Histoire de l'Église - Théodoret de Cyr

LIVRE V

CHAPITRE VIII
CONCILE DE CONSTANTINOPLE (381)

Grégoire qui avait gouverné peu auparavant l'Église de Nazianze, demeurait alors à Constantinople, où il s'opposait de tout son pouvoir aux blasphèmes des Ariens, et où cherchant, et ramenant continuellement des brebis égarées, il augmentait le troupeau. Mélèce qui était très-particulièrement informé des motifs par lesquels les translations avaient été défendues, le maintint aussitôt qu'il l'eut vu dans la possession du Siège de Constantinople, et ayant été bientôt après appelé à une vie exempte de douleurs, fut honoré des éloges funèbres de tous ceux qui avaient l'avantage de bien parler en public. Timothée Évêque d'Alexandrie, et qui avait succédé dans cette dignité à Pierre successeur d'Athanase, ordonna au lieu de l'admirable Grégoire, un Cynique nommé Maxime, à qui il coupa les grands cheveux que portent les Philosophes de cette secte. Ce Maxime était infecté des extravagances d'Apollinaire. Mais une entreprise aussi extraordinaire que celle-là, fut improuvée par les Évêques qui étaient présents, et qui étaient des hommes d'une sagesse très éclairée, et d'une charité très-ardente. Hellade successeur du Grand Basile, Grégoire, et Pierce frères de ce même Basile, Amphyloque Évêque de Lycaonie, Optime Évêque de Pisidie, et Diodore Évêque de Cilicie étaient de ce nombre, Pélage Évêque de Laodicée, Euloge Évêque d'Edesse, Acace Évêque de Berée, Isidore Évêque de notre ville, Cyrille Évêque de Jérusalem, Gelase Évêque de Césarée en Palestine, homme aussi recommandable par la pureté de sa vertu, que par l'éminence de sa doctrine, et plusieurs autres d'un rare mérite. Tous ces Évêques, dis-je, s'étant séparés de la communion des Égyptiens, participaient alors à celle du Grand Grégoire, qui leur représenta, que puisqu'ils étaient assemblés pour rétablir la paix de l'Église, il n'y avait point d'intérêt d'aucun particulier qu'ils ne dussent sacrifier à cette paix.

Pour moi, dit-il, je serai délivré de toute sorte de soins, et je jouirai de l'agréable repos que je souhaite, et pour vous, vous goûterez la douceur de la paix, après avoir souffert une longue guerre. Car ce serait une grande extravagance de vouloir nous armer les uns contre les autres, après avoir échappé depuis si peu de temps à la fureur de nos ennemis, et de leur donner le plaisir de nous voir employer nos forces contre nous-mêmes. Choisissez donc un homme habile, et capable de porter le poids de cette grande charge.

Les Évêques suivant ce sage avis élurent Nectaire, homme d'une naissance illustre, et d'une vertu plus illustre que sa naissance, et le sacrèrent Évêque de la Capitale de l'Empire. A l'égard de Maxime, ils le condamnèrent, et le déposèrent comme infecté des erreurs d'Apollinaire. Ayant fait ensuite quelques canons touchant la Discipline, et confirmé la doctrine du Concile de Nicée, ils se séparèrent. La plupart étant retournés l'été suivant à la même ville y où les affaires de l'Église les avaient encore appelés, ils y trouvèrent une lettre des Évêques d'Occident, par laquelle ils étaient invités à assister à un Concile qui devait être tenu à Rome. Mais les Évêques de Constantinople s'excusèrent d'entreprendre un voyage, dont ils croyaient ne pouvoir tirer aucun fruit. Ils leur firent néanmoins une réponse, où ils décrivirent la violence de la tempête, qui avait agité l'Église, leur marquèrent quoi que légèrement, le peu de soin qu'ils avaient pris de les secourir, et leur représentèrent en abrégé la doctrine des Apôtres. Je rapporterai ici la lettre entière, comme une preuve authentique de la sagesse, et de la vigueur de ces Prélats qui l'écrivirent.

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