Histoire de la Réformation du seizième siècle

10.14

Le landgrave – L’électeur – La Prusse – Réformation – Sécularisation – L’archevêque de Mayence – Conférence de Friedewalt – Diète – Alliance de Torgau – Résistance des réformateurs – Alliance de Magdebourg – Les catholiques redoublent d’efforts – Mariage de l’Empereur – Lettres menaçantes – Les deux partis

Au premier abord, le mariage de Luther avait, il est vrai, paru ajouter aux embarras de la Réforme. Elle était encore sous le coup que la révolte des paysans lui avait porté ; le glaive de l’Empereur et des princes était toujours tiré contre elle ; et ses amis, le landgrave Philippe et le nouvel électeur Jean, semblaient eux-mêmes découragés et interdits.

Toutefois, cet état de choses ne dura pas longtemps. Bientôt le jeune landgrave releva fièrement la tête. Ardent et courageux comme Luther, le beau caractère du Réformateur l’avait subjugué. Il se jeta dans la Réformation avec l’entraînement d’un jeune homme, et il l’étudia en même temps avec le sérieux d’un homme supérieur.

En Saxe, Frédéric n’était remplacé, ni quant à la sagesse, ni quant à l’influence ; mais son frère, l’électeur Jean, au lieu de se contenter du rôle passif de protecteur, intervenait plus directement et avec plus de courage dans les affaires religieuses. « Je veux, fit-il dire, le 16 août 1525, au moment de quitter Weimar, à tous les prêtres assemblés, que vous prêchiez à l’avenir la pure Parole de Dieu, sans aucune addition humaine. » Quelques vieux ecclésiastiques qui ne savaient pas comment s’y prendre pour lui obéir, répondirent naïvement : « On ne nous défend pas pourtant de dire la messe pour les morts, ni de bénir l’eau et le sel. » — « Tout, reprit l’électeur, les cérémonies aussi bien que la prédication, doit être soumis à la Parole de Dieu. »



Jean I de Saxe

Bientôt le jeune landgrave forma le projet inouï de convertir le duc George, son beau-père. Tantôt il établissait la suffisance de l’Écriture, tantôt il attaquait la messe, la papauté et les vœux obligatoires. Une lettre succédait à une autre lettre ; et toutes les déclarations de la Parole de Dieu étaient tour à tour opposées à la voix du vieux ducb.

b – Rommel’s Urkundenbuch, I. 2.

Ces efforts ne furent point inutiles. Le fils du duc George fut gagné à la nouvelle doctrine. Mais Philippe échoua auprès du père. « Dans cent ans, dit celui-ci, on verra qui a raison. — Parole terrible, dit l’électeur de Saxe. Qu’est-ce, je vous prie, qu’une foi qui a besoin d’une telle épreuvec ? Pauvre duc !… Il attendra longtemps. Dieu, je le crains, l’a endurci, comme autrefois Pharaon. »

c – Was das für ein Glaube sey, der eine solche Erfahrung erfordert. (Seck. p. 739.)

Le parti évangélique trouva en Philippe un chef intelligent et hardi, capable de tenir tête aux attaques terribles que ses ennemis lui préparaient. Mais n’y a-t-il pas lieu de regretter que le chef de la Réforme fût dès ce moment un homme d’épée et non un simple disciple de la Parole de Dieu ?… L’élément humain grandit dans la Réformation, et l’élément spirituel y diminua. Ce fut au détriment de l’œuvre ; car c’est selon les lois de sa nature propre, que toute œuvre doit se développer, et la Réforme était d’une nature essentiellement spirituelle.

Dieu multipliait ses soutiens. Déjà un État puissant, aux frontières de l’Allemagne, la Prusse, se rangeait avec joie sous l’étendard de l’Évangile. L’esprit chevaleresque et religieux qui avait fondé l’ordre Teutonique s’était éteint peu à peu avec les siècles qui l’avaient vu naître. Les chevaliers, ne cherchant plus que leur intérêt particulier, avaient mécontenté les populations qui leur étaient soumises. La Pologne en avait profité, en 1466, pour faire reconnaître à l’ordre sa suzeraineté. Le peuple, les chevaliers, le grand maître, la domination polonaise étaient autant de puissances contraires qui se heurtaient mutuellement, et qui rendaient la prospérité du pays impossible.

Alors vint la Réformation, et l’on y reconnut le seul moyen de salut qui demeurât à ce malheureux peuple. Brismann, Speratus, Poliandre, secrétaire du docteur Eck à la dispute de Leipzig, d’autres encore prêchèrent l’Évangile en Prusse.

Un jour, un mendiant venant des contrées soumises aux chevaliers teutoniques, arriva à Wittemberg, et, s’arrêtant devant la maison de Luther, il chanta d’une voix grave ce beau cantique de Poliandre :

Le salut jusqu’à nous enfin est arrivéd !

d – Es ist das Heyl uns kommen her.

Le Réformateur, qui n’avait jamais entendu ce chant chrétien, écoutait, étonné et ravi ; l’accent étranger du chanteur augmentait sa joie. « Encore ! encore ! » s’écria-t-il, quand le mendiant eut fini. Puis il lui demanda d’où pouvait venir cet hymne ; et ses larmes commencèrent à couler, quand il apprit du pauvre homme que c’était des bords de la Baltique qu’un cri de délivrance retentissait jusqu’à Wittemberg ; alors, joignant les mains, il rendit grâcese.

e – Dankte Gott mit Freuden. (Seck. p. 668.)

Eu effet, le salut était là.

« Prenez pitié de notre misère, disait le peuple de la Prusse au grand maître, et donnez-nous des prédicateurs qui nous annoncent le pur Évangile de Jésus-Christ. » Albert ne répondit rien d’abord ; mais il entra en pourparler avec Sigismond, roi de Pologne, son oncle et son seigneur suzerain.

Celui-ci le reconnut comme duc héréditaire de la Prussef ; et le nouveau prince entra dans sa capitale de Kœnigsberg, au son des cloches et aux acclamations du peuple ; toutes les maisons étaient magnifiquement ornées, et les rues jonchées de fleurs. « Il n’y a qu’un seul ordre, dit Albert, c’est la chrétienté. » Les ordres monastiques s’en allaient, et cet ordre divin était rétabli.

f – Sleidan, Hist. Ref. p. 220.

Les évêques remirent au nouveau duc leurs droits séculiers ; les couvents furent changés en hospices ; l’Évangile fut annoncé jusque dans les plus pauvres villages, et l’année suivante, Albert épousa Dorothée, fille du roi de Danemark, dont la foi au seul Sauveur était inébranlable.

Le pape somma l’Empereur de sévir contre ce moine « apostat, » et Charles mit Albert à l’interdit.

Un autre prince de la famille de Brandebourg, le cardinal archevêque de Mayence, fut alors sur le point de suivre l’exemple de son cousin. La guerre des paysans menaçait surtout les principautés ecclésiastiques ; l’électeur, Luther, toute l’Allemagne croyaient être à la veille d’une grande révolution. L’archevêque, pensant que le seul moyen de garder sa principauté était de la séculariser, invita secrètement Luther à préparer le peuple à cette démarche hardieg ; ce que celui-ci fit, par une lettre destinée à être rendue publique, qu’il lui adressa : « Dieu, y disait-il, a appesanti la main sur le clergé ; il faut qu’il tombe ; rien ne peut le sauverh. » Mais, la guerre des paysans s’étant terminée beaucoup plus promptement qu’on ne l’avait imaginé, le cardinal garda ses biens temporels ; ses inquiétudes se dissipèrent, et il renonça à ses projets de sécularisation.

g – Seckend. p. 712.

h – Er muss herunter. (L. Epp. II. 674.)

Tandis que Jean de Saxe, Philippe de Hesse et Albert de Prusse confessaient si hautement la Réformation, et qu’à la place du prudent Frédéric se trouvaient ainsi trois princes, pleins de résolution et de courage, l’œuvre sainte faisait des progrès dans l’Église et parmi les nations. Luther sollicitait l’électeur d’établir partout le ministère évangélique, à la place du sacerdoce de Rome, et d’instituer une visite générale des églisesi. Vers le même temps on commençait à Wittemberg à exercer les droits épiscopaux et à consacrer les ministres. Que le pape, les évêques, les moines et les prêtres, disait Mélanchthon, ne s’écrient pas : « Nous sommes l’Église ; celui qui se sépare de nous se sépare de l’Église ! » Il n’y a d’autre Église que l’assemblée de ceux qui ont la Parole de Dieu et qui sont purifiés par ellej. »

i – L. Epp. III. 28, 38, 51, etc.

j – Dass Kirche sey allein diejenige, so Gottes Wort haben und damit gereiniget werden. (Corp. Ref. I. 766.)

Tout cela ne pouvait se dire et se faire sans produire une réaction énergique. Rome avait cru la Réformation éteinte dans le sang des paysans rebelles ; mais partout ses flammes reparaissaient plus brillantes et plus vives. Elle résolut de faire un nouvel effort. Le pape et l’Empereur écrivirent des lettres menaçantes, l’un de Rome, l’autre d’Espagne. Le gouvernement impérial se prépara à remettre les choses sur l’ancien pied ; et l’on songea sérieusement à écraser définitivement la Réforme à la prochaine diète.

Le prince électoral de Saxe et le landgrave, alarmés, se réunirent, le 7 novembre, au château de Friedewalt, et convinrent que leurs députés à la diète agiraient d’un commun accord. Ainsi, dans la forêt de Sullinge, se formaient les premiers éléments d’une alliance évangélique, opposée aux ligues de Ratisbonne et de Dessau.

La diète s’ouvrit le 11 décembre à Augsbourg. Les princes évangéliques ne s’y trouvaient pas en personne. Les députés de Saxe et de Hesse tinrent, dès l’entrée, un courageux langage :

« C’est à une imprudente sévérité, dirent-ils, qu’est due la révolte des paysans. Ce n’est ni par le feu ni par le glaive qu’on arrache des cœurs la vérité de Dieu. Si vous voulez employer la violence contre la Réformation, il en résultera des maux plus terribles que ceux auxquels vous venez d’échapper à peine. »

On sentait que la résolution qui serait prise, ne pouvait manquer d’être d’une immense portée. Chacun désirait reculer le moment décisif, afin d’augmenter ses forces. On résolut donc de se réunir de nouveau à Spire, au mois de mai suivant ; et l’on maintint jusque-là le recez de Nuremberg. « Alors, dit-on, nous traiterons à fond de la sainte foi, de la justice et de la paix. »

Le landgrave poursuivit son dessein. A la fin de février 1526, il eut à Gotha une conférence avec l’électeur. Les deux princes convinrent que, s’ils étaient attaqués pour la Parole de Dieu, ils réuniraient toutes leurs forces pour résister à leurs adversaires. Cette alliance fut ratifiée à Torgau ; elle devait avoir de grandes conséquences.

L’alliance de Torgau ne suffisait pas au landgrave. Convaincu que Charles-Quint cherchait à former une ligue « contre Christ et sa sainte Parole, » il écrivait à l’électeur lettre sur lettre, lui représentant la nécessité de s’unir avec d’autres États : « Pour moi, lui disait-il, plutôt mourir que de renier la Parole de Dieu et de me laisser chasser de mon trônek. »

k – Seckendorf, p. 768.

A la cour électorale, on était dans une grande incertitude. En effet, un obstacle sérieux s’opposait à l’union des princes évangéliques ; et cet obstacle, c’étaient Luther et Mélanchthon. Luther voulait que la doctrine évangélique ne fût défendue que par Dieu seul. Il croyait que moins les hommes s’en mêleraient, plus l’intervention de Dieu serait éclatante. Toutes ces mesures qu’on voulait prendre lui semblaient devoir être attribuées à une lâche timidité et à une défiance coupable. Mélanchthon craignait qu’une alliance des princes évangéliques n’amenât précisément la guerre qu’on voulait éviter.

Le landgrave ne se laissa point arrêter par ces considérations, et s’efforça de faire entrer dans l’alliance les États qui l’entouraient ; mais ses efforts ne furent pas couronnés de succès. Francfort refusa d’en faire partie. L’électeur de Trêves cessa son opposition, et accepta une pension de l’Empereur. L’électeur palatin lui-même, dont les dispositions évangéliques étaient connues, rejeta les propositions de Philippe.

Ainsi, du côté du Rhin, le landgrave échouait ; mais l’électeur, malgré les avis des théologiens de la Réforme, entra en négociation avec les princes qui, de tout temps, s’étaient rangés autour de la puissante maison de Saxe. Le 12 juin, l’électeur et son fils, les ducs Philippe, Ernest, Othon et François de Brunswick et Lunebourg, le duc Henri de Mecklembourg, le prince Wolf d’Anhalt, les comtes Albert et Gebhard de Mansfeld, se réunirent à Magdebourg ; et là, sous la présidence de l’électeur, ils formèrent une alliance semblable à celle de Torgau.

« Le Dieu tout-puissant, disaient ces princes, ayant, dans son ineffable miséricorde, fait reparaître au milieu des hommes sa sainte et éternelle Parole, la nourriture de nos âmes est notre plus grand trésor ici-bas ; et des manœuvres puissantes ayant lieu de la part du clergé et de ses adhérents pour l’anéantir et l’extirper ; fermement assurés que celui qui l’a envoyée pour glorifier son nom sur la terre, saura la maintenir, nous nous engageons à conserver cette Parole sainte à nos peuples, et à employer à cet effet nos biens, nos vies, nos États, nos sujets, tout ce que nous possédons ; mettant notre confiance, non point en nos armées, mais uniquement dans la toute-puissance du Seigneur, dont nous ne voulons être que les instrumentsl. » Ainsi parlaient les princes.

l – Allein auf Gott den Allmächtigen, als dessen Werkzeuge sie handein. (Hort leber, Ursache des Deutschen Krieges. I. 1490.)

La ville de Magdebourg fut, deux jours après, reçue dans l’alliance, et le nouveau duc de Prusse, Albert de Brandebourg, y adhéra sous une forme particulière.

L’alliance évangélique était formée ; mais les dangers qu’elle était destinée à écarter devenaient chaque jour plus menaçants. Les prêtres et les princes amis de Rome avaient vu grandir tout à coup devant eux, d’une manière redoutable, cette Réformation qu’ils avaient crue étouffée. Déjà les partisans de la Réforme étaient presque aussi puissants que ceux du pape. S’ils ont la majorité dans la diète, on peut deviner ce que les États ecclésiastiques en doivent attendre. Maintenant donc, ou jamais ! Il ne s’agit plus seulement de réfuter une hérésie ; il faut combattre un parti puissant. Ce sont d’autres victoires que celles du docteur Eck qui doivent à cette heure sauver la chrétienté.

Déjà des mesures efficaces avaient été prises. Le chapitre métropolitain de l’Église primatiale de Mayence avait convoqué une assemblée de tous ses suffragants, et arrêté qu’une députation serait envoyée à l’Empereur et au pape, pour leur demander de sauver l’Église.

En même temps, le duc George de Saxe, le duc Henri de Brunswick et le cardinal électeur Albert s’étaient réunis à Halle, et avaient aussi résolu de s’adresser à Charles-Quint. « La détestable doctrine de Luther, lui disaient-ils, fait de rapides progrès. Chaque jour on cherche à nous gagner nous-mêmes ; et comme on ne peut y parvenir par la douceur, on veut nous y contraindre en soulevant nos sujets. Nous invoquons le secours de l’Empereurm. » Aussitôt après cette conférence, Brunswick lui-même partit pour l’Espagne, afin de décider Charles.

m – Schmidt, Deutsche Gesch. VIII. 202.

Il ne pouvait arriver dans un moment plus favorable ; l’Empereur venait de conclure avec la France la fameuse paix de Madrid ; il semblait n’avoir plus rien à craindre de ce côté, et ses regards ne se tournaient plus que vers l’Allemagne. François Ier lui avait offert de payer la moitié des frais de la guerre, soit contre les hérétiques, soit contre les Turcs.

L’Empereur était à Séville ; il allait épouser une princesse de Portugal, et les rives du Guadalquivir retentissaient du bruit des fêtes. Une brillante noblesse, un peuple immense remplissaient l’ancienne capitale des Mores. Sous les voûtes de la superbe cathédrale étaient étalées toutes les pompes de l’Église ; un légat du pape officiait, et jamais, même au temps des Arabes, l’Andalousie n’avait vu une cérémonie plus magnifique et plus solennelle.

Ce fut alors que Henri de Brunswick arriva d’Allemagne, et supplia Charles-Quint de sauver l’Église et l’Empire, attaqués par le moine de Wittemberg. Sa demande fut aussitôt prise en considération, et l’Empereur se décida pour des mesures énergiques.

Le 23 mars 1526, il écrivit à plusieurs des princes et des villes demeurés fidèles à Rome. Il chargea eu même temps, par une instruction spéciale, le duc de Brunswick de leur dire qu’il avait appris avec une vive douleur que les progrès continuels de l’hérésie de Luther menaçaient de remplir l’Allemagne de sacrilège, de désolation et de sang ; qu’il voyait au contraire avec un plaisir extrême la fidélité du plus grand nombre des États ; que, négligeant toute autre affaire, il allait quitter l’Espagne, se rendre à Rome, pour s’entendre avec le pape, et de là retourner en Allemagne, pour combattre la peste détestable de Wittemberg ; que, quant à eux, ils devaient demeurer fidèles à leur foi ; et si les luthériens voulaient les entraîner dans l’erreur par la ruse ou par la force, s’unir étroitement et résister avec courage ; qu’il arriverait bientôt et les soutiendrait de tout son pouvoirn.

n – Archives de Weimar. (Seckend., p. 768.)

Au retour de Brunswick en Allemagne, le parti catholique fut dans la joie et releva fièrement la tête. Les ducs de Brunswick, de Poméranie, Albert de Mecklembourg, Jean de Juliers, George de Saxe, les ducs de Bavière, tous les princes ecclésiastiques se crurent sûrs de la victoire, après avoir lu les lettres menaçantes du vainqueur de François Ier. On se rendra encore à la prochaine diète, on humiliera les princes hérétiques, et s’ils ne se soumettent pas, on les contraindra par le glaive. « Quand je le voudrai, dit, à ce qu’on assure, le duc George, je serai électeur de Saxeo ; » parole à laquelle il chercha plus tard à donner un autre sens. « La cause de Luther ne tiendra pas longtemps, dit un jour à Torgau, d’un air de triomphe, le chancelier du duc ; qu’on y prenne garde ! »

o – Ranke, Deutsch. Gesch. II. p. 349; Rommel Urkunden, p. 22.

Luther, en effet, y prenait garde, mais non comme on l’entendait ; il suivait avec attention les desseins des ennemis de la Parole de Dieu, et pensait, ainsi que Mélanchthon, voir bientôt des milliers de glaives tirés contre l’Évangile. Mais il cherchait sa force plus haut que dans les hommes. « Satan, écrivait-il à Frédéric Myconius, fait éclater sa fureur ; d’impies pontifes conspirent ; et l’on nous menace de la guerre. Exhortez le peuple à combattre vaillamment devant le trône du Seigneur, par la foi et par la prière, eu sorte que nos ennemis, vaincus par l’Esprit de Dieu, soient contraints à la paix. Le premier besoin, le premier travail, c’est la prière ; que le peuple sache qu’il est maintenant exposé au tranchant des épées et aux fureurs du diable, et qu’il priep. »

p – Ut in mediis gladiis et furoribus Satanæ posito et periclitanti. (L. Epp. III. 100.)

Ainsi tout se préparait pour un combat décisif. La Réformation avait pour elle les prières des chrétiens, la sympathie du peuple, le mouvement ascendant des esprits, que nulle puissance ne pouvait arrêter. La papauté avait en sa faveur l’ancien ordre de choses, la force des coutumes antiques, le zèle et les haines des princes redoutables, et la puissance de ce grand empereur, qui régnait sur les deux mondes et qui venait de porter un rude échec à la gloire de François Ier.

Tel était l’état des choses, quand la diète de Spire s’ouvrit. Maintenant retournons à la Suisse.

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