chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible de Jérusalem – 2 Corinthiens 5

5 Nous savons en effetn que si cette tente — notre maison terrestre — vient à être détruite, nous avons un édifice qui est l’œuvre de Dieu, une maison éternelle qui n’est pas faite de main d’homme, dans les cieux.

n 2 Co 5.1-10 continue 4.16-18 qui opposait la ruine progressive de l’homme extérieur et le progrès de l’homme intérieur, v. 16, cf. Rm 7.22. Cet homme intérieur, identique ici à l’homme nouveau, Col 3.10, constitue les arrhes de l’Esprit, 2 Co 5.5, cf. Rm 8.23, dont la plénitude sera donnée dans la résurrection, où le croyant sera revêtu de son habitation céleste, 2 Co 5.2, qui symbolise une existence nouvelle, Ph 3.20-21, plutôt que le corps spirituel de 1 Co 15.44. D’où un ardent désir, 2 Co 5.2, de cette plénitude, et le souhait de ne pas en être privé, même temporairement, par la mort survenant avant la Parousie, 2 Co 5.4, et donc d’être encore vivant au moment de la Venue du Seigneur. Mais cf. 2 Co 5.8.

2 Aussi gémissons-nous dans cet état, ardemment désireux de revêtir par-dessus l’autre notre habitation céleste, 3 si toutefois nous devons être trouvés vêtus, et non pas nus.o

o Paul espère être digne de la vie éternelle. Tout comme la nudité comporte des connotations de péché et de châtiment, Isa 20.2-4 ; 47.3 ; Ez 16.35-39 ; 23.25-29 ; Ap 3.18, de même le vêtement symbolise-t-il la justice, Mt 22.11 ; Ga 3.27.

4 Oui, nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés ; nous ne voudrions pas en effet nous dévêtir, mais nous revêtir par-dessus, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. 5 Et Celui qui nous a faits pour cela même, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’Esprit.

6 Ainsi donc, toujours pleins de hardiesse, et sachant que demeurer dans ce corps, c’est vivre en exil loin du Seigneur, 7 car nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision...p

p Cf. 1 Co 13.12. La foi est à la claire vision ce que l’imparfait est au parfait. Texte important qui met en évidence l’aspect connaissance de la foi.

8 Nous sommes donc pleins de hardiesse et préférons quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur.q

q Ici et en Ph 1.23, Paul envisage une réunion du chrétien avec le Christ immédiatement après la mort individuelle. Sans contredire la doctrine biblique de la résurrection finale, Rm 2.6 ; 1 Co 15.44, cette attente d’une béatitude de l’âme séparée se ressent d’une influence grecque qui était d’ailleurs déjà sensible dans le judaïsme contemporain, cf. Lc 16.22 ; 23.43 ; 1 P 3.19. Comparer l’extase de l’âme séparée du corps en 2 Co 12.2s ; cf. Ap 1.10 ; 4.2 ; 17.3 ; 21.10.

9 Aussi bien, que nous demeurions en ce corps ou que nous le quittions, avons-nous à cœur de lui plaire. 10 Car il faut que tous nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal.

L’exercice du ministère apostolique.

11 Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à persuader les hommes. Quant à Dieu, nous sommes à découvert devant lui, et j’espère que, dans vos consciences aussi, nous sommes à découvert. 12 Nous ne recommençons pas à nous recommander nous-mêmes devant vous ; nous vous donnons seulement occasion de vous glorifier à notre sujet, pour que vous puissiez répondre à ceux qui se glorifient de ce qui se voit et non de ce qui est dans le cœur. 13 En effet, si nous avons été hors de sens, c’était pour Dieu ; si nous sommes raisonnables, c’est pour vous.r

r En réponse à ses adversaires qui prétendaient avoir eu des visions et des révélations, voir 2 Co 12.1, Paul note que l’extase n’est pas un critère significatif car ce qui concerne le ministère, ce sont les hommes et non pas Dieu.

14 Car l’amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts.s

s Le Christ est mort pour tous, c’est-à-dire au nom de tous, comme chef représentant l’humanité tout entière. Mais ce qui a valeur aux yeux de Dieu dans cette mort, c’est l’obéissance d’amour qu’elle manifeste, le sacrifice d’une vie entièrement donnée, Rm 5.19 ; Ph 2.8 ; cf. Lc 22.42 ; Jn 15.13 ; He 10.9-10. Les fidèles rendus participants à cette mort par le baptême, Rm 6.3-6, doivent ratifier cette oblation du Christ par leur vie (ici, v. 15, et Rm 6.8-11).

15 Et il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.

16 Ainsi donc, désormais nous ne connaissons personne selon la chair. Même si nous avons connu le Christ selon la chair,t maintenant ce n’est plus ainsi que nous le connaissons.

t Paul oppose sa présente connaissance du Christ comme sauveur avec celle qu’il avait lorsqu’il persécutait l’Église et qu’il le considérait comme un maître trompeur qui égarait les juifs.

17 Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle :u l’être ancien a disparu, un être nouveau est là.v

u Le centre de cette « nouvelle création », ici et Ga 6.15, — qui intéresse tout l’univers, Col 1.19s ; cf. 2 P 3.13 ; Ap 21.1, — est l’« homme nouveau » créé dans le Christ, Ep 2.15, pour une vie nouvelle, Rm 6.4, de justice et de sainteté, Ep 2.10 ; 4.24 ; Col 3.10. Comparer la nouvelle naissance du baptême, Rm 6.4.

v Littéralement « les (choses) anciennes ont disparu, voici, des (choses) nouvelles sont là ». Var. « toutes les (choses) sont nouvelles ».

18 Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. 19 Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. 20 Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. 21 Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous,w afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu.

w Dieu a rendu le Christ solidaire de l’humanité pécheresse afin de rendre les hommes solidaires de son obéissance et de sa justice, cf. 2 Co 5.14 ; Rm 5.19. Peut-être « péché » est-il pris ici au sens de « sacrifice/victime pour le péché », le même mot hébreu hatta’t pouvant avoir ces deux sens, cf. Lv 4.1-5.13.

chapitre précédent retour chapitre suivant