3 Quelle est donc la supériorité du Juif ?g Quelle est l’utilité de la circoncision ?
g Le nivellement radical auquel Paul arrive soulève évidemment la question des privilèges du juif et des décisions divines, de sa justice. Mais pour ne pas embarrasser une argumentation qui arrive à son sommet (tous pécheurs et objets de la colère), Paul répond brièvement à ces difficultés, quitte à y revenir ensuite sous une autre forme (en 9).
h L’argumentation repose sur le parallélisme : fidélité, vérité (véracité), justice — infidélité, mensonge, injustice.
i Var. : « En effet ».
j Par une interprétation abusive d’assertions comme Ga 3.22 ; 5.20 ; cf. 6.1, 15.
9 Quoi donc ? Sommes-nous défaits ? Pas du tout.l Car nous avons établi que Juifs et Grecs, tous sont soumis au péché,
k Noter que Paul finit par un recours à l’Écriture : ce n’est pas lui qui déclare tout homme pécheur, mais la Parole par excellence, celle de Dieu, dont l’autorité ne tolère aucune objection (à la différence des développements précédents).
l Traduction discutée. Ces expressions peuvent être interprétées de deux façons au moins : 1° Paul imaginerait la réaction de son interlocuteur juif, sûr d’avoir encore une préséance eu égard au jugement et à la rétribution, et la lui refuserait. Il faut alors traduire : « L’emportons-nous ? Pas du tout » (ou « pas totalement »). 2° Mais Paul peut aussi parler de son argumentation et des conclusions aberrantes auxquelles elle pourrait mener (cf. le v. 8). Lui faudrait-il s’avouer vaincu ? Il répond par la négative.
Il n’est pas de juste, pas un seul,
11 il n’en est pas de sensé,
pas un qui recherche Dieu.
12 Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis ;
il n’en est pas qui fasse le bien,
non, pas un seul.
13 Leur gosier est un sépulcre béant,
leur langue trame la ruse.
Un venin d’aspic est sous leurs lèvres,
14 la malédiction et l’aigreur emplissent leur bouche.
15 Agiles sont leurs pieds à verser le sang ;
16 ruine et misère sont sur leurs chemins.
17 Le chemin de la paix, ils ne l’ont pas connu,
18 nulle crainte de Dieu devant leurs yeux.
19 Or, nous le savons, tout ce que dit la Loi, elle le dit pour ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée, et le monde entier reconnu coupable devant Dieu,
m Selon le Ps 143, l’homme ne sera jamais absous si Dieu le juge selon ses œuvres ; aussi invoque-t-on un autre principe de justification, la « fidélité » de Dieu aux promesses de salut faites à son peuple, 1 Co 1.9, et, d’un autre mot, « sa justice ». Cette justice promise pour les temps messianiques, Paul va précisément déclarer qu’elle s’est manifestée en Jésus Christ, v. 22. Quant à la Loi, norme de conduite, elle a pour rôle paradoxal dans le plan divin, non pas d’effacer le péché, mais de le révéler à la conscience de l’homme pécheur, cf. 1.16 ; 7.7.
21 Mais maintenant, sans la Loi, la justice de Dieu s’est manifestée, attestée par la Loi et les Prophètes,
n Les vv. 21-22 reprennent, en la précisant, la thèse de 1.16-17. Si la section précédente partait de la justice distributive, telle que la voyait le judaïsme, pour montrer que tous pouvaient également encourir la colère divine, il revient maintenant sur la situation inverse, Dieu a voulu grâcier toute l’humanité, juifs et non-juifs, de la même manière : par la foi seule.
o La gloire, au sens biblique, Ex 24.16, présence de Dieu se communiquant à l’homme de façon de plus en plus intime, bien par excellence des temps messianiques, cf. Ps 85.10 ; Isa 40.5, etc.
p Yahvé avait « racheté » Israël en le libérant de la captivité d’Égypte pour s’en faire un peuple qui lui appartînt comme son héritage, Dt 7.6. En annonçant la « rédemption » de la captivité de Babylone, Isa 41.14, les prophètes avaient laissé entrevoir un affranchissement plus profond et plus universel, par le pardon des péchés, Isa 44.22 ; cf. Ps 130.8 ; 49.8-9. Cette rédemption messianique s’est accomplie dans le Christ, 1 Co 1.30 ; cf. Lc 1.68 ; 2.38. Dieu le Père par le Christ — ou le Christ lui-même — a « délivré » l’Israël nouveau de la servitude de la Loi, Ga 3.13 ; 4.5, et du péché, Col 1.14 ; Ep 1.7 ; He 9.15, en se l’acquérant, Ac 20.28, en se l’appropriant, Tt 2.14, en l’achetant, Ga 3.13 ; 4.5 ; 1 Co 6.20 ; 7.23 ; cf. 2 P 2.1. Le prix de ce rachat et de cette acquisition a été le sang du Christ, Ac 20.28 ; Ep 1.7 ; He 9.12 ; 1 P 1.18s ; Ap 1.5 ; 5.9. Inaugurée au Calvaire et déjà garantie par les arrhes de l’Esprit, Ep 1.14 ; 4.30, cette rédemption ne s’achèvera qu’à la Parousie, Lc 21.28, avec l’affranchissement de la mort par la résurrection des corps, 8.23.
q Autre traduction : « l’a destiné à être ».
r Littéralement « propitiatoire », Ex 25.17 ; cf. He 9.5. Au grand Jour des Expiations, Lv 16.1, le propitiatoire était aspergé de sang, Lv 16.15. Le sang du Christ a accompli en réalité la purification du péché que ce rite ne pouvait que signifier. Cf. encore le sang de l’Alliance, Ex 24.8 ; Mt 26.28.
s Ce demi-pardon, une sorte de non-imputation (paresis), n’avait de sens qu’en vue du pardon définitif, destruction totale du péché par la justification de l’homme. — Autre trad. : « en vue de remettre les péchés ».
t Ce « temps présent », c’est le temps « fixé » par Dieu dans son plan de salut, Ac 1.7, pour l’œuvre rédemptrice du Christ, 5.6 ; 11.30 ; 1 Tm 2.6 ; Tt 1.3, qui se produit à la « plénitude des temps », Ga 4.4, une fois pour toutes, He 7.27, et inaugure l’ère eschatologique. Cf. Mt 4.17 ; 16.3 ; Lc 4.13 ; 19.44 ; 21.8 ; Jn 7.6, 8.
u C’est-à-dire d’exercer sa justice (salvifique, cf. 1.17), conformément à ses promesses, en justifiant l’homme.
27 Où donc est le droit de se glorifier ?v Il est exclu. Par quel genre de loi ? Celle des œuvres ? Non, par une loi de foi.w
v Le mot grec définit l’attitude de l’homme qui se fait un mérite de ses œuvres, s’appuie sur elles et prétend accomplir sa destinée surnaturelle par ses propres forces. Attitude blâmable, car on ne conquiert pas la justice, on la reçoit comme un don. Et l’acte de foi, plus que n’importe quel autre, exclut une telle suffisance, parce que l’homme y atteste explicitement sa radicale insuffisance.
w C’est-à-dire : par une loi qui consiste à croire. Paul oppose la Loi, « écrite sur des tables », 2 Co 3.3, et la foi, 1.16, loi intérieure gravée sur le cœur, cf. Jr 31.33, « opérant par l’amour », Ga 5.6, et qui est la « loi de l’Esprit », 8.2.
x Littéralement « Nous établissons (la) Loi »:seule la foi, qui opère par l’amour, Ga 5.6, permet à la Loi d’atteindre le but qu’elle se proposait, à savoir la justice et la sainteté de l’homme, cf. 7.7.