvant entre deux confessions, une qui arrivait et l’autre qui s’en allait, se regardait comme médiateur, et voulait voir qui avait le droit ou le tort ; puis, s’il y avait lieu, faire comme certains bons rois d’Israël et de Juda, « extirper l’idolâtrie de leur peuple. » Placé à la tête de la république, le magistrat ne comprenait pas que les affaires religieuses, si importantes alors, ne fussent pas de son ressort ; et même quand plus tard la grande question fut décidée, quand le ferme Calvin fut établi à Genève, l’État ne cessa de tenir sous sa juridiction toutes les matières que l’on considère à cette heure comme relevant de l’Église. Le conseil nomma donc huit commissaires chargés de diriger la dispute, et les prit parmi les chefs les plus respectés du peuple ; quatre appartenaient au parti catholiques ; et quatre à l’opinion réforméet ; tous avaient été syndics. Le conseil nomma de plus quatre secrétaires, appartenant aux deux partis, et chargés de rédiger le compte rendu. La dispute fut publiée à son de trompe et l’on annonça partout que la discussion serait entièrement libre. Puis, craignant que l’ennemi ne profitât de l’occasion pour attaquer Genève : « Faites faire bonne garde aux portes, aux tours, et sur les remparts, dirent les syndics au capitaine général, et défendez à son de trompe qu’il se fasse aucun tumulte dans la villeu. »

s – Girardin de la Rive, J. Balard, Cl. Richardet, Cl. de Châteauneuf.

t – Michel Sept, Cl. Savoye, Ami de Chapeaurouge, Aimé Cartet.

u – Reg. du Conseil du 39 mai 1535.

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