Histoire de la Réformation du seizième siècle

19.9

Les envoyés d’Angleterre à Orviéto – Leur discours au pape – Clément gagne du temps – Les Anglais chez Quatri Santi – Ruse du pape – Knight la découvre et revient – Les transformations de l’Antechrist – Les Anglais obtiennent un nouveau document – Nouvelle ruse – Demande d’un second cardinal-légat – Nouvel expédient du pape – Fin de la campagne

C’était donc comme sauveurs de Rome, que se présentaient les envoyés du roi d’Angleterre. Ceci n’était sans doute pas une ruse ; et Wolsey regardait probablement comme venant du ciel cette pensée qui s’était présentée à lui dans l’une de ses longues insomnies. Le zèle de ses agents redoubla. A peine le pape fut-il en liberté, que Knight et Da Casale se présentèrent au pied du rocher escarpé sur lequel est bâti Orviéto, et demandèrent à être introduits auprès de Clément VII. Rien n’était plus compromettant pour le pontife qu’une telle visite. Comment paraître en bonne amitié avec l’Angleterre, quand Rome et tous ses États sont encore aux mains du neveu de Catherine d’Aragon ? Le pape eut l’esprit bouleversé par la demande des deux envoyés. Il se remit toutefois ; repousser la main puissante que l’Angleterre lui tendait, avait aussi son péril ; et comme il savait à merveille mener à bonne fin une négociation difficile, Clément reprit confiance en son habileté, et donna l’ordre d’introduire les envoyés de Henri VIII.

Leur discours ne fut pas sans éloquence. « Jamais l’Église ne s’est trouvée dans un état plus critique, dirent-ils. L’ambition démesurée des rois qui prétendent disposer à leur gré des choses spirituelles (ceci regardait Charles-Quint), tient suspendu au-dessus de l’abîme le navire apostolique. Le seul port qui lui soit ouvert au sein de la tempête, c’est la faveur de l’auguste prince que nous représentons, et qui a toujours été le bouclier de la foi. Mais, hélas ! ce monarque, boulevard imprenable de Votre Sainteté, est lui-même pour suivi par des tribulations qui égalent presque les vôtres. Sa conscience déchirée par les remords, sa couronne sans héritier, son royaume sans sécurité, son peuple exposé de nouveau à des troubles perpétuels… Que dis-je ? le monde chrétien tout entier livré à la plus cruelle discordea … Voilà les conséquences d’une union fatale, que Dieu a frappée de sa réprobation… Il est même, ajoutèrent-ils en baissant la voix, il est des choses dont Sa Majesté ne peut vous parler dans sa lettre… certains malheurs… d’incurables maux dont la reine est atteinte, qui ne permettent pas au roi de la regarder jamais comme son épouseb. Si Votre Sainteté met fin à de telles misères en rom pant d’illégitimes nœuds, elle s’attachera ainsi Sa Majesté par d’indissolubles liens. Travaux, richesses, armées, couronne, vie même, le roi notre maître est prêt à mettre tout au service de Rome. Il vous tend la main, très saint Père… tendez-lui la vôtre ; par votre union, l’Église sera sauvée, et l’Europe avec elle. »

a – Discordiæ crudelissimæ per omnem Christianum orbem. (State Papers, vol. 7 p. 19.)

b – Nonnula sunt secreta S.D.N. secreto exponenda et non credenda scriptis… ob morbos nonullos quibus absque remedio regina laborat. (Ibid.)

Clément était dans le plus cruel embarras. Sa politique consistait à tenir l’équilibre entre les deux princes, et l’on exigeait qu’il se décidât pour l’un d’eux. Il commença à regretter d’avoir reçu les ambassadeurs d’Henri VIII. « Considérez l’état où je me trouve, leur dit-il, et suppliez le roi d’attendre que des événements plus favorables me laissent la liberté d’agir. — Eh quoi ! répliqua fièrement Knight, Votre Sainteté n’a-t-elle pas promis de faire droit à la requête de Sa Majesté ? Si vous manquez maintenant à votre promesse, comment pourrais-je persuader au roi que vous la remplirez un jourc ? » Da Casale crut alors que le moment était arrivé de porter un coup décisif. « Que de maux, s’écria-t-il, que d’inévitables douleurs votre refus va enfanter !… L’Empereur ne pense qu’à enlever à l’Église son pouvoir, et le roi d’Angleterre seul a juré de le lui maintenir… » Puis, parlant plus bas, plus lentement, et appuyant sur chaque mot… : « Nous craignons, continua-t-il, que Sa Majesté, réduite à de telles extrémités…, de deux maux ne choisisse le moindred, et qu’appuyée sur la pureté de ses intentions, elle ne fasse de sa propre autorité… ce que maintenant elle demande avec tant de respect… Que verrions-nous alors ?… Je frémis à cette pensée… Ah ! que Votre Sainteté ne se livre pas à une sécurité qui l’entraînerait infailliblement dans l’abîme… Lisez tout… remarquez tout… devinez tout… prenez note de toute … Très saint Père, ceci est une question de vie ou de mort ! » Et l’accent de Da Casale disait beaucoup plus encore que ses paroles.

c – Perform the promise once broken. (Burnet’s Ref. 2 Records, p. 13.)

d – Ex duobus malis minus malum eligat. (State Papers, 7 p. 20.)

e – Ut non gravetur, cuncta legere, et bene notare. (Ibid. p. 18.)

Clément comprit qu’un refus positif l’exposerait à perdre l’Angleterre. Placé entre Henri et Charles-Quint, comme entre l’enclume et le marteau, il résolut de gagner du temps. « Eh bien, dit-il à Knight et à Casale, je ferai ce que vous me demandez ; mais je ne connais pas bien les formes que ces dispenses doivent avoir… Je consulterai à ce sujet le cardinal Quatri Santi… puis je vous en informerai. »

Da Casale et Knight, voulant devancer Clément VII, coururent chez Laurent Pucci, cardinal Quatri Santi, et lui firent comprendre que leur maître saurait être reconnaissant. Le cardinal assura les députés de son affection pour Henri VIII, et ceux-ci, pleins d’espérance, lui présentèrent les quatre documents dont ils demandaient l’expédition. Mais à peine le cardinal eut-il lu le premier, le projet qui chargeait Wolsey de décider en Angleterre l’affaire du divorce, qu’il s’écria : « Impossible !… Une bulle ainsi conçue couvrirait d’un éternel déshonneur Sa Sainteté, le roi et le cardinal d’York lui-même !… » Les députés étaient fort embarrassés, car Wolsey leur avait prescrit de ne demander au pape que sa signaturef. Ils se remirent pourtant. « Tout ce que nous voulons, dirent-ils, c’est une commission suffisante. » De son côté, le pape écrivit à Henri VIII une lettre où il trouva moyen de ne rien direg.

f – Alia nulla re esset opus, præterquam ejus Sanctitatis signatura. (Ibid. p. 29.)

g – Charissime in Christo fili, etc., dated 7th December 1527. (Ibid. p. 27.)

Des quatre documents demandés, il en était deux sur l’envoi immédiat desquels Knight et Da Casale insistaient : c’était la commission pour prononcer le divorce, et la dispense pour conclure dans ce cas un second mariage. La dispense sans la commission était un papier de nulle valeur ; le pape le savait bien ; aussi résolut-il de ne donner que la dispense ; c’était comme si Charles-Quint avait accordé à Clément captif la liberté de se rendre auprès de ses cardinaux, mais en lui refusant celle de quitter le château Saint-Ange. C’est ainsi qu’un système religieux qui se transforme en un système politique, lorsqu’il n’a pas la force, a recours à la ruse. La commission, dit à Knight l’adroit Médicis, doit être corrigée selon le style de notre cour, mais voici la dispense. » Knight saisit le document. Nous vous accordons, y était-il dit à Henri VIII, pour le cas où votre mariage avec la reine Catherine serait déclaré nulh, licence de vous unir à une autre femme, pourvu qu’elle n’ait pas été l’épouse de votre frère… » L’Anglais fut dupe de l’Italien. « Selon mon pauvre jugement, dit-il, cet acte doit nous être utile ! » Alors Clément parut ne plus se préoccuper que de la santé de Knight, et lui témoigna tout à coup le plus vif intérêt. « Il est bon que vous hâtiez votre départ, lui dit-il, car il est nécessaire que vous voyagiez à votre aise. Gambara vous suivra en courant la poste, et vous apportera la commission. » Knight, ainsi mystifié, prit congé du pape, qui se débarrassa de la même manière de Da Casale et de Gambara. Alors il commença à respirer. Il n’était pas de diplomate en Europe que Rome, même dans sa plus grande faiblesse, ne pût facilement abuser.

h – Matrimonium cum Catharina nullum fuisse et esse declarari. (Herbert’s Henry VIII. p. 280. Burnet’s Reformation, Records, 2 p. 13.)

Il fallait maintenant éluder la commission. Tandis que les envoyés du roi s’en allaient débonnairement, comptant sur le document qui devait les suivre, le général de l’Observance espagnole répétait sur tous les tons au pontife : « Gardez-vous de livrer un acte qui autorise le divorce, et surtout ne permettez pas que l’on juge cette affaire dans les États du roi Henri. » Les cardinaux rédigèrent le document sous l’influence d’Angelis, et firent un chef-d’œuvre d’insignifiance. Si la bonne théologie ennoblit le cœur, la mauvaise, si féconde en subtilités, donne à l’esprit une habileté peu commune ; aussi les plus célèbres diplomates ont-ils été fort souvent des hommes d’Église. La pièce ainsi rédigée, le pape en expédia trois exemplaires, à Knight, à Da Casale et à Gambara. Knight était près de Bologne quand le courrier l’atteignit. Il fut stupéfait, et prenant des chevaux de poste, il retourna en toute hâte à Orviétoi. Gambara se rendit par la France en Angleterre avec la dispense inutile que le pape avait accordée.

i – I returned unto Orvieto with post horses. (Burnet, Records, I, p. 23.)

Knight avait cru trouver plus de bonne foi à la cour du pape qu’à celle des rois, et on l’avait joué. Qu’allaient dire de sa sottise et Wolsey et Henri VIII ? Son amour-propre blessé commençait à lui faire croire tout ce que Tyndale et Luther disaient de la papauté. Le premier venait justement de publier l’Obéissance du chrétien et l’Injuste Mammon, où il représentait Rome comme l’une des transformations de l’Antechrist. « L’Antechrist, y disait-il, n’est pas un homme qui apparaîtra tout à coup avec de grands miracles ; c’est un être spirituel qui était sous l’Ancien Testament, qui a été du temps de Christ et des apôtres, qui est maintenant, et qui sera, je n’en doute pas, jusqu’à la fin du monde. S’il est vaincu par la Parole de Dieu, il cesse, pour un temps, son terrible jeu et se retire, mais il revient bientôt avec un nouvel habit et sous un nouveau nomj. Nous voyons d’abord dans l’Église des scribes, des pharisiens, des anciens ; ensuite des papes, des cardinaux, des évêques ; ce n’est pas le même nom, mais c’est la même chose. L’Antechrist n’en restera pas là, et quand nous l’aurons mis dehors, il changera encore une fois d'apparence et reviendra en ange de lumière. Déjà la Bête, voyant qu’on la poursuit, rugit et cherche de nouvelles cavernes où elle puisse cacher sa honte et se transformer de nouveau. » Cette pensée, d’abord paradoxale, s’insinuait peu à peu dans les esprits. Les Romains, par leurs pratiques, faisaient accepter aux Anglais les peintures un peu vives des réformateurs. L’Angleterre devait avoir bien d’autres enseignements de cette nature, et apprendre ainsi peu à peu à se passer de Rome, pour sa prospérité et pour sa gloire.

j – To come again with a new name and new raiment. (Preface to the Wicked Mammon. Tynd., Works, I, p. 80.)

Knight et Da Casale arrivèrent presque en même temps à Orviéto. Clément leur répondit par des soupirs : « Hélas ! je suis prisonnier de l’Empereur ! Les impériaux pillent chaque jour des villes et des châteaux dans nos environsk… Malheureux que je suis ! je n’ai pas un ami, si ce n’est le roi votre maître, et il est loin de moi !… Si je fais maintenant quelque chose qui déplaise à Charles-Quint, je suis perdu… Signer la commission, c’est signer avec lui une rupture éternelle. » Mais Knight et Da Casale plaidèrent tellement leur cause auprès de Quatri Santi et pressèrent tellement Clément, que le pontife, à l’insu de l’Espagnol De Angelis, leur remit un document plus acceptable, mais non pas encore tel que Wolsey l’avait demandé. « En vous livrant cette commission, dit le pape, je vous livre ma liberté et peut-être ma vie. Je fais taire la prudence et n’écoute que l’amour. Je me confie à la générosité du roi d’Angleterre ; il est le maître de mes destinées… » Puis il se mit à verser des larmesl, et sembla près de s’évanouir. Knight, oubliant son dépit, promit à Clément que le roi ferait tout pour le sauver. — « Ah ! dit Médicis, il y aurait bien un moyen ! — Lequel ? demandèrent les agents de Henri VIII. — M. de Lautrec, qui dit chaque jour qu’il arrive, reprit Clément, et qui pourtant n’arrive jamais, n’a qu’à amener promptement l’armée française aux portes d’Orviéto. Alors je pourrai m’excuser en disant que ce général m’a contraint à signer la commissionm. — Rien de plus facile, répondirent les Anglais ; nous allons presser son arrivée. »

k – The cæsarian have taken, within these three days, two castles lying within six miles of this. » (Burnet, Records, T, p. 23.)

l – Cum suspiriis et lacrymis. (Ibid. p. 12.)

m – And by this color he would cover the matter. (Burnet’s Ref., vol. Records, p. 41.)

Clément n’était pas encore rassuré. Le salut de l’Église romaine ne l’inquiétait pas moins que le sien propre !… Charles pouvait découvrir cette ruse et la faire payer cher à la papauté. Il y avait péril de toutes parts. Si les Anglais parlaient d’indépendance, l’Empereur ne menaçait-il pas d’une réforme !… Les princes de la catholicité, disait-on au pape, sont capables, sans peut-être en excepter un seul, de soutenir la cause même de Luther, pour satisfaire une coupable ambitionn. Le pape réfléchit, et retirant sa parole, promit de donner la commission quand Lautrec serait sous les murs d’Orviéto ; mais les agents anglais insistèrent pour l’obtenir immédiatement. Pour tout concilier, on convint que le pape donnerait l’acte au moment même, mais que dès que l’armée française serait arrivée, il en expédierait une nouvelle copie, portant la date du jour où il aurait vu Lautrec. « pape à Knight ; s’il commence le procès aussitôt après l’avoir reçu, je suis perdu pour toujours. » Ainsi Clément donnait permission d’agir à condition qu’on n’agirait pas. Knight prit congé le 1er janvier 1528, il promit tout ce que le pape voulait, puis craignant quelque nouvelle difficulté, il partit le même jour. Da Casale, de son côté, après avoir offert à Quatri Santi un don de quatre mille couronnes que le cardinal refusa, se rendit auprès de Lautrec, pour lui demander de venir contraindre le pape à signer un acte qui était déjà en route pour l’Angleterre.

n – Non potest Sua Sanctitas sibi persuadere ipsos principes (ut forte alique jactant) assumpturos sectam Lutheranam contra ecclesiam. (State Papers, 7 p. 47.)

Mais, tandis que l’affaire paraissait se débrouiller à Rome, elle se compliquait à Londres. Le projet du roi s’ébruitait, et Catherine s’abandonnait à la plus vive douleur. « Je protesterai, disait-elle, contre la commission donnée au cardinal d’York. N’est il pas le sujet du roi, le vil flatteur de ses plaisirs ? » Catherine n’était pas seule dans sa résistance ; la nation, qui haïssait le cardinal, ne pouvait le voir de bon œil revêtu d’une telle autorité. Pour obvier à cet inconvénient, Henri résolut de demander au pape un autre cardinal, qui serait chargé de terminer l’affaire à Londres, avec ou sans Wolsey.

Celui-ci entra dans cette idée ; il est même possible que ce fut lui qui la suggéra, car il craignait fort de porter seul la responsabilité d’un jugement si odieux. Il écrivit donc, le 27 décembre, aux agents du roi à Rome : « Obtenez l’envoi d’un légat, et surtout d’un légat habile, facile, traitable, … désireux de mériter la faveur du roio, Campeggi, par exemple. Vous prierez instamment le cardinal élu de voyager en toute diligence, et vous l’assurerez que le roi sera libéral à son égardp. »

o – Eruditus, indifferens, tractabilis, de regia majestate bene merendi cupidus. (State Papers, 7 p. 33.)

p – Regia majestas sumptus, labores, atque molestias liberalissime compenset. (Ibid. p. 34.)

Knight, arrivé le 10 janvier à Asti, y trouva les lettres qui lui apportaient ces nouveaux ordres. Encore un arrêt ! tantôt c’est le pape qui l’oblige à rétrograder, tantôt c’est le roi. Le malheureux secrétaire de Henri VIII, valétudinaire, craignant fort la fatigue, déjà défait et abattu par dix pénibles journées, fut de fort mauvaise humeur. Il résolut de laisser Gambara porter en Angleterre les deux documents ; de charger Da Casale, qui n’était pas éloigné du pape, de solliciter l’envoi du légat ; et quant à lui, de s’en aller attendre à Turin des ordres ultérieurs. — Si Sa Majesté trouve bon que je retourne à Orviéto, dit-il, je ferai tout ce que ma pauvre carcasse sera en état d’endurerq. »

q – I shall do as much as my poor carcase may endure. (Burnet, Records, I, 24.)

Da Casale, arrivé à Bologne, pressait Lautrec de venir contraindre le pontife à signer l’acte que Gambara emportait déjà ; quand il reçut les nouvelles dépêches, il retourna en toute hâte à Orviéto, et le pape, en apprenant son arrivée, fut fort effrayé. Il avait craint de remettre un simple papier, destiné à demeurer secret ; et maintenant on lui demandait l’envoi d’un prince de l’Église ! Henri n’est donc jamais satisfait ! « La mission que vous demandez serait pleine de dangers, répondit-il ; mais nous avons découvert un autre moyen, seul propre à finir cette affaire. Gardez-vous de dire que c’est moi qui vous l’ai indiqué, ajouta le pape d’un ton mystérieux. Mettez-le sur le compte de Quatri Santi et de Simonetta. » Da Casale était tout oreille. « Il n’y a pas de docteur au monde, poursuivit le pontife, qui puisse mieux juger de cette affaire et de ses circonstances les plus intimes, que le roi lui-mêmer. Si donc il croit vraiment que sa femme a été la femme de son frère, qu’il charge le cardinal d’York de prononcer le divorce, que sans plus de cérémonies il épouse une autre femmes ; et puis, qu’il demande après coup la confirmation du consistoire. L’affaire ainsi conclue, je me charge du reste. — Mais, dit Da Casale peu satisfait de cette nouvelle intrigue, je dois remplir ma mission, et c’est un légat que le roi demande !… — Et qui enverrais-je ? s’écria Clément ; Da Monte ? il ne peut se mouvoir ; De Cæsis ? il est à Naples. Ara-Cœli ? il a la goutte. Piccolomini ? il est partisan de l’Empereur… Campeggi serait le meilleur ; mais il est à Rome, où il tient ma place, et il ne peut s’en éloigner sans péril pour l’Église… » Puis, tout ému, il ajouta : « Je me jette dans les bras de Sa Majesté. Jamais l’Empereur ne me pardonnera ce que je fais. S’il l’apprend, il me citera devant son concile ; et il n’aura pas de repos qu’il ne m’ait enlevé la tiare et la viet … »

r – Nullus doctor in mundo est, qui de hac re melias decernere possit quam ipse rex. (Burnet, 2, Records, p. 14.)

s – Aliam uxorem ducat. Ibid. Vocabit eum ad concilium, vel nihil aliud quæret, nisi ut eum omni statu et vita privet. (Burnet, 2 Records, p. 26.)

t – Vocabit eum ad concilium, vel nihil aliud quœret, nisi ut eum omni statu et vita privet. » (Ibid., p. 26.)

Da Casale se hâta de communiquer à Londres le résultat de la conférence. Clément ne pouvant dénouer le nœud, invitait Henri à le couper. Ce prince hésitera-t-il à employer un moyen si facile, le pape (Clément lui-même le déclare) devant confirmer le tout ? Ici se termine la première campagne de Henri VIII sur les terres de la papauté. Nous allons voir le résultat de tant d’efforts.

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