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Bible de Jérusalem – Siracide 11

Ne pas se fier aux apparences.

11 Le pauvre, s’il est sage, tient la tête haute
et s’assied parmi les grands.

2 Ne félicite pas un homme pour sa prestance
et ne prends personne en grippe d’après son apparence.
3 L’abeille est petite parmi les êtres ailés,
mais ce qu’elle produit est d’une douceur exquise.

4 Ne sois pas fier des vêtements que tu portes
et ne t’enorgueillis pas lorsqu’on t’honore :a
car les œuvres du Seigneur sont admirables,
mais elles sont cachées aux hommes.b

a Hébr. « Ne te moque pas de qui est en haillons, ne raille pas qui est dans la peine. »

b C’est-à-dire invisibles et imprévisibles. Un coup du sort peut renverser toutes les situations. Cf. Ps 113.7s ; 1 S 2.8 ; Jb 12.17-19. Les maximes suivantes illustrent celle-ci.

5 Souvent des souverains étaient assis sur le pavéc
et un inconnu a reçu le diadème.

c On peut aussi comprendre « ont été mis sur le pavé » (après avoir régné) ; le parallèle serait alors antithétique, mais l’hébr. « beaucoup d’humiliés se sont assis sur le trône », appuie l’interprétation proposée.

6 Souvent des puissants ont été durement humiliés
et des hommes illustres sont tombés au pouvoir d’autrui.

Réflexion et lenteur.

7 Ne blâme pas avant d’avoir examiné,
réfléchis d’abord, puis exprime tes reproches.
8 Ne réponds pas avant d’avoir écouté,
n’interviens pas au milieu du discours.

9 Ne t’échauffe pas pour une affaire qui ne te regarde pas
et ne te mêle pas des querelles des pécheurs.

10 Mon fils n’entreprends pas beaucoup d’affaires ;
si tu les multiplies, tu ne t’en tireras pas indemne ;
même en courant, tu n’arriveras pas
et tu ne pourras échapper par la fuite.d

d L’hébr. ajoute une seconde forme, connue du syr. « si tu ne cours pas tu n’atteindras pas, si tu ne cherches pas tu ne trouveras pas. »

11 Il en est qui peinent, se fatiguent et se hâtent
pour n’en être que mieux distancés.

Confiance en Dieu seul.

12 Il y a des faibles qui réclament de l’aide,
pauvres de moyens et riches de dénuement ;
le Seigneur les regarde avec faveur,
il les relève de leur misère.
13 Il leur fait relever la tête
et beaucoup s’en étonnent.
14 Bien et mal, vie et mort,
pauvreté et richesse, tout vient du Seigneur.
15 La sagesse, la science et la connaissance de la Loi viennent du Seigneur,
l’amour et la pratique des bonnes œuvres viennent de lui.
16 La folie et les ténèbres sont créées pour les pécheurs ;
de ceux qui se plaisent au mal, le mal accompagne la vieillesse.e

e Hébr., Gr II, lat. et syr.

17 Le don du Seigneur reste fidèle aux hommes pieuxf
et sa bienveillance les conduira à jamais.

f Le grec traduit ainsi l’hébr. « justes », de même v. 22 ; 12.2 ; 13.17.

18 Il y a des gens qui s’enrichissent à force d’avarice,
voici quelle sera leur récompense :
19 Le jour où ils se disent : « J’ai trouvé le repos,
maintenant je peux vivre sur mes biens »,
ils ne savent pas combien de temps cela durera :
il leur faudra laisser cela à d’autres et mourir.g

g On s’est demandé si Jésus ne s’est pas inspiré de ce v. pour la parabole de Lc 12.16-21 (noter surtout le v. 19). C’est bien la même idée de l’inutilité des biens amassés à grand-peine, et dont le possesseur va se trouver privé au jour de sa mort.

20 Sois attaché à ta besogne, occupe-t’en bienh
et vieillis dans ton travail.

h « ta besogne » hébr. ; « ton alliance » grec. — « occupe-t’en bien » var. ; hébr. « mets-y ta joie », cf. Qo 2.24 ; 3.13.

21 Ne t’étonne pas des œuvres du pécheur,
confie-toi dans le Seigneur et tiens-toi à ta besogne.
Car c’est chose facile aux yeux du Seigneur,
rapidement, en un instant, d’enrichir un pauvre.
22 La bénédiction du Seigneur est la récompense de l’homme pieux,
en un instant Dieu fait fleurir sa bénédiction.
23 Ne dis pas : « De quoi ai-je besoin ?
Désormais quel sera mon avoir ? »
24 Ne dis pas : « J’ai suffisamment,
quelle malchance pourrait m’atteindre ? »
25 Au jour du bonheur on ne se souvient pas des maux
et au jour du malheur on oublie le bonheur.i

i Ou peut-être « On oublie les maux (qui peuvent survenir)... On ne se souvient pas du bonheur (dont on peut être gratifié) ». Ainsi appliqué à l’avenir, ce v. serait plus conforme au contexte. L’interprétation paraît cependant moins probable.

26 C’est qu’il est aisé au Seigneur, au jour de la mort,
de rendre à chacun selon ses actes.
27 Une heure d’épreuve fait oublier le bien-être
et c’est à sa dernière heure que les œuvres d’un homme sont dévoilées.
28 Ne vante le bonheur de personne avant la fin,
car c’est dans sa fin qu’on se fait connaître.j

j « dans sa fin » hébr. ; « dans ses enfants » grec. — Ces trois vv. (cf. 7.36) expriment la confiance avec laquelle l’auteur attend, au jour de la mort, un jugement où seront dévoilés les mérites et les fautes. Mais il ne s’arrête pas à décrire la rétribution, ni à préciser si elle sera éternelle.

Se méfier du méchant.

29 N’introduis pas chez toi n’importe qui,
car nombreuses sont les ruses de l’intrigant.
30 Comme une perdrix captive dans sa cage, ainsi le cœur de l’orgueilleux,
comme l’espion, il guette ta ruine.k

k Entre 11.30a et 11.30b, un ms hébr. insère « comme le loup qui se tient en embuscade pour dévorer. Comme ils sont nombreux les méfaits du violent ! Il est comme un chien parmi ceux qui mangent à la maison et il ravage tout ; le violent s’amène et met la querelle dans tout leur bien. Le médisant, comme un ours, est aux aguets près de la maison des railleurs. »

31 Changeant le bien en mal, il est à l’affût,
aux meilleures qualités il trouve des tares.
32 Une étincelle allume un grand brasier,
le pécheur est à l’affût pour faire couler le sang.
33 Prends garde au méchant car il complote le mal,
crains qu’il ne t’inflige une flétrissure éternelle.
34 Introduis l’étranger, il mettra le trouble chez toi
et il t’aliénera ta maisonnée.

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