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Bible de Jérusalem – Galates 3

II. Argumentation doctrinale

L’expérience chrétienne.

3 Ô Galates sans intelligence, qui vous a ensorcelés ? À vos yeux pourtant ont été dépeints les traits de Jésus Christ en croix.g

g La doctrine de la rédemption par la mort et la résurrection du Christ constitue la base de la catéchèse paulinienne, cf. 1.1-4 ; 6.14 ; 1 Co 1.17-25 ; 2.2 ; 15.1-4 ; 1 Th 1.9-10 ; Ac 13.26-39.

2 Je ne veux savoir de vous qu’une chose : est-ce pour avoir pratiqué la Loi que vous avez reçu l’Esprit, ou pour avoir cru à la prédication ? 3 Êtes-vous à ce point dépourvus d’intelligence, que de commencer par l’esprit pour finir maintenant dans la chair ?h

h Allusion à la circoncision que prônaient les prédicateurs judaïsants.

4 Est-ce en vain que vous avez éprouvé tant de faveurs ?i Et ce serait bel et bien en vain.

i Autre traduction « Est-ce en vain que vous avez tant souffert ? »

5 Celui donc qui vous prodigue l’Esprit et opère parmi vous des miracles, le fait-il parce que vous pratiquez la Loi ou parce que vous croyez à la prédication ?

La thèse de Paul.j

6 Ainsi Abraham crut-il en Dieu, et ce lui fut compté comme justice.

j Après avoir montré par les faits l’origine divine de son Évangile, Paul se lance maintenant dans une discussion théorique où il montre le bien-fondé de ses positions. La thèse défendue se trouve en 3.6-7 (c’est par la foi seule qu’on est justifié et que l’on devient fils d’Abraham). Pour ce faire, il va montrer que la filiation abrahamique ne vient pas de ce qu’on est juif, sujet de la Loi, car la Loi est incapable, par son rôle et sa nature, d’assurer cette filiation.

7 Comprenez-le donc : ceux qui se réclament de la foi, ce sont eux les fils d’Abraham.

Preuve par l’Écriture.

8 Et l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, annonça d’avance à Abraham cette bonne nouvelle : En toi seront bénies toutes les nations. 9 Si bien que ceux qui se réclament de la foi sont bénis avec Abraham le croyant.

10 Tous ceux en effet qui se réclament de la pratique de la Loi encourent une malédiction. Car il est écrit : Maudit soit quiconque ne s’attache pas à tous les préceptes écrits dans le livre de la Loi pour les pratiquer.11 Que d’ailleurs la Loi ne puisse justifier personne devant Dieu, c’est l’évidence, puisque le juste vivra par la foi ; 12 or la Loi, elle, ne procède pas de la foi :k mais c’est en pratiquant ces préceptes que l’homme vivra par eux.

k La Loi suppose en effet une pratique, et une pratique totale, v. 10 et 5.3 ; cf. Jc 2.10, que, par elle-même, elle ne saurait assurer, cf. Ac 15.10 ; Rm 7.7.

13 Le Christ nous a rachetés de cette malédiction de la Loi, devenu lui-même malédiction pour nous,l car il est écrit : Maudit quiconque pend au gibet,

l Pour libérer les hommes de la malédiction divine que la violation de la Loi faisait peser sur eux, le Christ s’est fait solidaire de cette malédiction, cf. Rm 8.3 ; 2 Co 5.21 ; Col 2.14. L’analogie assez lointaine du Christ crucifié et du condamné de Dt 21.23 n’est qu’une illustration de cette doctrine. Il a accepté de passer pour tel aux yeux des Juifs, comme le « Serviteur » d’Isa 53.

14 afin qu’aux païens passe dans le Christ Jésus la bénédiction d’Abraham et que par la foi nous recevions l’Esprit de la promesse.m

m Var. « la bénédiction de l’Esprit ».

La Loi n’a pas annulé la promesse.

15 Frères, partons du plan humain : un testament, dûment ratifié, qui n’est pourtant que de l’homme, ne s’annule pas ni ne reçoit de modifications. 16 Or c’est à Abraham que les promesses furent adressées et à sa descendance. L’Écriture ne dit pas : « et aux descendants », comme s’il s’agissait de plusieurs ;n elle n’en désigne qu’un : et à ta descendance, c’est-à-dire le Christ.

n L’emploi par l’Écriture d’un terme collectif pouvant désigner un seul individu permet à Paul d’illustrer son argumentation d’une harmonie supplémentaire avec l’AT.

17 Or voici ma pensée : un testament déjà établi par Dieu en bonne et due forme, la Loi venue après quatre cent trente ans ne va pas l’infirmer, et ainsi rendre vaine la promesse.o

o La promesse inconditionnée faite par Dieu aux Pères, Gn 12.1, 15.1 ; Rm 4.13 ; He 11.8, est ici regardée comme un testament, cf. He 9.16-17. Dieu se contredirait si la Loi ne laissait intacte la gratuité de la promesse.

18 Car si on hérite en vertu de la Loi, ce n’est plus en vertu de la promesse : or c’est par une promesse que Dieu accorda sa faveur à Abraham.

Rôle de la Loi.

19 Alors pourquoi la Loi ? Elle fut ajoutée pour que se manifestent les transgressions,p jusqu’à la venue de la descendanceq à qui était destinée la promesse, édictée par le ministère des angesr et l’entremise d’un médiateur.

p Sur le sens de cette affirmation abrupte, voir note a et Rm 7.7.

q Var. « Alors pourquoi la Loi des œuvres ? Elle fut ajoutée jusqu’à la venue de la descendance ».

r Les traditions juives mentionnaient la présence d’anges au Sinaï, lors du don de la Loi. Le « médiateur » est Moïse, cf. Ac 7.38.

20 Or il n’y a pas de médiateur, quand on est seul, et Dieu est seul.s

s L’intervention d’un médiateur caractérise la Loi, tandis que la promesse émane de Dieu seul.

21 La Loi s’opposerait donc aux promesses de Dieu ? Certes non ! En effet, si nous avait été donnée une loi capable de communiquer la vie, alors vraiment la justice procéderait de la Loi. 22 Mais en fait l’Écriture a tout enfermé sous le péché, afin que la promesse, par la foi en Jésus Christ, fût accordée à ceux qui croient.t

t Pour accueillir la justice comme un don gratuit, il faut d’abord renoncer à y prétendre comme à un dû. L’Écriture, vv. 8, 16, est expression et instrument du dessein de Dieu, Rm 11.32.

Avènement de la foi.

23 Avant la venue de la foi, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, réservés à la foi qui devait se révéler. 24 Ainsi la Loi nous servit-elle de pédagogueu jusqu’au Christ, pour que nous obtenions de la foi notre justification.

u Dès que le pédagogue a mené les enfants « jusqu’au » maître, son rôle prend fin. Tel était le rôle préparatoire, essentiellement temporaire, de la Loi, désormais accomplie par la foi au Christ et la grâce, Rm 6.14-15 ; cf. Mt 5.17.

25 Mais la foi venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. 26 Car vous êtes tous filsv de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus.

v Tous, non seulement « nous », Juifs, mais « vous », païens.

27 Vous tous en effet, baptisés dans le Christ,w vous avez revêtu le Christ :

w Foi et baptême, loin de s’opposer, s’incluent mutuellement, cf. Rm 6.4.

28 il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus.x

x Var. « car tous vous êtes du Christ Jésus ».

29 Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse.y

y Paul revient à la descendance d’Abraham, vv. 6-9, constituée désormais par les fils de Dieu qui croient au Christ Jésus et lui appartiennent, non plus par une postérité selon la chair, cf. Ph 3.3.

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