13 Yahvé parla à Moïse et lui dit :
f La loi des premiers-nés, vv. 1-2 et 11-16, est une addition au récit ancien ; elle n’est pas rattachée à la Pâque mais à la mort des premiers-nés des Égyptiens et, dans le Code de l’Alliance, 22.28-29, elle est indépendante de la Pâque.
3 Moïse dit au peuple : « Souvenez-vous de ce jour, celui où vous êtes sortis d’Égypte, de la maison de servitude, car c’est par la force de sa main que Yahvé vous en a fait sortir, et l’on ne mangera pas de pain levé.
11 « Quand Yahvé t’aura fait entrer dans le pays des Cananéens, comme il te l’a juré ainsi qu’à tes pères, et qu’il te l’aura donné,
g Cf. v. 1. D’après les plus anciens codes d’Israël, 22.28-29 ; 34.19-20, les premiers-nés de l’homme et des animaux appartiennent à Dieu. Les premiers-nés des animaux sont offerts en sacrifice, Dt 15.19-20, et une part en revient aux prêtres, Nb 18.15-18, sauf l’ânon qui est racheté ou a la nuque brisée, ici v. 13 ; 34.20 ; Nb 18.15, comme généralement les animaux impurs, Lv 27.26-27. Les premiers-nés de l’homme sont toujours rachetés, ici v. 13 ; 34.19-20 ; Nb 3.46-47 ; cf. Gn 22. Les textes d’13.14s ; Nb 3.13 ; 8.17 rattachent cette consécration à la sortie d’Égypte et à la dixième plaie. Les Lévites sont consacrés à Dieu en substitution des premiers-nés d’Israël, alors épargnés, Nb 3.12, 40-51 ; 8.16-18.
h L’âne, animal impur, ne pouvait être offert en sacrifice.
14 Lorsque ton fils te demandera demain : « Que signifie ceci ? » tu lui diras : « C’est par la force de sa main que Yahvé nous a fait sortir d’Égypte, de la maison de servitude.
17 Lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, Dieu ne lui fit pas prendre la route du pays des Philistins, bien qu’elle fût plus proche,k car Dieu s’était dit qu’à la vue des combats le peuple pourrait se repentir et retourner en Égypte.
i Ici commence proprement l’Exode , la marche du peuple de Dieu au désert vers la Terre Promise, période de la vie d’Israël à laquelle les Prophètes se reporteront comme au temps des fiançailles du peuple avec son Dieu, Jr 2.2 ; Os 2.16 ; 11.1s ; Ez 16.8. Yahvé reste, dans toute la Bible, « Celui qui a fait monter le peuple d’Égypte », Jos 24.17 ; Am 2.10 ; 3.1 ; Mi 6.4 ; Ps 81.11. C’était déjà la première déclaration que Dieu faisait en se manifestant à Moïse, 3.8-10. La seconde partie d’Isaïe annonce le retour de Babylone comme une répétition de l’Exode, Isa 40.3. La tradition chrétienne à son tour verra dans la marche au désert la figure du progrès de l’Église (ou de l’âme fidèle) vers l’Éternité.
j L’ensemble du récit (13.17—14.31) est complexe. La tradition élohiste, étant probablement fort semblable à la tradition yahviste, n’a laissé que peu de traces, 13.17-19 ; 14.5a, 19a, 25a. Dans le reste, il y a la trame de deux traditions conservées d’une manière plus substantielle, yahviste, 13.21-22 ; 14.5-6, 9-14, 19-20, 21, 24, 25, 27, 30, 31, et sacerdotale, 13, 20 ; 14.1-4, 8-9, 15-18, 21, 22-23, 27, 28-29, mais certains éléments ont pu être ajoutés par les rédacteurs, par exemple en 14.31 (ou seulement 31) ; comparer avec 4.1, 5, 8-9, 31. La détermination de l’itinéraire de l’Exode et la localisation précise des étapes est extrêmement difficile. Malgré le v. 17, un certain nombre de noms tendent à indiquer un itinéraire par le Nord, c’est-à-dire par le « Pays des Philistins » (terme qui est d’ailleurs un anachronisme). Il y aurait là la trace de deux traditions différentes, quoi qu’il en soit de leur base historique.
k C’était la voie normale, parallèle à la côte, passant par Silé (El-Kantara actuel), jalonnée de puits et gardée. Le groupe qui s’est enfui ne l’a certainement pas prise. Le groupe expulsé d’Égypte pouvait la prendre. En fait, c’est sur cette route que l’on peut le plus vraisemblablement situer les trois noms géographiques mentionnés à 14.2 mais l’Exode-fuite, le plus important, a attiré à lui les souvenirs de l’autre tradition.
l Les mots « la mer des Roseaux », en hébreu yam sûph , sont une addition. Le texte primitif ne donnait qu’une indication générale les Israélites ont pris la route du désert, vers l’Est ou le Sud-Est. — Le sens de ce terme et la localisation de la « mer de Suph » sont incertains ; elle n’est pas mentionnée dans le récit d’14 qui parle seulement de « la mer ». Le seul texte ancien qui mentionne la « mer de Suph » ou « mer des Roseaux » (d’après l’égyptien) comme théâtre du miracle est 15.4 qui est poétique.
20 Ils partirent de Sukkot et campèrent à Étam, en bordure du désert.
21 Yahvé marchait avec eux, le jour dans une colonne de nuée pour leur indiquer la route, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu’ils puissent marcher de jour et de nuit.
m On rencontre, dans le Pentateuque, divers modes de manifestation de la présence divine la colonne de nuée et la colonne de feu (tradition yahviste) ; le « nuage obscur » et la nuée (peut-être tradition élohiste) ; enfin, associée à la nuée, la « gloire » de Yahvé, 24.16, feu dévorant qui se meut comme Yahvé lui-même (tradition sacerdotale), comp. 19.16s. Notions, ou images, dont a fait grand usage la théologie mystique.