1 Voici les noms des fils d’Israël qui entrèrent en Égypte avec Jacob ; ils y vinrent chacun avec sa famille :
a La liste initiale, vv. 1-5, 7, appartient probablement à la rédaction sacerdotale du Pentateuque. Dans le reste du chapitre sont présentes les traditions yahviste, vv. 6 et 8-12, élohiste, vv. 15-22, et sacerdotale, vv. 13-14. De la vie des groupes israélites pendant leur séjour en Égypte, l’auteur sacré ne conserve que ce qui intéresse l’histoire religieuse qu’il veut écrire le développement numérique des familles issues de Jacob et l’oppression égyptienne, dont le récit prépare celui de l’Exode et de l’Alliance au Sinaï. Sur la place de ces faits dans l’histoire générale, voir l’introduction.
3 Issachar, Zabulon et Benjamin,
b Le grec donne « soixante-quinze personnes » ; cf. Gn 46.27, et place « Joseph était en Égypte » en tête du v.
8 Un nouveau roi vint au pouvoir en Égypte, qui n’avait pas connu Joseph.
11 On imposa donc à Israël des chefs de corvée pour lui rendre la vie dure par les travaux qu’ils exigeraient.c C’est ainsi qu’il bâtit pour Pharaond les villes-entrepôts de Pitom et de Ramsès.e
c L’Égypte ne semble pas avoir connu une organisation régulière de la corvée, mais la main-d’œuvre des grands travaux publics était recrutée en partie parmi les prisonniers de guerre et les serfs attachés aux domaines royaux, cf. pour Israël 2 S 12.31. Les Israélites ont ressenti comme une oppression insupportable leur assimilation à ces catégories inférieures on comprend qu’ils aient voulu reprendre la vie libre du désert, on comprend aussi que les Égyptiens aient considéré leur proposition comme une révolte d’esclaves.
d Transcription de l’égyptien Per-âa , « la grande Maison », formule protocolaire qui désigne le Palais, la Cour, et, depuis la XVIIIe dynastie, la personne même du roi. « Pharaon » est utilisé ici comme un nom propre.
e Nom de la résidence du Pharaon Ramsès II dans le Delta, identifiée soit avec Tanis, soit avec Qantir. Cette mention désigne Ramsès II (1290-1224) comme le Pharaon oppresseur et donne approximativement la date de l’Exode.
f L’histoire de l’oppression se continuera à 5.6-23. Dans les vv. suivants, les mesures prises pour l’anéantissement des enfants mâles ne s’accordent pas avec les besoins de la corvée, mais préparent l’histoire de la naissance de Moïse.
15 Le roi d’Égypte dit aux accoucheuses des femmes des Hébreux,g dont l’une s’appelait Shiphra et l’autre Pua :
g Les descendants de Jacob sont ici, dans les textes sur l’oppression, appelés « Hébreux ». Dans la perspective du Pentateuque, ce nom vient sans doute de l’ancêtre d’Abraham (cf. Gn 10.24-30 ; 11.27). Le nom est donné aux Israélites par d’autres, comme au v. 16 ou en 2.6-7, ou ils se le donnent eux-mêmes face à d’autres, comme au v. 19, mais il est aussi utilisé dans la narration, v. 15 ; 2.11, 13 ; etc. On a voulu l’expliquer par les textes non bibliques du deuxième millénaire av. J.-C. parlant de Habiru/`apiru . En dehors de la possible correspondance de `ibrî , « Hébreux »; avec `apiru , il est possible qu’en Égypte les Israélites aient été assimilés aux `apiru , prisonniers de guerre.
h Le siège sur lequel se plaçait la femme en travail (ou bien le sexe du nouveau-né ?) ; syr. « les deux genoux »; le grec interprète largement « alors qu’elles sont sur le point d’enfanter ».
22 Pharaon donna alors cet ordre à tout son peuple : « Tout fils qui naîtra, jetez-le au Fleuve,i mais laissez vivre toute fille. »
i Le mot désigne le fleuve par excellence de l’Égypte, le Nil, mais s’applique aussi à l’une ou l’autre de ses branches principales.